Il lutta contre la présence des croisés en Syrie et en Égypte et prôna pour cela l’unification des musulmans. Émir d’Alep [1] en 1146, il unifia la Syrie musulmane sous son autorité en 1154 en faisant la conquête de Damas, puis envoya une expédition pour le contrôle de l’Égypte. Après sa mort, son œuvre et ses objectifs échappèrent à sa famille, les Zengides, pour revenir à Saladin.
Il est le 2ème enfant de Imad ad-Din Zengi. Après la mort de leur père, Nur ad-Din et son aîné Saif ad-Din Ghâzî se partagèrent son royaume. Le premier s’établit à Mossoul [2] tandis que l’autre gouverna Alep. Il commença par contenir l’offensive de Josselin II de Courtenay qui tentait en vain de récupérer la ville d’Édesse [3] que lui avait prise naguère Zengi. Il punit les Arméniens d’Édesse pour s’être alliés aux croisés, tandis que les chrétiens syriaques [4] qui habitaient la ville, craignant pour leur vie, quittèrent le pays. Il effectua ensuite une série d’attaques contre la principauté d’Antioche [5], se saisit de plusieurs châteaux au Nord de la Syrie et repoussa la frontière entre chrétiens et musulmans de l’Euphrate à l’Oronte.
En 1147, la 2ème croisade, menée par le roi de France Louis VII et par Conrad III de Hohenstaufen empereur germanique, débarqua en Syrie. Au lieu d’attaquer Nur ad-Din, qui représente le vrai danger pour les états francs, les croisés préférèrent faire leur pèlerinage à Jérusalem puis tentaient de prendre Damas, alors que son émir était un allié traditionnel des Francs. Cette maladresse renforça le sentiment antichrétien des Damascènes. Mu’in ad-Din Unur, résiste, fait appel à toutes les troupes damascènes et demanda l’aide de Nur ad-Din, qui arriva avec son armée. Pour éviter que Damas ne tombe sous le contrôle du Zengide, les croisés durent lever le siège.
En 1149, il lança une offensive contre les territoires dominés par le château de Hârim [6], situé sur la rive orientale de l’Oronte, après quoi il assiégea le château de Inab. Le Prince d’Antioche, Raymond de Poitiers, vola au secours de la citadelle assiégée. L’armée musulmane décima l’armée croisée en 1149, et Raymond de Poitiers perdit la vie au cours de la bataille. La ville d’Antioche ne fut sauvée que par la défense que fit le patriarche et l’intervention du roi Baudouin III de Jérusalem qui obligea Nur ad-Din à lever le siège de la ville. Son frère Saif ad-Din Ghazi mourut en novembre 1149, mais Nur ad-Din ne peut pas se rendre immédiatement à Mossoul et c’est un autre frère, Qutb ad-Dîn Mawdûd qui devient atabeg [7] de Mossoul.
Profitant de la perte de prestige des Francs consécutivement à leurs défaites et à leurs erreurs, un certain nombre d’émirs musulmans se mettent à attaquer les possessions franques. Le sultan seldjoukide de Rum [8] Mas ûd 1er attaque et occupe le nord de ce qui reste du comté d’Édesse [9]. Nur ad-Din assiège Turbessel [10], mais l’arrivée de Baudouin III l’oblige à lever le siège. Mais le comte Josselin II est capturé peu après, le 4 mai 1150 en se rendant à Antioche, et Turbessel est de nouveau assiégée, mais défendue avec acharnement par la comtesse Béatrice d’Édesse ou Béatrice de Saône. Finalement, constatant ses limites à défendre la citadelle et avec l’accord du roi, elle cède ce qui reste du comté aux Byzantins, mais ces derniers se révèlent incapable de défendre la ville et Hanas, un lieutenant de Nur ad-Din, la prend le 12 juillet 1151.
