Bienvenue sur mon site historique. Bon surf

L’histoire pour le plaisir

Accueil du site > Histoire du 18ème siècle en France > La fin du règne de Louis XIV

La fin du règne de Louis XIV

mercredi 13 décembre 2023, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 10 juillet 2013).

La fin du règne de Louis XIV

Versailles Garden

Le 14 avril 1711, meurt le Grand Dauphin âgé de 50 ans, celle de Louis de France, duc de Bourgogne puis celle du duc de Bretagne posent le problème de la succession de Louis XIV. Agé de 5 ans, de santé fragile, le dernier fils du duc de Bourgogne, arrière-petit-fils du roi Louis XIV devient l’unique héritier de la couronne. Louis XV sera déclaré majeur, en 1723, à 13 ans.

Les pays européens s’inquiètent de la prétention du nouvel empereur d’Allemagne Charles VI de Habsbourg de récupérer la couronne d’Espagne et de reconstituer ainsi l’empire de Charles Quint. Ils proposent la paix au roi Louis XIV. C’est ainsi que des préliminaires de paix sont conclus à Londres le 8 octobre 1711 entre la France et l’Angleterre. Les Hollandais, craignant d’être écartés de la paix, acceptent l’ouverture de négociations le 29 janvier 1712 à Utrecht [1]. Mais celles-ci sont interrompues dès le mois de mars et les opérations militaires reprennent aussitôt. La situation de la France apparaît des plus précaires.

Enfin le 29 juin 1712 a lieu l’ouverture du congrès d’Utrecht. Ce congrès élabore un traité qui met fin à la guerre de Succession d’Espagne [2]. Louis XIV cèdera aux Anglais Terre-Neuve, la baie d’Hudson [3] et l’Acadie [4]. Philippe V, bien que second fils du Grand Dauphin, fils de Louis XIV, conservera ses colonies et devra renoncer à ses droits au trône de France.

Le 17 juillet 1712 l’Armistice entre la France et l’Angleterre est signé.

Philippe V renonce à ses droits sur le trône de France.

Une victoire inespérée du maréchal duc de Villars à Denain le 24 juillet 1712 [5] sur les Austro Hollandais commandés par le prince Eugène.

Située sur l’Escaut [6], entre Douai [7] et Valenciennes [8], Denain [9] est une place forte à partir de laquelle les forces coalisées contre la France menacent Landrecies [10], dernière place forte française avant Paris.

Traversant l’Escaut, le maréchal de Villars contourne la ville par l’ouest et attaque les forces impériales à la baïonnette à la tête de 52 bataillons.

Décontenancés par cette audace, les Austro Hollandais refluent en désordre et laissent pas moins de 10.000 hommes sur le terrain. Ils doivent peu après évacuer la Flandre. Par sa victoire, le maréchal sauve in extremis la France de l’invasion. Il permet aussi au roi Louis XIV de boucler d’une façon honorable les négociations ouvertes à Utrecht six mois plus tôt pour mettre fin à l’interminable guerre de Succession d’Espagne.

Presque sexagénaire, le maréchal Claude de Villars bénéficie d’une reconnaissance tardive. Retardé dans son avancement par l’hostilité du ministre Louvois et par les militaires de cour qui lui reprochent sa propension au pillage, il a attendu la guerre de Succession d’Espagne pour faire la preuve de ses talents. Dès le début de la guerre de Succession d’Espagne, Villars s’illustre comme lieutenant de Catinat en remportant de brillantes victoires au-delà du Rhin, à Friedlingen en 1702 [11] puis à Hochstaedt (ou Höchstädt) [12] l’année suivante. Il est nommé maréchal par ses soldats, sur le champ de bataille de Friedlingen avant que le roi entérine leur choix !

Manque de chance, il est arrêté dans sa marche triomphale par le roi lui-même qui le rappelle et l’envoie dans les Cévennes pour réprimer uneinsurrection des Camisards protestants. Il s’acquitte de sa mission en faisant preuve de modération.

Le 7 novembre verra la signature du traité de paix entre la France et le Portugal.

Le 15 mars 1713 est signé un traité de paix entre la France et la Savoie.

En avril/juin 1713 à lieu la signature du Traité d’Utrecht [13] qui établi la paix avec tous les alliés sauf l’Empire. La France sauve le principal, c’est-à-dire les frontières de Nimègue ! 12 ans de guerre de plus pour en revenir une nouvelle fois là. Elle obtient d’avoir un Bourbon sur le trône d’Espagne, mais perd Terre Neuve, l’Acadie et la baie d’Hudson. L’Espagne, elle, est dépecée et n’est plus que le fantôme de celle de Philippe II : Philippe V régnera sur la péninsule ibérique, mais l’empire colonial et les possessions européennes sont dispersées entre les alliés : l’Espagne ne s’en relèvera pas.

