Raymond IV de Toulouse dit Raymond de Saint-Gilles
Comte de Saint-Gilles de 1060 à 1105-Duc de Narbonne et marquis de Gothie-Comte de Rouergue de 1065 à 1105-Marquis de Provence de 1085 à 1105-Comte de Toulouse de 1094 à 1105-Comte de Tripoli de 1102 à 1105
Fils de Pons de Toulouse, et d’Almodis de la Marche. À la mort de son père, son frère aîné Guillaume IV hérite de l’ensemble des biens paternels, Raymond devant se contenter du comté de Saint-Gilles [1], qui se résume à une moitié de l’évêché de Nîmes, du château de Tarascon, de la terre d’Argence et de la moitié de l’abbaye de Saint-Gilles [2].
Implanté à proximité de la Provence, il épouse vers 1060 une princesse provençale. À cette époque, le comté de Provence [3] est tenu en indivision par les descendants du marquis Guillaume 1er de Provence et de son frère.
En 1065 sa cousine Berthe de Rouergue , comtesse de Rouergue [4] décède, et Raymond s’empare de ses biens et titres aux dépens du veuf, Robert II d’Auvergne. Seul le comté de Rouergue lui apporte une puissance territoriale, les autres titres de Narbonne et de Gothie sont uniquement des titres théoriques apportant une suzeraineté plutôt théorique sur le Languedoc [5]. Son frère étant particulièrement peu ambitieux, il use des titres de duc de Narbonne, marquis de Gothie et comte de Toulouse.
À la fin des années 1070, il prend le parti de l’archevêque d’Arles [6] Aicard contre le comte de Provence et le pape. Il devient comte indivis de Provence vers 1085, à la mort de son oncle Bertrand , et prend le titre de marquis de Provence en 1093, à la mort de son cousin le marquis Bertrand II de Provence .
En 1074, il refuse de répondre à l’appel du pape Grégoire VII pour lutter contre les Normands, et le pape, se souvenant du mariage consanguin de Raymond, l’excommunie à deux reprises, en 1076 et en 1078. Ces excommunications sont levées en 1080, à la mort de sa première épouse.
En 1087 il se rend en Espagne et participe à la Reconquista [7] contre les Musulmans. Son frère Guillaume meurt en 1094 au cours d’un pèlerinage à Jérusalem, et, conformément au testament de son père, il hérite de ses biens, comtés de Toulouse [8], d’Albi [9], de l’Agenais [10] et du Quercy [11]. Il épouse peu après Elvire de Castille , qui lui apporte en dot une fortune importante.
En novembre 1095, le pape Urbain II profite du concile de Clermont [12] pour lancer un appel à toute la noblesse d’Occident, afin de combattre les Musulmans, qui menacent Byzance [13], et de reconquérir les Lieux Saints. Il est l’un des premiers princes à y répondre. Sage administrateur, il se prépare à la croisade en réunissant une importante fortune, sans aliéner ses possessions. Une bonne partie de cette fortune vient de la dot d’Elvire de Castille, qui l’accompagne en Terre Sainte.
Pour l’augmenter, il ordonne la dévaluation du denier de Toulouse, et met en gage quelques terres annexes. Ainsi, une partie du Rouergue est donnée aux vicomtes de Rodez [14]. Cette fortune, qu’il reconstitue au fur et à mesure des pillages, lui permet de payer son armée, et même de financer les autres chefs, quand ceux-ci se retrouvent à court d’argent.
Il commande l’une des 4 armées de la première Croisade, celle des Provençaux, qui gagne Constantinople [15] par voie terrestre. Arrivé à Constantinople, il est le seul à refuser le serment d’allégeance qu’exige l’empereur Alexis Comnène, se contentant de promettre de protéger l’empereur et de ne pas lutter contre ses intérêts. Après la prise d’Antioche [16], il s’oppose à ce que Bohémond de Tarente en devienne le prince, puis voyant que les autres chefs de la croisade s’attardent dans la ville, organise une mise en scène pour relancer l’armée croisée vers Jérusalem. Il se joint aux pèlerins non combattants, pieds nus et portant une robe de pèlerins, et part avec eux devant les soldats croisés. Ceux-ci se décident alors à marcher vers Jérusalem [17], entraînant derrière eux les chefs croisés. Prudent, il longe la côte, tout en organisant des expéditions de razzias pour ravitailler les troupes.
