Lucius Aurelius Cotta (consul en 65 av. jc)
Homme politique romain
Frère de Caius Aurelius Cotta consul en 75 et de Marcus Aurelius Cotta consul en 74, et d’Aurelia Cotta, la mère de César.
Il commence sa carrière vers 81. En 70, il est préteur [1]. Il fait passer une loi qui réforme la formation des listes des jurés, et réintroduit la présence des chevaliers [2], à parité avec les sénateurs et les tribuns du trésor. Cette mesure annule la réforme de Sylla, qui avait exclu les chevaliers des jurys.
En 66, lui et Lucius Manlius Torquatus accusent les consuls élus Publius Cornelius Sylla, neveu du dictateur Sylla et Publius Autronius Paetus de corruption électorale, et les font condamner.
Lucius Cotta et Lucius Torquatus sont désignés à leur place pour le consulat de l’année suivante. Pour se venger, Publius Autronius se rapproche de Catilina et projette d’assassiner les deux futurs consuls. Par chance, les comploteurs annulent leur projet, n’étant pas suffisamment nombreux.
En 65, il est consul avec Lucius Manlius Torquatus.
En 64, il devient censeur [3].
Sur sa demande, le Sénat ordonne des actions de grâces après la dénonciation de la conjuration de Catilina par Cicéron. Après l’exil de Cicéron, Lucius Cotta soutient qu’il n’y avait aucun besoin d’une loi pour son rappel, puisque la loi de Clodius était légalement sans valeur.
Il fait partie plus tard des partisans de Jules César, son neveu.
Suétone rapporte la rumeur qu’il aurait prévu, en tant que quindecemvir [4], de proposer au Sénat lors des ides de Mars [5] que César reçoive le titre de roi, car il est écrit dans les Livres Sibyllins [6] que les Parthes [7] pourraient seulement être défaits par un roi. L’assertion de Suétone n’est toutefois pas confirmée par Plutarque, qui a raconté en détail la fin de César.
Après la mort de César, il se retire de la vie publique.
Notes
[1] Le préteur est un magistrat de la Rome antique. Il était de rang sénatorial, pouvait s’asseoir sur la chaise curule, et porter la toge prétexte. Il était assisté par 2 licteurs à l’intérieur de Rome, et 6 hors du pomerium de l’Urbs. Il était élu pour une durée de 1 an par les comices centuriates. La fonction de préteur fut créée vers 366 av. jc pour alléger la charge des consuls, en particulier dans le domaine de la justice. Le premier préteur élu fut le patricien Spurius Furius, le fils de Marcus Furius Camillu. Égal en pouvoir au consul, auquel il n’a pas de compte à rendre, le préteur prêtait le même serment, le même jour, et détenait le même pouvoir. À l’origine, il n’y en avait qu’un seul, le préteur urbain, auquel s’est ajouté vers 242 av. jc le préteur pérégrin qui était chargé de rendre la justice dans les affaires impliquant les étrangers. Cette figure permit le développement du ius gentium, véritable droit commercial, par contraste avec le ius civile applicable uniquement aux litiges entre citoyens romain. Pour recruter, pour former ou pour mener des armées au combat ; sur le terrain, le préteur n’est soumis à personne. Les préteurs ont aussi un rôle religieux, et doivent mener des occasions religieuses telles que sacrifices et des jeux. Ils remplissent d’autres fonctions diverses, comme l’investigation sur les subversions, la désignation de commissionnaires, et la distribution d’aides. Lors de la vacance du consulat, les préteurs, avant la création des consuls suffects, pouvaient remplacer les consuls : on parle alors de préteurs consulaires.
[2] Les chevaliers romains sont une classe de citoyens de la Rome antique organisés en ordre équestre, venant dans la hiérarchie sociale immédiatement après l’ordre sénatorial. Choisis par les censeurs, les chevaliers sont les plus fortunés et les plus honorables des citoyens en dehors des sénateurs. Bien que cette appartenance puisse théoriquement être remise en cause à chaque censure, elle est héréditaire en pratique. Le chevalier se reconnaît par ses ornamenta, dont la bande de pourpre étroite cousue sur sa tunique, et le port de l’anneau d’or. Sous la République, les chevaliers se voient attribuer un poids électoral privilégié et un rôle militaire, mais restent en dehors de la carrière des honneurs (cursus honorum). Sous l’Empire, les empereurs leur accordent une place croissante dans l’administration impériale, qui culmine dans la seconde moitié du 3ème siècle, entre les règnes de Gallien et Dioclétien. Au début du 4ème siècle, l’empereur Constantin inverse cette tendance en intégrant les chevaliers de rang élevé dans l’ancien Sénat, tandis le nombre de chevaliers de rang inférieur augmente et dévalue le prestige du titre, jusqu’à sa disparition au 5ème siècle.
