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Matthias Corvin ou Corvin 1er

lundi 14 octobre 2024, par lucien jallamion

Matthias Corvin ou Corvin 1er (1443-1490)

Roi de Hongrie du 23 novembre 1458 au 6 avril 1490

Prince humaniste, diplomate habile et excellent tacticien, il perfectionna les tactiques de cavalerie avec la création des hussards noirs [1], mais, faute de descendance légitime, son empire ne lui survécut pas et fut partagé à sa mort entre la couronne d’Autriche [2] et l’Empire ottoman [3].

Fils cadet de Jean Hunyadi et d’ Erzsébet Szilágyi , une aristocrate hongroise. Jean Corvin, voïvode [4] et gouverneur de Hongrie [5] entre 1446 et 1452, dirigeait dès 1438 quelques territoires de Transylvanie [6]. Il mena plusieurs campagnes militaires avec succès contre l’Empire ottoman en Hongrie.

Mathias a pour précepteurs l’érudit Jean Vitéz ou Jean le Vaillant , évêque de Nagyvárad [7], dont il fera plus tard le primat de Hongrie, l’humaniste polonais Grzegorz de Sanok , et l’Italien Antonio Bonfini , régent de Hongrie jusqu’à sa majorité.

Ils lui enseignent l’allemand, l’italien, le roumain, le latin et les principales langues slaves, de sorte qu’il sert souvent d’interprète à son père lors des ambassades. Son éducation classique explique sa fascination pour les réalisations de la Renaissance italienne, dont il assurera la promotion en Hongrie. Son père veille de près à sa formation militaire et, dès qu’il a l’âge de 12 ans, l’emmène dans ses différentes campagnes. En 1453, il est fait comte de Beszterce [8], et il est armé chevalier lors du siège de Belgrade en 1456 [9].

Le souci de sa succession amène son père à lui choisir une princesse dans la puissante famille des comtes de Cilli : Mathias est marié à Élisabeth de Celje , fille unique d’ Ulric de Cilley et de Catherine Cantacuzène ou Katarina Branković .

À la mort du père de Mathias, une guerre oppose pendant 2 ans les barons de Hongrie à leur suzerain, le roi Habsbourg Ladislas 1er de Bohême . Mathias est envoyé sous un prétexte à Buda [10] où, mêlé à un prétendu complot contre le roi, il est incarcéré et condamné à la décapitation ; seul son jeune âge lui permet d’avoir la vie sauve. Son frère aîné László Hunyadi dit Ladislas Hunyadi , qui a rejoint le parti des prétendants, est lui-même capturé par trahison en 1457 et décapité, tandis que le roi Ladislas meurt en novembre.

Mathias est emmené comme otage par un ami de sa famille, le gouverneur George de Poděbrady, qui rêve de mettre sur le trône de Hongrie un prince du pays. Ce dernier traite son otage avec hospitalité et le fiance à sa fille Catherine, mais le maintient en détention à Prague [11] peut-être pour sa propre sécurité, même lorsqu’une délégation de barons vient lui suggérer de faire sacrer Matthias roi de Hongrie.

De son côté, Mathias joue du prestige de son père et laisse accroire aux barons qu’il ne sera qu’un jouet entre leurs mains. Bien qu’une faction influente de nobles hongrois menée par le comte palatin László Garai et par le voïvode de Transylvanie, Miklós Újlaki dit Nicolas d’Ilok , l’un des juges de László Hunyadi, s’oppose aux Hunyadi en tant que Hongrois de fraîche date, elle ne peut s’opposer à l’armée expérimentée forte de 15 000 hommes de Mihály Szilágyi dit Michel Szilágyi , l’oncle de Mathias.

C’est ainsi que le 20 janvier 1458, Matthias est élu par la Diète : Georges de Poděbrady l’a libéré à la condition qu’il épouse sa fille Catherine. Le 24 janvier 1458, 40 000 Hongrois assemblés sur le Danube [12] pris par les glaces proclament Matthias Hunyadi roi de Hongrie, et le 14 février le jeune roi, il n’a alors que 15 ans, fait son entrée à Buda.

La région est alors menacée : les Ottomans et les Vénitiens [13] pressent le royaume au sud ; les rois Frédéric III de Habsbourg et Casimir IV de Pologne ou Casimir IV Jagellon , qui contestent l’élection, menacent au nord et à l’ouest. Les mercenaires tchèques commandés par Giszkra dit Jan Jiskra qui tiennent les comtés de Moravie [14] font régulièrement des incursions. Les alliés de Matthias ne sont parvenus à traiter avec les potentats locaux qu’en leur promettant que la fille du comte palatin Garai épouserait le souverain, mais Matthias refuse d’épouser quelqu’un de la famille des assassins de son propre frère.

Le 9 février, il respecte la promesse faite à Poděbrady, élu peu après roi de Bohême. Tout au long de l’année 1458, le combat fait rage avec les barons, rejoints par Szilágyi, le propre oncle et tuteur de Matthias qui vient d’être congédié. Mais le jeune souverain dépose le comte Garai puis lève un impôt de guerre sans l’autorisation de la diète, et ainsi met sur pied une armée de mercenaires.

Mathias parvient à s’assurer l’indépendance et le pouvoir aux dépens des barons en s’appuyant sur leurs divisions, et en levant une grande armée de mercenaires, la fekete sereg [15]. Les hussards affrontent avec succès les spahis [16] turcs lors des guerres contre les Ottomans. Le modèle sera copié dans d’autres armées, en premier lieu par les Polonais.

Mathias Corvin reprend aux Ottomans la forteresse de Golubac [17] envahit la Serbie [18], et réaffirme la suzeraineté de la couronne de Hongrie sur la Bosnie [19]. L’année suivante, la rébellion reprend à la faveur du contre couronnement de Frédéric de Habsbourg à Wiener Neustadt [20], organisé par les barons en fuite le 4 mars 1459. Matthias repousse toutefois les armées Habsbourg, et s’assure l’appui du pape Pie II en lui promettant de monter une croisade contre les Ottomans qui ne verra jamais le jour. Le 1er mai 1461, il épouse Catherine Poděbrady .

