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Mélisende de Jérusalem

mercredi 6 décembre 2023, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 20 mars 2012).

Mélisende de Jérusalem (1101-1161)

Reine de Jérusalem de 1131 à 1143-Régente du royaume de 1143 à 1152

Melisende de Jérusalem Reine de Jérusalem de 1131 à 1143-Régente du royaume de 1143 à 1152Fille aînée deBaudouin II du Bourg, roi de Jérusalem [1] et de Morfia de Malatya. Son père avait prit part à la 1ère croisade [2] dans le contingent de son cousin Godefroy de Bouillon. Après la prise de Jérusalem, il se rend à Édesse [3] auprès de Baudouin de Boulogne, frère de Godefroy, qui était devenu comte d’Édesse [4].

Godefroy de Bouillon meurt le 10 juillet 1100 et son frère Baudouin lui succède à Jérusalem, laissant le comté d’Édesse à Baudouin du Bourg.

Ce dernier, pour se faire mieux accepter de la population arménienne, majoritaire à Édesse, épouse Morfia de Malatya, fille du seigneur arménien Gabriel de Malatya. Baudouin de Boulogne meurt le 2 avril 1118 et Baudouin du Bourg est élu roi de Jérusalem, et toute la famille s’installe dans la ville Sainte.

Pour Baudouin II, ses filles sont des instruments de sa politique extérieure. Dès 1119, il fiance Alix de Jérusalem avec Bohémond, héritier de la principauté d’Antioche [5]. Le mariage aura lieu en 1126, quand Bohémond II prend possession de la principauté d’Antioche. Puis Hodierne de Jérusalem est fiancée au comte Raymond II de Tripoli et l’épouse en 1131. Si Baudouin II n’avait pas encore donné un mari pour Mélisende, c’est que, n’ayant pas de fils, il avait avant tout besoin d’un héritier pour lui succéder sur le trône de Jérusalem. En 1127, il envoie son connétable Guillaume de Bures et Gautier de Brisebarre, seigneur de Beyrouth [6] demander conseil auprès du roi Louis VI, lequel désigne le comte Foulque V d’Anjou. Après avoir réglé ses affaires et remis ses comtés à son fils Geoffroy Plantagenêt, Foulque quitte la France au début de l’année 1129, aborde à Saint-Jean-d’Acre  [7] au milieu du printemps et épouse Mélisende le 2 juin 1129.

Baudouin II meurt à Jérusalem le 21 août 1131 et la succession ne pose aucun problème. Reconnu roi sans difficulté par la Haute Cour du royaume, Foulque et Mélisende sont sacrés roi et reine au Saint Sépulcre le 14 septembre 1131.

Peu à peu se forment deux camps, les partisans du roi et ceux du comte de Jaffa [8]. Gautier de Grenier , seigneur de Césarée [9], beau-fils du comte de Jaffa hostile à son beau-père, l’accuse de trahison et lui lance un défi. Hugues de Jaffa dit Hugues II du Puiset l’accepte, mais ne se présente pas le jour fixé pour le duel judiciaire et est déclaré coupable. Pris de peur, Hugues de Jaffa se réfugie à Ascalon [10] sous la protection des Égyptiens, mais ses vassaux refusent l’alliance égyptienne et l’abandonnent.

Hugues est alors obligé de se soumettre, et est exilé pour une durée de 3 ans. Au moment de s’embarquer, il est attaqué par un chevalier breton et grièvement blessé. Voulant couper court aux accusations d’avoir commandité le meurtre et aux risques d’émeutes, Foulque fait juger le coupable par la Haute Cour des barons et ordonne que l’exécution soit publique et qu’on ne lui coupe pas la langue, pour lui permettre de parler jusqu’au bout, et la loyauté du roi dans cette affaire est reconnue par tous. Hugues du Puiset se rétablit, contre tout attente et se rend en Sicile [11], où il meurt peu après. Mais le courroux de Mélisende s’exerce longtemps sur les protagonistes, au point que certains craignent pour leur vie, avant qu’il ne finisse par s’apaiser.

Elle profite de son ascendant sur son mari, qui cherche à se faire pardonner, pour qu’il autorise le retour de sa sœur Alix à Antioche. Le nouveau patriarche, Raoul de Domfront, en lutte contre son clergé, trouve en elle une alliée et ne s’oppose pas à son retour, mais Foulque est contre ce retour et cette complaisance et négociant le mariage de la princesse Constance d’Antioche avec Raymond de Poitiers en 1136.

