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Zizim ou Djem

mercredi 30 avril 2025, par lucien jallamion

Zizim ou Djem (1459-1495)

Zizim (1459-1495)

Fils du sultan ottoman Mehmed II et un prétendant au trône de l’empire ottoman [1] contre son frère Bayézed II.

Zizim était le plus jeune frère du sultan Bayézid II. À la mort de Mehmed II, leur père, Bayézid était gouverneur des provinces de Sivas [2], Tokat [3] et Amasya [4], alors que Zizim régnait sur les provinces de Karaman [5] et Konya [6].

Le grand vizir [7] Karamani Mehmed Pacha envoya 2 messagers aux 2 frères juste après la mort du sultan Mehmed II. Mais le messager envoyé à Zizim fut capturé en route par le député d’Anatolie [8] Sinan Pasha, et Zizim n’apprit la mort de son père que 4 jours après son frère aîné. Pour des raisons incertaines, les janissaires [9] de Constantinople [10] se révoltèrent le 4 mai 1481 et tuèrent Karamani Mehmed Pacha. En l’absence de Bayezid, son fils, le prince Korkut, prit le trône comme régent.

Le prince Bayezid arriva à Constantinople le 21 mai et y fut déclaré sultan. Seulement 6 jours plus tard, Zizim prit le contrôle de la ville d’İnegöl avec une armée de 4 000 hommes. Bayezid envoya son armée sous le commandement du vizir Ayas Pasha pour tuer son frère.

Le 28 mai, Zizim avait vaincu l’armée de son frère et se déclara lui-même sultan d’Anatolie et fit de Brousse [11] sa capitale. Il proposa alors à son frère de se partager l’empire avec lui, laissant seulement l’Europe à Bayezid. Bayezid, furieux, rejeta la proposition, et se mit en route vers Brousse. La bataille décisive entre les deux frères eut lieu près de la ville de Yenişehir [12]. Zizim fut vaincu et s’enfuit vers Le Caire [13].

Au Caire, bien accueilli par les mamelouks [14], Zizim saisit l’opportunité de faire le pèlerinage de la Mecque [15]. Zizim reçut une lettre de son frère lui offrant 1 million d’akçes [16] pour sa renonciation au trône. Zizim rejeta l’offre et lança une campagne en Anatolie l’année suivante.

Le 27 mai 1482, il assiégea Konya mais fut rapidement forcé à se retirer vers Angora [17]. Il envisagea alors de tout abandonner et de rentrer au Caire, mais toutes les routes vers l’Égypte étaient sous le contrôle de Bayezid. Il dut se réfugier à Rhodes [18], sous le contrôle des Hospitaliers [19] qui virent en lui un précieux otage. Après cela, Zizim fut envoyé en France où il résida jusqu’en 1488. Le sultan Bayezid envoya un messager en France et ordonna que Zizim fût gardé en captivité là-bas. Il accepta de payer 40 000 akçes annuels en or pour couvrir les besoins de son frère.

Il séjourna ensuite à Rome aux mêmes conditions. Le pape Innocent VIII entreprit de lancer une nouvelle croisade en utilisant Zizim mais cette idée fut réprouvée par les monarques européens. Le pape proposa également à Zizim de se convertir au christianisme, mais il refusa. Zizim fut néanmoins utile car lorsque Bayezid entreprit de lancer une campagne contre les nations chrétiennes des Balkans, le pape menaça de libérer le prétendant au trône.

En France, Zizim, sous la garde des Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, resta notamment en captivité environ un an au château de Rochechinard [20], dans le Dauphiné [21] à partir de 1483, puis au Château de Bois-Lamy [22] en 1484 et 1485. Enfin au château de Bourganeuf [23] entre 1486 et 1488, dans la tour Zizim construite à son intention.

Il est alors accompagné du nombreuse cour de dignitaires fidèles dont certains feront souches dans la région.

