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Giulio Mazarini dit Jules Mazarin

lundi 8 août 2022, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 11 novembre 2012).

Giulio Mazarini dit Jules Mazarin (1602-1661)

Prélat et homme d’État

Giulio Mazarini dit Jules Mazarin Prélat et homme d'État

Né à Pescina [1] dans les Abruzzes [2], dans une famille au service des Colonna [3], fils d’un intendant au service des princes Colonna, Pietro Mazarini , et d’Hortense Buffalini, elle-même issue d’une famille de la noblesse. Élevé par les jésuites [4] du collège romain  [5], il suivit l’un des princes Colonna en Espagne. Capitaine dans un régiment pontifical, en 1624 il deviendra diplomate toujours au service de la papauté en 1626 en tant que secrétaire d’un nonce [6].

Il ne tarda pas à se faire remarquer à l’occasion de plusieurs négociations, notamment celles qui concernaient la succession de Mantoue [7] et du Montferrat [8]. Sur ordre secret du pape Urbain VIII, il réussit à faire accepter une trêve entre Espagnols du Milanais et Français, qui s’affrontaient devant la ville piémontaise de Casal [9] en octobre 1631.

Peu après, il négocia la paix de Cherasco [10], qui, reconnaissant à la France la possession de Pignerol [11], lui assurait ainsi une voie d’accès en Italie du Nord.

Désormais compromis par son soutien au parti français, alors qu’il avait longtemps été protégé des milieux favorables à l’Espagne, Mazarin vit la progression de sa carrière entravée, bien qu’il eût accepté, sur la demande du pape, de recevoir le premier degré de cléricature, dans l’intention d’accéder au cardinalat. Il est vice-légat à Avignon et ayant réussi à se faire envoyer en France comme nonce extraordinaire en août 1634, il profita de cette période pour approfondir ses liens avec Richelieu. Lors de l’entrée en guerre de la France contre l’Autriche, il dut cependant regagner Rome en 1636 sur l’insistance de la faction espagnole du Vatican.

En 1639, Richelieu, décidé à attacher à la France un si habile diplomate, fit revenir Mazarin à Paris, le chargea des négociations de paix avec la Savoie et lui fit accorder ses lettres de naturalisation. Le 16 décembre 1641, enfin, Mazarin reçut le chapeau de cardinal.

Ayant succédé au père Joseph comme confident et principal collaborateur de Richelieu, il fut recommandé par ce dernier, au roi Louis XIII, comme le plus capable de prendre sa succession et, le 5 décembre 1642, il fut nommé président du Conseil du roi.

À la mort de Louis XIII, l’année suivante, sa veuve Anne d’Autriche 4 jours après la mort de Louis XIII, le 18 mai 1643, choisit de prendre Mazarin comme ministre principal et comme tuteur de Louis XIV, alors âgé de 5 ans.

Dans la situation peu propice à l’affirmation du pouvoir royal que constituait la période de minorité du monarque, Mazarin, peu aimé de la cour et du peuple en raison de son origine étrangère, fut obligé de déjouer de nombreuses cabales, comme celle des Importants [12]. Cependant, bien décidé à léguer au roi, le jour venu, un pouvoir inentamé, et tenant de sa formation romaine l’art de louvoyer, Mazarin poursuivit la politique absolutiste de Richelieu.

La Fronde éclate lorsque le Parlement s’oppose à la réforme fiscale de la “Paulette”. La journée des Barricades que déclenche l’arrestation de 3 des parlementaires les plus déterminés, parmi lesquels Pierre Broussel, oblige la régente, le jeune roi et le cardinal à se réfugier à Saint-Germain-en-Laye. Si Mazarin vient à bout de cette première fronde, c’est pour affronter celle des princes, qui une nouvelle fois veulent sa disgrâce. Leur puissance contraint le cardinal à s’éloigner de Paris.

Mais à Cologne [13], de février à décembre 1651, puis à Bouillon [14], jusqu’en février 1653, il ne cesse de diriger les affaires du pays grâce au relais de ses collaborateurs, Le Tellier à la Guerre, Hugues de Lionne aux Affaires étrangères etAbel Servien aux Finances.

