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Hormisdas dit Saint Hormisdas

vendredi 1er novembre 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 22 juillet 2014).

Hormisdas dit Saint Hormisdas (mort en 523)

52ème Pape de l’Église catholique du 20 juillet 514 jusqu’à sa mort

Né à Frosinone [1] près de Rome, il venait d’une famille aisée et honorable de Frosinone.

Avant de recevoir les ordres il avait été marié et son fils devint par la suite pape sous le nom de Silvère.

Sous le pape Symmaque, Hormisdas avait le rang de diacre [2], et pendant le schisme de l’antipape Laurent il fut l’un des membres les plus éminents du clergé fidèle à Symmaque. Au synode tenu à Saint-Pierre en 502, il exerça la fonction de notaire. À cette occasion, Ennode de Pavie lui prédit qu’il deviendrait pape.

Le lendemain des funérailles de Symmaque le 20 juillet 514, Hormisdas fut consacré évêque de Rome sans rencontrer de résistances. L’une des premières préoccupations du nouveau pape fut d’éliminer les derniers vestiges du schisme de l’antipape Laurent, en accueillant de nouveau dans l’Église ceux qui ne s’étaient pas encore réconciliés.

Dès le début de son pontificat, les affaires de l’Église d’Orient [3] tinrent une place particulière dans ses préoccupations. À Constantinople [4] se poursuivait le schisme acacien [5], commencé après la publication de l’Henotikon [6] par l’empereur Zénon qui avait provoqué la rupture entre des Églises d’Orient et d’Occident.

L’empereur Anastase, successeur de Zénon, avait maintenu le document en vigueur et, penchant toujours plus vers les monophysites, il persécutait les évêques qui refusaient de renier le concile de Chalcédoine [7].

Au milieu de cette confusion, un certain nombre d’évêques orientaux en avaient appelé à Symmaque pour qu’il rétablît l’unité de l’Église ecclésiale, ce qui renforcerait leur position et leur permettrait de lutter contre la propagation du monophysisme. Symmaque leur demanda de condamner Acace de Constantinople, mais les Orientaux n’étaient pas prêts à franchir le pas.

Profitant du mécontentement qui s’élevait contre les tendances monophysites de l’empereur Anastase, Vitalien de Mésie, un commandant de l’armée, se mit à la tête d’une révolte contre l’empereur.

Vitalien demanda que lui fût restituée la charge de distribuer le grain aux troupes, que fût reconnu le concile de Chalcédoine et que fût rétablie l’unité avec Rome. Il rallia de nombreux partisans et parut devant Constantinople à la tête d’une grande armée ; après qu’il eut battu Ippazio, neveu de l’empereur Anastase, ce dernier fut réduit à négocier, c’est-à-dire à se soumettre. L’un des termes de l’accord avec Vitalien était que l’empereur jurait de convoquer un synode à Héraclée en Thrace [8], d’y inviter le pape et de se soumettre à son arbitrage sur son différend quant au siège de Constantinople et aux autres diocèses, afin de restaurer l’unité de l’Église. En conséquence, le 28 décembre 514, Anastase écrivit à Hormisdas pour l’inviter au synode qui aurait lieu le 1er juillet. La lettre présentée à Vitalien fut transmise à Rome par son émissaire et par le légat impérial [9]. Le 12 janvier, Anastase envoya au pape une deuxième communication moins courtoise dans laquelle il demandait seulement ses bons offices dans ce conflit. Manifestement l’empereur souhaitait faire traîner les négociations puisqu’il n’était pas disposé à tenir les promesses qu’il avait faites à Vitalien. La seconde lettre arriva à Rome avant la précédente et, le 4 avril, Hormisdas répondit en exprimant sa joie devant la perspective de paix, mais en défendant en même temps la mémoire de ses prédécesseurs. Les porteurs de la première lettre impériale arrivèrent le 14 mai suivant. Le pape continua les négociations de manière circonspecte, convoqua un synode à Rome et, le 8 juillet, écrivit à l’empereur pour lui annoncer le départ d’une ambassade pour Constantinople. Entre-temps, les deux cents évêques qui s’étaient rassemblés le 1er juillet à Héraclée se séparèrent sans avoir rien conclu.

