Né à Amboise en 1470, Charles VIII est le fils de Louis XI et de Charlotte de Savoie. Il épouse le 23 juin 1483 Marguerite d’Autriche, âgée de 3 ans mais le mariage sera résilié et elle épousera l’Infant d’Espagne. C’est la même année que son père meurt et il se retrouve à la tête du royaume à l’âge de 13 ans. Il sera sacré roi le 14 mai 1483. Comme il est trop jeune pour régner, c’est sa soeur Anne de Beaujeu qui va assurer la régence. Celle-ci gardera une influence profonde sur le gouvernement après la majorité du roi, proclamée en 1484, et provoquera une rébellion des princes qui soutenaient les revendications du plus proche parent mâle du jeune roi, le duc d’Orléans (futur Louis XII). Charles VIII désire épouser Anne l’héritière du duché de Bretagne, mais cette dernière est mariée par procuration avec Maximilien de Habsbourg. Il va donc entreprendre de longues négociations et faire le siège de Rennes pour obtenir ce qu’il veut et le mariage à lieu le 6 décembre 1491. Obtenu par la menace et au prix d’une véritable guerre, ce mariage n’entraîna pas le rattachement immédiat de la Bretagne à la France, mais prépara celui-ci et rendit surtout impossible l’encerclement complet du domaine royal par les possessions de la maison d’Autriche. Les deux époux se cédant mutuellement tous leurs droits sur le duché de Bretagne et Anne s’engageant à épouser le successeur au trône de France de Charles VIII si ce dernier n’a pas d’héritier. C’est ainsi qu’elle deviendra l’épouse de Louis XII.
Charles VIII veut faire aussi valoir ses droits sur le royaume de Naples que René d’Anjou avait légué à Louis XI, mais sur lequel règne la maison d’Aragon. Il prépare donc dès 1492 la conquête de l’Italie. Afin d’avoir les mains libres il va passer un certain nombre de traités : Traité d’Étaples en 1492 dédommageant le roi d’Angleterre Henri VII pour l’abandon de ses droits sur la Bretagne. Traité de Barcelone en janvier 1493 cédant la Cerdagne à l’Espagne. Traité de Senlis en juin 1493 avec Maximilien 1er lui reconnaissant la possession de l’Artois, de la Franche-Comté et du Charolais.
L’expédition italienne de 1494 fut d’abord une longue série de victoires, car le roi de France apparaissait en libérateur des villes italiennes, souvent soumises à de véritables tyrannies : Florence, Rome et Naples firent au dernier des Valois un accueil triomphal. On put croire que la puissance française en Italie allait redevenir ce qu’elle était au temps des premiers Angevins.
Mais l’armée royale se comporta comme en pays conquis et les Italiens souhaitèrent vite s’en débarrasser. La guerre entreprise par la ligue de Venise qu’animaient le duc de Milan et la république de Venise, rendit aux Français le séjour en Italie impossible. Après une bataille indécise à Fornoue, Charles VIII regagna la France en 1495. Les dernières places tenues en Italie furent perdues l’année suivante. Le profit de la campagne d’Italie fut ailleurs : une meilleure connaissance de l’Italie, et de prodigieuses collections dérobées à Florence et à Rome qui allèrent enrichir les collections françaises et firent connaître en France, sous de nouveaux aspects, l’Antiquité et la Renaissance italienne.
Charles VIII fut un roi plutôt paternaliste à l’égard de ses sujets. Il tenta de moraliser l’attribution des offices royaux et des sièges épiscopaux continuant ainsi l’œuvre de transformation au service d’une puissante monarchie. Il poursuit la politique de sa soeur Anne de Beaujeu en matière d’impôts, ceux-ci restant tout au long de son règne inférieur à ce qu’ils étaient sous Louis XI. Cette politique très populaire, laisse les caisses du trésor au plus bas.
Charles VIII meurt accidentellement au château d’Amboise en 1498, des suites d’un choc à la tête contre une porte basse alors qu’il s’apprête à entreprendre une nouvelle campagne en Italie. Mort sans héritier, sa couronne passe à la branche d’Orléans et à son cousin Louis. Charles VIII est le dernier des Valois de la branche aînée. La filiation entre les 2 branches remonte à Charles V.