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Marcus Vinicius (consul en 19 av. jc)

vendredi 27 août 2021, par lucien jallamion

Marcus Vinicius (consul en 19 av. jc) (mort après 4 de notre ère)

Homme politique-Général des débuts de l’Empire romain

Emblème de la République romaine.Il est le grand-père de Marcus Vinicius (consul en 30 et 45), mari de Julia Livilla, la fille de Germanicus.

Né dans une famille de l’ordre équestre [1] à Calès [2] en Campanie [3], Vinicius se distingue comme légat [4] d’Auguste propréteur [5] en 25 av. jc en menant une campagne victorieuse en Gaule.

En reconnaissance de ses services, il est promu consul suffect [6] en 19 av. jc, en remplacement de Caius Sentius Saturninus . Il tient cette magistrature avec Quintus Lucretius Vespillo ..

Vinicius a probablement aussi été gouverneur de la province romaine d’Achaïe [7]. En effet, une inscription à Corinthe [8], datée de 18/12 av. jc à l’honneur de Marcus Vipsanius Agrippa, révèle qu’une unité administrative de la cité est nommée “tribus Vinicia”.

En 14 ou 13 av. jc, Vinicius est légat en Illyrie [9] sous les ordres d’Agrippa où il mène les premiers combats de la guerre pannonique. Agrippa, qui a longuement combattu les populations rebelles de la Pannonie [10], meurt à peine rentré en Italie. La nouvelle de la mort du général provoque une nouvelle onde de rébellion chez les populations soumises par Agrippa, en particulier les Dalmates [11] et les Breuces [12].

Auguste confie à son beau-fils Tibère la tâche de les pacifier, qui assume alors le commandement, Vinicius combat et soumet les Scordisques [13].

Tibère prend le commandement de l’armée en 12 av. jc et met en déroute les forces ennemies grâce à sa stratégie et à la ruse dont il fait preuve. Il obtient une victoire totale en moins de 4 ans notamment avec l’aide de généraux comme Marcus Vinicius, devenu gouverneur de la Macédoine [14] et Lucius Calpurnius Piso.

Entre 1 et 4 de notre ère, Vinicius commande 5 légions cantonnées en Germanie [15]. Son armée combat avec tant de succès qu’il gagne les ornements triomphaux, sans pour autant être en mesure d’étendre la zone d’influence conquise antérieurement par Drusus entre 12 et 9 av. jc.

Tout au long de sa vie, Vinicius semble avoir joui d’une relation étroite avec l’empereur. Suétone cite une lettre d’Auguste dans laquelle il parle de jouer aux dés avec Vinicius et son compagnon, Publius Silius Nerva

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Ursula Vogel-Weidemann, Die Statthalter von Africa und Asia in den Jahren 14-68 n. Chr. : Eine Untersuchung zum Verhältnis Princeps und Senat, Habelt, Bonn, 1982.

Notes

[1] Les chevaliers sont un groupe de citoyens de la Rome antique appartenant à l’ordre équestre (equester ordo), sous la Royauté, la République et l’Empire. Choisis par les censeurs, ce sont les plus fortunés (au moins 400 000 sesterces du 2ème siècle av. jc, jusqu’au début de l’Empire) et les plus honorables des citoyens (en dehors des sénateurs). Cette appartenance pouvait être théoriquement remise en cause à chaque censure. En pratique elle était héréditaire. Le chevalier se reconnaît à la bande de pourpre étroite cousue sur sa tunique (tunique dite angusticlave), et au port de l’anneau d’or. Les chevaliers se virent attribuer un poids politique supplémentaire au motif qu’ils étaient capables financièrement de s’équiper pour servir dans l’armée à cheval. De plus l’appartenance à l’ordre équestre était nécessaire pour accéder aux postes d’officier dans l’armée.

[2] Calès est une ancienne cité de Campanie, aujourd’hui dans la commune de Calvi Risorta, au nord de Naples, appartenant à l’origine aux Aurunces/Ausones, sur la voie Latine. Les Romains capturent la ville en 335 av. jc et y établisse une colonie latine de 2 500 colons. Calès est au centre de la domination romaine en Campanie, et est le siège du questeur de la flotte (quæstores classici) du sud de l’Italie, chargé, semble-t-il, de la perception de la douane et de l’impôt, même jusqu’à l’époque de Tacite. C’est une base importante dans la guerre contre Hannibal Barca, et enfin refuse des contributions supplémentaires pour la guerre. Avant 184 av. jc, de nouveaux colons sont envoyés sur place. Après la guerre sociale (90 à 88 av. jc), la cité devient un municipe. La fertilité de son territoire et sa fabrication de poterie vitrée noir, qui est même exporté vers l’Étrurie, fait la prospérité. Au 5ème siècle apr. jc, la ville devient un siège épiscopal, qui, conjointement avec Teano depuis 1818, l’est encore, même si ce n’est plus qu’un simple village aujourd’hui.