L’idéal de Nur ad-Din est de continuer le projet de son père qui consiste à rassembler les Musulmans entre l’Euphrate et le Nil sous une seule autorité pour faire front commun devant les croisés. Mais Damas constitue un obstacle majeur à cette unification. Mu’in ad-Din joue l’alliance franque contre Nur ad-Din et son successeur Mujir ad-Din Abaq, émir de Damas, empêche l’émir d’Alep, en 1153, d’intervenir pour secourir la ville d’Ascalon [11] qui est prise par les Francs. Abak accepte ensuite de se placer sous protectorat francs et de faire verser par les habitants un tribut annuel aux croisés. Nur ad-Din envoie Ayyub à Damas qui profite des mouvements de colère des Damascènes pour saper l’autorité de l’émir et retourner ses conseillers et ses lieutenants. Seul un officier, Ata ibn Haffad al Salami se montre irréductible et Nur ad-Din fait savoir à Abak qu’il s’apprête à le trahir. Sans vérifier l’information, Abak le fait mettre à mort, le privant de son dernier fidèle. Nur ad-Din marche alors avec son armée sur Damas le 18 avril 1154, et la milice damascène lui ouvre les portes le 25 avril 1154. Abak se réfugie dans la citadelle, mais capitule rapidement. La Syrie est maintenant unifiée sous l’autorité de Nur ad-Din.
A la suite d’une opération de razzia franque, il décida d’attaquer Panéas [12]. Il prend la ville basse le 18 mai 1157, mais Onfroy de Toron résiste dans la citadelle. L’arrivée de Baudouin III, roi de Jérusalem, l’oblige à lever le siège, mais Baudouin, trop confiant, repart en Galilée et Nur ad-Din assiège de nouveau Panéas et Baudouin doit de nouveau intervenir pour libérer la place en juin 1157. Au mois d’août 1157, un séisme ravage la Syrie. L’émirat de Shaizar [13] est ravagé, la famille régnante anéantie et Baudouin III en profite pour en prendre possession. Profitant d’une grave maladie qui terrasse Nur ad-Din pendant plusieurs mois, les Francs s’emparent également de Harrim le 25 décembre 1157.
Nur ad-Din, rétabli à la fin du printemps 1158, tente d’envahir la Galilée, mais fut battu et repoussé par Baudouin à Puthala, près de l’embouche du Jourdain sur le lac de Tibériade le 15 juillet 1158. En 1158, une armé byzantine approche de la Syrie, mais il s’agit pour l’empereur Manuel 1er Comnène de châtier le nouveau prince d’Antioche, Renaud de Châtillon, qui s’est rendu coupable de piraterie contre les possessions byzantines, et d’imposer la présence byzantine en Cilicie [14]. Après une entrevue avec le roi Baudouin III, une action concertée franco byzantine est lancée contre Alep en 1159, mais qui tourne court, car l’empereur conclut une paix séparée avec Nur ad-Din.
En 1160, Baudouin III profita des luttes pour imposer un tribut de 160 000 dinars. En 1163, son successeur Amaury 1er prend prétexte du non versement de ce tribut pour assiéger Bilbéis [15]. Par la suite ce dernier envisageait une autre invasion, mais Nur ad-Din attaqua la principauté d’Antioche pour faire diversion et obliger Amaury à laisser l’Égypte tranquille. Au début de 1164, le vizir égyptien Shawar est renversé, mais il réussit à se réfugier à Alep et demande à Nur ad-Din de le replacer au pouvoir. D’abord réticent, il finit par envoyer en avril 1164 une armée commandée par Shirkuh, qui rétablit Shawar sur le vizirat. Mais Shawar refuse de verser à Shirkuh les indemnités et le tribut promis et fait appel à Amaury 1er pour s’en débarrasser. C’est alors que Nur ad-Din lança une nouvelle attaque contre Antioche. Amaury et Shirkuh signèrent un cesser le feu et évacuèrent simultanément l’Égypte. Mais Nur ad-Din prit Hârim le 12 août 1164, fait prisonnier le prince Bohémond III d’Antioche.