Les années 1461-1465 ne sont qu’une suite de combats à peine interrompus par des trêves. Réconcilié avec son beau-père Georges Poděbrady, Matthias peut se consacrer à l’affrontement avec Frédéric de Habsbourg : en avril 1462, ce dernier s’assure la couronne de Roi des Romains et la souveraineté sur quelques comtés de Hongrie contre une rançon de 60 000 ducats ; Matthias, qui doit à ce moment faire face à une nouvelle révolte des barons menés cette fois par Victor de Poděbrady , s’est résolu à cet arrangement. En contrepartie, Frédéric III reconnaît Mathias en tant que roi de Hongrie. Mathias se tourne ensuite contre les Ottomans, qui menacent les provinces méridionales : il défait leur général Ali Pacha, et pénètre en Bosnie, s’emparant du nouveau fort de Jajce [21] au prix d’un siège long et difficile en décembre 1463. Il est solennellement sacré roi de Hongrie avec les regalia [22] à son retour le 29 mars 1464. Trois semaines plus tôt, le 8 mars, la reine Catherine est morte en couches à l’âge de 14 ans, avec un enfant mort-né.

Ayant repoussé les cavaliers tchèques hors des comtés du nord, Mathias reprend les combats en Bosnie avec les Ottomans et conquiert cette fois le pays.

Mathias eut temporairement Vlad III Țepeș , le prince de Valachie [23], comme vassal. Malgré les succès de Vlad contre les armées ottomanes, les deux chrétiens se querellent en 1462, amenant Matthias à emprisonner Vlad à Buda.

Toutefois, l’intercession de plusieurs monarques occidentaux en faveur de Vlad III contraint Mathias à assouplir les conditions de détention de son singulier prisonnier. Lorsqu’en 1476 les menaces turques sur la Hongrie se précisent, Vlad Țepeș parvient à reconquérir la Valachie avec l’aide des Hongrois. Malgré les tensions entre les deux princes, l’assassinat de Vlad cette année-là est un coup sévère porté aux intérêts hongrois en Valachie.

Matthias cherche à s’emparer de la Moldavie [24] : passant par Roman [25] qu’il incendie, il menace Suceava [26]. dit Étienne le Grand En 1467, le prince moldave Étienne III dit Étienne le Grand , lassé de la politique impérialiste des Hunyadi dans sa principauté et non oublieux des prises de position passées du roi de Hongrie, se soulève. Étienne occupe Kilia [27], ce qui entraîne une répression des Hongrois, qui se solde par la sévère défaite de Matthias à Baia [28] en décembre. Étienne III le Grand, obtient à titre de réconciliation Küküllővár [29] et Csíkcsicsó [30].

Peu après son sacre, Mathias se tourne vers la Bohême, où règne son beau-père, le roi hussite Georges Poděbrady que le pape Paul II a excommunié en 1465, faisant aux princes voisins un devoir sacré de le déposer. C’est pourquoi le 31 mai 1468, Mathias envahit la Bohême mais, anticipant une alliance contre lui entre Georges et Frédéric III, il conclut prudemment la paix le 27 février 1469. Le 3 mai, les catholiques du pays l’ont pourtant élu roi de Bohême, mais cette situation contrecarrait les vues du pape et de l’empereur, qui préféraient une partition du royaume.

Georges Poděbrady devance les projets de tous ses ennemis en déshéritant de lui-même son propre fils en faveur de Ladislas, le fils aîné de Casimir IV, s’assurant astucieusement l’appui de la Pologne. La mort soudaine de Poděbrady en mars 1471 entraîne de sérieuses complications ; car au moment même où Matthias est en position de tirer parti de la disparition de son plus habile rival, une dangereuse révolte, menée par le primat et le chef des dignitaires de Hongrie le paralyse en 1470/1471, menaçant d’établir Casimir, le fils de Casimir IV, sur le trône.

S’il parvient à mater cette révolte intestine, les Polonais ont dans l’intervalle envahi la Bohême avec une armée forte de 60 000 hommes, et lorsqu’en 1474 Mathias peut se remettre en marche pour lever le siège de Breslau [31], il doit d’abord se retrancher. De sa base d’opération, il harcèle sans répit les soldats polonais pressés de rentrer chez eux, et obtient ainsi la paix à Breslau en février 1475 sur la base d’un accord uti possidetis juris [32], qui sera confirmé par la suite au congrès d’Olomouc [33] en juillet 1479.

Par intermittence, Mathias, attaqué sur ses frontières, combattait les armées du Saint Empire, les réduisant à de telles extrémités que Frédéric concéda un armistice sans conditions. Au terme des derniers pourparlers entre les rois, Matthias reconnaît Ladislas roi de Bohême contre l’hypothèque de la Moravie, de la Silésie et de la Lusace [34], jusque-là apanages du royaume de Bohême, à racheter contre 400 000 florins. De son côté, l’empereur doit lui verser une indemnité de guerre énorme, le reconnaître définitivement comme roi légitime de Hongrie à condition que la couronne revienne aux Habsbourg s’il n’a pas de descendant mâle.

L’oubli de ces promesses par l’empereur pousse Matthias à lui déclarer pour la troisième fois la guerre en 1481. Le roi de Hongrie s’empare bientôt de toutes les forteresses du domaine héréditaire d’Autriche.

Finalement, le 1er juin 1485, à la tête de 8 000 soldats expérimentés, il entre en triomphe dans Vienne [35], qui devient désormais sa capitale. Puis la Styrie [36], la Carinthie [37] et la Carniole [38] tombent l’une après l’autre ; Trieste [39] n’est sauvée que par l’intervention d’un corps expéditionnaire vénitien.

Matthias consolide ses positions par des alliances conclues avec les ennemis de Frédéric III, les ducs de Saxe [40] et les Wittelsbach [41] de Bavière [42], les cantons confédérés de Suisse [43] et l’archevêque de Salzbourg [44], formant ainsi le principal bloc politique en Europe centrale.

C’est à cette époque que la Hongrie connaît sa plus grande extension territoriale : elle s’étend du sud-est de l’Allemagne actuelle à la Dalmatie [45], aux Carpates [46] orientales et à la Silésie.

Le règne de Matthias Corvin marque aussi la reprise des guerres entre la Hongrie et les Ottomans. En 1471, pour protéger les marches sud de son royaume contre les Ottomans, Matthias Corvin avait renouvelé le despotat de Serbie [47] et l’avait confié à Vuk II Branković . Le 13 octobre 1479, ce dernier détruit près de Szászváros [48] une armée ottomane considérable qui se repliait après avoir ravagé la Transylvanie. L’année suivante, Matthias Corvin reprend Jajce, repousse les Ottomans du nord de la Serbie et institue deux nouveaux banats militaires, à Jajce et Srebernik [49], aux marches du territoire bosniaque reconquis.