[3] La région de Campanie, plus couramment appelée la Campanie, est une région d’Italie méridionale. Elle fut associée au Latium, une des 11 régions de l’Italie romaine créées par l’empereur Auguste au 1er siècle av.jc Érigée en province à part entière au début du 4ème siècle au temps de l’empereur Dioclétien, la Campanie fut ensuite sous domination lombarde puis byzantine. Elle fut ensuite morcelée par l’indépendance que quelques-unes de ses villes adoptèrent.

[4] Titre porté par les représentants officiels de la Rome antique. Les ambassadeurs étaient des légats du Sénat romain. Sous la République romaine, les consuls, proconsuls, préteurs en campagne pouvaient charger temporairement des légats du commandement de la cavalerie, des réserves ou même d’une légion entière et de plusieurs légions. Sous l’Empire romain, à partir d’Auguste, la fonction de ces légats militaires devint permanente. Désignés par l’empereur, ils le représentaient dans les provinces et les légions. On distingua alors les légats consulaires et les légats prétoriens, qui gouvernaient les provinces « impériales » et exerçaient le pouvoir militaire, et les légats de légion, officiers expérimentés, de rang sénatorial, qui étaient chef d’une légion. Le titre de légat se transmit de l’Empire romain à l’Église catholique

[5] Un propréteur est le nom donné à ceux qui ont exercé la charge de préteur pendant 1 an, et plus tard à ceux qui dirigent les provinces avec l’autorité de préteur. Il s’agit d’une prorogation de leur pouvoir, c’est un promagistrat. Sous la République romaine, les préteurs, comme les consuls, sont élus par le peuple romain assemblé en comices ; à l’issue de leur charge, ils peuvent devenir propréteurs, ou gouverneurs, de provinces, pour un mandat de 1 an. On retrouve le premier propréteur en 241 av. jc, et la fonction se généralise les 2 siècles suivants, jusqu’à ce que Sylla rende obligatoire aux anciens magistrats à imperium de servir dans une province comme gouverneur pour 1 an. A la suite de la réorganisation provinciale au début de l’Empire, chaque province impériale est dirigée par un propréteur qui est sous l’autorité proconsulaire de l’empereur. Il porte ce titre qu’il soit ancien consul ou préteur. La durée du mandat est variable.

[6] Parfois, un consul décède ou démissionne avant la fin de son mandat de douze mois. Le consul restant rétablit la collégialité par l’élection intermédiaire si le délai restant le permet ou par la désignation directe d’un consul suffectus (du participe passé du verbe sufficere, « remplacer »). Ce consul entre en fonction immédiatement, il a les mêmes privilèges et les mêmes pouvoirs que le consul remplacé mais il n’est en charge que pour la durée du mandat qui reste à couvrir. Enfin, le consul suffect ne donne pas son nom à l’année, à l’inverse du consul dit ordinaire.

[7] L’Achaïe est une province romaine comprenant le sud de la Grèce moderne, fondée en 27 av.jc lors de la réorganisation de l’Empire par Auguste après la période des guerres civiles. La région a été soumise à l’Empire romain en 146 av.jc après une campagne brutale, à la fin de laquelle la ville de Corinthe fut rasée par le général romain Lucius Mummius Achaicus ; la ligue achéenne, dernière confédération ayant conservé une certaine indépendance, fut dissoute. Une partie des cités fut soumise au tribut et placée sous l’autorité du propréteur de Macédoine, tandis que les cités restées fidèles aux Romains ou neutres conservaient une autonomie théorique, mais ne pouvaient plus conduire de politique indépendante. La situation changea au début du 1er siècle avec les guerres de Mithridate : de nombreuses cités grecques rallièrent Mithridate VI Eupator, le roi du Pont, dans l’espoir de se libérer de la tutelle romaine. La contre-attaque romaine menée par Lucius Cornelius Sulla obligea Mithridate à battre en retraite et à abandonner la Grèce. Les Romains mirent à sac Athènes en 86 av. jc et Thèbes l’année suivante. Les rétorsions romaines pour toutes les villes rebelles furent lourdes et les terribles campagnes militaires sur le territoire grec ont laissé le cœur de la Grèce centrale en ruines. Après la défaite de Marc Antoine et Cléopâtre en 31 av.jc, l’Empereur Auguste réorganisa les provinces romaines et créa la province sénatoriale d’Achaïe.

[8] Corinthe était l’une des plus importantes cités de la Grèce antique, située dans les terres au pied de son acropole, l’Acrocorinthe. Elle abritait autrefois un célèbre temple d’Aphrodite.

