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Barbatio ou Barbation

samedi 2 mars 2024, par lucien jallamion

Barbatio ou Barbation (mort en 359)

Général romain ayant servi durant le règne de Constance II

Empire romain au 4ème siècleBarbatio commande les protecteurs domestiques [1] du César Gallus avant de trahir celui-ci lors de sa chute en 354. Son intervention durant ces événements lui vaut d’être promu au grade de maître de l’infanterie [2]. Il commande par la suite l’armée romaine aux cours de campagnes contre les Juthunges [3] après l’assassinat de Sylvain , consécutive à sa tentative alémanique dans la région au nord des rivières du Danube et de l’Altmühl dans l’Etat moderne de Bavière. Les Juthunges envahirent l’Italie en 259 et 260, mais ils furent défaits sur leurs arrières près d’Augsbourg le 24 et 25 avril 260 par Marcus Simplicinius Genialis. À ce moment l’Empire romain perdit l’espace des limes dans cette région. Entre 356 et 358 les Juthunges et les Alamans envahirent la province de Rhétie et détruisirent Ratisbonne. Une seconde invasion de la Rhétie en 383 fut repoussée par une armée d’Alains et de Huns. Entre 429 et 431 le général romain Aetius combattit aussi les Juthunges en Rhétie. entre 356 et 358 et contre les Alamans [4] en 357.

Barbatio est lui-même victime d’un complot en 359 qui entraîne sa condamnation à mort ainsi que celle de son épouse.


Barbatio apparaît pour la première fois sous la plume d’Ammien Marcellin comme commandant des protecteurs domestiques du César Gallus, cousin de l’empereur Constance II et membre comme lui de la famille des Constantiniens [5]. Ce dernier est chargé de défendre la frontière orientale contre les Perses sassanides [6], qui menacent la sécurité de l’Empire.

Constance était un empereur soupçonneux, vivant dans la crainte continuelle d’une usurpation. Il se méfie de Gallus, dont presque toute la famille a été assassinée après la mort de l’empereur Constantin 1er afin d’écarter de potentiels prétendants au trône, le César n’ayant été épargné avec son demi-frère Julien qu’en raison de son jeune âge. En 354, poussé par ses courtisans, le maître de cavalerie Arbitio et le grand chambellan [7] Eusèbe , Constance convoque Gallus à Mediolanum [8], où il a installé sa cour.

Parvenu à Pétovio [9], au sud de Vienne [10], Gallus est arrêté par Barbatio et dépouillé de ses ornements impériaux. Barbatio lui assure qu’il ne risque rien en se réclamant d’une promesse faite par Constance.


Contrairement à ces assurances, Gallus est emmené en détention à Pola [11] en Istrie [12], où le César Crispus, fils de Constantin, avait été exécuté en 326 à la suite de l’affaire Fausta. Gallus est jugé et condamné à mort. Son visage est mutilé après son exécution.

Après la mort de Gallus, Barbatio connaît une forte ascension. En 355, il est nommé au grade suprême de maître de l’infanterie à la place de Sylvain, général tombé en disgrâce à la suite des intrigues de son rival, le maître de cavalerie Arbitio, et assassiné en Gaule après qu’il se fut proclamé empereur pour échapper à sa condamnation à mort.


La tribu germanique des Juthunges lancent en 356 une série de raids dans la province de Rhétie [13] et assiègent plusieurs villes. Barbatio est envoyé pour repousser les envahisseurs avec des forces considérables. Ammien dit de lui dans cette campagne qu’il manquait de courage pour l’action, mais qu’il sut trouver les mots pour encourager ses troupes. La campagne est victorieuse et seule une poignée de barbares à peine s’en échappa. Le praepositus Nevitta, servant sous les ordres de Barbatio, s’illustre dans les combats à la tête de son escadron de cavalerie.


Peu de temps après la mort de Gallus, Constance convoque Julien, le demi-frère du défunt, à la cour impériale à Mediolanum. Il épouseHélène, la sœur de l’empereur, et est promu au rang de César. Malgré cette élévation, la méfiance habituelle de Constance n’a pas diminué. Bien que Julien n’ait aucune expérience militaire, il est rapidement envoyé avec une petite escorte pour réorganiser l’armée en Gaule, attaquée par des tribus germaniques. Il est encadré par des hommes de confiance de Constance, à l’image des généraux Barbatio et Marcellus, du préfet du prétoire [14] de la Gaule Flavius Florentius et du questeur [15] Secundus Salutius.

