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Marcus Cornelius Nigrinus

vendredi 18 juin 2021, par ljallamion

Marcus Cornelius Nigrinus

Sénateur romain-Consul suffect en 83-Gouverneur de Mésie inférieure aux environs de 86 à 89 et de Syrie entre 96 et 97

emblème consul Peut-être un temps proposé comme successeur possible à Nerva, c’est finalement Trajan qui est adopté et qui lui retire son gouvernorat. Il retourne dans sa région natale, en Hispanie [1], pour y finir ses jours.

Nigrinus est un chevalier et un natif de Liria [2] en Tarraconaise [3]. Sa famille est d’origine indigène, et reçoit probablement son nom Cornelius sous le principat d’Auguste, lorsque la cité de Liria devient un municipe [4].

On le donne parfois fils du poète Curiatus Maternus, cité par Tacite. Mais c’est probablement le fils d’un Cornelius Nigrinus et d’une Curiata Materna, cette dernière pouvant être la sœur du poète. Son nom peut aussi indiquer une adoption par le sénateur Curiatius Maternus.

Sous Vespasien, il est tribun militaire [5] dans la legio XIV Gemina à Mogontiacum [6] en 70 puis il est admis au Sénat, probablement en 73/74, lors de la censure conjointe de Vespasien et de son fils Titus. Il est ensuite légat de la legio VIII Augusta en Germanie supérieure [7].

Il devient ensuite gouverneur impérial  [8] de la province d’Aquitaine de 79 à 82, avant d’être nommé consul suffect [9] en 83 aux côtés de Domitien.

À la suite de l’invasion de la Mésie [10] par les Daces [11] en 85 et la mort du gouverneur romain de la province de Mésie, cette dernière est subdivisée en deux, et Cornelius Nigrinus devient gouverneur de Mésie inférieure aux environs de 85/86 à 88/89.

Il participe aux guerres sur le Danube [12] de Domitien et y est honoré de toutes les grandes distinctions militaires, les dona militaria [13], à l’exception des ornements triomphaux. Il reçoit 4 coronae, 4 hastae purae et 4 vexilla. Il est probablement le général de Domitien le plus décoré.

Enfin, il est gouverneur de Syrie [14], entre 93/95 et 97, à la tête de l’armée la plus puissante de l’Empire, celle d’Orient.

On lui donne parfois un deuxième consulat suffect entre septembre et novembre 97. Dans ce cas, il a quitté la Syrie depuis plusieurs mois déjà, a probablement soutenu Trajan et été récompensé d’un deuxième consulat. Le consul de 97 est cependant plus souvent identifié à Lucius Pomponius Maternus.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Françoise Des Boscs-Plateaux, Un parti hispanique à Rome ? Ascension des élites hispaniques et pouvoir politique d’Auguste à Hadrien (27 av. J-C - 138 ap. J-C), Madrid, Casa de Velazquez, 2006,

Notes

[1] L’Hispanie est le nom donné par les Romains à la péninsule Ibérique. Depuis le 15ème siècle l’Hispanie est l’hôte des États modernes espagnol et portugais. Au début les Carthaginois installent des comptoirs commerciaux sur la côte, sans pousser plus profondément à l’intérieur de l’Hispanie. En 501 av.jc, ils s’emparent de Gadès (Cadix), une ancienne colonie phénicienne. Après la première Guerre punique, les Carthaginois s’étendent rapidement dans le Sud, sous la conduite des Barcides. Ils y exploitent des mines d’or et redonnent à Carthage sa puissance économique et commerciale. En 230, ils fondent Carthagène, la nouvelle Carthage (Cartago Nova). En 218 av.jc, Hannibal forme une puissante armée qui comprend un contingent d’Ibères, et commence la deuxième Guerre punique en prenant Sagonte, puis en marchant vers l’Italie. Les Romains ne peuvent l’intercepter en Gaule, et dirigent une partie des leurs forces sur l’Hispanie, qui devient un théâtre d’opération de cette guerre. Après divers affrontements, Scipion l’Africain prend Carthagène en 209, et en 207, Hasdrubal mène les dernières forces carthaginoises de l’Hispanie vers l’Italie. En 202, la capitulation de Carthage livre officiellement l’Hispanie carthaginoise à Rome. En 197 av.jc, les Romains divisent l’Hispanie en deux provinces : Hispanie citérieure, donnant sur la Méditerranée, et Hispanie ultérieure (car plus éloignée de Rome), comprenant le Sud et tournée vers l’océan.

[2] Llíria, en valencien et officiellement Liria en castillan, est une commune d’Espagne de la province de Valence dans la Communauté valencienne. Elle est située dans la comarque du Camp de Túria et dans la zone à prédominance linguistique valencienne.

[3] La Tarraconaise était une province romaine qui couvrait le nord et l’est de l’Espagne et qui correspond aujourd’hui à peu près à l’Aragon, la Catalogne et les Asturies. Elle est issue de l’ancienne Hispanie citérieure.

