Le 14 avril 1711, meurt le Grand Dauphin âgé de 50 ans, celle de Louis de France, duc de Bourgogne puis celle du duc de Bretagne posent le problème de la succession de Louis XIV. Agé de 5 ans, de santé fragile, le dernier fils du duc de Bourgogne, arrière-petit-fils du roi Louis XIV devient l’unique héritier de la couronne. Louis XV sera déclaré majeur, en 1723, à 13 ans.
Les pays européens s’inquiètent de la prétention du nouvel empereur d’Allemagne Charles VI de Habsbourg de récupérer la couronne d’Espagne et de reconstituer ainsi l’empire de Charles Quint. Ils proposent la paix au roi Louis XIV. C’est ainsi que des préliminaires de paix sont conclus à Londres le 8 octobre 1711 entre la France et l’Angleterre. Les Hollandais, craignant d’être écartés de la paix, acceptent l’ouverture de négociations le 29 janvier 1712 à Utrecht [1]. Mais celles-ci sont interrompues dès le mois de mars et les opérations militaires reprennent aussitôt. La situation de la France apparaît des plus précaires.
Enfin le 29 juin 1712 a lieu l’ouverture du congrès d’Utrecht. Ce congrès élabore un traité qui met fin à la guerre de Succession d’Espagne [2]. Louis XIV cèdera aux Anglais Terre-Neuve, la baie d’Hudson [3] et l’Acadie [4]. Philippe V, bien que second fils du Grand Dauphin, fils de Louis XIV, conservera ses colonies et devra renoncer à ses droits au trône de France.
Le 17 juillet 1712 l’Armistice entre la France et l’Angleterre est signé.
Philippe V renonce à ses droits sur le trône de France.
Une victoire inespérée du maréchal duc de Villars à Denain le 24 juillet 1712 [5] sur les Austro Hollandais commandés par le prince Eugène.
Située sur l’Escaut [6], entre Douai [7] et Valenciennes [8], Denain [9] est une place forte à partir de laquelle les forces coalisées contre la France menacent Landrecies [10], dernière place forte française avant Paris.
Traversant l’Escaut, le maréchal de Villars contourne la ville par l’ouest et attaque les forces impériales à la baïonnette à la tête de 52 bataillons.
Décontenancés par cette audace, les Austro Hollandais refluent en désordre et laissent pas moins de 10.000 hommes sur le terrain. Ils doivent peu après évacuer la Flandre. Par sa victoire, le maréchal sauve in extremis la France de l’invasion. Il permet aussi au roi Louis XIV de boucler d’une façon honorable les négociations ouvertes à Utrecht six mois plus tôt pour mettre fin à l’interminable guerre de Succession d’Espagne.
Presque sexagénaire, le maréchal Claude de Villars bénéficie d’une reconnaissance tardive. Retardé dans son avancement par l’hostilité du ministre Louvois et par les militaires de cour qui lui reprochent sa propension au pillage, il a attendu la guerre de Succession d’Espagne pour faire la preuve de ses talents. Dès le début de la guerre de Succession d’Espagne, Villars s’illustre comme lieutenant de Catinat en remportant de brillantes victoires au-delà du Rhin, à Friedlingen en 1702 [11] puis à Hochstaedt (ou Höchstädt) [12] l’année suivante. Il est nommé maréchal par ses soldats, sur le champ de bataille de Friedlingen avant que le roi entérine leur choix !
Manque de chance, il est arrêté dans sa marche triomphale par le roi lui-même qui le rappelle et l’envoie dans les Cévennes pour réprimer uneinsurrection des Camisards protestants. Il s’acquitte de sa mission en faisant preuve de modération.
Le 7 novembre verra la signature du traité de paix entre la France et le Portugal.
Le 15 mars 1713 est signé un traité de paix entre la France et la Savoie.
