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L’histoire pour le plaisir

Conrad de Montferrat

samedi 3 juin 2023, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 15 mars 2012).

Conrad de Montferrat (vers 1145-1192)

Prince de Tyr de 1187 à 1192-Marquis de Montferrat de 1190 à 1192-Roi de Jérusalem en 1192

Conrad de Montferrat Prince de Tyr de 1187 à 1192-Marquis de Montferrat de 1190 à 1192-Roi de Jérusalem en 1192

Fils de Guillaume V marquis de Montferrat [1] et de Judith de Babenberg .

Après la défaite de Frédéric Barberousse, il prend part aux négociations de paix, escortant les légats [2] du pape Alexandre III jusqu’à Modène [3]. Il passe la presque totalité de l’année 1176 en Toscane [4] et il reçoit l’année suivante des fiefs et des terres entre Marturi et Poggibonsi [5] de sa sœur Agnès. Encore fidèle à Frédéric Barberousse, on le retrouve à Assise [6] 2 ans plus tard à la suite de l’Empereur mais c’est la dernière fois qu’il fait partie de son entourage.

Après sa rupture avec le chancelier impérial Christian 1er von Buch, il se retourne contre l’Empereur organisant une révolte qui échoue.

Il est fait prisonnier par le chancelier et doit payer une forte rançon et c’est à partir de ce moment là que sa famille commence à se lier avec les Comnène [7] de Byzance [8].

Avec l’aide de Ceux-ci, en septembre 1179, il constitue une grande armée qui attaque et bat les troupes allemandes commandées par Christian qui est fait prisonnier et confié au frère de Conrad, Boniface. Le projet de l’empereur byzantin [9] est sans aucun doute de conduire Christian en Orient mais la défaite de l’antipape Innocent III en 1180 et la crise de la politique orientale en Italie met fin au projet et Christian est libéré en échange d’une forte rançon.

Christian relâché et les plans de politiques extérieurs revus, il juge plus raisonnable de se rapprocher de l’Empire. On le retrouve, comme délégué impérial, à représenter Frédéric à Tortona [10] en 1183.

Lorsque son neveu Baudouin V devient roi de Jérusalem [11], à la mort de Baudouin IV le lépreux en 1185, Guillaume V de Montferrat se rend en Terre Sainte, laissant la régence à son fils Conrad. Ce dernier le suit peu après, laissant la régence de Montferrat à son frère Boniface, mais dérouté par les tempêtes, il arrive à Constantinople [12] en 1186.

L’annonce de la mort de son neveu l’incite à différer son voyage en Terre Sainte et il s’installe à Constantinople, reçoit un commandement militaire de l’empereur byzantin, Isaac II Ange, qui le marie également à sa sœur Théodora. Il conduit les troupes qui mettent fin à la révolte du général Alexis Branas. Impliqué dans un meurtre, il quitte secrètement Constantinople au mois de mai ou de juin 1187, et prend la direction d’Acre [13], abandonnant ainsi son épouse.

Son navire arrive en vue de Saint-Jean-d’Acre le 13 juillet 1187, mais il se rend compte avant que le navire ne rentre dans le port que celui-ci est aux mains des musulmans. En effet, Saladin vient d’écraser l’armée franque à Hattin [14] le 4 juillet et entreprend de prendre les cités côtières les unes après les autres.

Conrad se rend alors à Tyr [15], et il y débarque pendant les négociations de reddition de la ville.

Sa présence remonte le moral des Francs, qui mettent fin aux pourparlers. Il prend en main la défense de la ville et la défend contre Saladin, refusant même de l’échanger contre la vie de son père, qui compte parmi les prisonniers de Hattin. Ne pouvant que constater l’absence de résultat, Saladin lève le siège de la ville le 2 janvier 1188.

En juillet 1188, Saladin fait libérer Guy de Lusignan, espérant que la médiocrité de ce dernier va neutraliser l’intelligence et la bravoure de Conrad. Mais ce dernier ne tombe pas dans le piège et refuse à Guy l’accès de Tyr.

Devenu roi sans terre, Guy se met à assiéger Acre, qui est prise le 12 juillet 1191 après un siège de 22 mois et l’arrivée de la 3ème croisade, menée par Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion. Mettant de côté son antagonisme vis-à-vis de Guy de Lusignan, il n’hésite pas à leur prêter main forte et à les ravitailler. Mais il assure en même temps ses droits au trône en épousant Isabelle de Jérusalem le 24 novembre 1190, tandis que Guy de Lusignan, qui était roi de Jérusalem par son mariage avec Sibylle de Jérusalem, se retrouve veuf.

Saint-Jean-d’Acre se rend le 12 juillet, et la querelle entre Guy de Lusignan, soutenu par Richard Cœur de Lion et quelques barons, et Conrad de Montferrat, soutenu par Philippe Auguste et la plupart des barons de Terre Sainte, est ravivée.

Les 27 et 28 juillet 1191, une assemblée de barons et de prélats du royaume de Jérusalem décident que Guy de Lusignan reste roi, mais ne pouvant en aucun cas transmettre le royaume à ses héritiers et que Conrad de Montferrat soit l’héritier du royaume.