Zizim mourut à Capoue [24] le 25 février 1495. Le sultan Bayezid déclara un deuil national de 3 jours. Il requit également de disposer du corps de Zizim pour des funérailles musulmanes, mais le corps de ce dernier ne fut rapatrié sur ses terres ottomanes que 4 ans après sa mort. Zizim fut enterré à Bursa.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Zizim/ Portail de l’Empire ottoman/ Catégories : Personnalité ottomane du XVe siècle/ Dynastie ottomane

Notes

[1] L’Empire ottoman, connu historiquement en Europe de l’Ouest comme l’Empire turc, la Turquie ottomane ou simplement la Turquie, est un empire fondé à la fin du 13ème siècle au nord-ouest de l’Anatolie, dans la commune de Söğüt (actuelle province de Bilecik), par le chef tribal oghouze Osman 1er. Après 1354, les Ottomans sont entrés en Europe, et, avec la conquête des Balkans, le Beylik ottoman s’est transformé en un empire trans-continental. Après l’avoir encerclé puis réduit à sa capitale et à quelques lambeaux, les Ottomans ont mis fin à l’Empire byzantin en 1453 par la conquête de Constantinople sous le règne du sultan Mehmed II. Aux 15ème et 16ème siècles, à son apogée, sous le règne de Soliman 1er le Magnifique, l’Empire ottoman était un empire multinational et multilingue contrôlant une grande partie de l’Europe du Sud-Est, des parties de l’Europe centrale, de l’Asie occidentale, du Caucase, de l’Afrique du Nord, sauf le royaume du Maroc et le Sahara.

[2] La province de Sivas est une des 81 provinces de la Turquie. Sa préfecture se trouve dans la ville éponyme de Sivas

[3] La province de Tokat est une des 81 provinces de la Turquie.,Sa préfecture se trouve dans la ville éponyme de Tokat.

[4] La province d’Amasya est l’une des 81 provinces de la Turquie. Sa préfecture se trouve dans la ville éponyme d’Amasya.

[5] La province de Karaman est une des 81 provinces de la Turquie. Elle se situe dans l’Anatolie de centre. Au nord se trouve la province de Konya et au sud la province de Mersin.

[6] La province de Konya est une des 81 provinces de la Turquie. Sa préfecturese trouve dans la ville éponyme de Konya.

[7] Mandaté par le sultan ottoman pour gérer toutes les affaires de l’État, il n’était révocable que par le sultan lui-même. Gardien du sceau impérial, il peut convoquer les autres vizirs en conseil appelé « vizirs du dôme » (Kubbealtı vezirler), en référence à l’architecture de la salle du palais où ils se réunissaient. À l’origine de l’Empire ottoman, seul le titre de vizir est utilisé. Le premier des vizirs ottomans à porter le titre de grand vizir est Çandarlı Halil Hayreddin Pacha, en poste de 1439 à 1453, afin de le distinguer des autres vizirs qui le secondaient. Le titre originel de vezir-i âzam est progressivement remplacé par sadrazam, signifiant tous les deux grand vizir. De 1656 à 1703, l’empire est gouverné par une suite de grands vizirs puissants de la famille Köprülü. La fonction perd par la suite de sa toute-puissance en raison de la faiblesse des sultans et de la diffusion du pouvoir aux échelons inférieurs. Après la période des Tanzimat au 19ème siècle, le rôle des grands vizirs se rapproche de celui de Premier ministre au sens occidental du terme.

[8] L’Anatolie ou Asie Mineure est la péninsule située à l’extrémité occidentale de l’Asie. Dans le sens géographique strict, elle regroupe les terres situées à l’ouest d’une ligne Çoruh-Oronte, entre la Méditerranée, la mer de Marmara et la mer Noire, mais aujourd’hui elle désigne couramment toute la partie asiatique de la Turquie