Avec l’âge, Mélisende devient dévote et entreprend la fondation d’abbayes avec sa sœur Yvette, entrée au couvent. Elle fait notamment construire l’abbaye de Béthanie [12] dont Yvette devient la mère supérieure, et fait fortifier le village, car ce dernier est en butte aux razzias des Bédouins venus de Transjordanie [13]. Son influence permet également la réconciliation avec l’Église syriaque jacobite [14] qui n’avait pas récupéré tous ses biens, saisis et occupés depuis la prise de Jérusalem.

Foulque meurt à Beyrouth le 10 novembre 1143, et son fils Baudouin III, âgé de 13 ans, est reconnu roi sous la régence de Mélisende.

Au cours de sa régence, elle réussi à maintenir intacte l’autorité monarchique, mais Zengi, atabeg [15] de Mossoul [16] et d’Alep [17] enregistre ses premiers succès en matière de reconquête musulmane de la Syrie [18]. En effet, il profite de cet état de régence, de l’esprit brouillon de Josselin II de Courtenay, comte d’Édesse, et de l’inimitié de ce dernier avec Raymond de Poitiers, prince d’Antioche pour prendre Édesse, le 23 décembre 1144.

Elle continue la politique de Foulque qui consistait à rester allié avec Damas [19] contre Zengi et son fils Nur ad-Din. De son côté, le ministre Mu’in ad-Din Unur, régent de l’émirat de Damas, avait la même intention politique. Mais Altûtâsh, émir de Hauran, se brouille avec Mu’in ad-Din Unur et demande la protection des Francs, ce qui rompt l’harmonie franco damascène en juin 1147. Les négociations avec Damas échouent et les Francs envoient une armée qui est battue par les armées de Nur ad-Din et d’Unur.

La prise d’Édesse avait entraîné de nouvelles prédications en Europe et barons français et germaniques se lancent dans une seconde croisade [20]. L’armée allemande est défaite par les Seldjoukides [21] en Anatolie [22], alors que les forces françaises arrivent à Antioche, mais le roi Louis VII se brouille avec Raymond de Poitiers, prince d’Antioche et refuse de s’attaquer à Nur ad-Din, bien que l’objectif de la croisade soit la reprise d’Édesse et se rend à Jérusalem. A l’assemblée d’Acre, les croisés et les barons décident d’assiéger Damas en juillet 1148. L’expédition est un échec et les croisés repartent en Europe.

Peu après le départ des croisés, Nur ad-Din lance une offensive contre la principauté d’Antioche, bat son armée à Ma’arratha le 29 juin 1149 et tue Raymond de Poitiers. Le patriarche de la ville, Aimery de Limoges assure la défense de la ville et donne ainsi à Baudouin III le temps suffisant pour arriver de Jérusalem avec son armée et obliger l’atabeg d’Alep à lever le siège et quitter la principauté.

Puis Nur ad-Din se retourne contre les restes du comté d’Édesse et notamment Turbessel [23] qu’il assiège, et une fois encore la venue de Baudouin l’oblige à lever le siège en octobre 1149. Mais après son départ, Le comte Josselin II d’Édesse est capturé et sa femme, ne pouvant assurer seule la défense de Turbessel, cède la place forte aux Byzantins [24]. Ils se révèlent incapable de la défendre contre les Turcs qui s’en emparent en 1150.

L’intervention de Baudouin III a toutefois empêché la principauté d’Antioche de tomber entièrement aux mains de Nur ad-Dîn.

La majorité de Baudouin III approche en 1152, mais Mélisende ne semble pas encline à céder son pouvoir. Le couronnement est prévu le 30 mars 1152, et elle compte être couronnée aux côtés de son fils, mais Baudouin se présente seul à la cérémonie et le clergé, pourtant favorable à Mélisende, ne peut refuser le couronnement.