[3] Le censeur est un magistrat romain. Deux censeurs sont élus tous les cinq ans parmi les anciens consuls par les comices centuriates. Le pouvoir des censeurs est absolu : aucun magistrat ne peut s’opposer à leurs décisions, seul un autre censeur qui leur succède peut les annuler. Après 18 mois de mandat, ils président une grande cérémonie de purification, le lustrum, à la suite de laquelle ils abdiquent. La censure est la seule magistrature romaine qui n’autorise pas la réélection. Les censeurs ne sont plus élus à partir de la dictature de Sylla, et leurs pouvoirs sont repris par les empereurs romains.
[4] Les viri sacris faciundis formaient l’un des quatre collèges majeurs de prêtres de Rome. Leur nombre et leur nom évolua au cours de l’histoire. Créés d’après la légende par Tarquin le superbe, ce collège, tout d’abord composé de 2 membres, est appelé duumviri sacris faciundis jusqu’à ce que le nombre de membres soit porté à 10 en 367 av. jc (on les appelle alors decemviri sacris faciundis) puis porté à 15 (quindecimviri sacris faciundis) au 1er siècle av. jc. Ils gardèrent ce dernier nom après que leur nombre augmente encore, porté à seize, peu avant le début de l’empire. Ils forment un collège de prêtres chargés de conserver et de consulter les Livres sibyllins. À travers leurs interventions durant les différentes crises religieuses de la République, ils jouèrent un rôle important dans l’introduction officielle de cultes étrangers (Sacra peregrina), comme celui d’Esculape ou de Cybèle, ainsi que dans l’introduction de rituels nouveaux tel que les lectisternes et les jeux (ludi) dans le culte officiel de Rome. Sous l’empire, leur rôle change et ils sont chargés de l’organisation des jeux séculaires et du contrôle des cultes étrangers.
[5] Les ides de mars correspondent au 15 mars dans le calendrier romain. C’était un jour festif dédié au dieu Mars. Jules César fut assassiné aux ides de mars en 44 avant Jésus-Christ, sans avoir tenu compte des prédictions de l’haruspice étrusque Titus Vestricius Spurinna et du rêve de sa femme Calpurnia Pisonis.
[6] Les livres sibyllins sont un recueil d’oracles conservé à Rome dans l’Antiquité. Selon une tradition ancienne, ils furent achetés à une sibylle par le roi Tarquin le Superbe. Les livres sibyllins ne sont consultés qu’à la suite d’un prodige (ou présage) grave. Il s’agit de savoir quel dieu apaiser et par quels rites. Ils furent d’abord confiés à un collège de deux prêtres, nombre qui s’accrut par la suite pour atteindre 15 membres sous l’Empire, qu’on appela alors les quindecemviri sacris faciundis. La réponse était d’abord lue au Sénat, qui statuait ensuite sur l’opportunité de sa publication. Pendant la guerre sociale (entre 91 et 89 av. J.-C.), un incendie au Capitole détruisit les exemplaires des livres sibyllins. Pour les reconstituer, on fit rechercher les prophéties de la Sibylle enregistrées à Samos, à Ilion, à Érythrée, dans les colonies grecques d’Italie, en Afrique et en Sicile. Les prêtres firent ensuite un tri pour ne retenir que celles qui leur paraissaient véritables. À la fin de l’Empire romain d’Occident, probablement lors des mesures antipaïennes promulguées par Honorius à partir de 404, les chrétiens s’emparèrent des livres sibyllins et les brûlèrent. Rutilius Namatianus, préfet de Rome en 417, dénonce Stilicon comme l’instigateur de cette action sacrilège
[7] La Parthie est une région historique située au nord-est du plateau iranien, ancienne satrapie de l’empire des Achéménides et berceau de l’Empire parthe qui domine le plateau iranien et par intermittence la Mésopotamie entre 190 av. jc. et 224 ap. jc. Les frontières de la Parthie sont la chaîne montagneuse du Kopet-Dag au nord (aujourd’hui la frontière entre Iran et Turkménistan) et le désert du Dasht-e Kavir au sud. À l’ouest se trouve la Médie, au nord-ouest l’Hyrcanie, au nord-est la Margiane et au sud-est l’Arie. Cette région est fertile et bien irriguée pendant l’antiquité, et compte aussi de grandes forêts à cette époque.