[9] Les janissaires formaient un ordre militaire très puissant composé d’esclaves d’origine européenne et de confession chrétienne, ils constituaient l’élite de l’infanterie de l’armée ottomane, à l’apogée de l’Empire ottoman. Les janissaires appartenaient à la classe des « esclaves de la Sublime Porte », qui occupait les postes les plus influents dans l’administration et l’armée. Ils ont commencé en tant que corps d’élite d’esclaves, composé de jeunes garçons chrétiens kidnappés qui ont été forcés de se convertir à islam, et sont devenus célèbres pour leur cohésion interne et leur discipline. Contrairement aux esclaves typiques, ils étaient régulièrement payés. Interdit de se marier ou de s’engager dans le commerce, on s’attendait à leur dévouement total au Sultan. Au 17ème siècle, en raison d’une augmentation spectaculaire de la taille de l’armée permanente ottomane, la politique de recrutement initialement stricte du corps a été assouplie. Le corps a été aboli par le sultan Mahmoud II en 1826 lors du Vaka-i Hayriye dans lequel 7 000 janissaires ont été massacrés à Constantinople, 120 000 dans tout le pays sur 140 000 janissaires.

[10] Constantinople est l’appellation ancienne et historique de l’actuelle ville d’Istanbul en Turquie (du 11 mai 330 au 28 mars 1930). Son nom originel, Byzance, n’était plus en usage à l’époque de l’Empire, mais a été repris depuis le 16ème siècle par les historiens modernes.

[11] Bursa, l’antique Pruse, plus tard connue en français sous le nom de Brousse, est une ville du nord-ouest de l’Anatolie en Turquie, capitale de la province du même nom.

[12] Yenişehir est une ville et un district de la province de Bursa dans la région de Marmara en Turquie.

[13] Le Caire est la capitale et la plus grande ville d’Égypte. C’est la plus grande ville du Moyen-Orient et la seconde d’Afrique derrière Lagos. Les Fatimides et leur troupes composées de Berbères kotamas d’Algérie fondent le noyau urbain actuel, alors nommé Al-Mansûriyyah, pour en faire leur nouvelle capitale. Située sur la route des épices entre l’Europe et l’Asie, la ville connaît une longue période de prospérité : vers 1340, la population du Caire atteint un demi-million d’habitants, ce qui en faisait déjà l’une des plus grandes villes du monde arabe.

[14] es mamelouks sont les membres d’une milice formée d’esclaves affranchis au service de différents souverains musulmans, milice qui a occupé le pouvoir à de nombreuses reprises. Les premiers mamelouks forment, au 9ème siècle, la garde des califes abbassides à Bagdad. Ils sont d’abord recrutés parmi les captifs non musulmans en provenance du Turkestan actuel, du Caucase (Circassiens, Géorgiens, etc.), d’Europe orientale (Slaves orientaux) ou de Russie méridionale (plaines du Kipchak). Au départ, la position n’est pas héréditaire. Certains mamelouks parviennent à des positions importantes de commandement militaire. Ils sont ensuite au service de la dynastie ayyoubide.

[15] La Mecque est une ville de l’ouest de l’Arabie saoudite, non loin de la charnière séparant le Hedjaz de l’Asir, à 80 km de la mer Rouge, et capitale de la province de la Mecque. Lieu de naissance, selon la tradition islamique, du prophète de l’islam Mahomet à la fin du 6ème siècle, elle abrite la Kaaba au cœur de la mosquée Masjid Al-Haram (« La Mosquée sacrée ») et la tradition musulmane a lié sa fondation à Ibrahim (Abraham), ce qui en fait la ville sainte la plus sacrée de l’islam. L’accès est interdit aux personnes qui ne sont pas de confession musulmane ainsi qu’aux femmes seules, même musulmanes

[16] la monnaie ottomane

[17] Anciennement appelée Angora et Ancyre durant l’Antiquité, est la capitale de la Turquie. Durant la période byzantine, la ville connut une certaine prospérité mais les invasions des Sassanides et des Arabes au 7ème siècle furent dévastatrices. Tour à tour, prise par les Byzantins, les croisés et les Turcs, Ankara fut, à partir de 1354, administrée par les Ottomans. En 1402, dans la plaine d’Ankara eut lieu une bataille au cours de laquelle Tamerlan anéantit l’armée ottomane et fit prisonnier le sultan turc Bayezid 1er. Mais la ville redevint ottomane en 1414. Elle devint une ville secondaire de l’Empire ottoman, connue des Occidentaux sous le nom d’Angora

[18] Rhodes est une île grecque, la plus grande île du Dodécanèse. Elle est située au sud-est de la mer Égée, à 17,7 km de la Turquie, entre la Grèce et l’île de Chypre. Le colosse de Rhodes, l’une des sept merveilles du monde, était une statue gigantesque, traditionnellement située à l’entrée du port de la ville de Rhodes.