Jérusalem est prise en juillet 1099, et les barons se réunissent pour choisir le seigneur qui en aura la garde et élisent Godefroy de Bouillon au détriment de Raymond IV. Il participe à la bataille d’Ascalon [18], puis aide les byzantins [19] à défendre Lattakié [20] contre Bohémond de Tarente. Il se rend à Constantinople en mai 1100. En mars 1101, il prend la tête d’une croisade de secours composée de Lombards, mais ne réussit pas à les convaincre de suivre la côte. Les Lombards prennent Ankara [21], mais se font massacrer le 5 août 1101 par les Turcs. Avec quelques chevaliers, il parvient à s’échapper vers la mer Noire [22] et à rejoindre Constantinople.
Il se consacre ensuite à se tailler un fief en Orient, et décide de conquérir l’émirat de Tripoli [23]. Il commence par deux points forts, Tortose [24], qu’il prend le 21 avril 1102 et Giblet [25] qu’il prend le 28 avril 1104. En 1103, il fait construire la forteresse au Mont Pèlerin [26]. Tout en maintenant le siège sur Tripoli, il aide le roi Baudouin 1er de Jérusalem à prendre Saint-Jean-d’Acre [27]. Il reprend ensuite le siège de Tripoli, mais est gravement blessé d’un flèche au début du mois de janvier 1105. Retiré à Château-Pèlerin, il fait rédiger son testament, que signe Bertrand des Porcellets , gentilhomme provençal. Il meurt au bout de 2 mois, le 28 février 1105.
Il épousa en premières noces vers 1066 la fille d’un comte de Provence. Probablement veuf, il se remarie avec Mathilde de Hauteville, veuve de Robert, comte d’Eu [28] et fille deRoger 1er de Sicile, et de Judith d’Évreux.
Il se marie ensuite pour la troisième fois en 1094 avec Elvire de Castille.
Notes
[1] Saint-Gilles, aussi appelée Saint-Gilles-du-Gard, est une commune française située dans le département du Gard. La ville, qui doit son nom au célèbre abbé Gilles l’Ermite dont elle garde le tombeau, fut un des plus importants lieux de pèlerinage de la chrétienté au 12ème siècle. Aujourd’hui à la lisière de la Camargue, Saint-Gilles était autrefois un port utilisé par les marchands, les pèlerins et les croisés. Les descendants d’Eudes de Toulouse, le comte de Toulouse et le comte de Rouergue se partagent en 975 le comté de Nîmes. Guillaume Taillefer reçoit Saint-Gilles. Son fils, Pons de Toulouse est comte de Toulouse et de Saint-Gilles. Son domaine est partagé entre ses deux fils. Raymond Béranger IV reçoit le comté de Saint-Gilles, puis le comté de Toulouse à la mort de son frère, Guillaume IV de Toulouse
[2] L’abbatiale Saint-Gilles est l’église abbatiale de l’ancien monastère situé à Saint-Gilles, dans le département du Gard. Le monastère est construit au 7ème siècle, initialement dédié à saint Pierre et saint Paul, puis au 9ème siècle à saint Gilles, un ermite local. Ses reliques, conservées dans l’église abbatiale, en font un important lieu de pèlerinage sur la via Tolosana vers Saint-Jacques-de-Compostelle. L’abbaye est placée sous la protection du Saint-Siège. À la fin du 11ème siècle, sous l’influence du pape Grégoire VII, le monastère de Saint-Gilles est rattaché à Cluny. Les moines de Saint-Gilles, refusant de se soumettre à Cluny, conservent le privilège d’élire leurs abbés. En 1120 nouveau refus des moines de se soumettre à Cluny. En 1132 les moines de Saint-Gilles acceptent enfin de se soumettre à la réforme de Cluny et à la règle bénédictine
[3] Le Comté de Provence est une ancienne principauté territoriale située à l’est du delta du Rhône. Il ne doit pas être confondu avec le marquisat ou le Duché de Provence. En 1019, Emma, comtesse de Provence, se maria avec Guillaume Taillefer, comte de Toulouse, transmettant les droits de la lignée de Roubaud à la maison de Toulouse. Le titre de marquis de Provence passa définitivement à cette maison à compter de 1093. En 1112, Douce de Provence, héritière des droits de la ligne de Guilhem, épousa Raimond Bérenger III, comte de Barcelone, qui devient Raimond Bérenger 1er de Provence. Les maisons de Toulouse et de Barcelone entrèrent alors en conflit pour le marquisat. Un traité fut conclu, en 1125, entre Raymond Bérenger et Alphonse Jourdain de Toulouse : par celui-ci, le comté de Provence fut divisé en un marquisat au nord de la Durance - attribué aux Toulouse - et un comté au sud, attribué à Barcelone. En 1193, Alphonse II de Provence épouse Gersande de Forcalquier, ce qui donne naissance au comté de Provence Forcalquier.
