Élisabeth de Habsbourg (1436-1505)
Reine de Pologne-Grande-duchesse de Lituanie
Orpheline depuis son plus jeune âge, elle passe son enfance à la cour de l’empereur des Romains Frédéric III. Etant l’une des petites filles du roi de Hongrie Sigismond, elle a ainsi la légitimité de revendiquer les royaumes de Hongrie [1] et de Bohême [2], faisant d’elle une épouse de choix pour un prince polonais.
Afin d’étendre son influence en Hongrie et en Bohême, la noblesse polonaise arrange un mariage entre Élisabeth et Casimir IV Jagellon en 1454. Elle donne naissance à 13 enfants, dont 11 atteignent l’âge adulte. 4 de ses fils sont couronnés rois.
Fille de Albert II du Saint Empire, archiduc d’Autriche [3], et d’ Élisabeth de Luxembourg , elle-même fille de Sigismond de Luxembourg.
Les jeunes années d’Élisabeth sont marquées par des troubles politiques. Après la mort de l’empereur Sigismond en décembre 1437, le père d’Élisabeth est sacré roi de Hongrie et de Bohême. Néanmoins, ce dernier titre est contesté par l’Église hussite [4], qui souhaite voir Casimir IV sur le trône, ce qui déclenche une guerre.
Les diplomates polonais continuent leurs efforts pour obtenir le mariage entre Casimir IV et Élisabeth, afin d’apporter le royaume de Bohême en tant que dot. Le roi Albert II les reçoit froidement, et déclare n’avoir aucune intention de céder ses terres. En mars 1439, la sœur d’Élisabeth, Anne, est promise à Guillaume II de Thuringe dit Guillaume III de Saxe , fils de Frédéric 1er de Saxe , et part vivre à la cour de Saxe.
Le roi Albert II meurt en 1439 peu de temps après une courte campagne contre l’Empire ottoman [5]. Sa veuve, encore enceinte, considère alors son fils à naître, le futur Ladislas le Posthume , comme le seul héritier du royaume, disputant la couronne de Hongrie à la noblesse de ce pays, qui préfère Ladislas Jagellon.
La nourrice d’Élisabeth, Helene Kottanner , vole alors la Sainte Couronne hongroise [6] pour la rapporter à la mère d’Élisabeth, à Komárno [7]. Ladislas de Habsbourg, âgé de 3 mois, est alors couronné le 15 mai 1440, sans que cela mette un terme à la guerre civile. Pour leur sécurité, Élisabeth et son frère sont alors placés sous la protection de Frédéric III, empereur du Saint Empire élu, mais non couronné. Afin de sceller l’accord, Élisabeth est promise à Frédéric, neveu de Frédéric III et fils de Frédéric II de Saxe et de Marguerite d’Autriche
Élisabeth et Ladislas sont ainsi élevés au château de Forchtenstein par Anna von Pottendorf. Lorsque la mère d’Élisabeth, Élisabeth de Luxembourg, meurt en 1442, Frédéric III continue d’élever ses enfants, qui passent la plupart de leur temps à Graz [8] ou à Wiener Neustad [9]. Les adversaires de l’empereur l’accusent de négliger leur éducation, mais il pourrait ne s’agir que de calomnies à des fins politiques. Malgré des témoignages décrivant Frédéric III comme émotionnellement distant, les enfants reçoivent une éducation de qualité. Enea Silvio Piccolomini, membre de la cour de l’empereur et futur pape Pie II, écrit “De liberorum educatione” pour instruire les orphelins.
En 1447, Frédéric III propose la main d’Élisabeth à Charles le Téméraire, fils de Philippe le Bon, duc de Bourgogne [10], ce dernier ayant acquis le Luxembourg de Élisabeth de Goerlitz . Frédéric III propose 70 000 ducats de dot pour Élisabeth en échange du Luxembourg, alors que Philippe en désire 120 000, ce qui fait ainsi échouer les négociations. Pour des raisons inconnues, le mariage d’Élisabeth, organisé par sa mère, à Frédéric, neveu de Frédéric III et fils de Frédéric II n’a pas lieu, malgré un accord de mariage signé en 1450. La mort de ce dernier en 1451 pourrait en être la cause.
Après la mort de Ladislas III à la bataille de Varna [11] en 1444, la noblesse hongroise reconnaît officiellement Ladislas 1er, frère d’Élisabeth, comme roi. Néanmoins, Frédéric III, le trouvant encore trop jeune, ne permet pas aux orphelins de quitter sa cour. Poussé par ses ambitions politiques, Ulric de Cilley , cousin de la mère d’Élisabeth, demande la garde des 2 orphelins, ce que refuse Frédéric III. En 1451, alors que Frédéric III part à Rome afin d’être officiellement couronné empereur, il emmène avec lui Ladislas, mais pas Élisabeth, qui reste à Vienne [12]. La noblesse autrichienne trahit alors Frédéric III et enlève Élisabeth pour la confier à Ulrich. Cette dernière fait alors une apparition publique dans un square où, au bord des larmes, elle demande de l’aide pour elle et son frère, négligés et retenus comme captifs.