Cette même année 1480, appelé d’urgence à l’aide par le pape lors du siège d’Otrante [50], il y dépêche son général, Balázs Magyar , qui reprend la forteresse le 10 mai 1481. En 1488, Matthias reprend de même Ancône [51] qui s’est mise sous sa protection, et y poste une garnison hongroise à demeure.

À la mort du sultan Mehmed II en 1481, l’Europe dispose d’une occasion unique pour intervenir dans les affaires turques : une guerre civile oppose en effet les fils du sultan, Bajazet et Djem dit Zizim  ; ce dernier, battu, doit trouver refuge auprès des Hospitaliers [52], qui le gardent détenu en France. Matthias, en tant que prince frontalier des Ottomans, réclame qu’on lui livre cet otage, qui lui permet d’extorquer des concessions de Bajazet.

Mais ni le pape ni les Vénitiens n’acceptent le transfert, et ces négociations avortées assombrissent désormais les relations entre Mathias Corvin et le Saint-Siège. Les derniers jours du roi de Hongrie sont consacrés à la question de la succession : Corvin tâche d’assurer la transmission de sa couronne à son fils illégitime János dit Jean Corvin  ; mais la reine Béatrice, quoique stérile, s’oppose farouchement à cette entreprise et rien n’est encore réglé lorsque Matthias, qui a longtemps souffert de la goutte, meurt soudainement le 6 avril 1490, juste avant Pâques.

Il fut un mécène très généreux pour les artistes italiens comme Galeotto Marzio et plusieurs artistes d’Europe occidentale dont l’astrologue Regiomontanus ont séjourné à sa cour. En 1465, il fonda une université à Bratislava [53], l’Universitas Istropolitana [54], et y attira plusieurs savants et humanistes.

Sa Bibliotheca Corviniana [55] fut la plus grande collection de chroniques et de travaux philosophiques au 15ème siècle. Elle était, à la Renaissance, la plus grande collection de livres d’Europe après celle du Vatican.

Elle comprenait des ouvrages écrits spécifiquement pour lui, ainsi que des copies des textes les plus importants que l’on connaissait à cette époque. Elle reflétait la production littéraire de la Renaissance, ainsi que l’état des connaissances et des arts durant cette période. Elle couvrait tous les domaines : philosophie, théologie, histoire, droit, littérature, géographie, sciences naturelles, médecine, architecture, etc. Son contenu est désormais enregistré au titre du programme international Mémoire du monde.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Marie-Madeleine de Cevins, Mathias Corvin : Un roi pour l’Europe centrale (1458-1490), Paris, Les Indes savantes, 2016, 420 p. (ISBN 9782846544368 et 2846544360).

Notes

[1] L’Armée noire est le nom donné aux diverses forces militaires polyglottes servant sous le roi Matthias 1er de Hongrie. L’ancêtre et le noyau de cette armée de mercenaires apparaît avec son père, le régent Jean Hunyadi, au début des années 1440. L’idée d’entretenir une armée permanente de mercenaires serait venue au prince Matthias en lisant la vie de Jules César. L’Armée noire a joué un rôle décisif dans de nombreuses batailles et a permis, notamment, d’infliger de lourdes défaites à l’armée ottomane en 1463 et 1476. Elle est officiellement dissoute en 1514 par le roi Ladislas Jagellon II.

[2] L’archiduché d’Autriche est un ancien État impérial du Saint-Empire romain germanique. Cet État succède au duché d’Autriche en 1453 ; en tant que noyau de la monarchie de Habsbourg, il existe pendant plus de 350 ans, jusqu’à la dissolution du Saint-Empire romain germanique en 1806. Puis, divisé en deux terres de la Couronne correspondants aux Länder autrichiens actuels de Basse-Autriche et de Haute-Autriche, son territoire fait partie intégrante de l’empire d’Autriche et de la Cisleithanie au sein de l’Autriche-Hongrie. Les archiducs d’Autriche de la maison de Habsbourg résident à la Hofburg dans le centre de Vienne. Par commodité, on se sert parfois de cette expression pour désigner l’ensemble des territoires héréditaires des Habsbourg (Habsburgische Erblande) dominés par l’archiduc autrichien, ce qui inclut alors en plus l’Autriche intérieure (les duchés de Styrie, de Carinthie et de Carniole, ainsi que, plus tard, le comté de Goritz), le comté de Tyrol, les possessions de l’Autriche antérieure et plusieurs autres petits territoires.

[3] L’Empire ottoman connu historiquement en Europe de l’Ouest comme l’Empire turc, la Turquie ottomane6 ou simplement la Turquie, est un empire fondé à la fin du 13ème siècle au nord-ouest de l’Anatolie, dans la commune de Söğüt (actuelle province de Bilecik), par le chef tribal oghouze Osman 1er. Après 1354, les Ottomans entrèrent en Europe, et, avec la conquête des Balkans, le Beylik ottoman se transforma en un empire trans-continental. Après l’avoir encerclé puis réduit à sa capitale et à quelques lambeaux, les Ottomans mirent fin à l’Empire byzantin en 1453 par la conquête de Constantinople sous le règne du sultan Mehmed II. Aux 15ème et 16ème siècles, à son apogée, sous le règne de Soliman Ier le Magnifique, l’Empire ottoman était un empire multinational et multilingue contrôlant une grande partie de l’Europe du Sud-Est, des parties de l’Europe centrale, de l’Asie occidentale, du Caucase, de l’Afrique du Nord, sauf le royaume du Maroc et le Sahara. Au début du 17ème siècle, l’Empire comprenait 32 provinces et de nombreux États vassaux.