[4] Le Rouergue est une ancienne province du Midi de la France correspondant approximativement à l’actuel département de l’Aveyron. Après avoir fait partie du comté de Toulouse, il fut rattaché à la Guyenne avant d’en être détaché lors de la formation de la province de Haute-Guyenne en 1779.
[5] Le Languedoc est un territoire du sud de la France traditionnellement divisé en Haut Languedoc, qui correspond approximativement à l’actuelle région Midi-Pyrénées, et Bas Languedoc, qui correspond approximativement à l’ancienne région Languedoc-Roussillon. Le Languedoc fait partie de l’Occitanie, vaste espace géographique de langue d’oc. Le territoire du Languedoc (région où l’on parle la langue d’oc) est rattaché au domaine royal au 13ème siècle à la suite de la croisade contre les Albigeois mettant fin au catharisme. Le territoire sous contrôle des États de Languedoc s’est ensuite progressivement réduit à l’ancienne province du Languedoc. C’est en 1359 que les villes des trois sénéchaussées de Beaucaire, Carcassonne et Toulouse concluent entre elles une « union perpétuelle » puis exigent des officiers royaux d’être « convoquées ensemble » et non plus séparément, par sénéchaussée. Vers la fin du 14ème siècle, pays des trois sénéchaussées, auquel le nom de Languedoc allait être réservé, désigne les deux sénéchaussées de Beaucaire Nîmes et de Carcassonne et la partie occidentale de celle de Toulouse, conservée au traité de Brétigny. Le pays de Foix, qui relève de la sénéchaussée de Carcassonne jusqu’en 1333 puis de celle de Toulouse, cesse d’appartenir au Languedoc. En 1469, le Languedoc est amputé de presque toute la partie de la sénéchaussée de Toulouse située sur la rive gauche de la Garonne. Le roi Louis XI détache les deux jugeries de Rivière (Montréjeau) et de Verdun (aujourd’hui Verdun-sur-Garonne) de la sénéchaussée toulousaine pour les incorporer au duché de Guyenne, apanagé à son frère, le prince Charles. En contrepartie, le roi incorpore au Languedoc quelques communautés d’habitants du diocèse de Comminges, situées sur la rive droite de la Garonne, connues comme le Petit Comminges
[6] L’archevêché d’Arles est une des Églises les plus anciennes. Seul l’archevêché de Lyon pourrait lui disputer l’honneur de la préséance. La date de la fondation du siège épiscopal d’Arles est inconnue, elle remonte en tout cas au tout début de l’installation de l’Église en France. Selon une tradition, saint Trophime aurait évangélisé la cité d’Arles, en aurait été le premier pasteur vers 220-240.
[7] La Reconquista est le nom donné à la période du Moyen Âge durant laquelle s’est produite la reconquête, par les royaumes chrétiens, des territoires de la péninsule Ibérique et des îles Baléares occupés par les musulmans. Il est communément admis que la Reconquista commence lors de la première moitié du 8ème siècle ; néanmoins l’année exacte de son début reste sujette à débat. La victoire asturienne lors de la bataille de Covadonga en 722 est une des dates admises comme le point de départ de la reconquête. Elle s’achève le 2 janvier 1492 dans l’actuelle Espagne, lorsque les Rois catholiques prennent le dernier bastion musulman à Grenade.
[8] Le comté de Toulouse est un ancien comté du sud de la France, dont le titulaire était l’un des six pairs laïcs primitifs. Le comté de Toulouse est créé en 778 par Charlemagne, au lendemain de la défaite de Roncevaux, afin de coordonner la défense et la lutte contre les Vascons et intégré dans le royaume d’Aquitaine, lorsque celui-ci est créé trois ans plus tard.
[9] L’Albigeois est le nom donné à l’ancienne vicomté d’Albi, région historique qui faisait partie de la province du Languedoc. La taille de cette région a varié au fil de l’histoire. Elle est nettement plus grande que le Pays d’albigeois région naturelle située autour d’Albi.
