À la mort d’Obodas III, Énée s’empare du pouvoir et prend Arétas comme nom de règne. Il n’a pas sollicité l’accord de Rome, contrairement aux usages pour les États-clients, ce qui indispose grandement l’empereur Auguste à son encontre.
Ayant anticipé la mort d’Obodas, Syllaios, son tout puissant ministre, se trouve alors à Rome pour tenter de se faire désigner roi. Profitant de la mauvaise humeur d’Auguste et avec force cadeaux, Syllaios obtient que la royauté d’Arétas ne soit pas reconnue par l’empereur. Syllaios continue à faire sa cour et espère être finalement désigné roi par Auguste.
Toutefois, Arétas IV et le roi Hérode le Grand de Judée vont conjuguer leurs efforts pour que Syllaios soit finalement écarté. Hérode est à ce moment dans une période de disgrâce auprès de l’empereur qui, écoutant Syllaios, lui reproche d’avoir fait une incursion militaire en Nabatée et d’avoir tué plusieurs « Arabes », dont le prince Nakeb. Pour essayer de revenir en grâce, Hérode envoie en ambassade Nicolas de Damas, puis deux de ses fils.
En s’alliant avec les ambassadeurs d’Arétas, ils parviennent à retourner la situation. Ils accusent alors Syllaios d’avoir fait assassiner le roi Obodas en apportant suffisamment de preuves et de témoignages pour ébranler les bonnes relations que l’empereur avait avec Syllaios. Nicolas de Damas se vante aussi d’avoir réussi à convaincre Auguste qu’Hérode était dans son bon droit dans l’attaque contre les Nabatéens. Il s’agissait selon lui de poursuivre des brigands trachonides [1] qui, depuis une forteresse située en territoire nabatéen [2], effectuaient régulièrement des razzias sur la Batanée [3] et sur tout le plateau agricole du Hauran [4].
Auguste change alors d’avis sur Syllaios, ce qui permet à Arétas d’être reconnu. Écarté, Syllaios est exécuté à Rome quelques années plus tard pour sa participation à un complot.
Pour sceller cette alliance, Arétas donne en mariage une de ses filles appelée Phasaelis à Hérode Antipas, l’un des fils d’Hérode. Mais vers 35, celle-ci s’enfuit pour rejoindre son père à Pétra [5], avant qu’Antipas ne la répudie pour épouser Hérodiade. Cela provoque une guerre entre lui et Hérode Antipas vers 36 sur les territoires disputés de l’ancienne tétrarchie de Philippe et notamment Gamala [6].
Tous deux réunirent leur armée en vue de la guerre et y envoyèrent à leur place des généraux. Une bataille eut lieu et toute l’armée d’Hérode fut taillée en pièces à cause de la trahison de transfuges qui, tout en appartenant à la tétrarchie de Philippe, étaient au service d’Hérode Antipas.
Tibère, irrité de l’incursion d’Arétas, écrivit à Lucius Vitellius de lui faire la guerre et de le ramener enchaîné, s’il le prenait vivant, ou d’envoyer sa tête s’il était tué.
Après avoir fait des préparatifs de guerre contre Arétas et s’être mis â la tête de deux légions, de toutes les troupes légères et de la cavalerie qui y étaient attachées, guidé par les rois soumis aux Romains, Vitellius se hâta vers Pétra et occupa Ptolémaïs [7]. Comme il se préparait à faire traverser la Judée [8] par son armée, les principaux citoyens vinrent le trouver et essayèrent de le détourner de passer par leur pays, car il n’était pas conforme à leur tradition de laisser transporter des images. Or, il y en avait beaucoup sur les enseignes. Déférant à leur demande, il changea les résolutions qu’il avait prises à ce sujet.
Ayant ordonné à ses troupes de marcher par la grande plaine, lui-même monta avec le tétrarque Hérode et ses amis à Jérusalem, pour sacrifier à Dieu pendant la fête nationale des Juifs [9] qui y avait lieu. II y assista et fut reçu avec honneur par la foule des Juifs. Il séjourna là pendant trois jours et destitua de la grande prêtrise Jonathas pour la transmettre à son frère Théophile. Le quatrième jour il reçut une lettre qui lui apprenait la mort de Tibère et il fit jurer par le peuple fidélité à Caligula. Il rappela aussi l’armée pour faire hiverner chacun dans ses foyers, parce qu’il n’avait pas le pouvoir nécessaire pour faire la guerre comme avant, maintenant que l’empire était aux mains de Caligula.
À la mort d’Arétas en 40, son fils Malichos II lui succède.