L’ambassade du pape à la cour impériale comprenait 2 évêques : Ennodius de Pavie et Fortunatus de Catane [10], le prêtre Venantius, le diacre Vitalis et le notaire Hilarius. La lettre d’Hormisdas à l’empereur, datée du 1er août 515, nous est parvenue avec des instructions détaillées faites aux légats sur la position qu’ils auraient à défendre. Si l’empereur acceptait les propositions qui lui étaient présentées, le pape était prêt, si nécessaire, à comparaître en personne devant un concile. Le pape envoya en outre la formule d’une confession de foi [11] à faire souscrire aux évêques d’Orient, dont les points principaux étaient les suivants, la reconnaissance du fait que l’orthodoxie s’est toujours maintenue à Rome, la condamnation de Nestorius et d’Eutychès, l’acceptation du Tome de Léon et de Chalcédoine, la radiation des dyptiques [12] d’Acace.

L’ambassade n’aboutit à aucun résultat ; Anastase, sans interrompre les négociations, remit aux légats une lettre évasive à l’intention d’Hormisdas. Entre-temps, l’empereur, après avoir étouffé un nouveau soulèvement dirigé par Vitalien, envoya à Rome une ambassade composée de 2 hauts fonctionnaires civils. Ils étaient porteurs d’une lettre datée du 16 juillet 516, adressée au pape et d’une autre datée du 28 juillet, adressée au Sénat, le but de cette dernière était d’inciter les sénateurs à se rebeller contre Hormisdas. Le Sénat, cependant, ainsi que le roi Théodoric, resta fidèle au pape. La réponse d’Hormisdas à la lettre de l’empereur fut digne mais sans équivoque. Pendant ce temps, un certain nombre d’évêques de Scythie [13], d’Illyrie [14] et de Dardanie [15] était revenus dans la communion avec Rome et beaucoup d’entre eux avaient discuté avec les légats du pape [16] à Constantinople sur le problème de la réunion des Églises. Ils se prononcèrent alors, condamnèrent Acacius et signèrent la confession de foi d’Hormisdas, comme le firent les évêques de la province d’Épire [17], convaincus par le sous-diacre romain Pullius.

Il se fit remarquer par son zèle contre les Eutychéens.

En matière de discipline ecclésiastique [18], il décréta que les charges d’Église ne devaient pas être attribuées en échange de privilèges ou de dons.

Son inhumation se fit dans l’ancienne basilique Saint-Pierre [19].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Hormisdas/ Portail du Vatican/ Papes de l’Église catholique

Notes

[1] Frosinone est une ville italienne située dans la province du même nom dans la région Latium, dans l’Italie centrale.

[2] Fonction créée par les Apôtres pour se décharger des soucis matériels. Ainsi, le diacre est chargé de distribuer les aumônes à leur place. Peu à peu, il assiste le prêtre dans des tâches spirituelles telles que la distribution de l’eucharistie et le baptême. Saint Etienne a été le premier diacre.

[3] L’Église de Perse ou Église de l’Orient, parfois appelée Église d’Assyrie ou Église de Mésopotamie, fut une des premières Églises chrétiennes. Selon la tradition, elle aurait été fondée par l’apôtre Thomas. D’abord dans la juridiction de l’Église d’Antioche, elle proclama son indépendance en 424 en tant que Catholicosat de Séleucie-Ctésiphon. Elle a connu plusieurs schismes au cours de son histoire et aujourd’hui plusieurs Églises, appartenant à des communions différentes, en sont les héritières directes