En politique étrangère, après la victoire de Rocroi [15] en 1643, Mazarin porta l’offensive du côté de la Bavière [16]. La France enregistra les victoires de Fribourg [17], puis de Nördlingen [18] en 1645 et de Lens [19] en 1648, tandis qu’était lancée une expédition contre les présides de Toscane [20], visant à couper les communications entre l’Espagne et ses possessions d’Italie, et que les troupes françaises occupaient Lérida [21], sur la frontière d’Aragon.

Les traités de Westphalie [22], conclus en 1648, apportèrent à la France la haute et la basse Alsace, et servirent ses intérêts dans la mesure où ils consacraient l’affaiblissement de ses principaux rivaux, les Habsbourgs [23], présents à la fois en Autriche et en Espagne. Cependant, la France ne put jouir longtemps des bénéfices de la paix, le mécontentement qui grondait depuis longtemps ayant abouti au déclenchement de la Fronde.

La poursuite de la guerre avait contraint le surintendant Particelli d’Émery à lever de nouvelles taxes en vertu de l’édit du toisé [24] et de la taxe des "aisés" [25], pris en 1644, et de l’édit du tarif [26], pris en 1646, très mal acceptées par le peuple. La multiplication des offices, ainsi que la réduction des gages et des rentes atteignaient dans ses privilèges la noblesse et la bourgeoisie de robe. En outre, les Grands, et particulièrement les princes du sang, longtemps bénéficiaires de l’indulgence de Mazarin, qui préférait les combler de largesse plutôt que de céder une part quelconque des prérogatives du pouvoir central, étaient conscients que, à mesure que la majorité du roi approchait, leur capacité d’action risquait de se réduire. Née d’une conjonction de facteurs, la Fronde manifesta en fait un refus global des progrès de l’absolutisme et de la centralisation monarchique.

Rentré en France en décembre 1651, Mazarin eut l’adresse de s’éloigner une seconde fois, jouant sur l’apaisement de l’opinion qui commençait à se lasser de la ruineuse rébellion des princes. Réfugié à Bouillon d’avril 1652 à février 1653, il put, peu après le roi, faire une entrée triomphale dans Paris en février 1653, plus personne ne conteste son pouvoir. Louis XIV le reçoit comme un père, le peuple l’accueille comme un maître. Aux mazarinades qui l’injuriaient succèdent les odes. Gaston d’Orléans frère de Louis XIII devint lieutenant général du royaume [27] et le prince de Condé chef du Conseil, nominations qui avaient surtout pour but d’éviter une rébellion des grands du royaume.

Plus puissant que jamais, il se consacra désormais à l’éducation du roi, qui lui laissa exercer le pouvoir jusqu’à sa mort. S’appuyant sur des administrateurs de grande valeur, dont les plus connus sont Lionne, Servien, Le Tellier, Fouquet et Colbert, son intendant particulier, il fut en mesure de redresser les finances du royaume tout en travaillant, plus que jamais, à en assurer la sécurité.

S’il échoua à faire élire Louis XIV au trône impérial, Léopold 1er lui fut préféré, il parvint, au prix d’une surprenante alliance avec le régicide Cromwell, à reprendre Dunkerque [28] aux Espagnols en 1657 et, l’année suivante, organisa avec les protestants la ligue du Rhin visant à isoler l’empereur.

Le couronnement de sa carrière fut le traité des Pyrénées, signé en 1659, qui mit fin à la guerre avec l’Espagne, donna à la France l’Artois [29] et le Roussillon [30], et décida du mariage de Louis XIV avec une princesse espagnole, Marie-Thérèse, ce qui devait, ultérieurement, ouvrir la voie aux prétentions françaises sur la couronne d’Espagne. Peu avant sa mort, Mazarin maria Philippe d’Orléans, le frère du roi, avec Henriette Anne d’Angleterre , sœur de Charles II, dans le but de renforcer l’alliance de la France avec ce puissant voisin.

Mort dans la nuit du 8 au 9 mars 1661, au château de Vincennes [31], il laissait une énorme fortune, estimée à 39 millions de livres tournois.

