Fille de Jeanne de Laval , veuve de Du Guesclin, qui avait épousé en secondes noces le gouverneur de Bretagne et baron de Laval Guy XII de Laval .
Mariée le 22 janvier 1404 à Jean de Montfort, devenu Guy XIII de Laval, seigneur de Kergolay, mariage où furent présents plusieurs évêques et les plus grands seigneurs de Bretagne.
Une des conditions du mariage est que les enfants à naître de ce mariage portent les nom et armes de Laval. La même règle s’était déjà appliquée antérieurement lors du mariage d’ Emma de Laval avec Mathieu II de Montmorency . Toutefois, Jean de Montfort renonce lui-même de son vivant à son nom pour prendre celui de Guy XIII de Laval, afin d’être associé au pouvoir de son épouse, Anne de Laval.
Après son mariage, Guy XIII combat pendant la Guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons [1] dans le parti du Dauphin le futur Charles VII.
A la mort de leur père en 1414, les enfants étaient mineurs, il y eut procès pour leur tutelle entre Raoul de Montfort , leur aïeul, et Anne, leur mère. Elle fut adjugée à celle-ci, par sentence de la justice du Mans, dont il y eut appel au parlement, qui confirma ce jugement par un arrêt en 1417.
Anne obtint des lettres de délai d’hommage pour Acquigny en 1417 ; mais il est probable qu’elle fut longtemps sans pouvoir rendre ni hommage ni aveu. Les Anglais, appelés par la faction bourguignonne en 1416, étaient déjà maître de Louviers en 1418.
Raoul de Montfort étant mort en 1419, Anne de Laval envoie Thibault 1er de Laval , son cousin, se saisir des châteaux de Montfort et Gaël. Charles et Guillaume de Montfort, frères de Guy XIII, s’opposent à cette prise de possession, et viennent assiéger Thibault à Montfort.
Pour éviter une guerre, on convint de mettre ces places entre les mains de Jean V de Bretagne, duc de Bretagne. Pour rétablir la paix, Thibault leur consent de donner la vaisselle et le mobilier de leur père. Les frères s’engagèrent ensuite à garder eux-mêmes bien et loyaument les dites ville et chastel, au profit de madame Anne de Laval et de messeigneurs ses enfants à la suite de l’intervention de Jean V de Bretagne.
Henri V d’Angleterre confisqua en 1419 le domaine d’Acquigny à Anne de Laval, restée dans le parti des Français contre les Anglais, et le donna à un de ses partisans Guillaume le Maréchal.
En 1417, les Anglais, maîtres de la Normandie, entrèrent dans le Maine [2], où ils font des ravages. Les principales places de la province étaient en état de défense.
Yolande d’Aragon, reine de Sicile, comtesse d’Anjou et du Maine, vint en aide, en permettant à Anne de Laval de prendre les deux tiers de la taille qu’on levait en son nom dans les baronnies de Laval, Mayenne et Château-Gontier. Mais bientôt, réduite à ses seules forces, la comtesse d’Anjou, à l’exemple du duc de Bretagne et avec l’agrément du roi, conclut une trêve avec le roi d’Angleterre.
Anne de Laval, ayant mis des troupes sur pied, défait, en 1422, un de leurs partis, composé de quatorze cents hommes, au lieu-dit la Brossinière [3].
La plupart des places fortes furent contraintes de subir le joug des Anglais. Le Mans fut pris deux fois ; Mayenne, Sainte-Suzanne, Saint-Célerin, et d’autres, eurent le même sort. Laval resta la dernière. Anne de Laval se voyant menacée, d’un siège, en 1424 manda tous les nobles qui devaient garde à sa ville, de venir faire le service. Mais, nonobstant leur résistance et leurs efforts, la ville fut emportée le 9 mars 1428 et, six jours après, le château fut rendu par capitulation.
Anne de Laval, se retira alors avec Jeanne, sa mère, au château de Vitré [4], s’obligea de payer une somme très considérable pour la rançon de la garnison. Cette conquête ne resta pas longtemps entre les mains des Anglais.
En 1429, les sieurs de la Ferrière et du Bouchet, reprirent sur eux la ville de Laval, le 25 septembre, jour qui sera consacré jusqu’au 18ème siècle depuis à une procession annuelle, pour perpétuer la mémoire de cet événement. Le 25 septembre 1429, avec Raoul du Bouchet , Jean de Champchevrier, Jean de Villiers et une poignée de soldats guidés par le meunier des Trois-Moulins, Jean Fouquet, Bertrand de la Ferrière contribua à la reprise de Laval sur les Anglais.
En 1431, Anne de Laval fit bâtir le chœur de l’église abbatiale de l’abbaye de Fontaine-Daniel [5], qui fut béni dans le cours de la même année, par Adam Châtelain, évêque du Mans.
Lorsque les Anglais furent contraints de quitter la Normandie en 1450, Anne de Laval reprit possession de sa baronnie d’Acquigny. Elle en fit hommage au roi en 1451, et en rendit aveu par lettres datées de Vitré le 4 juin 1455.
Elle eut, en 1454, avec Jacques d’Espinay , évêque de Rennes, un démêlé. Après cinq ans de contestations, elle obtint du pape Pie II, une bulle, datée de Mantoue [6], au mois de janvier 1459 par laquelle ce pontife, pour raison des vexations exercées par l’évêque de Rennes, contre madame Anne, comtesse de Laval, l’exempte, elle, le comte de Laval son fils, et ses autres enfants, leurs serviteurs, domestiques et officiers, de la juridiction dudit évêque, tant qu’il vivra, et les met sous la juridiction immédiate de l’archevêque de Tours.
Elle mourut le 28 janvier 1466. La collégiale Saint-Tugal de Laval [7], dont elle avait enrichi le chapitre, fut le lieu de sa sépulture. Elle fut enterrée sous une voûte du chœur.