[4] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[5] Le monophysisme est une doctrine christologique apparue au 5ème siècle dans les écoles théologiques de l’empire byzantin. Cette doctrine tente de résoudre les contradictions de la foi nicéenne concernant la nature du Christ. La doctrine chrétienne s’est construite à l’origine autour du symbole de Nicée, c’est-à-dire la reconnaissance de la consubstantialité du Père et du Fils, tout comme de la nature humaine du Christ. Les monophysites, en revanche, affirment que le Fils n’a qu une seule nature et qu’elle est divine, cette dernière ayant absorbé sa nature humaine. Ils rejettent la nature humaine du Christ. En cela le monophysisme s’oppose au nestorianisme. Cette doctrine a été condamnée comme hérétique lors du concile de Chalcédoine en 451, tout comme la doctrine opposée. Malgré cela, sous l impulsion de personnages tels que Sévère d’Antioche, le monophysisme continue de se développer dans les provinces byzantines de Syrie et d’Égypte auprès des populations coptes tout au long du 6ème siècle, jusqu aux invasions perses puis arabes au tout début du 7ème siècle. Il fut également responsable du premier schisme entre Rome et Constantinople en 484. Le monophysisme est encore professé aujourd’hui, dans sa variante miaphysite. Ce sont les Églises préchalcédoniennes, arménienne, syro jacobite, copte, etc.

[6] L’Henotikon (acte d’union), parfois Hénotique en français, est un formulaire rédigé en 482 par Acacius, patriarche de Constantinople, à la demande de l’empereur d’Orient Zénon.

[7] Le concile de Chalcédoine est le quatrième concile œcuménique et a eu lieu du 8 octobre au 1er novembre 451 dans l’église Sainte-Euphémie de la ville éponyme, aujourd’hui Kadıköy, un quartier chic de la rive asiatique d’Istanbul. Convoqué par l’empereur byzantin Marcien et son épouse l’impératrice Pulchérie, à partir du 8 octobre 451, le concile réunit 343 évêques dont quatre seulement viennent d’Occident. Dans la continuité des conciles précédents, il s’intéresse à divers problèmes christologiques et condamne en particulier le monophysisme d’Eutychès sur la base de la lettre du pape Léon 1er intitulée Tome à Flavien (nom du patriarche de Constantinople, destinataire de la lettre du pape).

[8] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[9] Titre porté par les représentants officiels de la Rome antique. Les ambassadeurs étaient des légats du Sénat romain. Sous la République romaine, les consuls, proconsuls, préteurs en campagne pouvaient charger temporairement des légats du commandement de la cavalerie, des réserves ou même d’une légion entière et de plusieurs légions. Sous l’Empire romain, à partir d’Auguste, la fonction de ces légats militaires devint permanente. Désignés par l’empereur, ils le représentaient dans les provinces et les légions. On distingua alors les légats consulaires et les légats prétoriens, qui gouvernaient les provinces « impériales » et exerçaient le pouvoir militaire, et les légats de légion, officiers expérimentés, de rang sénatorial, qui étaient chef d’une légion. Le titre de légat se transmit de l’Empire romain à l’Église catholique

[10] Catane est une ville de la province du même nom en Sicile en Italie. C’est la deuxième ville la plus peuplée de l’île derrière Palerme. Le 4 février 1169, un séisme provoqua la mort de milliers de personnes. L’empereur Frédéric II fit construire le Castello Ursino (fort militaire) entre 1239 et 1250. La ville subit des destructions lors de la guerre des Vêpres siciliennes en 1282. À partir de 1282, sous l’influence aragonaise, Catane devint la capitale du royaume de Sicile. En 1376, les reliques de sainte Agathe furent déposées dans la cathédrale de Catane. La première université sicilienne fut fondée à Catane en 1434.

[11] regula fidei

[12] Un diptyque est une œuvre de peinture ou de sculpture composée de deux panneaux, fixes ou mobiles, et dont les sujets se regardent et se complètent l’un l’autre. Par extension, ce terme est employé pour deux œuvres d’art qui se suivent ou forment un tout cohérent.

[13] La Scythie est le territoire habité par les Scythes du 8ème siècle av. jc au 2ème siècle. Selon Lucien de Samosate, le Tanaïs (l’actuel Don) marque la limite entre le territoire des Scythes à l’Ouest et celui des Sauromates à l’Est. Sa localisation et son étendue ont varié au cours des siècles.