Pour éviter les troupes byzantines, il attaqua plus au sud et prend Panéas le 18 octobre 1164, Amaury 1er, rentré d’Égypte en novembre, met la principauté d’Antioche en état de défense et réussit à négocier la libération de Bohémond III. En 1165, il prend la forteresse de Shaqîf-Tîrûn, puis celle de Munîtira en 1166.
Shirkuh souhaitait prendre sa revanche sur Shawar, Nur ad-Din, qui est sunnite, souhaite combattre le califat fatimide et chiite d’Égypte, aussi envoie-t-il de nouveau Shirkuh en janvier 1167. Shawar fait de nouveau appel aux Francs et Amaury quitte Gaza le 31 janvier 1167 à la tête de son armée. Il conclut un traité d’alliance avec l’Égypte qui met de fait ce pays sous protectorat francs. Amaury et Shawar livrent bataille à Shikuh à Bâbain-Ashmûnain le 18 mars 1167 et son défait, mais ne subissent que peu de pertes. Il ne peuvent empêcher Shirkuh de prendre Alexandrie, dont il confie la défense à son neveu Saladin, pendant qu’il combat en Haute Égypte. Mais les réserves de la ville son faible et Saladin ne peut résister longtemps, aussi Amaury et Shirkuh négocièrent encore une paix et évacuèrent simultanément le pays en août 1167.
En partant, Amaury laissa au Caire un petit détachement chargé de percevoir le tribut promis de 100 000 dinars. Leur présence mécontente la population et Shawar envisage de s’allier à Nur ad-Din pour s’en débarrasser. D’autre part, au cours d’un voyage diplomatique à Byzance, les souverains byzantins et francs envisagent une action commune de conquête de l’Égypte. Mais, avant même que les Byzantins envoient leurs troupes, les Francs passent à l’attaque et envahissent l’Égypte en octobre 1168. Pendant que Shawar temporise et cherche à négocier, le calife Al-Adid demande l’aide de Nur ad-Din, lequel envoie Shirkuh. Quand les Francs arrivent devant le Caire, ils trouvent la ville en proie aux incendies que les Cairotes ont allumés, préférant livrer leur ville aux flammes plutôt qu’aux Francs. Craignant d’être pris à revers par Shirkuh, Amaury et les Francs rentrent en Palestine le 2 janvier 1169. Shirkuh arrive peu après, fait exécuter Shawar le 18 janvier 1169 et s’attribue le vizirat. Il meurt peu après, le 23 mars 1169, et Saladin est nommé vizir par le calife.
Après avoir rallié l’Égypte, Nur ad-Din pense avoir unifié le proche orient musulman ; or Saladin qui tient les rênes du pouvoir en Égypte ne souhaite pas le suivre. Pendant les 4 années qui suivent, Saladin montre l’apparence de la soumission et multiplie les déclarations d’allégeance, mais cherche à marquer la plus grande distance avec Nur ad-Din. A la demande de ce dernier, il abolit le califat chiite, mais ne participe pas aux invasions menées par Nur ad-Din contre le royaume de Jérusalem en 1171 et 1173, et espère que le royaume croisé reste en place, agissant comme une zone tampon entre l’Égypte et la Syrie. Il réalisa alors qu’il avait créé sans le vouloir une puissance dangereuse en la personne de Saladin, et les 2 chefs rassemblent des armées pour ce qui semblait être une guerre inévitable.
Alors qu’il s’apprêtait à se rendre en Égypte en 1174, il fut saisi d’une fièvre qui le terrassa à 59 ans. Son fils, le jeune As-Salih Ismail al-Malik devint l’héritier légitime, et Saladin se déclara son vassal, bien qu’il désirait unifier la Syrie et l’Égypte sous son propre règne. Saladin occupa Damas dès 1174, repoussa les attaques des différents princes zengides, et s’empara d’Alep en 1183.
Nur ad-Din, soucieux des démunis, fit construire des hôpitaux gratuits dans chacune des villes de son État. Il fit également édifier des caravansérails sur les routes afin que les voyageurs pussent s’y arrêter. Il tenait plusieurs fois par semaine une séance où les gens venaient lui demander de rendre justice contre ses généraux, gouverneurs ou employés.