Fils de Manuel II Paléologue, empereur byzantin, et de Hélène Dragas .
Il se voit confier la régence à Constantinople pendant le voyage de son père Manuel II à Thessalonique [1] et dans le Péloponnèse [2] entre 1414 et 1416.
Ensuite, gouverneur de Thessalonique, il reçoit dans les murs de la cité le prince ottoman Mustafa Çelebi , révolté contre son frère le sultan Mehmet 1er et vaincu par lui. A la suite de cette défaite, Mustafa est interné par les Byzantins sur l’île de Lemnos [3].
Jean VIII est couronné coempereur auprès de son père au début de l’année 1421. La même année, le sultan Mehmet 1er décède, et Jean, contre l’avis de son père, veut aider Mustafa à s’imposer comme successeur contre son neveu Mourad II, afin d’obtenir des avantages pour les Byzantins.
Manuel II est très hostile à cette idée aventureuse, mais cède finalement, et Jean fait transporter Mustafa de Lemnos à la presqu’île de Gallipoli [4]. Le prétendant soutenu par les Byzantins parvient à se faire reconnaître à Gallipoli et Andrinople [5], mais, passant en Asie Mineure au début de 1422 et marchant sur Brousse [6], il est mis en déroute par son neveu ; rattrapé dans les Balkans, il est pendu. Mourad II tourne alors sa fureur vers les Byzantins et assiège Constantinople et Thessalonique.
À l’automne 1422, le sultan doit lever le siège de Constantinople à la suite de la révolte de son frère cadet Küçük Mustafa , qui s’empare de Nicée [7] avec l’appui des Byzantins. Mais Mustafa le Jeune est lui aussi vaincu par Murad II au début de 1423, et le sultan le fait étrangler.
Ensuite, renonçant provisoirement à Constantinople, il fait redoubler les attaques contre Thessalonique et envoie une armée mettre le Péloponnèse au pillage. Jean VIII est alors envoyé par son père en Occident pour demander de l’aide. Il se rend d’abord à Venise, puis auprès de l’empereur germanique Sigismond.
Jean VIII revient les mains vides au printemps 1425. Entre temps, le sultan a accordé une paix aux conditions drastiques à Manuel II. Sur le continent, en dehors du Péloponnèse, les Byzantins sont réduits aux villes côtières de Constantinople, Sélymbrie [8], Thessalonique, Anchialos [9] et Mésembrie [10], et se voient imposer un tribut annuel de 20 000 hyperpérions. Manuel II, devenu grabataire, se fait moine en juin 1425, et meurt le 22 juillet.
Quand Jean VIII arrive au pouvoir, l’Empire byzantin se réduit à Constantinople et Sélymbrie ; Anchialos et Mésembrie deviennent l’apanage de son jeune frère Constantin, tandis que son autre frère Théodore II Paléologue est despote de Morée [11].
Quant à Thessalonique, la ville a en fait été abandonnée dès 1423 aux Vénitiens par les Byzantins, incapables d’en assurer la défense. De ce fait, l’Empire byzantin, qui était parvenu à reprendre quelques territoires aux Ottomans après la défaite de ces derniers lors de la bataille d’Ankara [12] en 1402, a reflué face à la refondation de la puissance musulmane. Les Byzantins sont de nouveau sur la défense, comme en témoigne le siège que subit Constantinople en 1422, qui confirme la recrudescence de la menace des Ottomans. Ces derniers consolident progressivement leur emprise sur la péninsule balkanique tandis que les Byzantins ne dominent que quelques territoires éparses. Seul le despotat de Morée apparaît comme relativement préservé de la menace turque et il semble être la seule base à partir de laquelle une reconquête territoriale serait possible. Toutefois, ce territoire est profondément déstabilisé par un état d’anarchie latent et l’incapacité du pouvoir central à y imposer son autorité durablement.
Théodore ayant exprimé le désir de se retirer dans un monastère, Jean VIII décide de redistribuer les cartes entre les frères : faire de Constantin le despote de Morée, et attribuer Mésembrie à son autre frère Démétrios Paléologue . Jean VIII et Constantin se rendent dans le Péloponnèse à l’automne 1426, mais entre-temps Théodore a changé d’avis. Les frères Paléologue attaquent la ville de Glarentza [13], qui appartient à Carlo 1er Tocco , comte palatin de Céphalonie et Zante [14], et au début 1427 ils défont ce dernier dans une bataille navale. Tocco abandonne à Constantin la portion du Péloponnèse qu’il contrôle et lui donne la main de sa fille. Jean VIII y ajoute la partie ouest du domaine de Théodore. Il découpe d’autre part un petit territoire dans le nord de la péninsule pour le plus jeune de ses frères, Thomas. Après avoir effectué ce partage, l’empereur rentre à Constantinople.