En 357, la deuxième année de Julien comme César, des plans sont élaborés pour une offensive contre les Alamans, la plus dangereuse des tribus ennemies. Il est prévu que deux armées, la première commandée par Julien et la seconde par Barbatio, avanceront de deux côtés avant de se rejoindre pour former une tenaille.

Julien marche ensuite de son camp de Sens [16] vers Reims, tandis que Barbatio se dirige vers le nord avec 25 000 soldats d’Italie en Rhétie. Pendant que ces mouvements sont en cours, une autre tribu allemande, les Lètes [17], passe entre les deux armées et attaque Lyon. Julien envoie 3 escadrons de cavalerie d’élite pour les intercepter, attaquant et tuant un grand nombre d’entre eux alors qu’ils revenaient du raid chargés de butin. Les survivants fuient en longeant le camp de Barbatio sans être attaqués. Le commandant présente ses excuses auprès de l’empereur en accusant les autres officiers de la campagne de négligence.

Plus tard encore, Julien demande à Barbatio de lui fournir 7 bateaux pour former un pont flottant sur le Rhin afin de poursuivre une autre tribu ennemie. Barbatio fait brûler les bateaux. Les fournitures destinées à l’armée de Julien sont également détruites. Finalement, le mouvement de tenaille prévu est contrecarré lorsque Barbatio, selon les mots d’Ammien, comme s’il eût fait la campagne la plus heureuse, distribua tranquillement ses troupes dans les cantonnements, et revint à la cour préparer comme à l’ordinaire quelque accusation contre Julien.

Le départ de Barbatio et de ses troupes placent Julien dans une situation vulnérable, mais contre toute attente, le César remporte une victoire décisive contre les Alamans à la bataille de Strasbourg [18]. Gibbon a émis l’hypothèse que Barbatio, qui a échappé à toute réprimande, n’a pu agir comme il l’a fait qu’à la demande de Constance.


Ammien rapporte que Barbatio, ayant aperçu un essaim d’abeilles dans sa maison, se laisse entendre dire par un oracle qu’il serait à la veille de devenir empereur. La femme de Barbatio, Assyria, une femme indiscrète et idiote selon Ammien, écrit alors une lettre à son époux pour lui demander de ne pas la délaisser au profit de l’impératrice Eusébie , réputée pour sa beauté.

La lettre n’a par été écrite par Assyria, mais par une esclave, qui avait autrefois appartenu à Sylvain, et qui aurait peut-être nourri une certaine rancune envers ses nouveaux propriétaires. Le domestique apporte immédiatement une copie de cette lettre à Arbitio, suggérant que tout cela faisait partie d’un complot.

Arbitio porte immédiatement l’affaire à l’attention de Constance. En 359, Barbatio est arrêté et avoue avoir reçu la lettre. Lui et Assyria sont ensuite condamnés à mort et décapités. Le général Ursicin lui succède comme magister peditum praesantalis [19]

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Barbatio (ou Barbation)/ Portail de la Rome antique • section Empire romain/ Catégories  : Personnalité de l’Antiquité tardive/ Général de l’Empire romain du 4ème siècle/ Magister militum

Notes

[1] Protecteur domestique du latin protector domesticus. Titre honorifique dans l’armée romaine du 3ème siècle puis véritable corps de garde rapprochée à partir du 4ème siècle.

[2] Le maître de cavalerie est, durant la République romaine, l’assistant qu’un dictateur romain doit nommer, une sorte de chef d’état-major. À partir du 1er siècle av. jc, le titre est utilisé par l’armée romaine comme titre honorifique. Le grade de magister equitum, associé à de véritables pouvoirs de commandement, réapparaît durant le Bas-Empire

[3] Les Juthunges étaient un peuple romain.

[4] Les Alamans ou Alémans étaient un ensemble de tribus germaniques établies d’abord sur le cours moyen et inférieur de l’Elbe puis le long du Main, où ils furent mentionnés pour la première fois par Dion Cassius en 213. Ces peuples avaient pour point commun de rivaliser avec les Francs, sans doute à l’origine un autre regroupement d’ethnies établies plus au nord sur la rive droite du Rhin. Le royaume alaman désigne le territoire des Alamans décrit à partir de 269.