Il fut également un collectionneur d’art éclairé et un grand mécène, fondateur du collège des Quatre Nations [32], qui abrite aujourd’hui l’Institut de France [33], il ouvrit au public sa bibliothèque personnelle [34], et protégea de nombreux artistes, dont Ménage et Lully. On lui doit aussi l’introduction de l’opéra italien en France.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Georges Dethan, Mazarin : Un homme de paix à l’âge baroque, 1602-1661, La Documentation Française, 1981 (ISBN 978-2-1108-0764-9).

Notes

[1] Pescina est une commune italienne de la province de L’Aquila dans la région des Abruzzes en Italie.

[2] La région des Abruzzes, plus couramment appelée les Abruzzes, est une des régions d’Italie centre-méridionale. Sa capitale est la ville de L’Aquila. La région regroupe les anciennes provinces médiévales de l’Abruzze ultérieure au nord et l’Abruzze citérieure au sud.

[3] Selon la tradition familiale, les Colonna sont une branche des comtes de Tusculum et des Julio-Claudiens. Le premier cardinal de cette famille fut nommé en 1212 (Giovanni Colonna). En 1297, le cardinal Jacopo Colonna déshérita ses frères Ottone, Matteo, et Landolfo de leurs terres. Ils firent appel au pape Boniface VIII, qui ordonna à Jacopo de restituer les terres, et de retourner au Saint-Siège le fief des Colonna, Palestrina, ainsi que d’autres villes.

[4] La Compagnie de Jésus est un ordre religieux catholique masculin dont les membres sont des clercs réguliers appelés « jésuites ». La Compagnie est fondée par Ignace de Loyola et les premiers compagnons en 1539 et approuvée en 1540 par le pape Paul III.

[5] Le Collège romain est une institution d’enseignement fondée en 1551 à Rome par Ignace de Loyola, une dizaine d’années après la fondation de la Compagnie de Jésus. Ouverte comme école de grammaire, l’institution se développa rapidement et devint dès la fin du 16ème siècle une institution académique d’enseignement supérieur couvrant tous les champs du savoir scientifique et scolastique, et servant de scolasticat jésuite tout en étant université ecclésiastique. En hommage de reconnaissance au pape Grégoire XIII qui en fut un insigne bienfaiteur, le Collège romain prit plus tard le nom d’université grégorienne.

[6] Le nonce apostolique est un agent diplomatique du Saint-siège, accrédité comme ambassadeur de ce dernier auprès des États.

[7] La guerre de Succession de Mantoue est un conflit périphérique qui se déroula dans le cadre plus large de la guerre de Trente Ans, de 1628 à 1631. Elle opposa la France aux Habsbourg à la suite de l’extinction de la branche aînée des Gonzague en 1627.

[8] Le Montferrat est une région historique du Piémont, dans le nord-ouest de l’Italie. Il s’étend essentiellement sur les actuelles provinces d’Asti et d’Alexandrie. Comté à l’origine, puis marquisat en 967 et enfin duché en 1574, le Montferrat a connu, au cours des siècles plusieurs phases : le règne des Alérame, descendants d’Alérame, le premier marquis ; le règne des Paléologue à partir de 1305 par carence de descendant mâle de la famille précédente ; l’occupation impériale de 1533 à 1536 en raison de la même carence ; le règne des Gonzague, déjà ducs de Mantoue, à compter de 1536 ; la guerre de Succession de Montferrat de 1613 à 1617 en raison d’un problème de descendance

[9] Le siège de Casal, également écrit siège de Casale qui s’est déroulé pendant la guerre de Succession de Mantoue dans le cadre plus large de la guerre de Trente Ans oppose les troupes espagnoles et les troupes de Charles Ier de Mantoue qui seront secourues par les Français.

[10] Le traité de Cherasco également appelé traité de Querasque a été signé le 6 avril 1631 entre la France, l’empereur Ferdinand II et le duc de Savoie en règlement de la question italienne dans la Valteline : Charles 1er de Mantoue reçoit Mantoue, l’Empereur renonce à Mantoue et au Montferrat et les Français évacuent les Grisons qu’ils occupaient.