[19] L’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, généralement connu, dès le 12ème siècle, sous le nom de Ordo Hospitalis Sancti Johannis Hierosolymitani, est un ordre religieux catholique hospitalier et militaire qui a existé de l’époque des Croisades jusqu’au début du 19ème siècle. Son origine remonterait à la fin du 11ème siècle dans l’établissement des marchands amalfitains à Jérusalem et la création d’hôpitaux, d’abord à Jérusalem, puis en Terre sainte, d’où leur nom d’« Hospitaliers ». À la suite de donations, ils vont posséder des établissements, prieurés et commanderies dans toute l’Europe catholique. À l’instar des Templiers, il assume rapidement une fonction militaire pour défendre les pèlerins qu’il accueille sur les chemins de Jérusalem, puis pour combattre les Sarrasins aux côtés des Francs de Terre sainte. Après l’expulsion des Croisés de Terre sainte en 1291, l’Ordre s’installe à Chypre avant de conquérir l’île de Rhodes en 1310 et de devenir une puissance maritime pour continuer à être le rempart de la chrétienté contre les Sarrasins. À la suite de la disparition de l’ordre du Temple en 1314, les Hospitaliers reçoivent les biens des Templiers, ce qui fait d’eux l’ordre le plus puissant de la chrétienté. Expulsé de Rhodes en 1523 par la conquête turque, l’Ordre s’installe à Malte en 1530, dont il est considéré comme le souverain, par décision de Charles Quint.

[20] Le château de Rochechinard est situé sur les contreforts ouest du massif du Vercors, à Rochechinard dans la Drôme.

[21] Le Dauphiné est une entité historique et culturelle. Elle occupe l’ancienne province Viennoise située dans le quart sud-est de la France actuelle. Le Dauphiné de Viennois fut un État, sous l’autorité des comtes d’Albon, qui prirent le titre de dauphins, ce dernier terme ayant donné au Dauphiné son nom. Cette entité apparaît dans l’ancienne Provence, et était une subdivision du Saint Empire romain germanique, de ses origines admises au 11ème siècle, jusqu’à son rattachement en 1349 au royaume de France. Le Dauphiné de Viennois devient alors la province du Dauphiné, et conserve une certaine autonomie jusqu’en 1457.

[22] Le château de Bois-Lamy, aussi appelé Tour Zizim de Bois-Lamy est situé sur la commune de Moutier-Malcard, dans le département de la Creuse.

[23] Bourganeuf est une commune française située dans le département de la Creuse. Bourganeuf doit sa création médiévale aux Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, ordre religieux et militaire créé en 1104. Depuis le 12ème siècle, jusqu’à la Révolution de 1789, les Chevaliers ont habité Bourganeuf, qui a ainsi connu une prospérité et une réputation jamais égalées. Bourganeuf était le chef-lieu de la « vénérable langue d’Auvergne » jusqu’en 1750 où il fut déplacé à Lyon. Il étendait son pouvoir sur le centre de la France. En faisaient partie : l’Auvergne, la Marche, le Velay, le Limousin, le Berry, le Forez, le Bourbonnais, le Lyonnais, le Beaujolais, le Bugey et la Savoie. Le bailli de la « langue d’Auvergne » avait le statut de grand maréchal, commandant de l’armée que constitue l’Ordre

[24] Capoue est une commune, située dans la province de Caserte en Campanie, dans l’Italie méridionale. Rattachée à Salerne par le traité de 849 entre Salerne et Bénévent, elle parvient à s’en affranchir vers 861.