[5] La dynastie constantinienne est ainsi nommée d’après Constantin 1er, qui n’est pourtant pas le premier de cette famille à avoir régné. Le premier empereur de la dynastie, Constance Chlore, s’appelait Flavius Valerius Constantius. Son nom de famille ou gentilice Flavius explique que les membres de la dynastie constantinienne aient parfois été qualifiés de seconds Flaviens. Elle a prétendu descendre de l’empereur du 3ème siècle Claude le Gothique et, succédant à la Tétrarchie, elle a dirigé l’Empire romain pendant la première moitié du 4ème siècle.

[6] Les Sassanides règnent sur le Grand Iran de 224 jusqu’à l’invasion musulmane des Arabes en 651. Cette période constitue un âge d’or pour la région, tant sur le plan artistique que politique et religieux. Avec l’Empire romano byzantin, cet empire a été l’une des grandes puissances en Asie occidentale pendant plus de quatre cents ans. Fondée par Ardashir (Ardéchir), qui met en déroute Artaban V, le dernier roi parthe (arsacide), elle prend fin lors de la défaite du dernier roi des rois (empereur) Yazdgard III. Ce dernier, après quatorze ans de lutte, ne parvient pas à enrayer la progression du califat arabe, le premier des empires islamiques. Le territoire de l’Empire sassanide englobe alors la totalité de l’Iran actuel, l’Irak, l’Arménie d’aujourd’hui ainsi que le Caucase sud (Transcaucasie), y compris le Daghestan du sud, l’Asie centrale du sud-ouest, l’Afghanistan occidental, des fragments de la Turquie (Anatolie) et de la Syrie d’aujourd’hui, une partie de la côte de la péninsule arabe, la région du golfe persique et des fragments du Pakistan occidental. Les Sassanides appelaient leur empire Eranshahr, « l’Empire iranien », ou Empire des Aryens.

[7] Le praepositus sacri cubiculi ou préposite de la chambre sacrée est une des hautes fonctions palatines du Bas-Empire romain. Son titulaire est généralement un eunuque agissant comme grand chambellan du palais et exerçant une autorité et une influence considérables. Au 7ème ou au 8ème siècle, l’appellation praipositos devient par ailleurs un titre réservé aux eunuques servant au palais. Le titre et la fonction sont utilisés dans l’Empire byzantin jusqu’à la fin du 11ème siècle.

[8] actuelle Milan

[9] Ptuj (latin Poetovio) est l’une des 11 communes urbaines de Slovénie. Elle est située, sur la Drave, en aval de Maribor, dans la région traditionnelle de Styrie et dans la région naturelle de la plaine pannonienne. C’est l’une des plus anciennes villes de Slovénie. Les premiers peuplements datent de l’âge de la pierre mais la ville fut particulièrement prospère sous l’Empire romain. En 69, c’est là que Vespasien fut proclamé empereur par ses légions. La première mention écrite de Ptuj date de la même année. La cité de Pétovion1 était le camp de base de la Legio XIII Gemina en Pannonie. Ptuj doit son nom à l’Empereur Trajan qui établit la colonie et la nomma Colonia Ulpia Traiana Poetovio. Après la chute de l’Empire romain, Ptuj retrouva ses droits au 10ème siècle.

[10] Vienne est la capitale et la plus grande ville de l’Autriche ; elle est aussi l’un des neuf Länder du pays. La ville est située dans l’est du pays et traversée par le Danube (Donau). Capitale du duché puis archiduché d’Autriche, elle fut de fait celle du monde germanique durant le règne de la maison de Habsbourg

[11] Pula est une ville et une municipalité située en Istrie, dans le comitat d’Istrie, en Croatie.

[12] L’Istrie est une péninsule de l’Adriatique de forme triangulaire pointée vers le sud, attachée au continent par le nord-est. Sa superficie est de 2 820 km². Son littoral commence au nord-ouest avec le golfe de Trieste, suit une ligne rectiligne nord-ouest/sud-est longue de 242,5 km jusqu’au cap Kamenjak où il s’infléchit et suit une ligne sud-ouest/nord-est longue de 212,4 km jusqu’à la baie de Kvarner. Son territoire est principalement compris en Croatie.