[11] Pignerol est une ville italienne de la province de Turin, dans la région du Piémont. Du 12 au 16ème siècles, l’église vaudoise en fit son centre religieux. La ville fut française à différentes époques avant d’être savoyarde puis italienne. Conquise en 1630, la ville et ses environs sont attribués à la France par le traité de Cherasco le 30 mai 1631. Pignerol est soigneusement fortifiée par Jean de Beins, et constitue jusqu’à la fin du siècle une défense importante du royaume de France.

[12] La cabale des Importants, ou conjuration des Importants, est le nom donné à un complot organisé dans les derniers jours d’août 1643 par François de Vendôme, duc de Beaufort, et Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse, avec l’aide de nombreux « Grands » de l’époque. Ce complot a pour objectif d’écarter Mazarin du pouvoir, ce dernier étant jugé trop hostile aux intérêts de cette noblesse, et de signer une paix séparée avec l’Espagne. Ce complot est un échec : le duc de Beaufort est arrêté et emprisonné, et d’autres conspirateurs sont exilés.

[13] La ville doit son nom de Cologne à l’impératrice romaine Agrippine, épouse de l’empereur Claude, qui éleva son lieu de naissance au rang de colonie en l’an 50, sous le nom de Colonia Claudia Ara Agrippinensium. Les Romains y tenaient une garnison et des axes routiers convergeaient vers un pont de bateaux sur lequel transitait un important commerce avec toutes les régions de la Germanie. En raison de son importance stratégique sur le limes du Rhin et de la présence de l’armée et de la clientèle germanique, l’endroit attira de nombreux marchands et devint un foyer d’artisanat et de commerce. Centre militaire, la ville fut la résidence de l’empereur gaulois Postume de 260 à 268, et le lieu de l’usurpation éphémère de Silvanus en 355. Les Romains introduisirent le christianisme à Cologne, qui devint siège épiscopal à partir du 4ème siècle. Des Francs se sont regroupés au cours de la seconde moitié du 5ème siècle pour fonder un royaume à Cologne, qui est intégré dans le royaume franc de Clovis. À partir du 7ème siècle, ils sont désignés sous le nom de Francs ripuaires.

[14] La seigneurie, ensuite duché de Bouillon est un petit État situé entre le Luxembourg, la Champagne et le gouvernement de Metz, il était formé de la ville de Bouillon et du territoire environnant. Il s’est formé par démembrement du comté d’Ardenne. Sous beaucoup d’aspects, Bouillon était un duché souverain, bien que tout petit. Avec une superficie de 230 km² légèrement supérieure à celle du Liechtenstein et une population d’environ 2500 habitants en 1789

[15] La bataille de Rocroi a lieu le 19 mai 1643 pendant la guerre de Trente Ans. Elle met aux prises l’armée des Flandres, armée espagnole commandée par Francisco de Melo, qui assiégeait Rocroi, et l’armée de Picardie, armée française menée par Louis de Bourbon, duc d’Enghien (le futur Grand Condé). C’est une importante victoire française, qui marque la fin de la suprématie militaire des tercios espagnols et le début du renversement de l’équilibre des forces en Europe.

[16] Les successeurs d’Albert s’opposent de toutes leurs forces à la Réforme et prennent parti pour l’Empereur dans la guerre de Trente Ans. En récompense, l’empereur Ferdinand II confère au duc Maximilien la dignité d’électeur en 1623 qu’il avait confisquée au comte Frédéric V du Palatinat, également membre de la maison de Wittelsbach, converti au protestantisme et qui avait été élu roi de Bohême par les Tchèques révoltés. L’empereur rend cette dignité héréditaire dans la branche catholique de la maison de Bavière. Cette dignité lui est confirmée en 1648 par le traité de Westphalie tandis qu’une dignité électorale supplémentaire est créée pour le comte palatin à qui sont rendues ses terres. Cependant, celui-ci passe du premier au dernier rang. Le premier rang revient à l’électeur de Bavière.

[17] Fribourg-en-Brisgau est une ville d’Allemagne située dans le land de Bade-Wurtemberg. C’est à la fois une ville arrondissement et le chef-lieu de l’arrondissement de Brisgau-Haute-Forêt-Noire, dont elle ne fait pas partie. Elle est aussi le chef-lieu du district de Fribourg-en-Brisgau et de l’association régionale Südlicher Oberrhein. De 1945 à 1952, elle fut la capitale du land de Bade, qui a alors fusionné avec deux autres länder pour former le Bade-Wurtemberg. Fribourg est l’une des villes allemandes les plus méridionales. Elle est traversée par le Dreisam et se trouve au pied des montagnes de la Forêt-Noire. Le centre-ville est à une vingtaine de kilomètres du Rhin et de la France, et à environ 70 km de la Suisse.

