Maître de l’Égypte et de la Syrie, il remporte une grande victoire sur les chrétiens de Palestine le 3 juillet 1187, au pied des collines de Hattîn, près du lac de Tibériade [1].
Côté chrétien, l’incompétence du roi de Jérusalem, Guy de Lusignan, et la trahison de Gérard de Ridefort, grand maître de l’ordre du Temple, sont à l’origine du désastre.
Guy de Lusignan n’en deviendra pas moins seigneur de Chypre, plus tard, grâce à la bienveillance de Richard Cœur de Lion. Seul, le comte Raymond de Tripoli réussit à s’enfuir avec sa petite troupe. C’est le descendant du comte Raymond IV de Toulouse qui commanda la première Croisade aux côtés de Godefroy de Bouillon.
Le sultan enlève aux chrétiens la relique de la Vraie Croix. Il se comporte avec une certaine magnanimité vis-à-vis des prisonniers. Il fait seulement exécuter les 300 moines soldats du Temple et de l’ordre des Hospitaliers. Du jour au lendemain, les États francs de Palestine perdent presque toute leur chevalerie. Ces principautés féodales calquées sur le modèle européen ont été créées par les premiers Croisés près d’un siècle plus tôt. Elles sont désormais menacées de ruine.
Le sultan vainqueur fait le siège de Jérusalem dès le 20 septembre. Privée de défenseurs, la Ville sainte ne tarde pas à se rendre. Saladin peut y entrer en triomphateur, en s’abstenant de tout massacre inutile.
Selon les mœurs du temps, il libère les plus riches habitants contre une rançon appréciable. Il libère aussi 7.000 pauvres contre une rançon collective que paient d’assez mauvais gré les ordres des Templiers et des Hospitaliers. Enfin, 11.000 à 16.000 jeunes gens sont envoyés en esclavage.
La chute de Jérusalem moins d’un siècle après sa conquête par les Croisés fait l’effet d’une bombe en Occident. Les Francs de Palestine font appel à une troisième Croisade pour les secourir. Le roi de France Philippe Auguste et le roi d’Angleterre Richard 1er, qui vient d’être couronné, débarquent à leur rescousse mais le cœur n’y est plus. Les dissensions et la malchance planent sur le camp des Croisés.
Le plus puissant des Croisés, l’empereur d’Allemagne Frédéric Barberousse, n’atteint pas le terme de son voyage. Il est emporté par un torrent en Anatolie [2].
Le roi d’Angleterre remporte quelques succès avec la prise d’Acre [3]. Il y gagne le surnom de Cœur de Lion. Il se signale aussi par un acte de barbarie : le massacre de 2700 prisonniers. Mais le départ précipité de Philippe Auguste et les menaces qui pèsent sur sa couronne d’Angleterre obligent Richard à conclure une trêve avec Saladin. Des 2 côtés, on loue la bravoure et les convictions de l’adversaire.
Richard envisage un moment de donner sa sœur Jeanne en mariage au frère de Saladin pour qu’ensemble, dans la tolérance, ils gouvernent la Terre sainte ! Ce projet utopique avortera dans l’œuf.
Les Francs renoncent à la Ville sainte. Mais ils gardent un droit d’accès au tombeau du Christ, le Saint-Sépulcre. Ils restent maîtres de quelques ports sur la côte palestinienne pour quelques décennies encore.
Les dernières possessions franques tomberont en 1291, 2 siècles après les premiers appels à la Croisade.