Lorsque Frédéric III retourne en juin 1452 à Vienne, la noblesse autrichienne presse ce dernier pour qu’il cède Ladislas à Ulrich, ce qu’il fait en septembre 1452
En août 1452, alors qu’ils se préparent à la Guerre de Treize Ans [13] contre l’Ordre Teutonique [14], la noblesse polonaise envoie de nouveau un émissaire à Vienne pour négocier à nouveau un mariage entre Élisabeth et Casimir IV, devenu roi de Pologne. Ulrich de Cilley, désormais tuteur d’Élisabeth, accepte cette offre, et le mariage se déroule en août 1453 à Wrocław [15], devant des membres des noblesses polonaises et autrichiennes. Selon l’accord, la dot d’Élisabeth est de 100 000 pièces d’or hongroises. Cette dot est assurée par des terres en Autriche, en Hongrie et en Bohême. En retour, Casimir IV garantit à Élisabeth la somme mensuelle de 5 000 pièces d’or, provenant des mines de sel de Wieliczka [16] et de Bochnia [17], ainsi que les villes de Koło [18], Opoczno [19] et Przedecz [20]. En retour, Élisabeth doit renoncer à ses droits sur les terres d’Autriche, sauf si son frère Ladislas 1er de Bohême meurt sans héritier mâle.
La dot d’Élisabeth n’ayant pas été payée immédiatement, cela lui donne un prétexte pour prétendre aux couronnes de Hongrie et de Bohême. La dot d’Élisabeth est finalement payée aux deux tiers par Frédéric III entre 1471 et 1472. Lorsque son frère devient Roi de Bohême, le reste de la dot est annulée.
Élisabeth arrive en Pologne en 1454, accompagnée d’une suite de 900 cavaliers. D’après les informations en sa possession, Casimir IV envisage d’annuler le mariage, car il considère Élisabeth comme peu attirante, mais se plie aux exigences de sa cour. Élisabeth arrive le 9 février 1454 à Cracovie [21], où elle est accueillie par Casimir IV en personne, accompagnée de sa mère Sophie de Holszany .
Le lendemain, Élisabeth, âgée de 18 ans, épouse Casimir, lui âgé de 27 ans, devenant ainsi reine consort de Pologne et archiduchesse de Lituanie [22]. Leurs 38 années de mariage sont heureuses et Élisabeth, malgré ses grossesses fréquentes, accompagne son mari lors de la plupart de ses visites, incluant plus de 30 visites au Grand-duché de Lituanie. Les rares moments où ils sont séparés sont les moments où Casimir part en guerre. Leur premier fils, Vladislas Jagellon, est né le 4 mars 1456, deux ans après leur mariage. Elle donne ensuite naissance à 7 enfants en 10 ans.
Élisabeth exige qu’ils reçoivent une éducation de qualité. Selon Martin Kromer , cette éducation est parfois dispensée par Élisabeth elle-même, ainsi que par le prêtre polonais Jan Długosz et l’humaniste italien Filippo Buonaccorsi , tous deux tuteurs des enfants d’Élisabeth.
Bien que ne jouant pas un rôle très actif dans la politique de son pays, la reine Élisabeth a néanmoins une grande influence sur son mari. Au lieu de cela, elle préfère arranger le mariage de ses filles. Son implication et son influence sont particulièrement remarquées lors du mariage de sa fille Edwige Jagellon à Georges de Bavière en décembre 1474.
Lorsque les demandes d’Élisabeth dépassent le champ d’expertise des envoyés bavarois, plutôt que de laisser les émissaires repartir bredouille, Élisabeth prend la responsabilité et écrit une lettre au duc de Bavière, lui demandant de ne pas punir les envoyés. Curieusement, Élisabeth ne s’occupe d’aucun des mariages de ses fils.
Après la mort en 1457 du frère d’Élisabeth Ladislas 1er de Bohême, étant donné que ce dernier n’a pas d’enfant, Élisabeth et sa famille cherchent à obtenir les trônes de Bohême et de Hongrie, sous prétexte que la dot d’Élisabeth n’est pas entièrement payée.
Néanmoins, la Bulle d’or [23] de 1356 ne reconnaissant pas les droits d’une femme sur les terres et les monarchies des royaumes de Bohême et de Hongrie étant électorale, et non héréditaire, les nobles de ces royaumes élisent doncMatthias 1er de Hongrie ainsi que Georges de Bohême.
