Il prétendait être Richard de Shrewsbury , duc d’York [1] et frère cadet du roi déchu Edouard V , disparu en 1483 dans le cadre de l’affaire des Princes de la Tour [2], ce qui faisait de lui une menace pour la légitimité de la nouvelle dynastie Tudor [3]. Henri VII déclara qu’il était un imposteur, et après sa capture il fut identifié comme Perkin Warbeck, Flamand originaire de Tournai [4].
Grâce au mystère entourant le sort de Richard de Shrewsbury, celui-ci étant mort dans la Tour de Londres ou s’étant évadé, la revendication de Warbeck a pu réunir un certain nombre de partisans, soit car croyant réellement à son identité proclamée, soit simplement désireux de renverser Henri VII.
L’histoire personnelle de Perkin Warbeck est mal connue du fait de nombreuses affirmations variables et peu fiables. Il affirmait lui-même qu’il était Richard de Shrewsbury, plus jeune fils du roi d’Angleterre Édouard IV. Après sa capture et son incarcération sous les ordres d’Henri VII, une autre version de sa vie fut publiée sur la base de ses confessions. Celles-ci doivent cependant être prises avec précaution, étant donnée qu’elles furent obtenues sous la contrainte.
Selon les confessions, il était le fils de John Osbeck (ou Jehan de Werbecque) Osbeck, et de Katherine de Faro, flamande ; son père occupait la profession de comptable pour la ville de Tournai. Ce passé familial est validé par plusieurs archives municipales tournaisiennes, où l’on trouve trace de la plupart des personnes avec lesquelles Warbeck déclara avoir des liens. Sa mère l’amena à Anvers [5] vers l’âge de 10 ans pour apprendre le néerlandais. De là, il fut pris en charge par plusieurs professeurs successifs autour d’Anvers et de Middelbourg [6] avant d’être employé par un marchand anglais du nom de John Strewe pendant quelques mois.
Après ce passage en Flandres, il aspire à visiter d’autres pays et est embauché par un marchand breton. Celui-ci finit par amener Warbeck à Cork [7] en Irlande en 1491 alors qu’il a environ 17 ans, et il y apprend l’anglais. Warbeck affirmera qu’en le voyant vêtu de soie, quelques citoyens de Cork, partisans de la maison de York, lui demandèrent à l’honorer comme un membre de la maison royale de York. Il attribua cette attitude à leur envie de se venger de Henri Tudor, et décida de se faire passer pour le fils cadet d’Édouard IV.
Cependant, beaucoup d’historiens pensent qu’il a menti sur la façon dont il est devenu prétendant au trône pour brouiller les pistes et dans l’espoir d’échapper à la peine de mort.
Warbeck exprima ses prétentions au trône anglais pour la première fois en Bourgogne en 1490.
En 1491, il débarqua en Irlande pour tenter de rallier des partisans, suivant l’exemple d’un autre prétendant, Lambert Simnel , 4 ans auparavant.
Cependant, il n’en trouva guère et dû revenir sur le continent. Là, il fut plus chanceux. Il fut reçu par Charles VIII, mais celui-ci le chassa en 1492 en vertu du Traité d’Étaples [8], par lequel le roi de France acceptait de ne pas donner refuge à des rebelles opposés aux Tudor.
Il fut reconnu comme étant Richard de Shrewsbury par Marguerite d’York, sœur d’Édouard IV d’Angleterre et veuve de Charles le Téméraire. On ignore si elle croyait réellement à son identité proclamée, ou si elle le soutenait pour des raisons politiques.
Elle lui enseigna les usages de la cour de York [9]. Le roi d’Angleterre se plaignit de l’asile accordé à Warbeck auprès du nouveau duc de Bourgogne Philippe le Beau et, devant l’absence de réponse, imposa un embargo commercial à la Bourgogne.
Warbeck fut reçu par d’autres monarques européens en tant que duc d’York. À l’invitation du père du duc Philippe, l’empereur Maximilien, il assista en 1493 aux funérailles de son prédécesseur, l’empereur Frédéric III, et fut reconnu comme le roi Richard IV d’Angleterre. Warbeck promit aussi que s’il mourait avant d’accéder au trône, Maximilien hériterait de ses droits sur la couronne anglaise.
Le 3 juillet 1495, soutenu financièrement par Marguerite de Bourgogne, Warbeck débarqua à Dean dans le Kent [10], espérant y trouver le soutien du peuple. Sa petite armée fut mise en déroute, et 150 de ses hommes furent tués avant même que Warbeck lui-même mette pied à terre. Il fut contraint à la retraite immédiate, cette fois pour l’Irlande. Là, il obtint le soutien du comte de Desmond et assiégea Waterford [11], mais, face à une résistance déterminée, il s’enfuit vers l’Écosse.
Il fut bien reçu par le roi Jacques IV, qui réalisa que la présence du prétendant lui donnait un poids international. Comme Ferdinand II d’Aragon et Isabelle 1ère de Castille négociaient une alliance avec Henri VII, Jacques pensa que l’Espagne pourrait l’aider dans sa lutte avec l’Angleterre, pour éviter une escalade de la situation allant jusqu’à la guerre avec la France.
Des ambassadeurs espagnols arrivèrent à Édimbourg [12] et plus tard Pedro de Ayala fut nommé ambassadeur permanent.