[13] La Rhétie, aussi appelée Rhétie-Vindélicie, était une province de l’Empire romain, habitée dans le Tyrol par les Rhètes et en Bavière par les Vindéliciens ; elle correspond de nos jours au canton actuel des Grisons, au Tyrol, au Sud de la Bavière, à l’Est du Württemberg et au Nord de la Lombardie (Valteline). Conquise en 15 av. jc par Drusus et Tibère, la province impériale de Rhétie est divisée au 4ème siècle entre la Rhétie I (capitale Coire) et la Rhétie II (capitale Augusta Vindelicorum). Excentrée et peu développée économiquement, la Rhétie sera une proie facile pour les Alamans qui occuperont le territoire avant d’envahir la rive gauche du Rhin pour y créer leur propre royaume. Au 5ème siècle, elle sera envahie par les Alains et les Vandales avant d’être prise par Théodoric, roi des Ostrogoths. Elle est occupée au début du 6ème siècle par les Bavarii qui y créent un royaume, lequel sera annexé par Charlemagne. Des îlots de romanisation persisteront pendant quelques siècles autour de l’évêché d’Augsbourg et jusqu’à nos jours en Suisse dans le canton des Grisons, antérieurement appelé canton de Rhétie, où subsiste une langue latine, le « rhéto-roman » ou « romanche ».

[14] Le préfet du prétoire (præfectus prætorio) est l’officier commandant la garde prétorienne à Rome, sous le Haut-Empire, et un haut fonctionnaire à la tête d’un groupe de provinces, la préfecture du prétoire, dans l’Antiquité tardive.

[15] Dans la Rome antique, les questeurs sont des magistrats romains annuels comptables des finances, responsables du règlement des dépenses et de l’encaissement des recettes publiques. Ils sont les gardiens du Trésor public, chargés des finances de l’armée et des provinces, en relation avec les consuls, les promagistrats et les publicains. Maintenue sous le Haut Empire avec son rôle comptable, cette fonction se réduit sous le Bas-Empire à une magistrature honorifique et coûteuse exercée uniquement à Rome.

[16] Sens est une commune française, chef-lieu d’arrondissement, située à 100 km au sud-est de Paris, dans le département de l’Yonne. À la fin du 4ème siècle, Sens est la capitale de la Quatrième Lyonnaise. Cette circonscription civile sert de cadre à l’Église pour la fondation de l’archevêché de Sens. Sa devise est Campont, d’après les initiales des évêchés de : Chartres, Auxerre, Meaux, Paris, Orléans, Nevers et Troyes. L’hôtel de Sens est leur résidence officielle à Paris. Le trône archiépiscopal de l’archevêque dominait dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, le trône épiscopal de l’évêque de Paris. En 1622, la province ecclésiastique de Sens fut divisée en deux, Chartres, Meaux, et Orléans devenaient suffragants du nouvel archevêché : Paris. En 732, les Maures débarqués en Camargue remontent toute la vallée du Rhône et pillent la ville de Sens. Cette opération est vue comme une tentative de diversion, afin de diviser les forces franques à affronter, l’année de la bataille de Poitiers.

[17] Les Lètes sont les membres de certains peuples germains et iraniens (Sarmates, Alains, etc.) épargnés par l’armée romaine après leur défaite. Ils constituent vraisemblablement, malgré l’opacité de leur statut légal dans les sources, un ordre particulier de groupes barbares liés à l’Empire.

[18] La bataille d’Argentoratum du nom gaulois latinisé de Strasbourg, également connue sous le nom de bataille de Strasbourg, a été disputée en 357 entre l’armée de Empire romain d’occident dirigée par le césar Julien et la confédération tribale alamane conduite par le roi Chnodomar. La bataille décisive de Strasbourg a été le point culminant de la campagne menée par Julien en 355 et 357 visant à éliminer les incursions barbares dans la Gaule et à rétablir une ligne défensive forte le long du Rhin, ligne gravement endommagée pendant la guerre civile de 350/353 entre l’usurpateur Magnence et l’empereur Constance II. Bien que confrontés à un ennemi trois fois plus nombreux, les soldats de Julien ont remporté la victoire après une grande bataille, accusant des pertes et des souffrances négligeables, et ont rejeté les Alamans derrière le Rhin, leur infligeant de lourdes pertes. Les troupes de l’escorte de Julien, son comitatus, sont peu nombreuses mais très bien formées : la bataille a été gagnée grâce à la force et la résistance de l’infanterie romaine, qui a été en mesure de surmonter les mauvaises performances de sa cavalerie. Dans les années qui suivent sa victoire, Julien a été en mesure de réparer et de renforcer les fortes garnisons sur le Rhin et d’imposer son influence sur les tribus germaniques, au-delà de la frontière de l’Empire.

[19] Commandant des corps demeurant à la disposition de l’empereur près de la capitale