L’Angleterre est devenue maîtresse du commerce international en même temps que première puissance coloniale. L’électorat de Brandebourg devient le royaume de Prusse [14] : une nouvelle puissance vient de naître en Europe, qui bientôt disputera aux Habsbourgs [15] la suprématie en Allemagne.

Le 20 août, les armées françaises s’emparent de Landau [16]. Le 30 octobre, Les armées françaises s’emparent de Fribourg-en-Brisgau [17].

Le 6 mars 1714 est signé le traité de Rastadt [18] entre la France et l’Empire. Le 2 août Louis XIV rédige son testament à Marly [19], et prévoit Philippe d’Orléans, son neveu pour la régence restreint par une collégialité.

Louis XIV meurt à 77 ans le 1er septembre 1715 en laissant un pays puissant mais en grande difficulté à son arrière-petit-fils et successeur, Louis XV alors âgé de 5 ans.

En effet, il ressent déjà les premiers symptômes de la gangrène qui va l’emporter. Il a vu disparaître son fils, le Grand Dauphin, puis son premier petit-fils, le duc de Bourgogne. Son second petit-fils a renoncé à la couronne de France en 1700 pour devenir roi d’Espagne sous le nom de Philippe V. De ses 3 arrière-petits-fils, seul reste Louis, duc d’Anjou, 4 ans.

Aussi, le 2 août 1714, pressé par son entourage et soucieux d’assurer sa succession, Louis XIV écrit et signe de sa propre main un testament de 14 pages. En cas de défaillance des princes légitimes, le roi y affirme son souhait d’appeler à la succession ses bâtards, fils de Mme de Montespan, le duc du Maine et Louis-Alexandre de Bourbon comte de Toulouse qu’il a légitimés. Cette volonté provoque l’indignation de Saint-Simon qui y voit un acte de despotisme. Elle va à l’encontre des lois fondamentales qui régissent le royaume.

En outre, le testament limite le futur rôle du régent, neveu du roi, Philippe d’Orléans, que Louis XIV juge intriguant et débauché. Il institue auprès du petit duc d’Anjou, futur Louis XV, un conseil de régence où entreraient les fils naturels légitimés du défunt roi. Seule reste à Philippe d’Orléans la charge, honorifique, de “président du conseil de régence”. Toutes les décisions seront prises à la majorité “sans que le duc d’Orléans pût seul et par son autorité particulière rien déterminer, statuer et ordonner”. Le duc du Maine détient le pouvoir réel en recevant la tutelle du futur Louis XV, ainsi que l’autorité sur les troupes du roi.

Le 13 avril 1715, sentant sa fin approcher, le roi augmente les prérogatives du duc de Villeroy François de Neufville de Villeroy , chargé de veiller sur le duc d’Anjou. Dans un second codicille daté du 23 août, il désigne André Hercule de Fleury et Michel Le Tellier (jésuite) comme précepteur et confesseur de l’enfant. Il semble cependant que le roi ne se fasse pas d’illusion sur le sort posthume de son testament.

De fait, le lendemain de la mort du roi, le 2 septembre 1715, le parlement de Paris casse le testament jugé contraire aux lois du royaume. Philippe d’Orléans est proclamé régent et détenteur effectif du pouvoir.

Il retrouve le commandement des armées, tandis que le duc du Maine et le comte de Toulouse abandonnent tout rôle officiel.

En contrepartie, Philippe d’Orléans restitue au Parlement son droit de remontrance. Les ministres sont remplacés par des conseils de notables et de parlementaires. Pour qu’aucune contestation soit possible, le Régent demande au roi, qui n’a guère que 5 ans, de le désigner pour seul régent lors d’un lit de justice devant le Parlement le 12 septembre suivant.

Le 15 septembre 1715, le Parlement retrouve son droit de Remontrance au souverain.

