Publius Attius Varus (mort en 45 av. jc)
Gouverneur romain d’Afrique pendant la guerre civile entre Jules César et Pompeius Magnus ("Pompée le Grand")
Il déclara la guerre à César, et combattit et vaincu Gaius Scribonius Curio dit Curion, qui fut envoyé contre lui en 49 av. jc.
Il occupa le poste de préteur [1] au plus tard en 53 av. jc. Aucune histoire de sa carrière politique antérieure ne survit. Il était promagistrat [2], et probablement propréteur [3], en Afrique [4] en 52 et probablement plus tôt.
Au début de la guerre civile [5], Varus, adhérent aux optimates [6], était stationné à Picenum [7] à la tête d’une force considérable. À l’approche de César, il fut forcé d’évacuer la région. Lui et ses hommes rejoignirent Pompée en Pouilles [8].
Lorsque Pompée quitta l’Italie pour la Grèce, Varus traversa l’Afrique et prit possession de sa province, qui avait été attribuée à Aelius Tubero dans le but d’obtenir du grain.
Exclus de sa province par Varus, Tubero alla rejoindre Pompée. Varus était bien connu en Afrique à partir de sa propension antérieure, et a donc été en mesure d’élever deux légions.
César envoya alors Curio en Afrique pour le retirer des Pompiens. Curio fut nommé commandant au titre d’une récompense pour son soutien politique, mais il n’avait qu’une expérience militaire limitée. Il repris les légions qui furent d’abord recrutées par les Pompiens, mais avaient changé d’allégeance à Corfinium [9].
Curio débarqua avec succès près d’Utica [10], surprenant l’armée de Varus. L’un des officiers de Varus, Sextus Quinctilius Varus, qui avait été à Corfinium, appela les légions de Curio à déserter et à revenir à leur loyauté d’origine. Les troupes refusèrent et, après un succès dans une escarmouche de cavalerie, Curio les a menés dans une attaque audacieuse qui a rapidement renversé l’armée de Varus.
Encouragé par ce succès, Curio a agi sur ce qui s’est révélé être une intelligence défectueuse et a attaqué ce qu’il croyait être un détachement de l’armée de Juba. En fait, la majeure partie des forces du roi était là et, après un succès initial, les forces de Curio débusquées et pratiquement anéanties.
Curio était entouré des restes de ses troupes sur une colline et mourut dans les combats.
Après la bataille de Pharsal [11], les Pompiens restants, y compris Caton, s’enfuirent en Afrique pour continuer la lutte. À l’insistance de Caton, Varus démissionna du commandement suprême du consulat Metellus Scipio.
En 46 av. jc, Varus était l’un des commandants de la flotte de Pompée. Après la défaite à la bataille de Thapsus [12], Varus a fui vers l’Hispanie [13]. Là, il fut vaincu au large de Carteia dans une bataille navale par Gaius Didius, qui commandait la flotte de César, et l’obligea à rejoindre l’armée sur le rivage. Il est tombé à la bataille de Munda [14].
Notes
[1] Le préteur est un magistrat de la Rome antique. Il était de rang sénatorial, pouvait s’asseoir sur la chaise curule, et porter la toge prétexte. Il était assisté par 2 licteurs à l’intérieur de Rome, et 6 hors du pomerium de l’Urbs. Il était élu pour une durée de 1 an par les comices centuriates. La fonction de préteur fut créée vers 366 av. jc pour alléger la charge des consuls, en particulier dans le domaine de la justice. Le premier préteur élu fut le patricien Spurius Furius, le fils de Marcus Furius Camillu. Égal en pouvoir au consul, auquel il n’a pas de compte à rendre, le préteur prêtait le même serment, le même jour, et détenait le même pouvoir. À l’origine, il n’y en avait qu’un seul, le préteur urbain, auquel s’est ajouté vers 242 av. jc le préteur pérégrin qui était chargé de rendre la justice dans les affaires impliquant les étrangers. Cette figure permit le développement du ius gentium, véritable droit commercial, par contraste avec le ius civile applicable uniquement aux litiges entre citoyens romain. Pour recruter, pour former ou pour mener des armées au combat ; sur le terrain, le préteur n’est soumis à personne. Les préteurs ont aussi un rôle religieux, et doivent mener des occasions religieuses telles que sacrifices et des jeux. Ils remplissent d’autres fonctions diverses, comme l’investigation sur les subversions, la désignation de commissionnaires, et la distribution d’aides. Lors de la vacance du consulat, les préteurs, avant la création des consuls suffects, pouvaient remplacer les consuls : on parle alors de préteurs consulaires.
[2] Le promagistrat est un magistrat romain sorti de sa charge annuelle, dont le pouvoir est prolongé par décision du Sénat dans une province romaine donnée, en général pour un an
[3] Un propréteur est le nom donné à ceux qui ont exercé la charge de préteur pendant 1 an, et plus tard à ceux qui dirigent les provinces avec l’autorité de préteur. Il s’agit d’une prorogation de leur pouvoir, c’est un promagistrat. Sous la République romaine, les préteurs, comme les consuls, sont élus par le peuple romain assemblé en comices ; à l’issue de leur charge, ils peuvent devenir propréteurs, ou gouverneurs, de provinces, pour un mandat de 1 an. On retrouve le premier propréteur en 241 av. jc, et la fonction se généralise les 2 siècles suivants, jusqu’à ce que Sylla rende obligatoire aux anciens magistrats à imperium de servir dans une province comme gouverneur pour 1 an. A la suite de la réorganisation provinciale au début de l’Empire, chaque province impériale est dirigée par un propréteur qui est sous l’autorité proconsulaire de l’empereur. Il porte ce titre qu’il soit ancien consul ou préteur. La durée du mandat est variable.