[18] La première Bataille de Nördlingen a lieu les 5 et 6 septembre 1634, durant la guerre de Trente Ans.

[19] Lens est une commune française, sous-préfecture du département du Pas-de-Calais. La tradition rapporte qu’au début du 13ème siècle, Gautier et Eustache, co-châtelains de Mons, fondèrent un hôpital tenu par les frères Trinitaires. Le rayonnement de cette institution incita Jean, châtelain de Mons et seigneur de la terre de Lens, à la doter de revenus fixes : c’est ainsi qu’en 1245 il établit le couvent des Trinitaires de Lens, dont le missionnaire Chrétien Le Clercq sera le père supérieur quelques siècles plus tard.

[20] La Toscane, dirigée d’abord par des margraves et des marquis aux 9ème et 10ème siècles, devint un ensemble de cité-États à statut républicain-oligarchique. Au 15ème siècle, avec Cosme de Médicis, elle est progressivement réunifiée dans une seule entité politique et passe entre les mains de la famille des Médicis, l’une des plus puissantes durant la Renaissance. Cette famille a gouverné la Toscane du 15ème au 18ème siècle.

[21] Lleida (nom officiel en catalan) ou Lérida (en castillan), est une ville située dans le nord-est de l’Espagne, dans la communauté autonome de Catalogne. Elle est la capitale de la province du même nom. Les Maures s’emparèrent de la ville. Le comte Raimond-Bérenger IV de Barcelone parvint à la reconquérir en 1149. Elle devint le siège d’une grande université, la plus ancienne de la couronne d’Aragon jusqu’en 1717 quand Philippe V la déplaça vers la ville de Cervera. L’université de la ville est aujourd’hui de nouveau active. Lérida fut également le théâtre de plusieurs batailles durant la Guerre de Trente Ans.

[22] Les traités de Westphalie (ou Paix de Westphalie) conclurent la guerre de Trente Ans et la guerre de Quatre-vingts ans le 24 octobre 1648. Ils sont à la base du « système westphalien », expression utilisée a posteriori pour désigner le système international spécifique mis en place, de façon durable, par ces traités. Catholiques et protestants ayant refusé de se rencontrer, les négociations se tinrent à partir de décembre 1644 à Münster pour les premiers et à partir de 1645 à Osnabrück pour les seconds. Cette solution qui avait été proposée par la Suède est préférée à l’alternative française qui suggérait Hambourg et Cologne. Les pourparlers de Münster opposaient les Provinces-Unies (les Pays-Bas) à l’Espagne et la France au Saint Empire romain germanique. Ceux d’Osnabrück, la Suède à l’Empire. Les principaux bénéficiaires furent la Suède, les Pays-Bas et la France. Côté français, la diplomatie engagée par Mazarin fut décisive.

[23] La maison de Habsbourg ou maison d’Autriche est une importante Maison souveraine d’Europe connue entre autres pour avoir fourni tous les empereurs du Saint Empire romain germanique entre 1452 et 1740, ainsi qu’une importante lignée de souverains d’Espagne et de l’empire d’Autriche, puis de la double monarchie austro-hongroise. La dynastie a pris le nom de « Maison de Habsbourg-Lorraine » depuis 1780

[24] L’édit du Toisé de janvier 1644, est en France, un nouvel impôt foncier royal envisagé par Particelli pour faire face aux besoins financiers de la couronne destinés à soutenir la guerre de Trente Ans et celle engagée contre l’Espagne. Il organise le toisage (calcul de la surface) des bâtiments construits dans les faubourgs de Paris malgré les interdictions de 1548 (Édit d’Henri II), renouvelées en 1627 et 1633 sous contrainte de démolition ou de forte amende. Toutefois ces Édits royaux n’avaient jusqu’alors jamais été appliqués. Les propriétaires de ces immeubles auraient dû payer un impôt de 50 sous par toise carée de surface bâtie (la toise vaut environ 2 mètres de long). Ce projet suscite des troubles urbains en juillet 1644 et le parlement de Paris obtient l’exemption pour ses membres, pour les avocats, les procureurs, les notaires et les officiers de l’Université. Le gouvernement doit y renoncer en 1645 après une nouvelle et vaine tentative. Le besoin d’argent n’a pas disparu et Particelli envisage de rétablir la Taxe des Aisés.

