Quintus Caecilius Metellus Pius Scipio Nasica dit Metellus Scipion (mort en 46 av. jc)
Homme politique romain
Né Publius Scipio Nasica, il fut adopté par Quintus Metellus Pius. Il fut tribun en 59 et consul en 52. Beau-père de Pompée, qui épousa en 5ème noces sa fille Cornélia, il fut un farouche ennemi de Jules César contre lequel il dirigera les troupes Optimates [1] à la bataille de Thapsus [2].
Candidat au consulat en 53 contre le parti de Milon, il prend part aux violents troubles factieux de Rome exacerbés par les compétitions électorales. A la mort de Clodius Pulcher, ces troubles dégénèrent en quasi anarchie et Pompée, qui est à l’origine de ces troubles dans le but de contrer le pouvoir grandissant de César, est nommé consul par le sénat en 52. Il choisit alors comme collègue son beau-père. Un des premiers actes de Metellus en tant que consul est de revenir sur la loi qui rétablissait les pouvoirs censoriaux.
Virulent opposant à César, il soutient fortement le consul Lucius Cornelius Lentulus Crus lorsqu’il réclame, en 49, que César soit déclaré ennemi de l’État et que son armée soit dissoute. César ayant pris les armes contre le Sénat et ayant franchi le Rubicon, Metellus est nommé à la tête de la province de Syrie [3]. Fort de sa fortune, Metellus Scipion lève d’importantes troupes qu’il joint à l’armée de Pompée. Ce dernier en partage le commandement avec Metellus qui dirigera le centre de l’armée durant la bataille de Pharsale [4], en 48.
Après cette défaite, Metellus s’enfuit en Afrique où tente de se reconstituer le parti de Pompée, malgré la mort de ce dernier, autour de l’armée de Publius Attius Varus, aidé par le roi numide [5] Juba 1er. Grâce à Caton d’Utique, il obtient le commandement de l’armée et administre l’Afrique d’une manière aussi oppressive qu’il l’avait fait pour la Syrie. César, arrivé en Afrique fin 47, rencontre les troupes pompéiennes dirigées par Metellus et Caton à la décisive bataille de Thapsus en avril 46. Après cette nouvelle défaite, Metellus tente de rejoindre l’Espagne à la tête d’une petite flotte mais des vents contraires le ramenèrent vers Hippo Regius [6] où il tombe sur la flotte de Publius Sittius, partisan de César. Dans l’impossibilité de s’enfuir, il se poignarde.
Notes
[1] Optimates, tendance politique aristocratique et conservatrice qui marqua le dernier siècle de la République romaine, par son opposition aux populares. Ce ne fut pas un parti politique au sens moderne, mais un clivage majeur dans les luttes politiques et sociales romaines, permettant aux acteurs politiques de se situer face au réformisme et au populisme des populares au sein d’alliances personnelles souvent mouvantes.
[2] La bataille de Thapsus se déroule le 6 avril 46 av. jc près de Thapsus (aujourd’hui Ras Dimass, en Tunisie). L’armée du parti conservateur (les Optimates), conduite par Metellus Scipion et de son allié Juba 1er de Numidie, se bat contre les forces de Jules César, qui finissent par avoir le dessus. Avec cette victoire, César brise les résistances contre son pouvoir en Afrique et s’approche encore plus du pouvoir absolu.
[3] La Syrie est l’une des provinces les plus importantes de l’Empire romain, tant par sa richesse que sur le plan militaire. Étendue de la Méditerranée à l’Euphrate, elle constitue un riche creuset de civilisations, composées entre autres de Juifs, de Phéniciens, ou de Nabatéens, hellénisés pour la plupart d’entre eux. La Syrie est conquise par Pompée en 64 av. jc. En 63 av. jc, après avoir vaincu le roi Mithridate VI, il transforme le royaume de Syrie en province romaine, mettant ainsi fin à la dynastie séleucide. L’acquisition du territoire n’est cependant pas sa mission originelle. Le gouvernement de cette riche région constitue rapidement un enjeu majeur à Rome. Crassus, qui l’a obtenu, y trouve la mort en tentant une expédition militaire contre les Parthes en 53 av. jc, à Carrhes. Sous Auguste, la province est placée sous l’autorité d’un légat d’Auguste propréteur de rang consulaire, résidant à Antioche, la capitale. Les frontières de la province connaissent à plusieurs reprises des modifications. Le royaume de Judée, devenu province de Judée, est renommé Syrie-Palestine durant le règne de l’empereur Hadrien, mais n’appartient pas à la province de Syrie proprement dite. Les frontières varient aussi avec l’Arabie nabatéenne. La Syrie englobe l’Iturée et le territoire de Palmyre. Si les conquêtes de Trajan sont éphémères, la frontière sur l’Euphrate est durablement déplacée jusqu’à Doura Europos, lors de la guerre parthique de Lucius Verus, entre 161 et 166. À partir de la seconde moitié du 2ème siècle, le sénat romain comprend un nombre important de Syriens, comme Claudius Pompeianus ou Avidius Cassius sous Marc Aurèle. Dans la première moitié du 3ème siècle, des Syriens accèdent au pouvoir impérial, avec la dynastie des Sévères.
[4] La bataille de Pharsale s’est déroulée en Thessalie, près de la ville du même nom, le 9 août 48 av.jc, pendant la guerre civile romaine qui opposait le clan de César à celui de Pompée. En gagnant cette bataille dans laquelle il était en grande infériorité numérique, César prit un avantage décisif sur le camp adverse.
[5] La Numidie est d’abord un ancien royaume berbère, qui alterna ensuite entre le statut de province et d’état vassal de l’Empire romain. Elle est située sur la bordure nord de l’Algérie moderne, bordé par la province romaine de Maurétanie, de nos jours l’Algérie et le Maroc, à l’ouest, la province romaine d’Afrique, la Tunisie, à l’est, la mer Méditerranée vers le nord , et le désert du Sahara vers le sud. Ses habitants étaient les Numides.
[6] Hippone, en latin Hippo Regius, est le nom antique de la ville d’Annaba, se trouvant au Nord-Est de l’Algérie. Elle devint l’une des principales cités de l’Afrique romaine. Saint Augustin fut évêque de la ville de 395 jusqu’à sa mort en 430