[4] Voïvode est un terme d’origine slave, qui désigne au départ le commandant d’une région militaire. En Serbie, la région de Voïvodine porte son nom en souvenir de ce titre, porté par les différents princes serbes qui ont gouverné ce territoire. Malgré son origine slave, il est aussi utilisé en Roumanie, pays de langue romane, et en Hongrie, pays de langue finno-ougrienne

[5] Le royaume de Hongrie est le terme historiographique donné à différentes entités politiques de la Hongrie au Moyen Âge (à partir de 1001), à l’époque moderne et jusqu’à l’époque contemporaine (1946). La date de création du royaume remonte à l’an 1001, lorsque Étienne (István) transforme l’ancienne grande-principauté en royaume chrétien. L’unité du royaume est mise à mal lors de l’occupation ottomane d’une partie du pays en 1526, durant laquelle deux territoires se disputent la continuité royale (la Hongrie royale dominée par l’empire d’Autriche et la Hongrie orientale, prémisse de la principauté de Transylvanie). Le royaume de Hongrie recouvre l’essentiel de son territoire médiéval d’abord en 1848-1849, puis dans le cadre du compromis austro-hongrois signé en 1867 et conserve son régime après le démantèlement du pays en 1920 jusqu’à 1946, sous la forme d’une régence. Entre l’an 1001 et 1946, le royaume de Hongrie a cessé d’exister à trois reprises : en 1849, lors de la Révolution hongroise de 1848, de la République démocratique hongroise de 1918 et de la République des conseils de Hongrie de 1919. Depuis 1946, la Hongrie est une république.

[6] Le territoire de la principauté de Transylvanie a varié dans le temps : son cœur historique correspond à une région située à l’est de la Transylvanie actuelle, dans le centre de la Roumanie. La toponymie laisse penser que différentes ethnies y ont cohabité entre le 3ème et le 10ème siècle. S’y succédèrent des Huns (confédération à dominante turcophone), des Gépides (germanophones), des Avars (autre confédération turcophone), des Slaves (slavonophones), des Bulgares (confédération à composantes iranienne et turque), des Iasses (Alains iranophones). Selon la Gesta Hungarorum, Gelou aurait été le premier dux des Valaques et des Slaves de Transylvanie, vaincu et tué par les Magyars au 10ème siècle en 900 ou 903, et son duché se serait soumis au traité d’Esküllő (aujourd’hui Aşchileu, au nord-ouest de Cluj), mais la fiabilité de cette source est contestée. Quoi qu’il en soit, à partir du 11ème siècle, les Magyars, peuple parlant une langue du groupe finno-ougrien venu du nord de la Mer Noire (pays d’Etelköz) et installés à la place des Avars au centre du bassin danubien, étendent progressivement leur emprise jusqu’aux chaîne des Carpates, y compris sur les montagnes de l’Est (massif du Bihor), puis sur ce qui devient alors la Transylvanie

[7] aujourd’hui Oradea en Roumanie

[8] Bistrița (en hongrois : Beszterce) est une ville de Transylvanie, dans le nord de la Roumanie, et le chef-lieu du județ de Bistrița-Năsăud.

[9] Le siège de Belgrade a eu lieu du 4 juillet au 22 juillet 1456. Après la chute de Constantinople en 1453, le sultan ottoman Mehmed II rassemblait des forces en vue de conquérir le royaume de Hongrie. Son objectif immédiat était de s’emparer de la forteresse de la ville de Belgrade. Jean Hunyadi, un noble hongrois seigneur de la Transylvanie, qui s’était déjà battu pendant deux décennies contre les Ottomans, s’attendait à leur attaque. Le siège de Belgrade se transforma en une bataille majeure, au cours de laquelle Hunyadi conduisit une contre-attaque qui submergea le camp turc, contraignant le sultan Mehmed II, blessé durant l’affrontement, à lever le siège et à battre en retraite.

[10] L’ancienne ville de Buda sur la colline du même nom, forme avec Óbuda et l’ancienne Pest sur l’autre rive du Danube la ville de Budapest.

[11] Prague est la capitale et la plus grande ville de la République tchèque, en Bohême. Située au cœur de l’Europe centrale, à l’ouest du pays, la ville est édifiée sur les rives de la Vltava. Capitale historique du royaume de Bohême, berceau du peuple tchèque, Prague connaît son apogée au 14ème siècle sous le règne du roi de Bohême et empereur germanique Charles IV qui en fait la capitale de l’Empire. Elle est alors un centre culturel et religieux de première importance, où naissent les balbutiements de la réforme protestante lorsque Jan Hus prêche contre les abus de la hiérarchie catholique et le commerce des indulgences. Brièvement redevenue capitale impériale et culturelle au tournant des 16ème et 17ème siècles sous le règne de Rodolphe II, Prague perd progressivement en importance jusqu’à la Renaissance nationale tchèque au 19ème siècle puis la création de la Tchécoslovaquie au lendemain de la Première Guerre mondiale, en 1918, dont elle devient la capitale.

[12] Le Danube est le deuxième fleuve d’Europe par sa longueur (après la Volga qui coule entièrement en Russie). Il prend sa source dans la Forêt-Noire en Allemagne lorsque deux cours d’eau, la Brigach et la Breg, se rencontrent à Donaueschingen où le fleuve prend le nom de Danube. La longueur du Danube dépend du point de départ considéré : 2 852 km pour la confluence de Donaueschingen mais 3 019 km à partir de la source de la Breg. Il coule vers l’est et baigne plusieurs capitales de l’Europe centrale, orientale et méridionale

[13] La république de Venise, parfois surnommée « la Sérénissime », est une ancienne thalassocratie d’Italie, progressivement constituée au Moyen Âge autour de la cité de Venise, et qui s’est développée par l’annexion de territoires divers en Italie du Nord, le long des côtes de la mer Adriatique et en Méditerranée orientale : les « Domini di Terraferma », l’Istrie, la Dalmatie, les bouches de Cattaro, l’Albanie vénitienne, les îles Ioniennes, la Crète, l’Eubée, Chypre et d’autres îles grecques, jusqu’à devenir une des principales puissances économiques européennes.

[14] La Moravie est une région historique d’Europe centrale, ayant jadis englobé l’actuelle Tchéquie et un large territoire autour, mais formant aujourd’hui le tiers oriental de la Tchéquie. Ses villes principales sont Brno et Olomouc. Depuis le premier tiers du 11ème siècle, le margraviat de Moravie forme, avec la Bohême, la région historique de Bohême-Moravie.

