Durant son règne, le royaume nabatéen [1] connaîtra un important « boom » culturel. C’est à cette époque que la plupart des tombeaux et temples sont construits.
C’est aussi lors de cette période que les Romains tentèrent de découvrir l’origine des épices et des parfums que les nabatéens commerçaient afin de ne plus passer par leur intermédiaire. Ils découvrirent qu’une bonne partie provenait du Royaume de Saba [2]
De plus, les romains découvrent que les marchands sabéens tiraient aussi beaucoup d’aromates de l’Éthiopie. Ils utilisaient à cet effet des barques de cuir qui passent et repassent le détroit [3].
Connaissant ces richesses, Auguste confie vers 25 /24 au préfet d’Égypte, Aelius Gallus le soin de mener une expédition vers l’Arabie heureuse [4] qui est un fiasco.
Auguste vise à la fois la richesse en épices et la position stratégique sur la mer Rouge. Les Romains comptaient sur l’aide des Nabatéens, leurs alliés, pour les guider et espéraient une victoire facile. Les nabatéens habitaient l’est de la Palestine et le nord-ouest de l’Arabie actuelle et connaissaient très bien le pays puisque leurs caravanes sillonnaient l’Arabie pour justement aller chercher les précieuses denrées du royaume de Saba.
Malgré une armée de plus de 10 000 hommes, avec sans doute deux légions romaines (la legio XXII Deiotariana et la legio III Cyrenaica) la campagne fut un échec cuisant. Le géographe Strabon , un ami de Gallus, nous donne un compte rendu de cette expédition. Il raconte que l’armée de Gallus, guidée par Syllaios le ministre d’Obodas, fut volontairement mal conseillée par ce dernier, livrée à elle-même dans une nature hostile. Brûlée par le soleil, anéantie par les maladies, une grande part de l’effectif succomba. Après six mois d’errance Gallus retourna à Alexandrie.
Syllaos sera d’ailleurs accusé par la suite par Arétas IV et Hérode 1er le Grand d’avoir fait assassiner Obodas, pour s’emparer du trône. Quoi qu’il en soit l’échec de l’expédition ne pouvait que satisfaire Obodas, car sa réussite aurait tari la principale ressource des nabatéens qui continuèrent ainsi à avoir le monopole du commerce des richesses de l’Arabie heureuse, notamment vers les empires romain et Parthe [5].
Ayant anticipé la mort d’Obodas, Syllaios, son tout puissant ministre, se trouve alors à Rome pour tenter de se faire désigner roi vers 9 av.jc. Profitant de la mauvaise humeur d’Auguste et avec force cadeaux, Syllaios obtient que la royauté d’Arétas ne soit pas reconnue par l’empereur. Syllaios continue à faire sa cour et espère être finalement désigné roi par Auguste.
Pendant ce temps à Petra [6], Énée s’empare du pouvoir et prend Arétas (Arétas IV) comme nom de règne. Il n’a pas sollicité l’accord de Rome, contrairement aux usages pour les Etats clients, ce qui indispose grandement l’empereur Auguste à son encontre. Ce qui renforce encore la position de Syllaios.
Toutefois, Arétas IV et le roi Hérode le Grand de Judée vont conjuguer leurs efforts pour que Syllaios soit finalement écarté. La seule version dont nous disposons est celle de Flavius Josèphe qui copie directement les écrits de Nicolas de Damas , le ministre et homme de confiance d’Hérode. Il est donc possible que celle-ci ne dise pas toute la vérité.