Baudouin III a pour lui le soutien des barons francs, ainsi que la légitimité que lui assurent les lois du royaume. Soutenu par Onfroy II de Toron qu’il nomme connétable [25] et par d’autres barons, Baudouin réclame à sa mère les villes de Jérusalem [26] et de Samarie [27] comme indispensable à la défense du royaume. Mélisende refuse de céder, et Baudouin marche immédiatement sur Mirabel, possession de Manassès de Hierges , le principal soutien de la reine mère, qu’il soumet. Puis il se rend à Jérusalem et doit prendre d’assaut la Tour de David [28], dans laquelle sa mère s’était retranchée. Mélisende, vaincue, se retire dans son fief de Naplouse [29].

Elle se retire alors de la vie politique et se consacre aux affaires religieuses.

Après la mort du patriarche Foucher d’Angoulème , le 20 novembre 1157, elle et sa belle-fille Sibylle, comtesse de Flandre [30] font élire Amaury de Nesle , prieur du Saint-Sépulcre [31], élection ensuite confirmée par le pape Adrien IV.

En 1152, elle intervient avec son fils dans le litige qui oppose le comte Raymond II de Tripoli à son épouse Hodierne de Jérusalem, sœur de Mélisende. Après un début d’apaisement, Raymond est assassiné par 2 Ismaëliens [32]. Elle héberge également Aimery de Limoges, patriarche d’Antioche, exilé de sa ville par Renaud de Châtillon, second époux de Constance.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Sarah Lambert, « Queen or Consort : Rulership and Politics in the Latin East, 1118-1228 », in Anne J. Duggan (éd.), Queens and Queenship in Medieval Europe, Woodbridge, Boydell Press, 1997

Notes

[1] Le royaume de Jérusalem fut fondé par des princes chrétiens à la fin de la première croisade, lorsqu’ils s’emparèrent de la ville. C’est l’un des États latins d’Orient. On peut distinguer plusieurs périodes dans son histoire : celles où le titre de roi de Jérusalem est associé à la mainmise croisée sur la ville (1099-1187 et 1229-1244), et celles où le titre représente le plus haut niveau de suzeraineté des croisés en Terre sainte, mais durant lesquelles la ville en elle-même n’appartient pas aux soldats croisés. Le royaume de Jérusalem fut créé en 1099 après la prise de la ville et ne disparut réellement qu’avec le départ des derniers croisés de Tortose en août 1291, soit moins de deux siècles plus tard.

[2] La première croisade s’est déroulée de 1096 à 1099 à la suite, entre autres, du refus intervenu en 1078 des Turcs Seldjoukides de laisser libre le passage aux pèlerins chrétiens vers Jérusalem. Cette croisade s’achève par la prise de Jérusalem et la création du royaume chrétien de Jérusalem.

[3] Édesse était la capitale de l’Osroène, un petit État d’abord indépendant de 132 av. jc à 216 ap. jc, devenu province romaine en 214, puis incorporé au diocèse d’Orient. Vers 204, Abgar IX se convertit au christianisme. C’est, dans l’histoire du christianisme, le premier roi chrétien. À la suite de cette conversion, le christianisme syriaque se développa autour d’Édesse et de nombreux monastères furent construits, en particulier celui de la colline, le Torâ d-Ourhoï. En 216, l’empereur Romain Caracalla s’empara définitivement du petit royaume, qui devint une province romaine. En 262, le roi des Perses sassanides Chahpuhr Ier occupa brièvement Édesse puis l’abandonna du fait de l’arrivée du roi de Palmyre Odenath II venu défendre la ville. Celui-ci, allié de l’empereur romain Gallien, avait en charge la défense de ses territoires en Orient. À partir de 250, Édesse, où le christianisme avait bien progressé, accueillit les chrétiens chaldéens, chassés de Perse par les Sassanides.

[4] Le comté d’Édesse est l’un des premiers États latins d’Orient, le plus avancé dans le monde islamique. C’est aussi le premier à être reconquis par les musulmans, une cinquantaine d’années après sa création. À son avènement, le comté d’Édesse se réduit à la ville et à ses alentours, ainsi que des cités de Turbessel et de Ravendel. Les Ortoqides tiennent les environs de Saruj et de Mardin, les Danichmendides dominent le nord jusqu’à Samosate et les Byzantins tiennent la région de Marach, au bord de la Cilicie, qui leur a été remise par les Francs en 1097. Quelques cités, comme Bira et Malatya, sont tenues par des chefs arméniens.