La Pologne étant engagée dans la Guerre de Treize Ans, Casimir ne peut pas appuyer les demandes d’Élisabeth. Cependant, en 1466, Rudolf de Rüdesheim, un évêque, informe Élisabeth que pour le pape Paul II, Georges est un hérétique, et donc qu’il considère Élisabeth comme la vraie souveraine de Bohême. Lorsque Matthias 1er de Hongrie demande la main d’Edwige Jagellon, la fille d’Élisabeth, cette dernière s’emporte et refuse immédiatement, traitant Matthias de chien.
En 1461, lorsque la mère de Casimir IV, Sophie de Holszany, meurt, il offre à sa femme la plupart des possessions de sa mère. En 1467, elle renonce à ses droits sur le Duché de Luxembourg [24], au profit de Charles le Téméraire.
La mort de Georges de Bohême en 1471 permet au fils d’Élisabeth Vladislas de devenir roi de Bohême sous le nom de Vladislas IV de Bohême, bien que certains catholiques de Bohême soutiennent Matthias.
Ayant déjà assis l’un de ses fils sur le trône de Bohême, Casimir IV décide d’installer le futur Saint Casimir sur le trône de Hongrie, déclarant ainsi la guerre à la Hongrie. Néanmoins l’armée polonaise étant mal équipée et mal approvisionnée, cette campagne est de courte durée. La guerre de Bohême entre Matthias et Vladislas dure jusqu’en 1479, date où un traité de paix est signé à Olomouc [25], ce qui divise la Bohême en deux.
Après la mort de Matthias en 1490, Élisabeth et Casimir appuient la légitimité de leur fils Jean 1er Albert Jagellon au trône de Hongrie. Alors que la noblesse hongroise préfère Vladislas, Elisabeth tente de le convaincre d’abandonner le trône, en raison de sa prétendue inefficacité, au profit de son frère, qu’elle affectionne plus, mais sans succès. Cela déclenche une guerre fratricide pour la couronne de Hongrie entre 1490 et 1492. Jean Albert perd cette guerre en janvier 1492 et retourne en Pologne, pendant que Vladislas fut couronné roi de Hongrie. Les royaumes de Hongrie et de Bohême sont alors dirigés par Vladislas et son fils Louis II de Hongrie jusqu’en 1526
Casimir IV meurt le 7 juin 1492. Les historiens de l’art pensent qu’Élisabeth engagea Veit Stoss afin de sculpter la tombe de son mari ainsi que son gisant. Son fils Alexandre 1er devient ainsi le Grand-duc de Lituanie à partir de 1492. Élisabeth prend alors des mesures drastiques afin d’asseoir son fils Jean Albert sur le trône de Pologne, écrivant des lettres à Johann von Tiefen , général de l’Ordre Teutonique, pendant que ses autres fils militent en sa faveur. De façon plus radicale encore, elle emprunte 5 675 florins à la famille de banquiers Fischel afin d’engager un groupe de soldats hongrois qui, menés par son fils Fryderyk Jagiellończyk , marchent vers Piotrków Trybunalski [26], où la noblesse polonaise élit alors Jean Albert comme nouveau roi le 27 août. L’union de Pologne-Lituanie est alors interrompue durant quelques années.
Élisabeth, désormais veuve, passe la plupart de son temps à Cracovie, entourée de ses filles Barbara Jagellon et Élisabeth. Elle ne s’intéresse dorénavant quasiment plus à la politique et aux affaires du pays, à la seule exception du soutien qu’elle apporte à Frédéric de Saxe pour le titre de Grand Maître de l’ordre teutonique. Néanmoins, elle continue toujours à occuper un rôle important dans les affaires familiales, comme en début d’année 1495, où elle voyage à Vilnius [27] pour assister au mariage de son fils Alexandre à Hélène de Moscou . Élisabeth tente alors de convertir Hélène au catholicisme et de donner une bonne impression de son fils Sigismond . Échouant dans ses deux tâches, Élisabeth laisse ainsi la Lituanie en colère contre elle, ce qui explique peut-être sa passivité et son manque d’implication dans la succession au trône de Pologne en 1501, après la mort prématurée de son fils Jean Albert.
En 1496, Élisabeth organise les noces de sa fille Barbara Jagellon à Georges de Saxe. Elle reste ainsi seule à Cracovie, avec pour seule compagnie sa dernière fille, nommée Élisabeth elle aussi. Élisabeth est soupçonnée d’avoir aidé son fils Sigismond 1er de Pologne à obtenir le duché de Głogów [28] de la part de son frère Vladislas IV en 1499. En 1503, elle fonde au sein de la Cathédrale du Wawel [29] une chapelle pour y faire reposer la tombe de son fils Jean Albert, dont le gisant est sculpté par Francesco Fiorentino .
