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Alexandre de Phères

jeudi 23 juillet 2020, par ljallamion

Alexandre de Phères (4èmesiècle)

Tyran de la ville de Phères en Thessalie de 369 à 358 av. jc

Carte de la ThessalieCicéron le cite dans De Officiis [1] comme l’exemple même de l’homme qui veut maintenir sa puissance par la terreur et la crainte, et qui périt victime de la haine qu’il suscite. Valère Maxime et Plutarque ont évoqué son caractère.

Il succède à son oncle Jason de Phères à son assassinat en 370 av. jc. Il tente de maintenir l’influence de Phères [2] sur la Thessalie [3], mais se heurte à Thèbes [4] et à ses généraux Pélopidas et Épaminondas. Vers 367, il ne contrôle plus que Phères et la Thessalie méridionale. En 364, il est vaincu par Pélopidas à la bataille de Cynoscéphales [5]. Alexandre de Phères fait alors sa soumission à Thèbes.

Sa mort en 358 est présentée de façon différente selon les auteurs de l’antiquité. D’après Cicéron, Alexandre de Phères aurait été assassiné par sa femme Thébé. Il se faisait précéder dans la chambre à coucher de son épouse par un barbare marqué de tatouages thraces [6], le glaive dégainé, et faisait fouiller par des gardes les coffrets de sa femme, pour s’assurer qu’elle ne cachait aucune arme dans ses vêtements.

C’est Thébé elle-même qui l’assassina sur un soupçon de concubinage, d’après Cicéron. Plutarque explique différemment le meurtre d’Alexandre de Phères par Thébé. D’après Xénophon, ce seraient les frères de Thébé, qui l’auraient assassiné, mais à l’instigation de sa femme elle-même.

Xénophon dans le même passage écrit que Alexandre de Phères se rendit odieux comme chef aux Thessaliens, odieux comme ennemi aux Thébains et aux Athéniens, et il se livra à un brigandage criminel sur terre et sur mer. L’un des trois frères, Tisiphonos, l’aîné, succéda à Alexandre.

D’après Démosthène et Diodore de Sicile, le tyran thessalien Alexandre de Phères mena des opérations de piraterie dans les Cyclades [7] vers 362-360 av. jc. Ses navires se seraient emparés de quelques-unes des îles, dont Tinos [8], et auraient emporté un grand nombre d’esclaves.

Les Cyclades se révoltèrent à l’occasion de la troisième guerre sacrée de 357 [9] à 355av. jc qui vit l’intervention de Philippe II de Macédoine contre la Phocide [10] alliée à Phères. Elles commencèrent alors à passer dans l’orbite du Royaume de Macédoine [11].

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Pierre Pellegrin (dir.), Aristote : œuvres complètes, Éditions Flammarion, 2014, 2923 p. (ISBN 978-2081273160).

Notes

[1] De officiis (Traité des devoirs) est un ouvrage politique de Cicéron traitant de l’éthique, dernier en date de ses écrits philosophiques. Paru plusieurs mois après la mort de Jules César, en 44 av. jc, il est adressé par Cicéron à son fils Marcus, qui étudiait alors la philosophie à Athènes sous la direction de Cratippe. Plus largement, l’ouvrage est écrit comme les précédents pour la formation de la nouvelle génération, qui comme Cicéron l’espère reprendra la direction de la République. Le traité comprend trois livres, le premier traite de l’honestum, le second de l’utile, le troisième des cas de confrontation entre ces deux critères.

[2] Phères est une ville et un port de Thessalie, en Grèce. Plusieurs récits de la mythologie se déroulent à Phères. À l’époque classique, au 4ème siècle, Phères est gouvernée par des tyrans : Lycophron de Phères, Jason de Phères (assassiné en 370) puis Alexandre de Phères . Des temples s’élèvent autour de la source et du lac dits d’Hypérie. À l’époque byzantine, Phères est une ville d’eaux, entourée de monastères.

[3] La Thessalie est une région historique et une périphérie du nord-est de la Grèce, au sud de la Macédoine. Durant l’antiquité cette région a, pour beaucoup de peuples, une importance stratégique, car elle est située sur la route de la Macédoine et de l’Hellespont. Elle possédait un important port à Pagases. Le blé et le bétail sont les principales richesses de la région et une ressource commerciale vitale. La Thessalie est aussi l’une des rares régions de Grèce où l’on peut pratiquer l’élevage des chevaux, d’où l’importante cavalerie dont disposaient les Thessaliens.

[4] Thèbes est une ville grecque de Béotie, siège d’un dème. Elle fut dans l’antiquité l’une des principales cités de Grèce, et était liée à de très nombreux mythes antiques.

[5] La bataille de Cynoscéphales eut lieu en Thessalie en 364 av. jc. Elle s’inscrit dans la lutte de Thèbes contre les tyrans de Phères. Elle se solde par la victoire des forces menées par Pélopidas sur Alexandre de Phères. Pélopidas meurt dans la bataille mais sa mort est vengée l’année suivante par Épaminondas.

[6] La Thrace désigne une région de la péninsule balkanique partagée entre la Grèce, la Bulgarie et la Turquie ; elle doit son nom aux Thraces, la peuplade qui occupait la région dans l’Antiquité. Au 21ème siècle, la Thrace fait partie, à l’ouest, de la Grèce, Thrace occidentale, au nord, de la Bulgarie et, à l’est, de la Turquie, Thrace orientale.

[7] Les Cyclades sont un archipel de Grèce situées dans le Sud de la mer Égée, dans la périphérie de l’Égée-Méridionale. L’archipel comprend environ 250 îles, îlots et îlots-rochers. Seules 241 îles sont habitées. On les appelle Cyclades car elles forment un cercle autour de l’île sacrée de Délos.

[8] Tinos est une île du nord des Cyclades grecques, dans la mer Égée méridionale. Elle se situe entre Andros et Mykonos. Son port principal et sa capitale, Tinos, est dominé par l’imposant rocher de l’Exombourgo (640 m).

[9] Les guerres sacrées sont une série de guerres menées par l’amphictyonie chargée d’administrer le sanctuaire d’Apollon à Delphes contre tous ceux considérés comme sacrilèges envers le dieu.

[10] La Phocide est une région de Grèce centrale, à l’ouest de la Béotie, qui tire peut-être son nom des phoques du golfe de Corinthe, aujourd’hui disparus de la région.

[11] Le royaume de Macédoine est un État antique situé au nord de la Grèce correspondant aujourd’hui principalement à la Macédoine grecque. Il est centré sur la partie nord-est de la péninsule grecque, bordé par l’Épire à l’ouest, la Péonie au nord, la Thrace à l’est et la Thessalie au sud. Royaume périphérique de la Grèce aux époques archaïque et classique, il devient l’État dominant du monde grec durant l’époque hellénistique. L’existence du royaume est attestée au tout début du 7ème siècle av. jc avec à sa tête la dynastie des Argéades. Il connaît un formidable essor sous le règne de Philippe II qui étend sa domination sur la Grèce continentale en évinçant Athènes et la ligue chalcidienne pour ensuite fonder la Ligue de Corinthe. Son fils Alexandre le Grand est à l’origine de la conquête de l’immense empire perse et de l’expansion de l’hellénisme en Asie à la fin du 4ème siècle av. jc. Après sa mort, la Macédoine passe brièvement sous la tutelle des Antipatrides dans le contexte des guerres des diadoques. En 277, la royauté échoit à Antigone II Gonatas qui installe la dynastie des Antigonides qui règne jusqu’en 168, date à laquelle la Macédoine est conquise par les Romains. En 146 la Macédoine devient une province romaine.