[4] L’Afrique ou Afrique proconsulaire, est une ancienne province romaine qui correspond à l’actuelle Nord et sud Est Tunisien, plus une partie de l’Algérie et de la Libye actuelle. La province d’Afrique est créée en 146 av. jc, après la destruction de Carthage, au terme de la 3ème guerre punique ; ayant Utique pour capitale, elle est séparée du royaume de Numidie par une ligne de démarcation, la fossa regia. En 46 av. jc, Rome annexe la Numidie avec le nom de « nouvelle province d’Afrique » (Africa Nova) pour la distinguer de la première (Africa Vetus). Vers 40-39 av. jc, les deux provinces sont réunies dans la province dite d’Afrique proconsulaire ; ayant Carthage pour capitale, elle s’étend, d’ouest en est, de l’embouchure de l’Ampsaga (auj. l’Oued-el-Kebir, en Algérie) au promontoire de l’Autel des frères Philènes (auj. Ras el-Ali, en Libye). En 303, celle-ci est divisée par Dioclétien en trois provinces : la Tripolitaine, la Byzacène et l’Afrique proconsulaire résiduelle, aussi appelée Zeugitane.
[5] La guerre civile de César, appelée aussi guerre civile romaine de 49 av. jc ou guerre civile entre César et Pompée, est un des derniers conflits intérieurs de la République romaine, et fait partie de la liste des nombreuses guerres civiles romaines. Elle a consisté en une série de heurts politiques et militaires entre Jules César, ses alliés politiques et ses légions d’une part, et la faction conservatrice du Sénat romain, appelée aussi optimates, épaulée par les légions de Pompée d’autre part.
[6] Optimates, tendance politique aristocratique et conservatrice qui marqua le dernier siècle de la République romaine, par son opposition aux populares. Ce ne fut pas un parti politique au sens moderne, mais un clivage majeur dans les luttes politiques et sociales romaines, permettant aux acteurs politiques de se situer face au réformisme et au populisme des populares au sein d’alliances personnelles souvent mouvantes.
[7] Picénum ou Regio V Picénum était une région de l’ancienne Italie. Le nom est un exonyme attribué par les Romains, qui l’ont conquis et l’ont incorporé dans la République romaine. Le Picénum fut le berceau de notables tels que Pompée le Grand et son père Pompée Strabon. Il était situé dans ce qui est maintenant la région des Marches. Les Picènes ou Picéniens étaient la population indigène du Picénum. Ils ont maintenu un centre religieux à Cupra Marittima, en l’honneur de la déesse Cupra.
[8] La région des Pouilles anciennement l’Apulie, dite plus couramment les Pouilles, est une région d’Italie, située dans le sud-est du pays. Avec la création du royaume de Sicile, les Normands éliminent la présence des Sarrasins et relancent les relations maritimes avec Venise et les villes côtières de la Méditerranée. Cette période voit la vie politique et religieuse de la région totalement réorganisée.
[9] Corfinium (ou Italica à partir de la guerre sociale) est un site archéologique d’une ville de la Rome antique, situé en Italie, près de Corfinio dans la province de L’Aquila. Elle se trouve à proximité de la rivière Aterno et à 345 mètres au-dessus du niveau de la mer. La route principale pour l’atteindre était la via Valeria, sorte de prolongement de la Via Tiburtina et elle reliait Rome et Pescara.
[10] Utique est un site archéologique localisé à l’emplacement d’une ancienne cité portuaire fondée par les Phéniciens dans l’Antiquité. Il est situé au nord de l’actuelle Tunisie, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Carthage, dans le gouvernorat de Bizerte.
[11] La bataille de Pharsale est un affrontement se déroulant en Thessalie, près de la ville du même nom, le 9 août 48 av. jc, pendant la guerre civile romaine. Il oppose les troupes de César à celles de Pompée. En gagnant cette bataille avec des troupes très inférieures en nombre, Jules César prit un avantage décisif sur le camp adverse.
[12] La bataille de Thapsus se déroule le 6 février 46 av. jc près de Thapsus, aujourd’hui Rass Dimass, en Tunisie. L’armée du parti conservateur (les Optimates), conduite par Metellus Scipion et de son allié Juba 1er de Numidie, se bat contre les forces de Jules César, qui finissent par avoir le dessus. Avec cette victoire, César brise les résistances contre son pouvoir en Afrique et s’approche encore plus du pouvoir absolu.
[13] Espagne
[14] La bataille de Munda se déroula le 17 mars 45 av. jc dans les plaines de Munda, dans le sud de l’Espagne. Ce fut la dernière bataille qui opposa Jules César aux partisans de la République. Après la victoire et la mort de Titus Labienus et Pompée le Jeune (le fils de Pompée le Grand), César put revenir à Rome et gouverna avec le titre de dictateur. Son assassinat marqua le début du processus qui mena à la fin de la république. Son petit-neveu, Octave, devint le premier empereur romain.