Fils de Jean sans Peur, Philippe épouse Michelle de France fille de Charles VI qui lui donne les villes de la Somme, le Boulonnais et la Picardie. Mécène fastueux, il protégea les grands artistes flamands. Après le meurtre de son père en 1419, il s’allia à Henri V d’Angleterre et contribua à faire reconnaître le fils de ce dernier comme héritier du trône de France par le traité de Troyes en 1420. Contrairement à son père, Jean sans Peur n’a plus guère d’espoir d’accéder au trône de France. N’oublions pas que son règne coïncide avec la guerre de Cent Ans, qui oppose l’Angleterre à la France.
Philippe le Bon était partisan d’une politique de paix et il espérait réconcilier les deux parties malheureusement sans succès.
C’est à Philippe le Bon que revient le titre d’unificateur des Pays-Bas. Dès le début, il se propose d’étendre son influence sur les régions néerlandaises. Pour atteindre cet objectif, il espérait pouvoir faire appel à son neveu Jean IV, duc de Brabant qui avait épousé Jacqueline de Bavière, comtesse de Hainaut Hollande Zélande. Toutefois, ces relations familiales ne suffirent pas à garantir le contrôle de l’autorité bourguignonne. Les États de Brabant, craignant pour leur autonomie, tentèrent par tous les moyens de contrecarrer les plans de Philippe le Bon. Il ambitionna alors de jouer le premier rôle au niveau européen. En 1420, Jacqueline de Bavière se sépara de Jean IV et se remaria avec un prince anglais. Ce dernier espérait devenir le nouveau comte de Hainaut Hollande Zélande et en 1425 il lança ses troupes dans la conquête. Mais son armée fut défaite, et il se retira en Angleterre. Le comte Jean III de Namur, sans héritier, vendit ses droits à Philippe le Bon en 1420 et à sa mort en 1429, Namur rejoignit les possessions de la maison de Bourgogne. Jean IV de Brabant meurt en 1427, et son frère Philippe de Saint-Pol lui succéda, celui-ci meurt à son tour, en 1430, sans descendance et parmi les différents candidats à la succession, les États brabançons donnèrent la préférence à Philippe le Bon, venu auprès d’eux plaider sa cause.
En 1428, Philippe le Bon obligea Jacqueline de Bavière, à le reconnaître comme héritier. A la mort de celle-ci en 1436, ces trois comtés furent annexés à la maison de Bourgogne. Il chercha à régner sur le plus grand nombre de territoires possible et pour montrer que sa puissance égalait celle des rois, il créa l’ordre de la Toison d’or. Son autorité grandissante inquiéta ses voisins français et allemands. Pris dans l’étau franco-allemand, il se vit contraint, par le traité d’Arras en 1435, de soutenir les Français face aux Anglais. En échange, Philippe le Bon fut déchargé des obligations qui incombent à tout vassal du roi de France. Sa puissance européenne fut, de ce fait, explicitement reconnue.
En 1441, Elisabeth de Görltiz, duchesse de Luxembourg, fit de Philippe le Bon son successeur et a sa mort en 1451, le Luxembourg s’ajouta à la liste de ses États. A cette date, toutes les régions belges, à l’exception de la principauté de Liège, furent donc réunies sous sa seul souveraineté ; ce qui fit de lui le « grand-duc du Ponant » (de l’Occident).
Les différents territoires des Pays-Bas furent donc regroupés au sein d’une union personnelle, dirigées par un seul souverain, mais néanmoins les régions gardèrent leurs institutions propres. Philippe le Bon voulu créer un état fort avec une plus grande cohésion. Pour cela, le Grand Conseil des ducs de Bourgogne jouera ce rôle d’institution centralisatrice. Celui-ci est présidé par le chancelier Nicolas Rolin. L’uniformité de la jurisprudence jouera également un rôle important par la possibilité d’introduire un recours contre les jugements des échevinages auprès du Grand Conseil ducal, limitant la portée des jugements des tribunaux urbains.
Pour affermir son pouvoir dans les villes et les régions, il chercha à s’attirer la sympathie des responsables locaux, en distribuant présents ou titres de noblesse. Bruges et Gand résistèrent aux attaques portées contre leur autonomie. La première se souleva en 1436-38 et Gand en 1453. Néanmoins, les deux villes durent se soumettre au souverain, fort de sa domination sur les campagnes voisines.
Sur le plan financier, Philippe le Bon tenta de s’assurer le contrôle des revenus. Il réussit à faire verser une grande partie des revenus des villes et communes au trésor public. Il dota également les diverses régions d’une monnaie commune. Ses tentatives pour lever une taxe sur le sel échouèrent cependant. Le sel constituait à cette époque un moyen de conservation indispensable et grever ce produit d’une taxe aurait assuré à Philippe le Bon une rentrée financière stable. Devant la violence de l’opposition à ce projet il renonça.
En favorisant la prospérité de ses fiefs, il consolide sa puissance et mène sa politique économique en concertation avec les régions. Les 30 dernières années de son règne furent largement favorables aux habitants des anciens Pays-Bas.
Malgré le traité d’Arras, Philippe le Bon réussit à sauvegarder les relations économiques que ses fiefs entretenaient avec l’Angleterre, et conclura quelques accords commerciaux. En 1440, la maison de Bourgogne fut en paix avec ses voisins. La position de Philippe le Bon fut unanimement reconnue. Le titre de roi, consécration de sa politique, lui sera refusé par l’empereur germanique, qui craignait trop la puissance de Philippe pour accéder à sa demande.
Il mourut le 15 juin 1467, son fils Charles le Téméraire lui succéda.