[4] Le municipe est l’un des statuts possibles pour une cité du monde romain antique. À la différence, en théorie, du statut de colonie (colonia), le municipe succède à une communauté pérégrine. Le statut de municipe participe donc à la promotion de villes d’origine indigène à l’intérieur de la cité romaine. La caractéristique principale de ces villes était de se diriger elles-mêmes.

[5] Le tribun militaire est un officier supérieur qui sert dans la légion romaine sous la Rome antique. Sous le Haut Empire, le poste de tribun militaire reste une étape dans les débuts de carrière publique, rendue obligatoire par Auguste pour le cursus honorum tandis que son accès par la voie électorale tombe en désuétude. Il semble que l’empereur, en tant qu’imperator se réserve les nominations

[6] Mogontiacum est le nom latin d’origine celtique de l’actuelle ville de Mayence, fondée officiellement en 13 av.jc par Nero Claudius Drusus, capitale de Germanie supérieure à partir de 40. Le site était cependant occupé bien avant l’arrivée des Romains.

[7] La Germanie supérieure, Germanie première ou Haute Germanie selon les auteurs et en latin Germania superior ou Germania prima est une province romaine établie en 84 par Domitien après les deux campagnes victorieuses autour de la haute vallée du Rhin, de la Nahe au lac de Constance, une grande partie de la Suisse, le Jura, la Franche-Comté et une partie de la Bourgogne. À l’est du Rhin se trouvaient les Champs Décumates, qui ne seront conquis que sous Domitien. Auparavant, la frontière entre res publica et barbaricum se situait sur le Rhin et le Danube.

[8] légat d’Auguste propréteur

[9] Parfois, un consul décède ou démissionne avant la fin de son mandat de douze mois. Le consul restant rétablit la collégialité par l’élection intermédiaire si le délai restant le permet ou par la désignation directe d’un consul suffectus (du participe passé du verbe sufficere, « remplacer »). Ce consul entre en fonction immédiatement, il a les mêmes privilèges et les mêmes pouvoirs que le consul remplacé mais il n’est en charge que pour la durée du mandat qui reste à couvrir. Enfin, le consul suffect ne donne pas son nom à l’année, à l’inverse du consul dit ordinaire.

[10] La Mésie est une ancienne région géographique et historique située au sud du cours inférieur du Danube, dans les actuelles Serbie, Bulgarie (nord) et Roumanie (extrémité sud-est).

[11] La Dacie est, dans l’Antiquité, un territoire de la région carpato-danubiano-pontique correspondant approximativement à ceux des actuelles Roumanie, Moldavie et des régions adjacentes.

[12] Le Danube est le deuxième fleuve d’Europe par sa longueur (après la Volga qui coule entièrement en Russie). Il prend sa source dans la Forêt-Noire en Allemagne lorsque deux cours d’eau, la Brigach et la Breg, se rencontrent à Donaueschingen où le fleuve prend le nom de Danube. La longueur du Danube dépend du point de départ considéré : 2 852 km pour la confluence de Donaueschingen mais 3 019 km à partir de la source de la Breg. Il coule vers l’est et baigne plusieurs capitales de l’Europe centrale, orientale et méridionale

[13] décorations militaires doubles

[14] La Syrie est l’une des provinces les plus importantes de l’Empire romain, tant par sa richesse que sur le plan militaire. Étendue de la Méditerranée à l’Euphrate, elle constitue un riche creuset de civilisations, composées entre autres de Juifs, de Phéniciens, ou de Nabatéens, hellénisés pour la plupart d’entre eux. La Syrie est conquise par Pompée en 64 av. jc. En 63 av. jc, après avoir vaincu le roi Mithridate VI, il transforme le royaume de Syrie en province romaine, mettant ainsi fin à la dynastie séleucide. L’acquisition du territoire n’est cependant pas sa mission originelle. Le gouvernement de cette riche région constitue rapidement un enjeu majeur à Rome. Crassus, qui l’a obtenu, y trouve la mort en tentant une expédition militaire contre les Parthes en 53 av. jc, à Carrhes. Sous Auguste, la province est placée sous l’autorité d’un légat d’Auguste propréteur de rang consulaire, résidant à Antioche, la capitale. Les frontières de la province connaissent à plusieurs reprises des modifications. Le royaume de Judée, devenu province de Judée, est renommé Syrie-Palestine durant le règne de l’empereur Hadrien, mais n’appartient pas à la province de Syrie proprement dite. Les frontières varient aussi avec l’Arabie nabatéenne. La Syrie englobe l’Iturée et le territoire de Palmyre. Si les conquêtes de Trajan sont éphémères, la frontière sur l’Euphrate est durablement déplacée jusqu’à Doura Europos, lors de la guerre parthique de Lucius Verus, entre 161 et 166. À partir de la seconde moitié du 2ème siècle, le sénat romain comprend un nombre important de Syriens, comme Claudius Pompeianus ou Avidius Cassius sous Marc Aurèle. Dans la première moitié du 3ème siècle, des Syriens accèdent au pouvoir impérial, avec la dynastie des Sévères.