[25] La taxe des Aisés est une pratique fiscale de l’Ancien Régime. Les Aisés sont une catégorie de personnes supposées pouvoir supporter des impôts exceptionnels ou souscrire obligatoirement des rentes ou des emprunts de l’État, en raison de leur richesse. Ne touchant qu’une petite partie de la population, on espérait, outre un versement probable, la neutralité des autres contribuables, quelquefois pas mécontents de voir "faire payer les riches". On évitait ainsi le risque d’"émotions populaires". En 1644, le parlement de Paris, pourtant composé exclusivement d’Aisés, accepta de telles taxes à condition que ni ses membres ni les bourgeois de Paris ne soient mis à contribution. Les taxes sur les Aisés furent particulièrement nombreuses sous les ministériats de Richelieu et de Mazarin pendant la guerre de Trente Ans.

[26] L’Édit du tarif (septembre-décembre 1646) est un texte législatif français concernant la fiscalité de l’Ancien Régime. Le mot tarif est polysémique au 17ème siècle. Il fait ici référence aux villes tarifées, c’est-à-dire celles qui avaient obtenu le droit de lever des droits d’entrée (le tarif) sur les marchandises (voir octroi). Particelli d’Emery fait relever le tarif par arrêt du Conseil (septembre 1646). Il est enregistré par la Cour des aides le 15 décembre suivant. Cet édit est source d’une violente contestation des élites de robe parisiennes. En effet, le texte prévoit de grever d’une redevance toutes les marchandises entrant dans Paris tant par les portes de la ville que par la Seine. L’édit rassemble d’anciennes taxes déjà perçues mais éparses et y assujettit des produits qui, jusque-là, n’étaient pas soumis à la fiscalité. Étant donné que gens de robe et bourgeois de Paris consomment et vendent la production de leurs terres situées en dehors de la ville, ils se trouvent directement touchés par cette mesure et s’opposent donc au projet. C’est dans ces conditions que l’arrêt est enregistré en décembre. La Cour des aides tente de négocier l’enregistrement de l’édit en réclamant un privilège de franchise pour les bourgeois de Paris sur les produits de "leurs terres, vignes et vergers". Le Parlement considère que la monarchie usurpe ses prérogatives et refuse l’enregistrement de l’édit. Il ne sera donc jamais appliqué. Cet épisode est aussi à l’origine d’une tension entre les membres du Parlement et ceux de la Cour des aides que la monarchie, au demeurant, tentera d’exploiter pendant la Fronde.

[27] Le titre de lieutenant général du royaume a désigné une fonction temporaire dont les rois, dans des circonstances de crise, investissaient un personnage éminent pour exercer en leur nom tout ou partie de l’autorité royale.

[28] Le principal siège de Dunkerque eut lieu du 7 septembre au 11 octobre 1646 pendant la guerre de Trente Ans. Dunkerque est alors espagnole depuis 1559, lorsque fort de ses récents succès militaires, Louis II de Bourbon-Condé fait le siège de la ville.

[29] L’Artois est un pays traditionnel de France et une province du royaume sous l’Ancien Régime, ayant pour capitale Arras, aujourd’hui inclus dans le département du Pas-de-Calais. Après avoir relevé des ducs de Bourgogne, l’Artois est rattaché au domaine royal à la mort de Charles le Téméraire, le 5 janvier 1477. Le traité de Senlis l’attribue à l’Empereur Maximilien 1er. La souveraineté en est perdue par François 1er de France au traité de Cambrai, et il passe par héritage aux Habsbourg d’Espagne. Il fut annexé définitivement par la France 130 ans plus tard, après la guerre de Trente Ans, le 7 novembre 1659, aux termes du traité des Pyrénées, sauf Aire-sur-la-Lys et Saint-Omer (l’Artois réservé) qui ne revint à la France qu’en 1678. Annexée dans un premier temps à la Picardie, la province devient un « Gouvernement général » en 1764.