[5] La principauté d’Antioche, dont le territoire est en Turquie et en Syrie, était l’un des États latins d’Orient constitué lors des croisades (1098-1268).

[6] La seigneurie de Beyrouth était aux 12ème et 13ème siècles un des fiefs du royaume de Jérusalem. C’était la seigneurie la plus au nord du royaume, située entre le comté de Sidon et le comté de Tripoli.

[7] Acre est une ville d’Israël, située au nord de la baie de Haïfa, sur un promontoire et dotée d’un port en eaux profondes. Acre est située à 152 km de Jérusalem et dépend administrativement du district nord. Cette ville côtière donne son nom à la plaine d’Acre qui comporte plusieurs villages. Son ancien port de commerce florissant dans l’Antiquité, est devenu une zone de pêche et de plaisance de moindre importance. Elle devient au 13ème siècle la capitale du Royaume de Jérusalem et le principal port de Terre sainte.

[8] Le comté de Jaffa est un fief sur le littoral du royaume de Jérusalem, qui est aussi une marche face à l’Égypte fatimide.

[9] La seigneurie de Césarée est l’un des fiefs du royaume de Jérusalem. Elle fut prise en 1101 et fut donnée à Eustache Grenier. Brièvement occupée par Saladin, elle fut reprise par Richard Cœur-de-Lion et rendue à son seigneur légitime. Elle fut définitivement conquise par les Mamelouks en 1266

[10] aujourd’hui Ashkelon, en Israël

[11] La Sicile est la plus grande île méditerranéenne. Avec une superficie de 25 708 km², c’est la région la plus étendue de l’Italie et son territoire est constitué de neuf anciennes provinces à leur tour partagées en 390 municipalités. Elle est également la seule région italienne à compter 2 des 10 villes les plus peuplées du pays : Palerme et Catane. Son chef-lieu est Palerme.

[12] Béthanie est un village de Judée où habitent les proches de Jésus, Marthe, Marie et Lazare. L’Évangile selon Jean le situe à « quinze stades » de Jérusalem. C’est à Béthanie que se déroulent la résurrection de Lazare, la réception de Jésus par Simon le Lépreux et l’onction à Béthanie. La reine Mélisende de Jérusalem et sa sœur cadette, l’abbesse Yvette de Béthanie, y font construire une abbaye.

[13] L’essentiel du territoire faisait partie du vilayet de Syrie, partagé entre les sandjaks de Hauran et de Ma’an. Les habitants du nord de la Transjordanie associaient la région avec la Syrie et ceux du sud, avec la péninsule arabique. Dans la seconde moitié du 19ème siècle, les réformes du Tanzimat étudièrent la fondation d’un État dans la région

[14] L’Église syriaque orthodoxe est une Église orientale autocéphale. Elle fait partie de l’ensemble des Églises des trois conciles dites aussi « Églises antéchalcédoniennes ». Elle tire son surnom de « jacobite » du nom d’un de ses fondateurs, Jacques Baradée. Du fait des querelles « christologiques » et des schismes qui s’ensuivirent, le titre de patriarche d’Antioche se trouve porté également par quatre autres chefs d’Église.

[15] Atabeg, atabey ou atabek (père du prince) est un titre de noblesse turc. À l’époque des Seldjoukides, il s’agissait d’un dignitaire jouant le rôle de tuteur d’un jeune prince. Quand un prince seldjoukide mourait, la régence était attribuée à un atabeg chargé de protéger et de guider les héritiers. Ils épousaient souvent les mères veuves et de ce fait, assumaient d’une certaine manière la paternité par procuration. Aux 11ème et 12ème siècles, des dynasties ont été fondées par des mamelouks affranchis qui occupaient des hauts postes administratifs dans la cour des puissants émirs. À la mort de ces derniers, ils se sont retrouvés titulaires eux-mêmes de la régence et ont privé les héritiers de la légitimité de leur pouvoir, profitant de l’occasion pour usurper le trône. Ces usurpateurs prirent le titre d’atabeg car ils n’osaient pas prendre le titre de sultan. Aussi, le 12ème siècle, en Mésopotamie (Irak) est l’"âge des atabegs" (des régents). Ils ont fondé différentes dynasties et ont placé leurs héritiers, les émirs seldjoukides, dans diverses principautés.