Warbeck épousa une cousine éloignée de Jacques, Katherine Gordon, fille du comte de Huntly [13]. Le mariage fut célébré à Edimbourg avec un tournoi. Jacques fournit à Warbeck des vêtements et une armure pour le mariage.
En septembre 1496, Jacques IV se prépara à envahir l’Angleterre avec Warbeck. Une bannière rouge, or et argent fut réalisée pour Warbeck, en tant que duc d’York ; l’armure de Jacques fut dorée et peinte, et l’artillerie fut rassemblée. John Ramsay rapporta ces évènements à Henri VII. Il vit Roderic de Lalanne, un chevalier flamand, arriver avec deux petits navires et 60 soldats allemands, et rencontrer Jacques IV et Warbeck.
Au château d’Édimbourg, Ramsay vit 2 gros canons français, 10 Fauconneau [14] et 30 canons remorqués à chargement par la culasse. Il estima que la force d’invasion ne tiendrait que 4 ou 5 jours après être entrée en Angleterre avant de manquer de ravitaillement. Depuis Berwick-upon-Tweed [15], ville anglaise frontalière, que les Écossais pourraient être défaits par une force anglaise modeste et recommande un mouvement en tenaille.
Les Écossais se réunirent près d’Édimbourg et Jacques IV et Warbeck prièrent à l’abbaye de Holyrood [16] le 14 septembre, et le lendemain à la chapelle Saint Triduana et à Notre Dame Kirk de Restalrig. Le 19 septembre, l’armée écossaise était à Ellem, et le 21, elle franchit la Tweed [17], qui marquait la frontière anglo-écossaise. Des mineurs commencèrent à démolir la tour de Hetoune le 24, mais l’armée dû vite se retirer : ses provisions étaient épuisées et aucun mouvement populaire en faveur de Warbeck ne s’était déclenché dans le Northumberland [18].
Plus tard, voulant se débarrasser de Warbeck, Jacques IV lui fournit un navire, le Cuckoo, avec un équipage embauché pour l’occasion, sous le commandement d’un capitaine breton qui ramena Perkin à Waterford [19] en juillet 1497. Le roi d’Écosse conclut la paix avec l’Angleterre par le traité d’Ayton. Perkin tenta à nouveau d’assiéger Waterford, mais il du fuir l’Irlande après seulement 11 jours de siège, pourchassé par 4 navires anglais. Selon certaines sources, il n’avait alors que 2 navires et 120 hommes.
Le 7 septembre 1497, Warbeck débarqua à Whitesand Bay, près de Land’s End [20], en Cornouailles [21]. Il espérait profiter du ressentiment des Corniques après l’échec de leur révolte 3 mois auparavant.
Warbeck proclama qu’il mettrait fin aux impôts excessifs levés pour financer une nouvelle guerre contre l’Écosse, et fut bien accueilli. Il fut proclamé Richard IV à Bodmin Moor et son armée de quelque 6000 Corniques entra à Exeter [22] avant d’avancer sur Taunton [23].
Henri VII envoya le chef de ses armées, Giles Daubeney , à la rencontre de l’armée cornique, et lorsque Warbeck apprit que les éclaireurs du roi étaient à Glastonbury [24], il paniqua et déserta ses propres troupes. Il fut capturé à l’abbaye de Beaulieu [25], dans le Hampshire [26]. Henri VII atteignit Taunton le 4 octobre et y reçut la reddition de l’armée cornique.
Les meneurs furent exécutés, les simples combattants soumis à des amendes. Warbeck fut emprisonné, d’abord à Taunton, puis à la Tour de LondresLa tour de Londres est une forteresse historique située sur la rive nord de la Tamise à Londres en Angleterre à côté de Tower bridge. La tour se trouve dans le district londonien de Tower Hamlets situé à l’est de la Cité de Londres dans un espace appelé Tower Hill. Sa construction commença vers la fin de l’année 1066 dans le cadre de la conquête normande de l’Angleterre. La tour Blanche qui donna son nom à l’ensemble du château, fut construite sur l’ordre de Guillaume le Conquérant en 1078 et fut considérée comme un symbole de l’oppression infligée à Londres par la classe dirigeante. Le château fut utilisé comme prison dès 1100. Il servait également de grand palais et de résidence royale.. À Londres, on le fit défiler à dos de cheval dans les rues pour le soumettre aux moqueries du peuple.
Warbeck fut initialement bien traité par Henri VII. Après avoir confessé être un imposteur, il fut relâché et accueilli à la cour du roi. Il était même autorisé à participer aux banquets royaux. Il lui fut cependant interdit de partager la couche de son épouse, qui était entrée au service de la reine Élisabeth d’York.
Au bout de quelques mois, Warbeck s’enfuit le 9 juin 1498 mais n’alla pas plus loin que Isleworth [27].
Sous la promesse d’un pardon, Perkin se rendit à nouveau et fut emprisonné à la Tour. Le roi fit publier sa confession qu’il avait rédigée en novembre 1497.
Il semble que Warbeck parvint à communiquer depuis sa cellule avec le comte de Warwick Édouard Plantagenêt , emprisonné lui aussi, probablement par le truchement de leurs geôliers.
Les deux hommes auraient tenté de s’évader en novembre 1499. Condamné à mort le 16 novembre, Warbeck fut traîné le 23 de la Tour jusqu’à Tyburn [28], où il lut une confession avant d’être pendu. Il fut exécuté le 28 novembre.