[15] cavaliers noirs de Hongrie, dont l’âme est formée des vétérans hussites de Bohême. À l’origine corps de cavalerie légère créé en 1458 pour combattre les Turcs ottomans, ces hussards tirent leur nom du mot hongrois húsz qui signifie vingt : en effet, dans le royaume de Hongrie, dès le Moyen Âge, chaque village devait fournir au souverain des cavaliers montés équipés et armés au nombre de un pour vingt hommes valides, d’où le nom de houzard devenu par la suite hussard

[16] Spahi : mot d’origine turque. A l’origine, les sibahis sont des cavaliers fournis par les tribus inféodées à l’Empire ottoman qui viennent renforcer les effectifs de Mamelouks (troupes régulières) lorsque l’ampleur des opérations le nécessite.

[17] La forteresse de Golubac est une ville médiévale fortifiée située sur la rive droite du Danube, à quatre kilomètres en aval de la ville actuelle de Golubac, en Serbie. La forteresse aurait été construite au 14ème siècle et surveillait l’approche des Portes de Fer, ces défilés où le Danube s’engouffre entre les Carpates (rive gauche, nord) et les Balkans (rive droite, sud). Les bases de l’édifice sont aujourd’hui immergées, le niveau du Danube ayant significativement monté, à la suite de la construction du barrage aux Portes de Fer achevé en 1972.

[18] La Serbie est frontalière de la Roumanie à l’est-nord-est, de la Bulgarie au sud-est, de la Macédoine du Nord au sud-sud-est, du Kosovo au sud, du Monténégro au sud-ouest, de la Bosnie-Herzégovine à l’ouest, de la Croatie au nord-ouest et de la Hongrie au nord-nord-ouest. Sa capitale est Belgrade. Les populations slaves, dont les Serbes, s’installèrent au début du 7ème siècle dans la région des Balkans. Auparavant, la population était constituée d’Illyriens (Albanais aujourd’hui), de Grecs Macédoniens et Thraces, et de petites ethnies montagnardes. Au Moyen Âge, un puissant État serbe se constitua progressivement, qui atteignit son apogée au 14ème siècle

[19] La Bosnie est une région qui historiquement et géographiquement comprend la partie nord de l’actuel État de Bosnie-Herzégovine. Elle se situe dans les Alpes dinariques, jusqu’à la limite méridionale de la plaine de Pannonie, les rivières Save et Drina marquant ses frontières nord et est. La superficie approximative de la Bosnie est d’environ 41 000 km², soit environ 80 % du territoire de l’actuel État de Bosnie-Herzégovine. Officiellement, il n’existe pas de frontière politique ou géographique avec la région méridionale de l’Herzégovine, bien que le sujet soit régulièrement débattu. Les deux régions ont formé depuis le Moyen Âge une entité géopolitique commune, et le terme « Bosnie » est souvent utilisé à tort pour désigner l’État complet (Bosnie et Herzégovine), et donc aussi la région de l’Herzégovine.

[20] Wiener Neustadt (nouvelle ville viennoise) est une ville autrichienne de Basse-Autriche, la deuxième par la population de ce Land. La ville statutaire, siège administratif du district de Wiener Neustadt-Land, se situe à environ 50 km au sud de Vienne.

[21] La ville de Jajce, construite au 14ème siècle, a été la capitale du Royaume de Bosnie. De cette période, Jajce garde des portes et des fortifications, ainsi qu’une forteresse. Les Ottomans s’emparent du Royaume de Bosnie en 1463. Jajce est reprise en 1464 par le roi de Hongrie Matthias 1er. Dans les années suivantes la reine Katarina Kosača-Kotromanić restaure l’église Saint Luc, qui est aujourd’hui l’église la plus ancienne de la ville. En 1527, Jajce est la dernière ville de Bosnie à tomber entre les mains des Ottomans.

[22] Les regalia ou régalia sont un ensemble d’objets symboliques de royauté. Chaque royauté a ses propres regalia qui ont une histoire souvent légendaire. Ils sont conservés précieusement comme des trésors et se constituent par ajouts successifs.

[23] La principauté de Valachie est un État européen historique. La Valachie est, avec la Moldavie et la Transylvanie, l’une des trois principautés médiévales à population roumanophone ; avec la Moldavie, elle est l’une des deux « principautés danubiennes » et, par son union avec la Moldavie en 1859, elle est à l’origine de la Roumanie. La Valachie était divisée en județe (comtés) et gouvernée par un voïvode (plus tard hospodar) élu par l’assemblée des boyards, assisté d’un Sfat domnesc (conseil princier). Elle avait une législation (Pravila), une armée (Oastea), une flotte sur le Danube (Bolozanele) et un corps diplomatique (Logofeții) : ce n’était donc pas, comme le représentent de façon inexacte la plupart des ouvrages historiques modernes, une province turque, mais une principauté d’abord indépendante, ensuite autonome, et seulement tributaire du sultan ottoman de Constantinople (à partir de 1460, mais avec des interruptions). La principauté de Valachie a eu successivement trois capitales : Curtea de Argeș, Târgoviște et Bucarest.

[24] La Moldavie, est un pays d’Europe orientale, enclavé entre la Roumanie et l’Ukraine, englobant des parties des régions historiques de Bessarabie et de Podolie méridionale (dite Transnistrie). Sa capitale est Chișinău. La partie de l’actuel territoire moldave située sur la rive droite du Dniestr a fait partie de la principauté de Moldavie (tributaire de l’Empire ottoman à partir de 1538), du 14ème siècle à 1812, date à laquelle elle fut cédée à l’Empire russe.

[25] Roman est une ville roumaine du județ de Neamț, en Moldavie. Roman est située dans la plaine moldave, sur la rive gauche de la Moldova, à quelques kilomètres de son confluent avec le Siret, à 46 km à l’est de Piatra Neamț, le chef-lieu du județ, à 42 km au nord de Bacău et à 86 km au sud-ouest de Iași.

[26] Suceava est une ville du nord-est de la Roumanie, chef-lieu et la plus grande ville du județ de Suceava, dans les régions historiques de Bucovine et Moldavie occidentale. À la fin du Moyen Âge, c’est-à-dire entre 1388 et 1564 (ou de la fin du 14ème à la fin du 16ème siècle), cette ville de taille moyenne était la capitale de la Principauté de Moldavie. La ville est également connue pour sa forteresse médiévale qui est une attraction touristique locale et nationale renommée.

[27] Chilia Veche est une bourgade, peuplée de Roumains et de Lipovènes, située en Roumanie, dans le département de Tulcea, en Dobrogée, dans le delta du Danube, sur le bras de Chilia.