Elle envoie également une gouvernante polonaise à la cour de son fils Vladislas IV, lorsque ce dernier attend son premier enfant Anne. Élisabeth se montre très protectrice à l’égard de sa dernière fille, refusant que cette dernière épouse Bogdan III le Borgne , voïvode [30] de Moldavie [31] et lui offre des terres et des richesses afin que la princesse Élisabeth puisse être indépendante financièrement.
En 1505, Élisabeth est atteinte d’une maladie inconnue. Elle meurt le 30 août 1505 et est enterrée le 21 septembre dans la cathédrale du Wawel à côté de son mari et de 2 de ses filles.
Notes
[1] Le royaume de Hongrie est le terme historiographique donné à différentes entités politiques de la Hongrie au Moyen Âge (à partir de 1001), à l’époque moderne et jusqu’à l’époque contemporaine (1946). La date de création du royaume remonte à l’an 1001, lorsque Étienne (István) transforme l’ancienne grande-principauté en royaume chrétien. L’unité du royaume est mise à mal lors de l’occupation ottomane d’une partie du pays en 1526, durant laquelle deux territoires se disputent la continuité royale (la Hongrie royale dominée par l’empire d’Autriche et la Hongrie orientale, prémisse de la principauté de Transylvanie). Le royaume de Hongrie recouvre l’essentiel de son territoire médiéval d’abord en 1848-1849, puis dans le cadre du compromis austro-hongrois signé en 1867 et conserve son régime après le démantèlement du pays en 1920 jusqu’à 1946, sous la forme d’une régence. Entre l’an 1001 et 1946, le royaume de Hongrie a cessé d’exister à trois reprises : en 1849, lors de la Révolution hongroise de 1848, de la République démocratique hongroise de 1918 et de la République des conseils de Hongrie de 1919. Depuis 1946, la Hongrie est une république.
[2] Le royaume de Bohême était un royaume situé dans la région de la Bohême, en Europe centrale, dont la plupart des territoires se trouvent actuellement en République tchèque. Devenu une possession héréditaire des Habsbourg en 1620, le royaume a fait partie du Saint Empire jusqu’à sa dissolution en 1806, après quoi il est devenu une partie de l’Empire d’Autriche, puis de l’Empire austro-hongrois.
[3] L’archiduché d’Autriche est un ancien État impérial du Saint-Empire romain germanique. Cet État succède au duché d’Autriche en 1453 ; en tant que noyau de la monarchie de Habsbourg, il existe pendant plus de 350 ans, jusqu’à la dissolution du Saint-Empire romain germanique en 1806. Puis, divisé en deux terres de la Couronne correspondants aux Länder autrichiens actuels de Basse-Autriche et de Haute-Autriche, son territoire fait partie intégrante de l’empire d’Autriche et de la Cisleithanie au sein de l’Autriche-Hongrie. Les archiducs d’Autriche de la maison de Habsbourg résident à la Hofburg dans le centre de Vienne. Par commodité, on se sert parfois de cette expression pour désigner l’ensemble des territoires héréditaires des Habsbourg dominés par l’archiduc autrichien, ce qui inclut alors en plus l’Autriche intérieure (les duchés de Styrie, de Carinthie et de Carniole, ainsi que, plus tard, le comté de Goritz), le comté de Tyrol, les possessions de l’Autriche antérieure et plusieurs autres petits territoires.
[4] Le hussitisme est un mouvement social et religieux inspiré par les doctrines de Jan Hus, et repris ensuite pour partie par la Réforme. Après l’indépendance de la Tchécoslovaquie, une partie libérale du clergé catholique s’inspire également de ses doctrines pour créer l’Eglise Tchécoslovaque, puis Eglise tchécoslovaque hussite, qui représente aujourd’hui la 3ème église de la République tchèque. Les hussites sont divisés en deux groupes : les Utraquistes praguois et les radicaux Taborites. La Bohême se divise : la majorité devient hussite, mais quelques villes restent catholiques. Le 30 juillet 1419, une procession de la Nouvelle Ville de Prague, conduite par Jan Zelivsky, prédicateur à Notre-Dame des Neiges, est atteinte par des pierres. Des émeutes éclatent, et les hussites prennent l’hôtel de ville, défenestrant les échevins. Le mois suivant, la mort de Venceslas 1er provoque des émeutes marquées par des profanations iconoclastes. En juillet 1420, ils élaborent les quatre articles de Prague, qui forment la base de leur programme dont ils exigent la reconnaissance par le pouvoir royal. Ces quatre articles sont : la communion sous les deux espèces (les communiants devant manger l’hostie et boire le vin), la pauvreté des ecclésiastiques, la punition des péchés mortels sans distinction selon le rang ou la naissance du pécheur, la liberté du prêche. Leur volonté est également de convertir toute la chrétienté à leurs idées ; pour cela, ils envoient des émissaires partout en Europe.
