Né à Paris, fils unique du second mariage du duc Claude , écuyer de Louis XIII devenu duc et pair.
Il fut tenu sur les fonds baptismaux par Louis XIV et Marie Thérèse en la chapelle du château de Versailles.
Frêle et seul, Louis reçoit une formation intellectuelle et morale supérieure à celle que recevait habituellement un jeune seigneur et reçoit de sa mère une éducation austère et soignée. Particulièrement attiré par l’histoire, il n’aime pas trop le métier des armes. Mais ne devant pas déroger à la règle, il participe à diverses campagnes de Louis XIV de 1692 à 1701.
Il vint très jeune à La Ferté-Vidame [1], où il fut souvent parrain de ses vassaux en l’église Saint Nicolas reconstruite par son père en 1659-1660.
Il est certain qu’il noua dans la région de solides attaches seigneuriales, familiales et religieuses qui ne se relâcheront pas tout au long de sa vie.
Il porta d’abord le titre de vidame [2] de Chartres, connut dès l’enfance le jeune duc de Chartres, qui fut ensuite le Régent, et pour qui il conçut la plus vive affection et entra à 16 ans dans les Mousquetaires [3].
Il participe en 1692 comme mousquetaire au siège de Namur [4] , il a alors 17 ans. En 1693 il succéda à son père dans ses gouvernements de Blaye [5] et de Senlis [6] et son titre de duc et pair à dix-huit ans, L’année suivante, il est engagé dans la bataille de Neerwinden [7]. IL reçut une compagnie au régiment de Royal Roussillon,
Après la mort de son père, il sait qu’il faut consolider ses appuis à la cour. Il se marie donc en 1695 avec Marie Gabrielle de Durfort de Lorge , fille aînée du maréchal duc de Lorge qui le commanda pendant les campagnes du Rhin et dont la mère, née Frémont, vient d’une famille roturière, mais fournit une dot importante. Elle est la petite-nièce de Turenne et cousine du roi d’Angleterre Guillaume III d’Orange-Nassau.
Peu de temps après, Louis achète le régiment Royal-Carabiniers, et devient mestre de camp [8]. Ses responsabilités militaires passent pourtant au second plan face aux responsabilités de la pairie. Saint-Simon prend son nouveau rang très à cœur, et s’engage rapidement dans un grand procès contre le maréchal-duc de Luxembourg , qui veut faire modifier son rang parmi les pairs. Il s’indigne aussi du rang intermédiaire accordé aux bâtards de Louis XIV, le duc du Maine et le comte de Toulouse , qui les fait passer au-dessus des pairs immédiatement sous les princes du sang
En 1697, il mène une expédition en Alsace sous le commandement du maréchal de Choiseul . C’est son dernier séjour aux armées. Il supporte de plus en plus mal l’obligation qui lui est faite de passer 2 mois par an avec son régiment. D’ailleurs, le sien est réformé. Il n’est plus que mestre de camp à la suite, sous les ordres d’un simple gentilhomme.
En 1702, alors qu’il néglige son régiment pour la vie de Cour, il se voit dépassé pour une promotion par des officiers plus récents que lui dans leur grade. Parmi eux, le comte d’Ayen futur duc de Noailles , qui est, sa vie durant, l’ennemi juré du duc. Devant ce qu’il considère comme une injustice flagrante, Saint-Simon quitte l’armée prétextant des raisons de santé. Louis XIV lui tient longtemps rigueur de cette défection.
Bien que détesté par Louis XIV, en 1710 on lui a permis de s’établir à la cour de Versailles, où il s’est associé à Louis duc de Bourgogne, jusqu’à la mort du duc en 1712.
Alors qu’on le croit désœuvré et inoffensif, il passe son temps à épier les faits et gestes de la cour. Il arpente les corridors du pouvoir, compte les sourires et les sourcils froncés du roi, épie le va-et-vient des ministres, des maîtresses, des confesseurs, des favoris, recueille les souvenirs des vieux courtisans et écoute au besoin aux portes. C’est la nuit dans un cagibi qu’il consigne les événements mémorables de la journée.
La mort du Dauphin en 1711, celle du duc de Bourgogne en 1712 et celle de Louis XIV en 1715 vont profondément modifier l’existence de Saint-Simon.
C’est au duc d’Orléans qu’échoit la Régence. Bien que très différents, les hommes ont l’un vers l’autre une amitié très solide. Appartenant au Conseil de Régence, Saint-Simon est très déçu par la réalité du pouvoir.
Il s’opposa au système de Law [9], refusa de tremper dans les spéculations qui enrichirent tant de grands seigneurs, montra contre le parlement une hostilité souvent violente, s’efforça vainement de maintenir le Régent dans la politique de l’union avec l’Espagne et, après l’accession de cette puissance au traité de la quadruple alliance [10], accepta avec joie en 1721 l’ambassade extraordinaire en Espagne d’octobre à avril 1722 pendant laquelle il négocia le mariage de l’infante Marie Anne Victoire avec Louis XV et celui du prince des Asturies avec une fille du Régent Louise-Élisabeth d’Orléans .
En décembre 1723 la mort du Régent met fin à sa vie publique. Fleury et le duc de Bourbon lui font comprendre que sa présence à la cour n’était désormais plus indispensable.
Il se retire alors de la cour, tout en y gardant son appartement versaillais, sa vie durant, pour les cérémonies officielles et la commodité de ses enfants sur ses terres de La Ferté-Vidame pour poursuivre la rédaction de ses Mémoires et où il mène une vie de gentilhomme campagnard, véritablement soucieux des conditions de vie de ses paysans, et tentant de moderniser leurs techniques
Disposant à Paris d’une documentation sans cesse accrue environs 6 000 volumes et un cabinet de manuscrits dont une bonne partie se trouve conservée aux Archives Diplomatiques, il décida d’entreprendre la rédaction de ses mémoires.
Pendant les trente ans qui lui restent à vivre, plusieurs dizaines de milliers de pages sortiront de sa plume surchauffée. Il fera revivre, sous le règne de Louis XV dont il boude la cour, les règnes de Louis XIII et de Louis XIV.
L’immense manuscrit que sera ses « Mémoires » prend forme, il fut interrompu à la mort de sa femme, en janvier 1743, puis repris 6 mois plus tard. Une autre interruption le voit rédiger ce chef-d’œuvre qu’est le Parallèle des trois premiers rois bourbons en 1746, et ce n’est qu’en 1749 qu’il achève le manuscrit de 2854 pages, reliées en 11 portefeuilles à ses armes et destinées à une publication posthume.
Il meurt à Paris le 2 mars 1755. Conformément à son souhait, il fut enterré, avec son épouse, dans l’église de La Ferté-Vidame.
Les Mémoires achevées en 1753, furent, après la mort de leur auteur, confisquées avec d’autres papiers sur l’ordre de Louis XV contresigné par Choiseul au Ministère des Affaires Etrangères, où ils furent conservés depuis. Quelques privilégiés en eurent connaissance et en firent des extraits lus dans des salons parisiens puis publiés peu à peu. Leur première édition, incomplète, date de 1829-1830, et leur première édition complète de 1879-1928.