[28] La bataille de Baia qui se déroula le 15 décembre 1467, fut une bataille importante dans l’histoire de la Moldavie. La bataille opposa le voïvode de Moldavie Étienne III le Grand au roi de Hongrie, Mathias 1er Corvin. L’enjeu de la bataille fut le port-forteresse danubien de Chilia Nouă (« nouvelle Chilia »), concédé à la Hongrie par le voïvode de Moldavie Petru Aron. Son successeur Étienne III le Grand est confronté à l’Empire ottoman qui avait conquis et détruit Chilia Veche (« ancienne Chilia ») en 1422. Étienne a besoin du port et de la forteresse : il révoque les privilèges de la Hongrie dans les ports de Chilia, et de Cetatea Albă en 1465, ce qui mène Mathias 1er Corvin à confisquer les domaines d’Étienne le Grand en Transylvanie (citadelles de Balta et Ciceu près de Dej) et à envahir la Moldavie le 19 novembre 1467. Mathias 1er Corvin incendie Roman et menace la capitale moldave Suceava, puis entre dans Baia, d’où il se fait chasser par Étienne dans la nuit du 14 au 15 décembre. Les Hongrois subirent d’énormes pertes et la ville est en partie brûlée. Mathias Corvin lui-même fut blessé par trois flèches. Les estimations au début de la bataille étaient de 40 000 hommes pour les Hongrois, et de 30 000 du côté moldave. La situation reste indécise, mais la menace ottomane détermine les deux monarques à se réconcilier : Étienne récupère ses domaines de Transylvanie et Mathias ses privilèges dans les ports moldaves.

[29] Cetatea de Baltă est une commune située au point le plus à l’est du județ d’Alba, dans la région de Transylvanie en Roumanie. Cette localité tire ses noms hongrois et allemand de la rivière Târnava. Son nom roumain signifie le château fort de l’étang. La commune se trouve dans une région viticole réputée.

[30] Ciceu est une commune roumaine du județ de Harghita, dans le Pays sicule (région ethno-culturelle et linguistique), dans la région historique de Transylvanie.

[31] Wrocław anciennement Breslau est la troisième ville de Pologne par sa population, la cinquième par sa superficie, et l’une des plus anciennement fondées (vers le 9/10ème siècle). Aujourd’hui chef-lieu de la voïvodie de Basse-Silésie. Située au sud-ouest de la Pologne, au sud des « monts des Chats » et au nord des Sudètes, la ville est traversée par le fleuve Oder, qui se divise ici en plusieurs bras, et quatre de ses affluents : la Bystrzyca, l’Oława, la Ślęza et la Widawa. Elle se situe à 140 km de l’Allemagne et à 70 km de la Tchéquie. Au cours de son histoire millénaire, Wrocław, après avoir appartenu au royaume médiéval polonais des Piast, a fait partie du royaume de Bohême au sein du Saint-Empire romain germanique.

[32] Uti possidetis juris est une expression juridique, faisant référence à la maxime uti possidetis, ita possideatis, qui signifie de la façon dont vous possédez [une chose, un territoire, ...], que vous possédiez ainsi [cette chose, à l’avenir] » en latin. C’est un principe provenant du droit romain et visant à aplanir un conflit et/ou à éteindre des revendications en entérinant de jure une situation de facto (généralement ancienne). En droit international, il est aussi appelé principe de l’intangibilité des frontières, par lequel des États nouvellement indépendants ou bien les belligérants d’un conflit conservent leurs possessions pour l’avenir ou à la fin dudit conflit, nonobstant les conditions de traités antérieurs. La Cour internationale de justice dans l’arrêt Burkina Faso/République du Mali le définit ainsi : Le principe de l’intangibilité des frontières vise avant tout à assurer le respect des limites territoriales d’un État au moment de son indépendance. Si ces limites n’étaient que des limites entre divisions administratives relevant initialement de la même souveraineté, l’application du principe uti possidetis emporte leur transposition en frontières internationales proprement dites.

[33] Olomouc est une capitale régionale au centre de la Moravie, en République tchèque. Située sur les rives de la Morava, Olomouc est, avec Brno, le centre historique, politique, religieux et universitaire de la Moravie.

[34] La Lusace est une région du nord-est de l’Allemagne, aux confins de la Pologne (Silésie) et de la République tchèque (Bohême), à l’est de la Saxe et au sud du Brandebourg. On distingue deux parties : Haute Lusace et Basse Lusace. La Lusace est toujours habitée par la minorité slave des Sorabes dont les ancêtres, le peuple des Milceni s’installèrent sur ce territoire au 9ème siècle. La Lusace fut province hongroise de 1469 à 1490.

[35] Vienne est la capitale et la plus grande ville de l’Autriche ; elle est aussi l’un des neuf Länder (État fédéré) du pays. La ville est située dans l’est du pays et traversée par le Danube (Donau). Capitale du duché puis archiduché d’Autriche, elle fut de fait celle du monde germanique durant le règne de la maison de Habsbourg (devenue en 1745 la maison de Habsbourg-Lorraine) sur le Saint-Empire romain germaniquepuis présida la Confédération germanique de 1815 à 1866. Elle fut en même temps celle de l’empire d’Autriche de 1804 à 1867 puis de l’Autriche-Hongrie de 1867 à 1918.

[36] En 1180, la Styrie, qui était jusqu’alors une partie du duché de Carinthie, devient elle-même un duché. En 1192, entre en application le traité de Georgenberg, conclu en 1186, selon lequel la Styrie était devenue une partie de l’Autriche. En raison des divisions des héritiers Habsbourg, la Styrie devient la partie centrale de l’Autriche Intérieure.

[37] La Carinthie est limitrophe à l’ouest du Tyrol oriental, au nord et nord-est du Land de Salzbourg, de la Styrie, au sud de la province frontalière de Carinthie sur le territoire de la Slovénie, et de l’Italie (région italienne de Frioul-Vénétie julienne).

[38] La marche de Carniole ou margraviat de Carniole était une marche dans le sud-est du Saint Empire romain. Soumis au pouvoir des ducs de Carinthie au début, un margraviat autonome en Carniole fut établi en 1040. Il a existé jusqu’à son élévation en duché sous le règne des Habsbourg en 1364.