[5] L’Empire ottoman connu historiquement en Europe de l’Ouest comme l’Empire turc, la Turquie ottomane6 ou simplement la Turquie, est un empire fondé à la fin du 13ème siècle au nord-ouest de l’Anatolie, dans la commune de Söğüt (actuelle province de Bilecik), par le chef tribal oghouze Osman 1er. Après 1354, les Ottomans entrèrent en Europe, et, avec la conquête des Balkans, le Beylik ottoman se transforma en un empire trans-continental. Après l’avoir encerclé puis réduit à sa capitale et à quelques lambeaux, les Ottomans mirent fin à l’Empire byzantin en 1453 par la conquête de Constantinople sous le règne du sultan Mehmed II. Aux 15ème et 16ème siècles, à son apogée, sous le règne de Soliman Ier le Magnifique, l’Empire ottoman était un empire multinational et multilingue contrôlant une grande partie de l’Europe du Sud-Est, des parties de l’Europe centrale, de l’Asie occidentale, du Caucase, de l’Afrique du Nord, sauf le royaume du Maroc et le Sahara. Au début du 17ème siècle, l’Empire comprenait 32 provinces et de nombreux États vassaux.
[6] La couronne de saint Étienne ou Sainte Couronne hongroise est un regalia, symbole de la monarchie hongroise et l’un des attributs de la souveraineté hongroise. Elle se nomme ainsi en référence à Étienne, premier roi de Hongrie. Elle a subsisté durant toute la période de l’Empire austro-hongrois, l’empereur étant alors à la fois empereur d’Autriche et roi de Hongrie. Elle apparaît dans les armoiries de la Hongrie et toujours visible sous la coupole du Parlement hongrois où elle est protégée par la garde républicaine.
[7] Komárno est une ville du sud-ouest de la Slovaquie. Elle est située à la confluence du Danube et du Váh. Située sur la rive gauche du Danube, en face de la ville hongroise de Újszőny, sur la rive droite du Danube. Ces deux villes furent réunies en 1896 au sein du royaume de Hongrie et furent à nouveau séparées quand la Tchécoslovaquie proclama son indépendance en 1918, ce qui fut reconnu par le traité de Trianon en 1920. Komárno et Komárom (ex-Újszőny) sont de nos jours reliées par le pont Alžbeta/Erzsébet.
[8] Graz ou Gratz est une ville d’Autriche et la capitale de l’État de Styrie. C’est la deuxième ville la plus peuplée d’Autriche. Elle possède 4 universités, qui accueillent 40 000 étudiants. La bibliothèque d’une de ces universités est la plus grande bibliothèque scientifique de Styrie, et la 3ème d’Autriche. Située dans le sud-est du pays, à 145 km au sud-ouest du centre-ville de Vienne5, Graz est arrosée par la rivière Mur. Elle se trouve dans une plaine délimitée à l’ouest par les derniers contreforts du massif alpin (le Plabutsch de 763 m), au nord et à l’est par les collines de Styrie.
[9] Wiener Neustadt est une ville autrichienne de Basse-Autriche, la deuxième par la population de ce Land. La ville statutaire, siège administratif du district de Wiener Neustadt-Land, se situe à environ 50 km au sud de Vienne
[10] Le duché de Bourgogne est fondé en 880 à partir du royaume de Bourgogne, par les rois carolingiens Louis III et Carloman II et les membres princiers de leur famille qui se partagent l’Empire carolingien de Charlemagne dont ils ont hérité. Ils féodalisent tous les royaumes carolingiens de France en duchés et comtés vassaux des rois de France. Richard II de Bourgogne (dit Richard le Justicier) est nommé marquis puis premier duc de Bourgogne et un des six pairs laïcs primitifs de France par son suzerain le roi Louis III.
[11] La bataille de Varna, que les Turcs connaissent aussi sous le nom de guerre de Varna, se déroule le 10 novembre 1444 entre Varna et Kaliakra dans l’actuelle Bulgarie et oppose les forces combinées de la Hongrie, de la Pologne et de la Valachie commandées par le roi Ladislas III Jagellon aux Ottomans emmenés par leur ancien sultan Mourad II. Ces derniers remportent l’affrontement, qui marque donc l’échec de la croisade de Varna prêchée par le pape Eugène IV et débutée quelques mois auparavant
[12] Vienne est la capitale et la plus grande ville de l’Autriche ; elle est aussi l’un des neuf Länder (État fédéré) du pays. La ville est située dans l’est du pays et traversée par le Danube (Donau). Capitale du duché puis archiduché d’Autriche, elle fut de fait celle du monde germanique durant le règne de la maison de Habsbourg (devenue en 1745 la maison de Habsbourg-Lorraine) sur le Saint-Empire romain germaniquepuis présida la Confédération germanique de 1815 à 1866. Elle fut en même temps celle de l’empire d’Autriche de 1804 à 1867 puis de l’Autriche-Hongrie de 1867 à 1918.