Philippe Auguste repart en France, laissant un contingent conduit par Hugues III de Bourgogne et Richard poursuit la conquête du littoral, mais ses hésitations l’empêchent de reprendre Jérusalem. Il entreprend des négociations avec Saladin et Conrad, pour ne pas rester à l’écart négocie également avec Saladin. En février 1192, des partisans génois tentent de lui livrer Acre, tenue par des partisans de Lusignan, mais échouent. Mais de plus en plus de barons croisés rejoignent le camp de Conrad et, en 1192, le roi Richard est contraint de reconnaître Conrad de Montferrat roi de Jérusalem, vendant l’île de Chypre [16] à Guy de Lusignan à titre de compensation.

Peu après, le 28 avril 1192, Conrad est assassiné par deux Ismaëliens [17]. La fille de Conrad, Marie de Montferrat , naît posthume au cours de l’été 1192. Pour ne pas laisser le royaume sans roi, sa veuve Isabelle, enceinte, avait été remariée le 2 mai 1192 à Henri II de Champagne .

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Bonifacio I del Monferrato »

Notes

[1] Le marquisat du Montferrat est une ancienne marche italienne du Piémont. D’abord comté, elle devient en 967 un marquisat, puis un duché à partir de 1574. C’est un fief impérial.

[2] Le légat apostolique, ou plus communément légat du pape, ou légat pontifical, est un représentant extraordinaire du pape chargé d’une mission spécifique, généralement diplomatique. Il se distingue en cela du nonce apostolique qui est un ambassadeur permanent du Saint Siège auprès des gouvernements étrangers.

[3] Modène est une ville italienne, chef-lieu de la province du même nom située en Emilie Romagne. La ville se situe sur la Via Emilia, route romaine qui relie Piacenza jusqu’à Rimini sur la côte Adriatique. Au cœur de la vallée du Pô, la ville est entourée de deux rivières, la Secchia et le Panaro qui sont deux affluents du Pô, le plus important fleuve du territoire italien. La ville s’élève à 34 mètres d’altitude au-dessus du niveau de la mer, dans une zone complètement plate. Au sud de la province de Modène se trouve le parc régional de l’Appennino modenese, au cœur de la chaîne de montagne des Appennini.

[4] La Toscane, dirigée d’abord par des margraves et des marquis aux 9ème et 10ème siècles, devint un ensemble de cité-États à statut républicain-oligarchique. Au 15ème siècle, avec Cosme de Médicis, elle est progressivement réunifiée dans une seule entité politique et passe entre les mains de la famille des Médicis, l’une des plus puissantes durant la Renaissance. Cette famille a gouverné la Toscane du 15ème au 18ème siècle

[5] Poggibonsi est une ville de la province de Sienne, en Val d’Elsa, de la Toscane, une des régions d’Italie.

[6] Assise est une ville italienne, située dans la province de Pérouse en Ombrie. Assise est surtout célèbre pour son apogée médiéval et pour être le lieu de naissance et de mort de Francesco Bernardone, plus connu sous le nom de François d’Assise, un des plus grands saints de l’Église catholique romaine.

[7] La maison Comnène, est une famille de puissants notables de l’Empire romain d’Orient, dont certains membres devinrent empereurs. Elle est issue de Manuel Comnène, un général qui défendit la ville de Nicée en 978. Son fils Isaac devient empereur après avoir renversé Michel VI, mais abdique ensuite en faveur de Constantin X Doukas. Vingt ans plus tard, en 1081, son neveu Alexis 1Ier Comnène renverse l’empereur Nicéphore III et s’empare du pouvoir. Ses descendants règnent jusqu’en 1185, année où est renversé Andronic 1er. En 1204, les petits-fils de ce dernier fondent l’Empire de Trébizonde, prenant le titre de Grands Comnène. Ce nouvel empire disparaît en 1461 après la conquête de la ville de Trébizonde par le sultan Mehmed II.

[8] Byzance est une ancienne cité grecque, capitale de la Thrace, située à l’entrée du Bosphore sous une partie de l’actuelle Istanbul. La cité a été reconstruite par Constantin 1er et, renommée Constantinople en 330, elle est devenue la capitale de l’Empire romain, puis de l’Empire romain d’Orient et enfin de l’Empire ottoman à partir de 1453 date de la prise de la ville par les Turcs. Elle fut rebaptisée Istanbul en 1930.