[39] Trieste est une ville italienne située au pied des Alpes dinariques sur la mer Adriatique au bord du golfe de Trieste et de la baie de Muggia, à proximité de la frontière italo-slovène. C’est le chef-lieu de la région autonome du Frioul-Vénétie Julienne et de l’organisme de décentralisation régionale de Trieste. Géographiquement, elle est parfois considérée comme la « dernière ville du Nord-Est » de l’Italie, ou comme la « ville de l’extrême Sud » de l’Europe centrale ou bien comme la « première ville » de la nouvelle Europe élargie à l’Est. L’histoire complexe et prestigieuse de Trieste, qui fut longtemps le principal débouché méditerranéen du Saint-Empire romain germanique puis le seul débouché maritime de l’empire austro-hongrois avant son rattachement à l’Italie, et sa position au carrefour des trois mondes latin/italien, germanique/autrichien et slave/slovène, ont forgé ici une culture et des traditions très particulières par rapport au reste de l’Italie. Toute la ville porte la trace d’avoir été un des poumons portuaires de l’Europe (les larges avenues rectilignes, les immeubles cossus, etc.) et de ce mélange d’influences avec une superposition des styles baroque, empire, néoclassique, Art nouveau. Malgré la grandeur perdue de la ville, les ressources de cette dernière sont toujours avant tout issues des activités du port international, rival de celui de Venise, et des activités qui y sont liées : chantiers navals, sidérurgie, raffineries de pétrole.

[40] Le duché de Saxe était un duché médiéval couvrant la plus grande partie du nord de l’Allemagne. Il s’étendait sur les états allemands contemporains de Basse-Saxe, Rhénanie-du-Nord-Westphale, Schleswig-Holstein, Saxe-Anhalt et des parties de la Saxe. Le duc Henri le Lion occupa la région déserte de Mecklembourg Poméranie occidentale. Les Anglo-Saxons avaient quitté cette dernière zone pour l’Angleterre.

[41] La Maison de Wittelsbach est une famille souveraine d’Allemagne occidentale, l’une des plus anciennes et des plus puissantes du Saint Empire romain germanique. Elle a régné en particulier sur la Bavière et sur le Palatinat, et a donné des souverains au Saint Empire, à la Suède et à la Grèce.

[42] Le duché de Bavière est une ancienne principauté allemande qui fut membre du Saint-Empire romain germanique puis rattaché à l’Électorat de Bavière. Sa capitale était la ville de Munich. Vers l’an 600, le territoire de l’actuel État libre de Bavière était occupé par trois tribus : les Baiern, qui ont donné leur nom au pays (Bavière se dit Bayern en allemand), les Francs et les Suèves. Tandis que l’actuelle Bavière du Nord tombait sous la souveraineté des Francs, les Alamans et les Bavarois formaient, au sud, des territoires souverains séparés par la rivière Lech. À ses débuts, le duché de Bavière s’étendait loin vers l’est et le sud, jusqu’à la Carinthie actuelle, en Basse-Autriche et en Haute-Italie. Mais le cœur du pays se situait sur le Danube. Aux 10ème et 12ème siècles, ces territoires ont donné naissance aux duchés de Bavière, de Carinthie et d’Autriche. Le principal siège ducal était Ratisbonne.

[43] La Confédération des VIII cantons désigne l’une des étapes de formation de l’ancienne Confédération suisse, la période entre 1332 et le 22 décembre 1481, venant après la Confédération des III cantons et avant la confédération des XIII cantons (avec l’entrée dans la confédération de Soleure et de Fribourg). Partant de la signature du pacte de Brunnen entre les trois cantons d’Uri, Schwyz et Unterwald qui forment la confédération des III cantons, un véritable réseau d’alliances défensives va naître en l’espace de quarante ans, tout d’abord avec Lucerne en 1332 et Zurich en 1351. La ville de Zoug puis la vallée de Glaris concluent à leur tour une alliance en 1352, bien que cette dernière n’ait pas un statut d’égalité avec les autres membres. Toutefois, quelques semaines après avoir signé ces accords, les confédérés doivent rendre ces deux territoires aux Habsbourg et ne les récupèrent finalement qu’en 1365 pour Zoug et 1388 pour Glaris. En 1353, c’est au tour de Berne de signer une alliance qui a également pour but d’empêcher toute revendication obwaldienne sur l’Oberland bernois, arrière-pays rural et sujet de la ville. Ayant réglé leurs différends avec les Habsbourg, les cantons suisses tentent, pendant l’ensemble du XVe siècle, de s’agrandir par tous les moyens : financiers en achetant certains territoires ou en récupérant d’autres grevés d’hypothèques, militaires en envahissant ou annexant des terres à leurs frontières ou encore diplomatiques en aidant et conseillant les protagonistes de la guerre d’Appenzell. Ces manœuvres s’accompagnent de tensions internes, en particulier entre Schwyz et Zurich sur la question de la propriété du Toggenbourg qui débouchent en 1444 sur une guerre civile appelée l’ancienne guerre de Zurich qui verra la mise au ban de la Confédération de Zurich pour quelques années. En 1475, Berne, Fribourg et Soleure envahissent le pays de Vaud, alors territoire de Jacques de Savoie, allié de Charles le Téméraire, marquant ainsi le début des guerres de Bourgogne. En attendant le renfort des troupes bourguignonnes, la contre-attaque savoyarde est menée par Humbert de Cerjat, seigneur de Combremont, de Denezy et de la Molière, gouverneur militaire du Pays de Vaud. Malgré leur repli initial, les Suisses l’emportent contre Charles le Téméraire successivement lors des batailles de Grandson, Morat, puis Nancy où le duc trouve la mort. Ces victoires vont faire la réputation des soldats suisses et permettre la signature de traités confirmant l’indépendance de la Confédération.

[44] Salzbourg et la capitale du Land de Salzbourg. Située à la frontière allemande, la ville est célèbre pour avoir vu naître Mozart. Elle tient son nom de la rivière qui l’arrose, la Salzach, et du château (Burg) qui la domine. Au 17ème siècle, la ville se « baroquise », notamment sous les princes-archevêques Wolf Dietrich von Raitenau, Markus Sittikus von Hohenems et Paris von Lodron. Le 31 octobre 1731 les protestants sont expulsés de la ville

[45] La Dalmatie est une région littorale de la Croatie, le long de la mer Adriatique, qui va de l’île de Pag, au nord-ouest, à Dubrovnik et la baie de Kotor au Monténégro au sud-est.