[13] La guerre de Treize Ans est un conflit qui opposa les chevaliers Teutoniques à la Pologne entre 1454 et 1466. Elle commença par un soulèvement des cités prussiennes et de la noblesse locale afin de gagner leur indépendance vis-à-vis de l’État monastique des chevaliers Teutoniques. Ces cités et ces nobles, réunis en confédération, demandèrent l’aide du roi de Pologne, Casimir IV, lui offrant d’incorporer la Prusse au royaume de Pologne. La guerre se termina par la victoire de la Pologne et de la Confédération prussienne et se conclut par le traité de Thorn en 1466.
[14] L’État monastique des chevaliers Teutoniques ou État teutonique, fut fondé, en 1226, par les chevaliers de l’ordre Teutonique. Il se transforma, en 1525, en duché de Prusse, future province de Prusse-Orientale, part de l’État prussien. Après des tentatives en 997 et 1147 pour soumettre les Baltes occidentaux, le duché de Mazovie intensifia ses attaques, à partir de 1209, pour soumettre ces peuples païens. En représailles, ceux-ci firent des incursions en Mazovie. Ne parvenant pas à les vaincre, le duc Conrad 1er de Mazovie invita, d’abord, les chevaliers de l’ordre Teutonique à s’installer en Pologne, à la frontière avec les Borusses, puis les encouragea à pénétrer sur les territoires de ceux-ci en 1231. Au milieu du 13ème siècle, les Borusses tentèrent une ultime révolte qui ne fit que précipiter leur déclin. Les Prussiens du sud-ouest furent vaincus et conquis en une dizaine d’années ; ceux du sud-est et du nord-est furent conquis dans la seconde moitié du 13ème siècle. L’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, plus intéressé par l’action politique que religieuse de l’ordre (composé surtout de chevaliers allemands), octroya au grand maître de l’Ordre tous les privilèges d’un prince d’Empire, dont le droit de souveraineté sur les territoires nouvellement conquis. Par cette bulle signée à Catane, en 1224, la Prusse, la Livonie et plusieurs provinces voisines furent déclarées Reichsfreie. Ce décret soumit les provinces susmentionnées directement à l’autorité de l’empereur du Saint Empire et à l’Église. En outre, par la bulle d’or impériale de Rimini (mars 1226) et la bulle d’or papale de Rieti (1234), la Prusse devint possession officielle de l’ordre Teutonique. La bulle d’or de Rieti autorisait également les membres de l’ordre de Dobrin qui avait échoué dans sa mission de christianiser les Prussiens et dont les effectifs étaient restés modestes à rejoindre l’ordre Teutonique. Ce dernier fusionna en 1237, avec les chevaliers Porte-Glaive (ou ordre de Livonie), ce qui lui permit de s’étendre au nord et de se renforcer.
[15] Wrocław est la troisième ville de Pologne par sa population, la cinquième par sa superficie (293 km2), et l’une des plus anciennement fondées vers le 9/10ème siècle. Aujourd’hui chef-lieu de la voïvodie de Basse-Silésie. Située au sud-ouest de la Pologne, au sud des « monts des Chats » et au nord des Sudètes, la ville est traversée par le fleuve Oder, qui se divise ici en plusieurs bras, et quatre de ses affluents : la Bystrzyca, l’Oława, la Ślęza et la Widawa. Elle se situe à 140 km de l’Allemagne et à 70 km de la Tchéquie. Au cours de son histoire millénaire, Wrocław, après avoir appartenu au royaume médiéval polonais des Piast, a fait partie du royaume de Bohême au sein du Saint-Empire romain germanique. Plus tard, la ville appartient successivement à la monarchie de Habsbourg puis, après les guerres de Silésie entre 1740 et 1763, à la Prusse des Hohenzollern qui intègre en 1871 l’Empire allemand.
[16] Les mines de sel de Wieliczka, en polonais Kopalnia soli Wieliczka, sont des mines de sel situées à Wieliczka, près de Cracovie, en Pologne. Exploitées depuis le XIIIe siècle, elles comprennent neuf niveaux et 300 km de galeries. L’exploitation minière a pris fin en 1996.
[17] Bochnia est une ville de Pologne située au sud du pays, dans la voïvodie de Petite-Pologne.