Le 26 mars 1430, les Turcs s’emparent de Thessalonique après un siège de plus de 7 ans. La même année, Jean VIII parvient à un accord avec le pape Martin V pour la convocation d’un concile œcuménique où se négocierait la réunification des Églises. Le pape s’engage à organiser le voyage en Italie d’une délégation de 700 Orientaux, dont l’empereur et les patriarches [15] de Constantinople, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. Mais Martin V meurt au début de l’année 1431, et la succession pontificale, puis le conflit qui éclate entre le nouveau pape, Eugène IV, et le concile de Bâle [16], ouvert en juillet 1431, gèlent les négociations avec les Byzantins.
En septembre 1437, le pape Eugène IV, ayant repris la main, parvient à obtenir le transfert de la majorité des membres du concile de Bâle à Ferrare [17], arguant notamment de la nécessité d’y intégrer des représentants des Églises orientales. Il envoie Nicolas de Cues à Constantinople pour y mander la délégation prévue. Laissant la régence dans la capitale à son frère Constantin, Jean VIII embarque fin novembre avec le patriarche Joseph II de Constantinople , des représentants des patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem, les métropolites [18] de Nicée, d’Éphèse, de Rhodes, de Trébizonde, de Kiev-Moscou, des évêques de Bulgarie, de Géorgie, des archimandrites [19] et d’autres membres du clergé. La délégation arrive à Venise en février 1438, à Ferrare en mars.
Les débats officiels sur la réunification des Églises sont ouverts le 8 octobre 1438 par le discours inaugural de Bessarion. En janvier 1439, la peste s’étant déclarée à Ferrare, le concile est transféré à Florence [20]. Le 6 juillet, le décret d’union des Églises est lu dans la cathédrale Santa Maria del Fiore [21], en grec par Bessarion et en latin. Le patriarche Joseph II était mort le 10 juin, mais il a laissé un texte écrit avalisant le décret. Seul parmi les évêques, Marc Eugénikos dit Marc d’Éphèse refuse de signer.
La délégation byzantine rembarque à Venise fin octobre, et est de retour à Constantinople en janvier 1440, après plus de 2 ans d’absence. Aussitôt, l’apparente quasi-unanimité de l’Église grecque manifestée à Florence se dissout. Plusieurs délégués qui avaient signé se rétractent. Jean VIII a le plus grand mal à trouver un successeur partisan de l’union au patriarche Joseph II, et quand il impose Métrophane de Cyzique dit Métrophane II de Constantinople , en mai 1440, une grande partie du clergé refuse de reconnaître son autorité. Les trois patriarches d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem désavouent la signature de leurs représentants. Isidore de Kiev , sitôt rentré, est chassé de Russie l’année suivante. Bessarion, complètement désillusionné, retourne en Italie en décembre 1440.
Démétrios, le frère de l’empereur, depuis son apanage de Mésembrie, se fait le porte-voix des opposants à l’union. En 1442, il s’entend avec les Turcs et assiège Constantinople avec des troupes qui lui ont été confiées par le sultan. Mais l’entreprise échoue, personne dans la capitale ne pousse l’opposition à l’union jusqu’à trahir l’empereur, et Démétrios est mis aux arrêts.
La croisade promise par le pape Eugène IV est prête en 1444. Une flotte quitte Venise pour se diriger vers l’Hellespont [22], et une armée chrétienne de 20 000 hommes, commandée par le roi Ladislas III Jagellon, quitte Buda [23] pendant l’été. Le désastre de Varna [24], le 10 novembre 1444, où le roi Ladislas est tué, met un terme à l’expédition.
La résistance chrétienne dans les Balkans se poursuit, dirigée par Jean Hunyadi, régent de Hongrie, dans le nord, et par Constantin Paléologue, qui envahit la Thessalie [25] au printemps 1445, dans le sud, mais en 1446 les Vénitiens concluent une trêve avec le sultan et retirent leur flotte.
Pendant l’année 1447, le sultan Mourad II rétablit sa domination en Grèce. Jean VIII meurt quelques jours après une nouvelle défaite de Jean Hunyadi face au sultan, la seconde bataille de Kosovo [26], dans une situation totalement désespérée.