[30] La province du Roussillon ou simplement, le Roussillon est une ancienne province du royaume de France, qui existe de 1659 jusqu’à la création du département des Pyrénées-Orientales en 1790. La province recouvre les trois vigueries du Roussillon, du Conflent et de Cerdagne, c’est-à-dire la partie du gouvernement des comtés du Roussillon et de Cerdagne cédée à la France par le traité des Pyrénées.

[31] Le château de Vincennes est une forteresse située à Vincennes, dans la banlieue est de Paris, dont la construction a duré du 14ème au 17ème siècle. C’est le plus grand château fort royal subsistant en France et, du fait de la hauteur de son donjon une des plus hautes forteresses de plaine d’Europe. François 1er fait réaménager le pavillon construit par Louis XI pour y résider lors de ses séjours à Paris. Henri II transfère le siège de l’ordre de Saint-Michel à Vincennes ; il confie l’achèvement des travaux de la Saint-Chapelle à son architecte favori, Philibert Delorme. La chapelle est enfin inaugurée en 1552. En février 1574, la cour se réfugie au château de Vincennes où Charles IX, gravement souffrant, décède le 30 mai dans les appartements du donjon. François d’Alençon et Henri de Navarre, assignés à résidence à la cour, deviennent les hôtes contraints du château. Après l’assassinat d’Henri IV, son fils, le jeune Louis XIII, est installé à Vincennes dans l’ancien pavillon de Louis XI et y passe une partie de sa jeunesse. Le château devient ainsi la troisième résidence royale. C’est de Vincennes que Louis XIV se rendit le 13 avril 1655, « en habit de chasse » au parlement de Paris, faire lit de justice pour imposer ses édits fiscaux. L’architecte Louis Le Vau construit les ailes (dites « pavillons ») du Roi et de la Reine. Il construit l’aile de la Reine en 1658 et l’aile du Roi en 1661, ces deux ailes reliées par un portique au nord et au sud entourant la cour royale. Le cardinal de Mazarin y décède le 11 mars 1661 et sa dépouille est exposée dans la Sainte-Chapelle.

[32] En 1661, dans son testament, le cardinal Mazarin dédie une partie de sa grande fortune à la fondation d’un collège, destiné à l’instruction gratuite de soixante gentilshommes des quatre nations réunies à l’obédience royale par le traité de Westphalie en 1648 et le traité des Pyrénées en 1659 : l’Artois, les Flandres, le Hainaut et le Luxembourg (20 étudiants) ; l’Alsace et les autres territoires germaniques (15 étudiants) ; Pignerol et les États pontificaux (15 étudiants) ; le Roussillon, le Conflent et la Cerdagne (10 étudiants). À sa mort, Mazarin souhaite être inhumé, comme son prédécesseur le cardinal de Richelieu l’avait fait à la Sorbonne, dans la chapelle du collège. Il lègue également l’ensemble de ses ouvrages à la bibliothèque du nouvel établissement (la bibliothèque Mazarine) qui devra être ouverte à tous les gens de lettres deux fois par semaine.

[33] L’Institut de France est une institution française créée en 1795. Il rassemble les élites scientifiques, littéraires et artistiques de la nation afin qu’elles travaillent ensemble à perfectionner les sciences et les arts, à développer une réflexion indépendante et à conseiller les pouvoirs publics. Cela lui vaut le surnom de « Parlement du monde savant ». Il est placé sous la protection du chef de l’État et siège quai de Conti, dans le 6e arrondissement de Paris. Il regroupe cinq académies, dont les réunions solennelles ont lieu en habit vert sous la coupole de l’ancien collège des Quatre-Nations qui l’abrite : l’Académie française (40 membres) ; l’Académie des inscriptions et belles-lettres (55 membres) ; l’Académie des sciences (263 membres) ; l’Académie des beaux-arts (63 membres) ; l’Académie des sciences morales et politiques (50 membres).

[34] l’actuelle bibliothèque Mazarine