[16] Mossoul est une ville du nord de l’Irak, chef-lieu de la province de Ninive, en Haute mésopotamie. Appartenant de jure à l’Irak, Mossoul est située sur les ruines de Ninive. C’est la ville qui lui a succédé comme métropole régionale à l’époque chrétienne. Elle est alors d’obédience nestorienne et abrite les tombes de plusieurs évangélisateurs. Prise en 641 par les Arabes, elle devient le principal pôle commercial de la région en raison de son emplacement, au carrefour des routes de caravanes entre la Syrie et la Perse. C’est à cette époque qu’elle devient réputée pour ses tissus fins de coton, les mousselines, ainsi que pour son marbre. Au 10ème siècle, l’émirat de Mossoul acquiert une quasi-indépendance avant de devenir au 11ème siècle la capitale d’un État seldjoukide. Au 13ème siècle, elle est conquise et pillée par les Mongols. En 1262, elle passe sous domination perse, puis ottomane.

[17] Alep est une ville de Syrie, chef-lieu du gouvernorat d’Alep, le gouvernorat de Syrie le plus peuplé, situé dans le Nord-Ouest du pays. Pendant des siècles, Alep a été la ville la plus grande de la région syrienne et la troisième plus grande ville de l’Empire ottoman

[18] La Syrie fut occupée successivement par les Cananéens, les Phéniciens, les Hébreux, les Araméens, les Assyriens, les Babyloniens, les Perses, les Grecs, les Arméniens, les Romains, les Nabatéens, les Byzantins, les Arabes, et partiellement par les Croisés, par les Turcs Ottomans et enfin par les Français à qui la SDN confia un protectorat provisoire pour mettre en place, ainsi qu’au Liban, les conditions d’une future indépendance politique.

[19] Damas est l’une des plus anciennes villes continuellement habitées. Elle est aussi la ville la plus peuplée de la grande Syrie (Assyrie) (des traces archéologiques remontent au 4ème millénaire av. jc). Elle est citée dans la Bible, dans le livre de la Genèse, et plusieurs fois dans les Livres des Rois et des Prophètes. Damas connut l’influence de nombreuses civilisations dont celles des Assyriens, Perses, Grecs, Séleucides, Romains, Arabes et Turcs. De la fin du 12ème siècle av. jc à 734 av. jc, elle est la capitale du royaume d’Aram-Damas. Elle fut l’un des berceaux du christianisme et vit saint Paul prononcer ses premières prédications, notamment dans la maison d’Ananie, où celui-ci a ouvert une église domestique dès l’année 37. Cette dernière est la plus vieille de Syrie (aujourd’hui dans le quartier chrétien de Bab Touma). En 635, Damas se soumit aux musulmans et devint la capitale de la dynastie des Omeyyades de 661 à 750. Avec l’adoption de la langue arabe, elle devint le centre culturel et administratif de l’empire musulman durant près d’un siècle. Par la suite, elle demeura un foyer culturel majeur et un pôle économique de premier plan profitant de sa situation géographique privilégiée, à la croisée des chemins de La Mecque, l’Afrique, l’Anatolie, la mer Méditerranée et l’Asie (route de la soie en direction de la Chine et du commerce des épices avec l’Inde).

[20] La deuxième croisade commença en 1147 après avoir été lancée en décembre 1145 par le pape Eugène III à la suite de la chute d’Édesse en 1144. Elle s’acheva en 1149 par un échec total pour les croisés, qui rentrèrent en Europe sans avoir remporté de victoire militaire en Orient.

[21] Les Seldjoukides, sont les membres d’une tribu turcique qui a émigré du Turkestan vers le Proche-Orient avant de régner sur l’Iran, puis sur un vaste domaine comprenant l’Irak actuel, et l’Asie Mineure, entre le milieu du 11ème siècle et la fin du 12ème siècle.

[22] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[23] La forteresse de Tilbeşar, appelée Turbessel par les croisés, Tell Bâchir par les Arabes. Le tell se situe entre les villages de Belören, Gündoğan et Yeniköy dans le district d’Oğuzeli de la province de Gaziantep en Turquie. À 12 km au sud d’Oğuzeli et à 28 km au sud-est de Gaziantep, dans la vallée de la rivière Sajour, riche de nombreux sites archéologiques, affluent de la rive droite de l’Euphrate qu’elle rejoint en Syrie. Cette vallée est une route naturelle pour aller de la haute Mésopotamie vers le plateau anatolien ce qui fait la valeur stratégique de la position de la forteresse de Tilbeşar.