[18] Koło, localisée au centre de la Pologne. Elle fait partie du district (powiat) kolski situé dans la voïvodie de Grande-Pologne. Située sur la Warta, dans la partie orientale de la Grande-Pologne à 130 km à l’est de Poznań, 180 km à l’ouest de Varsovie et 90 km au nord-ouest de Łódź.
[19] Opocznoest une ville dans la partie méridionale de la Pologne . Sa superficie s’étend sur 24,75 km2
[20] Przedecz est une petite ville de Pologne, située dans la voïvodie de Grande-Pologne, powiat de Koło. Situé au sud-ouest de Włocławek, à 30 km de Koło et à 155 km de Poznań. Le site de la ville se trouve en bordure d’un lac, sur les hauteurs de Cujavie.
[21] Chef-lieu de la voïvodie de Petite-Pologne, elle est située à 300 km au sud de Varsovie, sur la Vistule. Datant du 7ème siècle, c’est une des villes les plus anciennes et les plus importantes de Pologne, dont le patrimoine architectural est très bien conservé. La ville historique se situe au pied de la colline du Wawel. Cracovie était, avant Varsovie, la capitale de la Pologne et elle est souvent considérée comme le véritable centre du pays avec ses traditions et son passé vieux de plus de 1 000 ans. Elle est le centre culturel et scientifique du pays, avec l’Université jagellonne de Cracovie, la deuxième plus ancienne université d’Europe centrale (1364, après celle de Prague fondée en 1348 ; celle de Varsovie date de 1816).
[22] L’État de Lituanie se forme en 1230, quand les tribus baltes menacées dans le Nord par les chevaliers Porte-Glaive et à l’ouest par les chevaliers Teutoniques se réunissent sous la direction de Mindaugas. Après que le grand-duc Ladislas II Jagellon est également devenu roi de Pologne en 1386, les deux États se rassemblent en 1440 sous l’autorité d’un souverain unique. En 1569, l’union de Lublin est signée et une nouvelle entité, l’union de Pologne-Lituanie, émerge pour faire place, en 1569, à la république des Deux Nations. Entre 1772 et 1795, la République est plusieurs fois partagée. La Lituanie devient partie intégrante de l’Empire russe jusqu’au 16 février 1918. La Lituanie ne retrouve sa souveraineté qu’en 1919, après que l’Allemagne a perdu la Première Guerre mondiale. La première république de Lituanie demeure jusqu’en 1940, quand son territoire est occupé par l’Union soviétique.
[23] La Bulle d’or, parfois appelée bulle d’or de Nuremberg ou bulle d’or de Metz, est un code juridique essentiel du Saint-Empire romain, promulgué par l’empereur Charles IV le 10 janvier 1356 à la diète de Nuremberg et le 25 décembre 1356 à la diète de Metz. En tant que « loi fondamentale », elle donne à l’institution de l’Empire sa forme définitive, jusqu’à sa dissolution en 1806, attribuant le choix du roi des Romains aux sept princes-électeurs. Elle tire son nom de la forme du document original, scellé par une bulle en or métallique. La ville de Francfort-sur-le-Main conserve un exemplaire original de cette fameuse bulle d’or. Il en existe une copie aux archives de la ville de Metz. Une copie originale enluminée fut remise au royaume de Bohême, aujourd’hui conservée à la Bibliothèque nationale autrichienne.
[24] Le duché de Luxembourg est une ancienne principauté du Saint-Empire romain germanique. Il était beaucoup plus étendu que l’actuel grand-duché, puisqu’il regroupait l’actuel grand-duché, la province belge de Luxembourg, une partie de la province de Liège (environs de Saint-Vith) telle qu’on la connaît aujourd’hui, les alentours de Montmédy et de Carignan ainsi que ceux de Thionville jusqu’à Marange-Silvange en France (région Grand Est), ainsi que la région comprenant Bitburg, Neuerburg, Kronenburg, Manderscheid et Schleiden dans l’Eifel, mais aussi les localités d’Igel, aux portes de Trèves, et de Sarrebourg sur la rive droite de la Moselle (Land de Rhénanie-Palatinat) en Allemagne.