[9] L’Empire byzantin ou Empire romain d’Orient désigne l’État apparu vers le 4ème siècle dans la partie orientale de l’Empire romain, au moment où celui-ci se divise progressivement en deux. L’Empire byzantin se caractérise par sa longévité. Il puise ses origines dans la fondation même de Rome, et la datation de ses débuts change selon les critères choisis par chaque historien. La fondation de Constantinople, sa capitale, par Constantin 1er en 330, autant que la division d’un Empire romain de plus en plus difficile à gouverner et qui devient définitive en 395, sont parfois citées. Quoi qu’il en soit, plus dynamique qu’un monde romain occidental brisé par les invasions barbares, l’Empire d’Orient s’affirme progressivement comme une construction politique originale. Indubitablement romain, cet Empire est aussi chrétien et de langue principalement grecque. À la frontière entre l’Orient et l’Occident, mêlant des éléments provenant directement de l’Antiquité avec des aspects innovants dans un Moyen Âge parfois décrit comme grec, il devient le siège d’une culture originale qui déborde bien au-delà de ses frontières, lesquelles sont constamment assaillies par des peuples nouveaux. Tenant d’un universalisme romain, il parvient à s’étendre sous Justinien (empereur de 527 à 565), retrouvant une partie des antiques frontières impériales, avant de connaître une profonde rétractation. C’est à partir du 7ème siècle que de profonds bouleversements frappent l’Empire byzantin. Contraint de s’adapter à un monde nouveau dans lequel son autorité universelle est contestée, il rénove ses structures et parvient, au terme d’une crise iconoclaste, à connaître une nouvelle vague d’expansion qui atteint son apogée sous Basile II (qui règne de 976 à 1025). Les guerres civiles autant que l’apparition de nouvelles menaces forcent l’Empire à se transformer à nouveau sous l’impulsion des Comnènes avant d’être disloqué par la quatrième croisade lorsque les croisés s’emparent de Constantinople en 1204. S’il renaît en 1261, c’est sous une forme affaiblie qui ne peut résister aux envahisseurs ottomans et à la concurrence économique des républiques italiennes (Gênes et Venise). La chute de Constantinople en 1453 marque sa fin.

[10] Tortona ou Tortone est une ville italienne, située dans la province d’Alexandrie, dans la région piémontaise, au nord-ouest de l’Italie.

[11] Le royaume de Jérusalem fut fondé par des princes chrétiens à la fin de la première croisade, lorsqu’ils s’emparèrent de la ville. C’est l’un des États latins d’Orient. On peut distinguer plusieurs périodes dans son histoire : celles où le titre de roi de Jérusalem est associé à la mainmise croisée sur la ville (1099-1187 et 1229-1244), et celles où le titre représente le plus haut niveau de suzeraineté des croisés en Terre sainte, mais durant lesquelles la ville en elle-même n’appartient pas aux soldats croisés. Le royaume de Jérusalem fut créé en 1099 après la prise de la ville et ne disparut réellement qu’avec le départ des derniers croisés de Tortose en août 1291, soit moins de deux siècles plus tard.

[12] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[13] Acre est une ville d’Israël, située au nord de la baie de Haïfa, sur un promontoire et dotée d’un port en eaux profondes. Acre est située à 152 km de Jérusalem et dépend administrativement du district nord. Cette ville côtière donne son nom à la plaine d’Acre qui comporte plusieurs villages. Son ancien port de commerce florissant dans l’Antiquité, est devenu une zone de pêche et de plaisance de moindre importance. Elle devient au 13ème siècle la capitale du Royaume de Jérusalem et le principal port de Terre sainte.

[14] La bataille de Hattin ou bataille de Tibériade a lieu le 4 juillet 1187 près du lac de Tibériade, en Galilée. Elle oppose les armées du royaume chrétien de Jérusalem, dirigées par Guy de Lusignan, aux forces de Saladin. Ce dernier remporte une victoire écrasante, qui lui ouvre les portes de la Palestine.

[15] Tyr se situe dans la Phénicie méridionale, à un peu plus de 70 km au sud de Beyrouth et à 35 km au sud de Sidon, presque à mi-chemin entre Sidon au nord et Acre au sud, et à quelques kilomètres au sud du Litani.

[16] L’île de Chypre, que les anciens Égyptiens nommaient « Alachia », les anciens Assyriens « Iatnana » et les Phéniciens « Enkomi », était dès l’Antiquité au carrefour d’importants courants commerciaux, assimilant au fil des siècles différentes cultures provenant de la Crète minoenne, de la Grèce mycénienne et de tout le pourtour du bassin Levantin ; son nom de « Kupros » signifie cuivre, en référence aux importants gisements de ce métal, qui assurèrent sa renommée et sa prospérité dans l’ensemble du bassin méditerranéen. Chypre était aussi connue pour ses nombreuses épices et plantations. L’histoire de Chypre fut très mouvementée et l’île subit de nombreuses tutelles : hellénistique, romaine, byzantine, arabe, franque, vénitienne, ottomane et enfin britannique.

[17] L’ismaélisme est un courant minoritaire de l’islam chiite. Ses membres sont appelés ismaéliens. Son nom provient d’Ismaïl ben Jafar. L’ismaélisme n’est pas spécifiquement persan, ni arabe, ni indien ; il a une longue histoire qui est complexe et, loin d’être unifié, l’ismaélisme se subdivise en plusieurs rameaux (Mubârakiyya, Khattâbiyya, Qarmates, Druzes, Mustaliens, Nizârites, Septimain). Les adeptes de l’ismaélisme sont appelés ismaéliens ou ismaīlis ; il ne faut pas les confondre avec les ismaélites descendants d’Ismaël, prophète de l’islam et patriarche biblique.