[24] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[25] Tirant son nom de son origine de “comte de l’étable”, le connétable a, au Moyen Âge, la charge de l’écurie et de l’organisation des voyages du roi. Au 14ème siècle, sa fonction évolue vers le commandement de l’armée en temps de guerre et le conseil militaire du roi en temps de paix. Du Guesclin, Clisson, Bourbon… font partie des grands connétables de France. Supprimée en 1627, la charge de connétable est rétablie par Napoléon 1er en 1804 pour son frère Louis.

[26] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif

[27] Samarie est une ancienne ville de Palestine. C’était la capitale du Royaume d’Israël aux 9ème et 8ème siècles av. jc. Les ruines de la ville sont situées dans les montagnes de Samarie, dans le territoire gouverné par l’Autorité palestinienne, à quelques kilomètres de Naplouse.

[28] La Tour de David est une ancienne citadelle, aussi appelée la Citadelle de Jérusalem, située au nord-ouest du quartier arménien de la vieille ville de Jérusalem, édifiée près de la porte de Jaffa. C’est un ensemble de constructions liées à la défense de Jérusalem. La citadelle est construite au 2ème siècle av. jc par les Hasmonéens, fortifiée par le roi Hérode 1er le Grand, destinée à pallier un point faible des défenses de la Vieille Ville. Elle fut détruite et reconstruite successivement par tous les conquérants de Jérusalem

[29] Naplouse est une importante cité de Cisjordanie. Elle se situe à environ soixante-trois kilomètres au nord de Jérusalem. Ses habitants sont principalement des Palestiniens, dont environ 300 Samaritains. Le principal lieu saint de ceux-ci, le mont Garizim, surplombe en effet la ville. La ville abrite des lieux saints musulmans, chrétiens, samaritains et juifs. La cité fut fondée en l’an 72 par les Romains et fut initialement nommée Flavia Neapolis (« nouvelle cité de l’empereur Flavius »), à environ deux kilomètres à l’est de la cité biblique de Sichem, première capitale du royaume d’Israël. Vespasien la fait construire à la place d’un ancien village samaritain dénommé Mabartha.

[30] Le comté de Flandre, d’abord pagus de l’Empire carolingien, placé par le traité de Verdun (843) à la frontière nord de la Francie occidentale, devient en 863 une principauté détenue héréditairement par la maison de Flandre, puis un fief vassal des rois de France pendant tout le Moyen Âge. Le comté reste à la maison de Flandre jusqu’à la mort de la comtesse Marguerite de Constantinople en 1280, puis est détenu par la maison de Dampierre, avant de passer en 1384 à la dynastie des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, devenant une des principales provinces des Pays-Bas bourguignons et de l’État bourguignon en général.

[31] L’église du Saint-Sépulcre ou basilique du Saint-Sépulcre, également appelée basilique de la Résurrection par les chrétiens d’Orient, est une église chrétienne située dans le quartier chrétien de la Vieille ville de Jérusalem. Cette basilique est vénérée par une grande partie des chrétiens qui y vont en pèlerinage depuis le 4ème siècle. Il s’agit d’un sanctuaire englobant selon la tradition le lieu de la crucifixion (le Golgotha), ainsi que la grotte où le corps du Christ fut déposé après sa mort (le Saint-Sépulcre ou tombeau de Jésus). Par inférence, c’est là qu’aurait eu lieu la résurrection (Anastasis en grec, « Résurrection »).

[32] L’ismaélisme est un courant minoritaire de l’islam chiite. Ses membres sont appelés ismaéliens. Son nom provient d’Ismaïl ben Jafar. L’ismaélisme n’est pas spécifiquement persan, ni arabe, ni indien ; il a une longue histoire qui est complexe et, loin d’être unifié, l’ismaélisme se subdivise en plusieurs rameaux (Mubârakiyya, Khattâbiyya, Qarmates, Druzes, Mustaliens, Nizârites, Septimain). Les adeptes de l’ismaélisme sont appelés ismaéliens ou ismaīlis ; il ne faut pas les confondre avec les ismaélites descendants d’Ismaël, prophète de l’islam et patriarche biblique.