En avril/juin 1713 à lieu la signature du Traité d’Utrecht [13] qui établi la paix avec tous les alliés sauf l’Empire. La France sauve le principal, c’est-à-dire les frontières de Nimègue ! 12 ans de guerre de plus pour en revenir une nouvelle fois là. Elle obtient d’avoir un Bourbon sur le trône d’Espagne, mais perd Terre Neuve, l’Acadie et la baie d’Hudson. L’Espagne, elle, est dépecée et n’est plus que le fantôme de celle de Philippe II : Philippe V régnera sur la péninsule ibérique, mais l’empire colonial et les possessions européennes sont dispersées entre les alliés : l’Espagne ne s’en relèvera pas.
L’Angleterre est devenue maîtresse du commerce international en même temps que première puissance coloniale. L’électorat de Brandebourg devient le royaume de Prusse [14] : une nouvelle puissance vient de naître en Europe, qui bientôt disputera aux Habsbourgs [15] la suprématie en Allemagne.
Le 20 août, les armées françaises s’emparent de Landau [16]. Le 30 octobre, Les armées françaises s’emparent de Fribourg-en-Brisgau [17].
Le 6 mars 1714 est signé le traité de Rastadt [18] entre la France et l’Empire. Le 2 août Louis XIV rédige son testament à Marly [19], et prévoit Philippe d’Orléans, son neveu pour la régence restreint par une collégialité.
Louis XIV meurt à 77 ans le 1er septembre 1715 en laissant un pays puissant mais en grande difficulté à son arrière-petit-fils et successeur, Louis XV alors âgé de 5 ans.
En effet, il ressent déjà les premiers symptômes de la gangrène qui va l’emporter. Il a vu disparaître son fils, le Grand Dauphin, puis son premier petit-fils, le duc de Bourgogne. Son second petit-fils a renoncé à la couronne de France en 1700 pour devenir roi d’Espagne sous le nom de Philippe V. De ses 3 arrière-petits-fils, seul reste Louis, duc d’Anjou, 4 ans.
Aussi, le 2 août 1714, pressé par son entourage et soucieux d’assurer sa succession, Louis XIV écrit et signe de sa propre main un testament de 14 pages. En cas de défaillance des princes légitimes, le roi y affirme son souhait d’appeler à la succession ses bâtards, fils de Mme de Montespan, le duc du Maine et Louis-Alexandre de Bourbon comte de Toulouse qu’il a légitimés. Cette volonté provoque l’indignation de Saint-Simon qui y voit un acte de despotisme. Elle va à l’encontre des lois fondamentales qui régissent le royaume.
En outre, le testament limite le futur rôle du régent, neveu du roi, Philippe d’Orléans, que Louis XIV juge intriguant et débauché. Il institue auprès du petit duc d’Anjou, futur Louis XV, un conseil de régence où entreraient les fils naturels légitimés du défunt roi. Seule reste à Philippe d’Orléans la charge, honorifique, de “président du conseil de régence”. Toutes les décisions seront prises à la majorité “sans que le duc d’Orléans pût seul et par son autorité particulière rien déterminer, statuer et ordonner”. Le duc du Maine détient le pouvoir réel en recevant la tutelle du futur Louis XV, ainsi que l’autorité sur les troupes du roi.
Le 13 avril 1715, sentant sa fin approcher, le roi augmente les prérogatives du duc de Villeroy François de Neufville de Villeroy , chargé de veiller sur le duc d’Anjou. Dans un second codicille daté du 23 août, il désigne André Hercule de Fleury et Michel Le Tellier (jésuite) comme précepteur et confesseur de l’enfant. Il semble cependant que le roi ne se fasse pas d’illusion sur le sort posthume de son testament.
De fait, le lendemain de la mort du roi, le 2 septembre 1715, le parlement de Paris casse le testament jugé contraire aux lois du royaume. Philippe d’Orléans est proclamé régent et détenteur effectif du pouvoir.
Il retrouve le commandement des armées, tandis que le duc du Maine et le comte de Toulouse abandonnent tout rôle officiel.
En contrepartie, Philippe d’Orléans restitue au Parlement son droit de remontrance. Les ministres sont remplacés par des conseils de notables et de parlementaires. Pour qu’aucune contestation soit possible, le Régent demande au roi, qui n’a guère que 5 ans, de le désigner pour seul régent lors d’un lit de justice devant le Parlement le 12 septembre suivant.
Le 15 septembre 1715, le Parlement retrouve son droit de Remontrance au souverain.