[46] Les Carpates (constituent la partie orientale de l’ensemble montagneux situé au centre de l’Europe, dont les Alpes constituent la partie occidentale. Les Carpates et les Alpes partagent les mêmes origines tectoniques et géologiques. Les Carpates s’étendent d’ouest en est sur les territoires de l’Autriche, de la Tchéquie, de la Hongrie, de la Slovaquie, de la Pologne, de la Serbie, de la Roumanie et de l’Ukraine. Principale chaîne de montagnes de l’Europe centrale, les Carpates culminent à 2 654 m au mont Gerlachovský en Slovaquie, à 2 544 m au mont Moldoveanu en Roumanie et à 2 499 m au mont Rysy en Pologne.

[47] Des principautés Serbes existeront encore jusqu’au 15ème siècle de façon indépendante avant de tomber sous le joug ottoman.

[48] Orăștie (en hongrois Szászváros) est une ville située dans le județ de Hunedoara, Transylvanie, Roumanie.

[49] Srebrenik est une ville et une municipalité de Bosnie-Herzégovine située dans le canton de Tuzla et dans la Fédération de Bosnie-et-Herzégovine.

[50] royaume de Naples

[51] Ancône est une capitale des Marches et chef-lieu de la province d’Ancône en Italie. Ancienne ville fortifiée d’Italie centrale au riche passé gréco-romain et religieux médiéval, Ancône est une ville d’art et une station balnéaire et possède un port très actif sur la mer Adriatique.

[52] L’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, généralement connu, dès le 12ème siècle, sous le nom de Ordo Hospitalis Sancti Johannis Hierosolymitani, est un ordre religieux catholique hospitalier et militaire qui a existé de l’époque des Croisades jusqu’au début du 19ème siècle. Son origine remonterait à la fin du 11ème siècle dans l’établissement des marchands amalfitains à Jérusalem et la création d’hôpitaux, d’abord à Jérusalem, puis en Terre sainte, d’où leur nom d’« Hospitaliers ». À la suite de donations, ils vont posséder des établissements, prieurés et commanderies dans toute l’Europe catholique. À l’instar des Templiers, il assume rapidement une fonction militaire pour défendre les pèlerins qu’il accueille sur les chemins de Jérusalem, puis pour combattre les Sarrasins aux côtés des Francs de Terre sainte. Après l’expulsion des Croisés de Terre sainte en 1291, l’Ordre s’installe à Chypre avant de conquérir l’île de Rhodes en 1310 et de devenir une puissance maritime pour continuer à être le rempart de la chrétienté contre les Sarrasins. À la suite de la disparition de l’ordre du Temple en 1314, les Hospitaliers reçoivent les biens des Templiers, ce qui fait d’eux l’ordre le plus puissant de la chrétienté. Expulsé de Rhodes en 1523 par la conquête turque, l’Ordre s’installe à Malte en 1530, dont il est considéré comme le souverain, par décision de Charles Quint.

[53] Bratislava est la principale ville et la capitale de la Slovaquie. Située dans le Sud-Ouest du pays, à proximité des frontières avec l’Autriche, la Hongrie et la Tchéquie d’une part et de la capitale autrichienne, Vienne, d’autre part. Traversée par le Danube. L’extrémité occidentale des Carpates se trouve sur le territoire de la ville (Malé Karpaty, « Petites Carpates »). Bratislava est le siège de la présidence, du parlement et du gouvernement slovaques, ainsi que de plusieurs universités, de nombreux musées, théâtres et autres institutions culturelles dont une célèbre philharmonie. Outre les Slovaques, la ville a aussi été habitée par d’autres communautés (Autrichiens, Hongrois, Juifs…)

[54] L’Universitas Istropolitana (ou Academia Istropolitana) fut fondée en 1465 par un acte du pape Paul II dans la ville de Pozsony (aujourd’hui Bratislava), dans le royaume de Hongrie, à l’initiative du roi Matthias Corvin et de Jean Vitéz, archevêque d’Esztergom et chancelier du royaume. L’activité commença vraiment en 1467. Il y eut auparavant un collège universitaire à Veszprém au temps du roi Béla IV, mais il fut détruit en 1276 par les troupes de Péter Csák. En 1367, une université fut fondée à Pécs par le pape Urbain V à l’initiative du roi Louis 1er sur le modèle de l’Université de Vienne fondée 2 ans plus tôt, mais elle se réduisit rapidement à deux écoles indépendantes, une d’arts libéraux et une de droit canon. En 1395, le roi Sigismond créa une université à Óbuda, mais elle ne dura qu’une vingtaine d’années. En 1465, l’Istropolitana était donc la seule université du royaume. Le but de la fondation était de former des hommes compétents pour l’administration de l’État sans dépendre des universités étrangères, mais aussi de renforcer l’Église hongroise contre la propagande hussite. L’université était fondée délibérément à proximité de ses grandes concurrentes étrangères. Elle fut conçue par ses promoteurs suivant l’idéal de l’humanisme : méthodes d’enseignement, importance de l’élément laïc, intérêt pour les sciences naturelles, influence de la devotio moderna.

[55] La Bibliotheca Corviniana fut une des plus importantes bibliothèques de la Renaissance, fondée par Matthias Corvin, roi de Hongrie de 1458 à 1490. Avant le règne de Matthias Corvin, l’humanisme fut introduit en Hongrie par le précepteur et tuteur de celui-ci, l’évêque Jean Vitéz, qui fonda dans ses sièges épiscopaux successifs (Nagyvárad à partir de 1445, puis Esztergom en 1465) une académie et une bibliothèque dont hérita le jeune roi en 1472. Le roi enrichit lui-même considérablement la collection, surtout à partir de 1476, quand fut placé à la tête de la bibliothèque l’Italien Taddeo Ugoleto, et particulièrement entre 1485 et 1490, quand le roi Matthias se fut emparé de Vienne. À sa mort en 1490, la bibliothèque comprenait plus de 2 000 codex - appelés corvina - contenant 4 000 à 5 000 œuvres, dont beaucoup de classiques grecs et latins (et aussi Dante ou Pétrarque, et des recueils de textes religieux), généralement importés d’Italie. La Bibliotheca Corviniana était ainsi devenue la seconde bibliothèque d’Europe après la Vaticane. Elle suscitait l’admiration des contemporains et provoqué l’émulation de plusieurs autres princes, dont Laurent le Magnifique.