Né le 18 octobre 1405 à Corsignano [1] et formé à Sienne et à Florence, alors foyers d’humanisme, il commence très jeune sa carrière dans le domaine diplomatique. Il participe au concile de Bâle [2] où il assume une charge prééminente comme orateur et secrétaire.
Quand le pape Eugène IV transfère le concile à Ferrare, en 1438, Enea reste à Bâle avec les dissidents. Il fait partie de la délégation qui porte à Amédée VIII de Savoie l’annonce de sa nomination au pontificat. Devenu l’antipape Félix V, celui-ci le nomme son secrétaire.
Couronné poète en 1442 par l’empereur Frédéric III, pour son œuvre poétique et romanesque, il devient secrétaire de cet empereur qui l’utilise comme ambassadeur.
En 1445, au cours d’une mission, il choisit de se rallier au pape légitime de Rome, Eugène IV, et abjure devant lui ses erreurs. Il est nommé en 1446 secrétaire apostolique du pape. Il joue un rôle majeur dans le ralliement de l’Allemagne, qui jusque là était restée neutre, à Eugène IV.
Il est ordonné prêtre le 4 mars 1447 et nommé évêque de Trieste le 19 avril 1447, puis de Sienne le 23 septembre 1450.
Il est envoyé comme nonce en Autriche et en Bohême par le pape Nicolas V. Pendant son séjour en Autriche, il écrit pour le jeune roi de Hongrie et de Bohême Ladislas un traité de l’éducation des enfants :“Tractatus de liberorum educatione ad Ladislaum Ungariae et Boliemiae regem.”
Créé cardinal le 17 décembre 1456 par le pape Calixte III, il est nommé évêque de Varmie [3] le 12 août 1457. Il est élu pape le 19 août 1458, sous le nom de Pie II, et couronné le 3 septembre à la basilique Saint-Pierre de Rome.
Comme son prédécesseur, Pie II consacre toute son activité de pontife à la préparation de la croisade contre les Turcs, qui venaient de s’emparer de Constantinople en 1453 et menaçaient la chrétienté. Il crée un ordre de chevaliers appelé l’Ordre de Jésus, institué à Rome en 1459 pour organiser avec leur concours une croisade populaire.
Il réunit un congrès à Mantoue* (Lombardie) du 1er juin 1459 au 14 janvier 1460, où il convoque tous les princes. Mais le succès est mitigé.
Le 18 janvier 1460, à Mantoue, il publie la bulle “Execrabilis” qui interdit les appels au concile et condamne le conciliarisme [4], comme doctrine de la supériorité du concile sur le pape. À son retour à Rome, il réprime une conjuration qui s’était dressée contre le pouvoir temporel des papes. Exécution de Tiburzio et des principaux meneurs, le 31 octobre 1460.
En 1461, il écrit une Lettre à Mehmet II le Conquérant ottoman qui avait pris Constantinople en 1453 lui promettant de le reconnaître comme nouvel Empereur d’Orient s’il se convertissait au catholicisme et protégeait l’Église. Cette lettre, très controversée, n’a jamais été envoyée.
Il canonise Catherine de Sienne le 29 juin 1461 au milieu de grandes festivités. Cette même année 1461, Giovanni di Castro découvre les gisements d’alun de La Tolfa [5]]], sur le territoire pontifical, qui procurent au Saint-siège d’importants revenus.
Le 12 avril 1462, réception solennelle à Rome du chef [6] de saint André, enlevé à Patras [7] par le despote de Morée [8], Thomas Paléologue . Le pape promet à cette occasion que la précieuse relique sera rendue à son siège « quand Dieu le voudra ». Cette promesse est réalisée par le pape Paul VI .
Lele 7 octobre 1462, dans la lettre “Rubicensem”, adressée à l’évêque de Guinée portugaise, il qualifie l’esclavage des Noirs de grand crime.
En 1462, il élève son village natal de Corsignano au rang de ville et de résidence épiscopale, sous le nouveau nom de « Pienza », dérivé de Pius. Il avait entrepris un vaste programme confié à l’architecte Bernardo Rossellino , destiné à faire de Pienza une cité idéale de la Renaissance.
Profitant d’une période favorable de paix entre les États d’Europe, le 22 octobre 1463, il déclare la guerre aux Ottomans.
Le 18 juin 1464, il se dirige vers Ancône [9], sur l’Adriatique, où il attend les Vénitiens et le duc Philippe de Bourgogne, pour conduire la guerre contre les Turcs.
Pie II meurt d’épuisement le 14 août, et l’entreprise est abandonnée. Son corps est inhumé à Rome dans l’église Sant’Andrea della Valle [10].