Notes

[1] Utrecht est une ville néerlandaise, chef-lieu de la province d’Utrecht. Au 6ème siècle, la contrée rhénane d’Utrecht passe sous l’influence franque, en particulier celle du grand royaume mérovingien dont les jalons sont posés par Clovis. Utrecht aurait été, selon la légende de la Magna Frisia, la capitale du royaume de Frise pendant le règne d’Aldgisl 1er et éventuellement pendant celui de son fils. Avant 690, le chef missionnaire anglo-saxon, de tradition irlandaise, Willibrord s’installe à Utrecht, et en 690 selon son hagiographie, avec ses frères-compagnons, il y rénove et déploie les institutions chrétiennes avec le titre de père (papa selon la tradition) : la vaste contrée évangélisée est ensuite promue terre épiscopale lors de son retour dans le royaume mérovingien. L’évêché d’Utrecht sera pour les Pays-Bas le centre de la foi chrétienne pendant tout le Moyen Âge.

[2] La guerre de Succession d’Espagne est un conflit qui a opposé plusieurs puissances européennes de 1701 à 1714, dont l’enjeu était la succession au trône d’Espagne à la suite de la mort sans descendance du dernier Habsbourg espagnol Charles II et, à travers lui, la domination en Europe. Dernière grande guerre de Louis XIV, elle permit à la France d’installer un monarque français à Madrid : Philippe V, mais avec un pouvoir réduit, et le renoncement, pour lui et pour sa descendance, au trône de France, même dans le cas où les autres princes du sang français disparaîtraient. Ces conditions ne permettaient pas une union aussi étroite que celle qui était espérée par Louis XIV. La guerre de succession donna néanmoins naissance à la dynastie des Bourbons d’Espagne, qui règne toujours aujourd’hui.

[3] La baie d’Hudson est une baie située au Canada. Il s’agit d’une des plus grandes baies au monde, sa superficie étant de 822 324 km2 ; elle est entourée par le territoire du Nunavut, les provinces du Manitoba, de l’Ontario et du Québec. L’Organisation hydrographique internationale la classe en tant qu’espace maritime de l’océan Arctique dont elle forme ainsi une mer épicontinentale. Le détroit d’Hudson la relie vers l’est au détroit de Davis.

[4] L’Acadie historique, colonie de la Nouvelle-France, est fondée en 1604 sur des territoires amérindiens habités depuis 11 millénaires et peuplée à partir de l’Ouest de la France. Conquise en 1713 par le Royaume de Grande-Bretagne, elle subit le Grand Dérangement, dont la Déportation des Acadiens de 1755 à 1763, et son territoire est morcelé. De retour d’exil, les Acadiens subissent des lois discriminatoires. La renaissance acadienne, dans laquelle est impliquée le clergé, leur permet toutefois de redécouvrir leur histoire et leur culture. Ils acceptent mal la Confédération canadienne de 1867. Des symboles et des institutions sont créés dès la 1ère Convention nationale acadienne de 1881. Les Acadiens sont durement touchés par la Grande Dépression puis participent activement aux deux guerres mondiales.

[5] La bataille de Denain, qui eut lieu le 24 juillet 1712, est un épisode décisif de la guerre de Succession d’Espagne. Elle se solde par une victoire inespérée des armées françaises commandées par le maréchal de Villars sur les Austro-Hollandais du Prince Eugène. Elle permet après plusieurs défaites françaises de négocier une paix favorable.

[6] L’Escaut est un fleuve européen de 355 km de long, qui traverse trois pays (France, Belgique et Pays-Bas) et cinq régions, avant de se jeter en mer du Nord. Après la division de l’ancien royaume des Francs au traité de Verdun, l’Escaut a longtemps servi de frontière naturelle officielle entre le royaume de France et le Saint Empire romain germanique.

[7] Douai est une commune française du département du Nord, située dans le sud de la Flandre romane. Le comte Arnoul 1er de Flandre érige vers 950 le premier lieu de culte, la collégiale Saint-Amé. Après la conquête normande de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, la ville de Bridgwater en Angleterre était nommée du prince Walter (Gautier, ou Walscin) Douai. La ville reçut sa première charte avant 1188 et fut dirigée par un conseil d’échevins jusqu’en 1789.

[8] Valenciennes est une commune française, historiquement capitale du comté du Hainaut français et aujourd’hui sous-préfecture du département du Nord. Elle est située au confluent de l’Escaut avec la Rhônelle. En 1285, la monnaie du Hainaut fut remplacée par la monnaie de France : l’écu. Valenciennes est une ville en pleine activité, forte de ses nombreuses corporations. À l’abri de son enceinte, un grand nombre de couvents se développe, à l’instar des Dominicains. Au 14ème siècle Albert de Bavière fait construire la tour de la Dodenne, où encore aujourd’hui la cloche sonne en l’honneur de Notre-Dame-du-Saint-Cordon. Au 15ème siècle, le Hainaut, rattaché au duché de Bourgogne, perd de son autonomie, mais Valenciennes jouit d’une grande renommée grâce aux artistes qu’elle protège en ses murs. L’économie de la ville repose essentiellement sur la draperie et le commerce, principalement du vin et des céréales des campagnes environnantes.