[14] L’Illyrie est un royaume des côtes de la rive orientale de l’Adriatique, correspondant à peu près à l’Ouest de la Croatie, de la Slovénie et de l’Albanie actuelle. Les Illyriens apparaissent vers le 20ème siècle av. jc. C’est un peuple de souche Indo-Européenne qui comprenait des Dalmates et des Pannoniens. Vers 1300 av. jc ils s’établissent sur les côtes Nord et Est de l’Adriatique. Les Illyriens sont les premiers avec les Grecs, à s’installer dans les Balkans et constituent un immense Royaume. Au 7ème siècle av. jc et 6ème siècle av. jc, l’Illyrie subit une forte héllénisation du fait de ses relations avec les Grecs, qui y ont fondé des comptoirs.

[15] La Dardanie était une région entourant le secteur de l’État actuel du Kosovo. Elle se trouvait plus précisément au Kosovo, au sud de la Serbie actuelle, à l’ouest de la République de Macédoine, et au nord-est de l’Albanie actuelle. Les habitants de la Dardanie antique étaient une tribu d’Illyriens dont certains pensent qu’elle était mélangée avec des peuples Thraces. Ces tribus semblent avoir souvent représenté une menace pour le royaume de la Macédoine. Les plus grandes villes de la Dardanie étaient : Naissus (Niš, aujourd’hui en Serbie), Scupi (Skopje, aujourd’hui capitale de la République de Macédoine), et sa capitale était Ulpiana (aujourd’hui Prishtina, la capitale actuelle du Kosovo. Le secteur fut conquis par les Romains en 28 av. J.-C. et devint une partie de la province romaine de Mésie, province qui constituait la frontière entre les Provinces illyriennes et la Macédoine.

[16] Le légat apostolique, ou plus communément légat du pape, ou légat pontifical, est un représentant extraordinaire du pape chargé d’une mission spécifique, généralement diplomatique. Il se distingue en cela du nonce apostolique qui est un ambassadeur permanent du Saint Siège auprès des gouvernements étrangers.

[17] Région montagneuse des Balkans, partagée entre la Grèce et l’Albanie. Épire se traduit par "Continent" en français. Ses habitants sont les Épirotes. Le terme peut désigner plus particulièrement :
- la périphérie d’Épire, l’une des 13 périphéries de la Grèce. Elle est bordée à l’ouest par la Mer Ionienne ; elle est limitrophe au sud-ouest de l’Albanie, au nord de la région de Macédoine de l’Ouest, à l’est de la région de Thessalie. La périphérie (capitale Ioannina (57 000 habitants) est divisée en 4 préfectures : Thesprotie, Ioannina, Arta et Preveza.
- l’Épire du Nord, une région d’Albanie La dynastie des rois éacides du peuple des Molosses y fonda un royaume puissant au 5ème siècle av. jc, avec les autres peuples Chaones, et Thesprôtes. Pyrrhus est un des membres de cette dynastie, ainsi qu’Olympias, la mère d’Alexandre le Grand.

[18] À l’origine, la discipline ecclésiastique est l’ensemble des questions disciplinaires pour les membres d’une église. Dans l’Église catholique romaine, le droit canonique traite les questions de discipline ecclésiastique. Au Moyen Âge, le terme est abondamment utilisé dans le cadre de la Réforme grégorienne pour dénoncer les abus du clergé : nicolaïsme (problème du mariage des clercs), simonie (trafic de biens spirituels), investiture des clercs par les laïcs, etc.

[19] L’antique basilique vaticane était un édifice religieux chrétien située à Rome, presque à l’emplacement de l’actuelle basilique Saint-Pierre et qui exista du 4ème siècle au 16ème siècle. Selon le Liber Pontificalis (source dont les données doivent être étudiées avec prudence) construite par l’empereur Constantin 1er à la demande du pape Sylvestre 1er. Il décida de l’édifier sur un cirque romain et une nécropole alignée le long d’un sentier sur la colline du Vatican où la tradition orale fixait l’emplacement de la tombe de saint Pierre.