[10] L’Agenais (ou Agenois) est une ancienne circonscription de la province historique de Gascogne. Région charnière et stratégique qui eut son apogée lors des guerres de Religions, et surtout la guerre de Cent Ans, situé entre le Périgord au nord, le Quercy à l’est, le Bazadais à l’ouest et l’Armagnac au sud, l’Agenais a été tiraillé par l’influence entre la Gascogne, la Guyenne et le Languedoc, ainsi que par Bordeaux et Toulouse. Lors de la croisade contre les albigeois une armée est dirigée sur l’Agenais pour en extirper l’hérésie. L’expédition est menée par le comte Guy II d’Auvergne et l’archevêque de Bordeaux. C’était un comté évêché : l’évêque d’Agen était également comte d’Agenais.
[11] Le Quercy, était une ancienne province française dont l’étendue correspondait à celle du diocèse primitif de Cahors ; elle perpétuait l’antique cité des Cadurques, Divona Cadurcorum. Le Quercy s’étendait sur les plateaux calcaires des causses et les vallées adjacentes situées dans l’actuel département du Lot, la moitié nord du département de Tarn-et-Garonne et quelques communes de la Dordogne, de la Corrèze et de l’Aveyron. En 1790, le Quercy forma le premier département du Lot.
[12] Le concile de Clermont (aujourd’hui Clermont-Ferrand) s’est tenu en Auvergne en 1095. Le pape Urbain II l’avait convoqué pour traiter des problèmes de discipline ecclésiastique, à la suite du concile de Plaisance qui s’était tenu 6 mois plus tôt, mais l’un des faits notables de ce concile est l’appel d’Urbain II à la noblesse de la chrétienté, lui demandant de lutter contre les Turcs qui menacent l’Empire byzantin et de délivrer les lieux saints occupés par les musulmans.
[13] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.
[14] Rodez est une commune française du Midi de la France, au nord-est de Toulouse. Elle est la préfecture du département de l’Aveyron. Ancienne capitale du Rouergue, la ville est siège du diocèse de Rodez et Vabres. Rodez a été successivement occupée par les Wisigoths, les Francs, les armées des ducs d’Aquitaine et des comtes de Toulouse, ainsi que par les Maures, qui l’investirent en 725 et mirent à bas l’église antique. Quelques siècles plus tard, ce seront les Anglais qui l’investiront lors de la guerre de Cent Ans. L’histoire de la ville resta marquée durant longtemps par une intense rivalité entre les comtes de Rodez, maîtres du Bourg, et les évêques de Rodez, maîtres de la Cité. Une muraille délimitait les deux secteurs. Chaque communauté avait un hôtel de ville, ses consuls, une administration propre ; chacune rivalisant de puissance, de rayonnement. Au bourg, la célèbre dynastie des comtes d’Armagnac et de Rodez, finit par acquérir des privilèges régaliens : battre monnaie à la tour Martelenque, porter la couronne comtale et persister à reconnaître un temps l’antipape Benoît XIII et ses héritiers Bernard Garnier et Jean Carrier. Cela amena inévitablement l’affrontement avec le roi de France en 1443. Le dauphin, futur Louis XI, vint occuper Rodez et soumettre le comte Jean IV. Plus tard, son fils aura une idée séditieuse en essayant de trahir Louis XI. Cela lui vaudra d’être massacré à Lectoure, avec sa famille, lors de sa fuite
[15] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.
[16] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay.
[17] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif
[18] Le premier Siège d’Ascalon fut mené par l’armée croisée commandée par Godefroy de Bouillon, le 12 août 1099. Elle peut être considérée comme le dernier événement de la première croisade
[19] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.
[20] Lattaquié est une ville de Syrie, chef-lieu du gouvernorat homonyme. La cité qui fut un chef-lieu de satrapie sous le royaume séleucide portait alors le nom de Laodicée-de-Syrie ou Laodicée-sur-Mer parce qu’elle a été refondée par Séleucos 1er qui a donné à la ville le nom de sa mère Laodicé et de sa fille. Après la domination romaine et byzantine, elle fit partie, à l’époque des croisades, de la principauté d’Antioche, avant de retomber aux mains des Mamelouks puis des Turcs (Empire ottoman).