[25] Olomouc est une ville de l’est de la Tchéquie, chef-lieu de district et capitale régionale. Elle se trouve dans la région historique de Moravie. Avec Brno, Olomouc est l’autre centre historique, politique, religieux et universitaire de la Moravie. Elle abrite l’université Palacký et l’archevêché de Moravie. Elle est la ville principale du pays de Haná, qui présente une identité culturelle marquée dans le contexte tchèque. Elle se trouve au centre-nord de la Moravie, sur les rives de la Morava, à 65 km au nord-est de Brno, à 78 km à l’ouest-sud-ouest d’Ostrava et à 209 km à l’est-sud-est de Prague
[26] Piotrków Trybunalski est une ville, située dans la voïvodie de Łódź, dans la partie centrale de la Pologne. Elle est une des 3 seules villes polonaises à arborer sur son blason l’aigle blanc national, de la dynastie Piast, c’est-à-dire sans la couronne. La ville aurait été fondée par Piotr Włostowic (noble silésien du 12ème siècle) et le tribunal général de la province de Grande-Pologne y fut installé, d’où son nom.
[27] Vilnius anciennement Vilna, fondée par le grand-duc Gediminas, est la capitale de la Lituanie. À partir de 1377, l’ambitieux grand-duc Jagellon commence à régner en Lituanie. En 1385, il conclut avec la Pologne l’Union de Krewo, le prix à payer étant la christianisation du pays. Il supprime donc le feu éternel sur la colline de Wilno (nom polonais de Vilnius) et détruit les temples païens qui s’y trouvent. Un an plus tard, en 1386, il se fait baptiser et épouse comme convenu la reine Hedwige de Pologne et, sous le nom de Ladislas II, monte sur le trône de ce nouveau et puissant royaume, unissant la Pologne et la Lituanie : la Rzeczpospolita. En même temps, le droit de Magdebourg est introduit à Vilnius. La ville connaît une période de grande prospérité économique au 15ème siècle. À la suite de l’union polono-lituanienne (1385-1569), la ville se trouve de plus en plus sous influence polonaise, et la population de la ville devient majoritairement polonaise. D’où les tentatives de Contre-Réforme. Le collège des Jésuites fondé en 1570 dans ce dessein devient en 1579 une université (Alma academia et universitas Vilnensis societatis JESU), avec privilège du roi de Pologne Étienne Bathory et bénédiction du pape Grégoire XII. Avec celles de Prague, Cracovie et Bar, l’université de Vilnius fut longtemps l’une des rares en Europe centrale et de l’Est. En même temps, l’union polono-lituanienne fait venir des populations juives qui participent à la prospérité de Vilnius qui devient une ville importante pour la culture ashkénaze en Europe du Nord. Elle est surnommée la « Jérusalem de Lituanie » en raison de son importance spirituelle pour le judaïsme, avec, par exemple, le Gaon de Vilna (« génie de Vilna »). Sur le plan économique, le 16ème siècle cependant voit s’amorcer un lent déclin.
[28] Głogów est une ville du sud-ouest de la Pologne, dans la voïvodie de Basse Silésie. Głogów est l’une des plus anciennes villes de Pologne. Elle fut fondée par une tribu slave nommée les Dziadoszans, ou Dadosesani, et intégrée dans le premier État polonais. La première référence date de 1010 dans les chroniques de Thietmar quand elle fut conquise par les Allemands menés par Henri II du Saint Empire et de nouveau assiégée par les forces germaniques le 9 août 1017. Le 24 août 1109, la bataille de Głogów a lieu contre l’armée de l’empereur Henri V. En 1157, la ville fut prise par Frédéric Barberousse qui massacra de nombreux habitants. En 1180 sous le pouvoir de Conrad 1er de Mazovie, fils de Ladislas II le Banni, Glogów reconstruit devient la capitale de la principauté et en 1253 obtient les privilèges du droit de Magdebourg.
[29] Le Wawel est une colline fortifiée qui surplombe la Vistule et la vielle ville de Cracovie, l’ancienne capitale de la Pologne. En plus d’être l’ancien siège des rois polonais, la colline du Wawel abrite également une cathédrale qui est à la fois un sanctuaire et une nécropole nationale, où des rois, des reines, des poètes et des héros nationaux de la Pologne sont enterrés. C’est un lieu privilégié pour les Polonais car il constitue un témoignage important de l’histoire de la nation.
[30] Voïvode est un terme d’origine slave, qui désigne au départ le commandant d’une région militaire. En Serbie, la région de Voïvodine porte son nom en souvenir de ce titre, porté par les différents princes serbes qui ont gouverné ce territoire. Malgré son origine slave, il est aussi utilisé en Roumanie, pays de langue romane, et en Hongrie, pays de langue finno-ougrienne
[31] La Moldavie, est un pays d’Europe orientale, enclavé entre la Roumanie et l’Ukraine, englobant des parties des régions historiques de Bessarabie et de Podolie méridionale (dite Transnistrie). Sa capitale est Chișinău. La partie de l’actuel territoire moldave située sur la rive droite du Dniestr a fait partie de la principauté de Moldavie (tributaire de l’Empire ottoman à partir de 1538), du 14ème siècle à 1812, date à laquelle elle fut cédée à l’Empire russe.