[9] L’Illyrie est un royaume des côtes de la rive orientale de l’Adriatique, correspondant à peu près à l’Ouest de la Croatie, de la Slovénie et de l’Albanie actuelle. Les Illyriens apparaissent vers le 20ème siècle av. jc. C’est un peuple de souche Indo-Européenne qui comprenait des Dalmates et des Pannoniens. Vers 1300 av. jc ils s’établissent sur les côtes Nord et Est de l’Adriatique. Les Illyriens sont les premiers avec les Grecs, à s’installer dans les Balkans et constituent un immense Royaume. Au 7ème siècle av. jc et 6ème siècle av. jc, l’Illyrie subit une forte héllénisation du fait de ses relations avec les Grecs, qui y ont fondé des comptoirs.

[10] La Pannonie est une ancienne région de l’Europe centrale, limitée au Nord par le Danube et située à l’emplacement de l’actuelle Hongrie, et partiellement de la Croatie et de la Serbie. Les habitants originaux sont les Pannoniens, qui sont envahis par les Celtes et les Boïens au 4ème siècle av. jc. Vers 105 apr. jc, Trajan divise la province en Pannonie supérieure à l’ouest et Pannonie inférieure à l’est. Ces qualificatifs ne sont pas seulement déterminés par le sens du cours du Danube, mais aussi par l’éloignement par rapport à Rome en suivant les itinéraires routiers : le voyageur venant d’Italie rencontre d’abord la Pannonie supérieure, puis la Pannonie inférieure. Le Pannonien Maximien est associé au pouvoir en 285. Les tétrarques réorganisent les provinces pour en améliorer l’administration et la défense : la Pannonie inférieure est divisée en deux : au nord la Valeria, du nom de famille de Dioclétien, avec pour capitale Aquincum ; au sud, la Pannonia Secunda, avec pour capitale Sirmium

[11] La Dalmatie est une région littorale de la Croatie, ainsi que le Monténégro, le long de la mer Adriatique et comprenant historiquement l’Herzégovine et la Bosnie.

[12] Les Breuces sont des Illyriens d’une sous-tribu de Pannoniens. Ils ont fortement résisté à l’avancée de l’Empire romain mais seront défaits une première fois par Agrippa, qui a longuement combattu les populations rebelles de la Pannonie. Ce dernier, en 13 av. jc, meurt à peine rentré en Italie. La nouvelle de la mort du général provoque une nouvelle onde de rébellion chez les populations soumises par Agrippa, en particulier les Dalmates et les Breuces. Auguste confie à son beau-fils la tâche de les pacifier. Tibère, prenant le commandement de l’armée en 12 av. jc, met en déroute les forces ennemies grâce à sa stratégie et à la ruse dont il fait preuve. Il soumet les Breuces avec l’aide de la tribu des Scordisques soumise peu de temps plus tôt par le proconsul Marcus Vinicius. Il prive ses ennemis de leurs armes et il vend comme esclave la majorité des jeunes après les avoir déportés. Il obtient une victoire totale en moins de quatre ans notamment avec l’aide de grands généraux comme Marcus Vinicius, gouverneur de la Macédoine et Lucius Calpurnius Piso. Il met en place une politique de répression très dure contre les vaincus.

[13] Les Scordiques, Scordisques ou Scordistes sont un peuple, probablement d’origine celtique, qui s’établit dans les Balkans entre les 6ème et 3ème siècles av. jc.

[14] La province romaine de Macédoine s’étendait sur le nord de la Grèce actuelle. Elle englobait l’Albanie et la République de Macédoine actuelles. La province fut fondée en 146 av. jc. Elle succédait au royaume de Macédoine dont le dernier souverain, Andriscus, avait été défait en 148 av. jc par le général Q. Cæcilius Metellus. Cette province était sénatoriale gouvernée par un ancien préteur.

[15] La Germanie est le nom donné, dans l’Antiquité, à la région d’Europe centrale séparée du monde romain par le Rhin et le Danube et s’étendant approximativement, à l’est, jusqu’à la Vistule. Le territoire de la Germanie était peuplée par les Celtes avant que divers peuples germaniques ne s’y installent au cours du 1er millénaire av. jc. La Germanie antique ne correspond pas à l’Allemagne actuelle, même si certains territoires importants des unes et des autres peuvent se superposer. Le nom de Germanie est utilisé par les Romains, avec différents qualificatifs, incluant des territoires qui ne sont pas aujourd’hui allemands d’une part, et des contrées actuellement allemandes sans aucune équivoque possible, qui n’étaient pas d’un point de vue administratif en Germanie romaine, d’autre part. Les anciens, depuis le 2ème siècle av. jc jusqu’à l’arrivée massive des peuples slaves au vie siècle, nommaient Germanie l’espace limité au nord par la mer Baltique et la mer du Nord, au sud par les Beskides occidentales et le nord des Alpes, à l’est par la Vistule et à l’ouest par le Rhin.