[9] Denain est une commune française de la banlieue de Valenciennes, située sur le cours canalisé de l’Escaut, dans le département du Nord.

[10] Landrecies est une commune française, située dans le département du Nord, elle fut une place forte de grande importance. À partir du début de la domination des Habsbourg sur la région, Landrecies va faire l’objet d’une longue lutte acharnée entre ces derniers et le royaume de France. Pillée à plusieurs reprises, la ville occupée par les Français de 1543 à 1544 est assiégée par Charles Quint, avant que le traité de Crépy ne la rende à ce dernier, qui en fait une place forte.

[11] La bataille de Friedlingen s’est déroulée le 14 octobre 1702 près de la ville de Weil-am-Rhein, ( Allemagne ) quelques km au nord de Bâle ( Suisse ). L’armée française menée par Claude Louis Hector de Villars, vainquit celle du Saint Empire, menée par Louis-Guillaume Ier de Bade.

[12] La première bataille de Höchstädt, également appelée bataille de Hochstett, eut lieu le 20 septembre 1703, près de Höchstädt an der Donau en Bavière, pendant la guerre de Succession d’Espagne. Elle s’est terminée par une victoire de l’armée franco-bavaroise du maréchal de Villars sur les Autrichiens du général Von Stirum.

[13] Les traités d’Utrecht sont deux traités de paix signés en 1713 qui mirent fin à la guerre de Succession d’Espagne. Le premier fut signé à Utrecht le 11 avril entre le royaume de France et le royaume de Grande-Bretagne, le second fut signé à Utrecht le 13 juillet entre l’Espagne et la Grande-Bretagne.

[14] Le royaume de Prusse est un ancien État européen formé en 1701 et intégré en 1871 à l’Empire allemand, dont il est la composante principale ; il disparaît en 1918 lorsque l’Allemagne devient une république. Le royaume de Prusse devient un État de rang européen sous le règne de Frédéric II, puis joue un rôle essentiel de 1792 à 1815 comme adversaire de la France, de 1815 à 1866 comme adversaire de l’Autriche, et en 1870-71 à nouveau comme adversaire de la France qui permet à la Prusse de dominer le nouvel Empire allemand.

[15] La maison de Habsbourg ou maison d’Autriche est une importante Maison souveraine d’Europe connue entre autres pour avoir fourni tous les empereurs du Saint Empire romain germanique entre 1452 et 1740, ainsi qu’une importante lignée de souverains d’Espagne et de l’empire d’Autriche, puis de la double monarchie austro-hongroise. La dynastie a pris le nom de « Maison de Habsbourg-Lorraine » depuis 1780.

[16] La forteresse de Landau était le fort bastionné de Landau du Palatinat. Sa construction, entreprise par Vauban sur ordre de Louvois, s’étala entre 1688 et 1691. Après avoir servi de dépôt de munitions de 1867 à 1870, elle fut rasée sur ordre des autorités prussiennes en 1871. Il n’en reste comme vestiges que quelques bâtiments en ville et des remparts en ruines.

[17] Fribourg-en-Brisgau est une ville d’Allemagne située dans le land de Bade-Wurtemberg. C’est à la fois une ville arrondissement et le chef-lieu de l’arrondissement de Brisgau-Haute-Forêt-Noire, dont elle ne fait pas partie. Elle est aussi le chef-lieu du district de Fribourg-en-Brisgau et de l’association régionale Südlicher Oberrhein. De 1945 à 1952, elle fut la capitale du land de Bade, qui a alors fusionné avec deux autres länder pour former le Bade-Wurtemberg. Fribourg est l’une des villes allemandes les plus méridionales. Elle est traversée par le Dreisam et se trouve au pied des montagnes de la Forêt-Noire. Le centre-ville est à une vingtaine de kilomètres du Rhin et de la France, et à environ 70 km de la Suisse.

[18] Le traité de Rastatt du 6 mars 1714, met fin à la guerre de Succession d’Espagne. Il est signé entre le royaume de France et la monarchie de Habsbourg à la suite de négociations menées depuis novembre 1713 entre le prince Eugène et le duc de Villars.

[19] Le château de Marly, situé à Marly le Roi dans les Yvelines, fut édifié sous le règne de Louis XIV. Il fut détruit durant le Premier Empire.