[21] Ankara anciennement appelée Angora et Ancyre durant l’Antiquité est la capitale de la Turquie depuis le 13 octobre 1923 et la deuxième plus grande ville du pays, après Istanbul. Elle est située en Région de l’Anatolie centrale.
[22] La mer Noire est une mer située entre l’Europe et l’Anatolie. Large d’environ 1 150 km d’ouest en est et de 600 km du nord au sud, elle s’étend sur une superficie de 413 000 km². Elle communique au nord avec la mer d’Azov par le détroit de Kertch, et au sud-ouest avec la Méditerranée par le Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles. Dans l’Antiquité, les Grecs la désignèrent d’abord par Skythikos Pontos. Les Scythes, peuple de langue iranienne, la désignèrent comme Axaïna, c’est-à-dire « indigo ». Les Grecs quand ses courants et ses vents leur devinrent familiers, la désignèrente comme Pontos Euxeinos, traduit en français par Pont-Euxin.Les Romains l’appelèrent Mare Caecili, terme qui fut traduit par la suite par les bulgares en « mer Cécile ».Au 13ème siècle, elle apparaît sur les portulans génois, dans les chroniques de Wavrin et de Villehardouin sous les noms de mer Majoure c’est-à-dire « grande mer ». Le terme de Noire apparu dans les textes et les cartes à partir du 15ème siècle.
[23] Le nom de la cité proviendrait du grec Tripolis. Elle aurait été nommée ainsi du fait de sa séparation en trois parties distinctes par les commerçants venant de Tyr, Sidon et Aradis. À partir de 1070, Tripoli est sous la domination de la famille Banû ’Ammâr, qui s’est rendue indépendante des califes fatimides d’Égypte. En 1102, lors de la première croisade, la ville est assiégée par Raymond IV de Saint Gilles et défendue par le cadi Fakhr al-Mulk ibn-Ammar. Le siège dure près de 10 ans, infligeant de lourds dégâts à la ville, qui tombe aux mains des croisés en 1109. Elle est ensuite, durant le temps des croisades, la capitale du comté de Tripoli, l’un des principaux États francs du Levant.
[24] Tartous est une ville côtière de Syrie, abritant le second port du pays après celui de Lattaquié. Elle est également la capitale du gouvernorat du même nom. La ville se situe à environ 160 kilomètres au nord-ouest de la capitale Damas et à 30 kilomètres au nord de la frontière libanaise. L’antique Antarade fut fondée par les Phéniciens. Les Syriens considèrent Tartous comme une station balnéaire. La cathédrale romane abrite un petit musée qui expose les objets anciens trouvés dans la région.
[25] Byblos est une ville du Liban. Les Grecs la nommèrent Byblos, car c’est de Gebal que le papyrus était importé en Grèce. Elle se situe aujourd’hui sur le site de la ville moderne de Jbeil, dans le gouvernorat du Mont-Liban (actuel Liban), sur la côte méditerranéenne, à environ 40 kilomètres au nord de Beyrouth. Elle aurait été fondée vers 5000 av. jc. Dès le 4ème millénaire av. jc Byblos est un centre commercial actif, négociant surtout avec l’Égypte antique le bois du Liban.
[26] Le château Saint-Gilles aussi appelé forteresse du Mont Pèlerin, est une forteresse située à Tripoli, au Liban, construite en 1103 par le comte Raymond de Saint Gilles sur la colline de Hajjage, à trois kilomètres de la côte méditerranéenne. Le comte y mourut en 1105, peut-être en se jetant de désespoir d’un toit du château. Le comte Pons de Tripoli y aurait été assassiné
[27] Acre est une ville d’Israël, située au nord de la baie de Haïfa, sur un promontoire et dotée d’un port en eaux profondes. Acre est située à 152 km de Jérusalem et dépend administrativement du district nord. Cette ville côtière donne son nom à la plaine d’Acre qui comporte plusieurs villages. Son ancien port de commerce florissant dans l’Antiquité, est devenu une zone de pêche et de plaisance de moindre importance. Elle devient au 13ème siècle la capitale du Royaume de Jérusalem et le principal port de Terre sainte.
[28] Le comté d’Eu était l’un des comtés constitutifs du duché de Normandie. La dynastie d’Eu posséda cette marche du duché jusqu’en 1246, date de la mort d’Alix, comtesse d’Eu, qui fit passer le comté normand dans la maison de Brienne.