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L’histoire pour le plaisir

Socrate

mercredi 23 octobre 2024, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 28 juillet 2013).

Socrate (470-399 av jc)

Philosophe grec

Il est considéré comme l’un des inventeurs de la philosophie morale [1] et politique. Il n’a laissé aucun écrit, mais sa pensée et réputation se sont transmises par des témoignages indirects. Ses disciples Platon et Xénophon ont notablement œuvré à maintenir l’image de leur maître, qui est mis en scène dans leurs œuvres respectives. D’après Idoménée de Lampsaque dans son ouvrage “Des Socratiques”, il est le premier à avoir, avec Eschine de Sphettos, son disciple, enseigné l’art oratoire.

Déjà renommé de son vivant, il est devenu l’un des penseurs les plus illustres de l’histoire de la philosophie. Sa condamnation à mort et sa présence très fréquente dans “les dialogues de Platon” ont contribué à faire de lui une icône philosophique majeure. La figure de Socrate a été discutée, reprise, et réinterprétée jusqu’à l’époque contemporaine.

Il naquit à la fin des guerres médiques [2], sans doute au mois de mai, près d’Athènes [3], dans le dème [4] d’Alopèce [5], dème qui faisait partie de la tribu d’Antiochide [6]. Son père, Sophronisque , était sculpteur, et sa mère Phénarète , sage-femme de qui il s’est sûrement, selon la tradition, inspiré dans sa méthode philosophique dite maïeutique [7].

Il reçut sans doute une éducation classique, que le père était légalement tenu de donner à son fils, gymnastique, musique (chant, danse, apprentissage de la lyre) et grammaire, ce qui implique l’étude d’Homère, d’Hésiode et d’autres poètes.

Il semble ne s’être pas contenté de cette éducation en se consacrant à la philosophie, il avait dans l’idée de travailler pour la conversion morale de ses concitoyens. Disciple du physicien Archélaos de Milet , Socrate s’adresse à toutes sortes de maîtres dès son jeune âge. Socrate et ses élèves Antisthène ou encore Xénophon considèrent la vertu de la femme comme égale à celle de l’homme.

Socrate fréquente Aspasie , sa maîtresse de rhétorique, compagne de Périclès célèbre tant par sa beauté que par son esprit, de 441 à 429 av. jc, menant ses discussions dans son jardin et sa maison.

Socrate se serait instruit tout au long de sa vie. Il fréquenta les sophistes [8], Protagoras, Hippias d’Élis. Il apprend la musique auprès de Connos, la poésie avec Événos de Paros , l’agriculture auprès d’Ischomaque et la géométrie avec Théodore de Cyrène , qui fut l’un des maîtres de Platon. Il disait ne rien comprendre à Héraclite.

Il semble qu’il se soit intéressé d’abord à la philosophie de la nature et aux spéculations dans le domaine de la physique. Cet intérêt aurait été suscité par la rupture qu’entretenaient les philosophes présocratiques [9] avec le surnaturel et le monde des dieux qui prévalaient jusqu’alors. Mais il semble qu’il ait ensuite été déçu par les explications purement causales d’Anaxagore, et s’éloigna rapidement de ces physiciens, déplorant leur explication matérialiste et le côté limité de leurs méditations basées uniquement sur la nature.

Vers 435 av. jc., il commença à enseigner, dans la rue, dans les gymnases, les stades, les échoppes, au gré des rencontres. Vivant pauvrement, n’exerçant aucun métier, il parcourait les rues d’Athènes vêtu plus que simplement et sans chaussures, dialoguant avec tous, cherchant à les rendre plus sages par la reconnaissance de leur ignorance.

Il enseignait, ou plus exactement questionnait, gratuitement contrairement aux sophistes, qui enseignaient la rhétorique moyennant une forte rétribution. Cette mission faisait de lui à ses yeux le seul citoyen véritable, c’est-à-dire le seul qui s’interroge sérieusement sur la vie politique. Il s’opposait en cela au caractère démagogique de la démocratie athénienne qu’il voulait secouer par son action. Sa manie du questionnement ne cessait du matin au soir.

Socrate combat en soldat. En 432 av. jc, il sauve la vie d’Alcibiade lors de la bataille de Potidée en 430 [10], il est hoplite [11] à Samos [12] aux côtés de Périclès, il participe en 424 à la Bataille de Délion [13], et en 422 à la Bataille d’Amphipolis [14], aux côtés de Cléon.

Vers 416 av jc, il se marie avec Xanthippe, femme particulièrement acariâtre dont il eut un fils, Lamproclès . Il fit peut-être un second mariage, avec Myrtho , qui lui aurait donné 2 autres fils. C’est vers 407 que Platon devint son disciple. En 406, Socrate était président de la Boulè [15]. Un de ses disciples, Euclide de Mégare, en 405, fonda la première école des Petits socratiques, le mégarisme [16]. Sous la tyrannie des Trente [17], qui dura 8 mois, il lui fut interdit d’enseigner. On lui intima l’ordre de procéder à l’arrestation d’un citoyen, Léon, qu’il considérait comme innocent. Il refuse de se soumettre à cet acte inique. Il échappe par chance aux purges des Trente.

Les dix dernières années de sa vie sont presque totalement inconnues. En 400, un autre disciple, Antisthène fonda la deuxième école des Petits socratiques, le cynisme [18]. L’année suivante, Aristippe fonda la troisième école, le cyrénaïsme [19].

Il passa les 30 jours qui précédèrent sa mort à dialoguer avec ses amis, comme en témoigne le “Criton de Platon”. Il se défend devant les juges, mais aussi devant toute la cité d’Athènes. Cette défense se déroule en trois parties, ayant toutes un lien direct avec la mort. Il répond aux trois chefs d’accusation déposés contre lui : corruption de la jeunesse, impiété, et introduction de nouvelles divinités dans la cité. Il y eut 30 jours d’intervalle entre la condamnation de Socrate et sa mort, pendant lesquels il resta enchaîné dans sa prison. Ses amis le visitaient et s’entretenaient avec lui quotidiennement.

Socrate mourut en mai ou juin 399 av. jc, condamné à boire la ciguë. Son dernier jour est raconté dans “le Phédon”.

Les Athéniens, par la suite, prirent très mal la condamnation de Socrate. Ceux qui avaient participé à sa condamnation furent bannis de la cité et une statue fut érigée pour perpétuer son souvenir.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia/ Portail de la Grèce antique/ Philosophe de la Grèce antique

Notes

[1] L’éthique ou philosophie morale, est une discipline philosophique portant sur les jugements moraux. Elle examine les questions normatives, concernant ce que les individus devraient faire, ainsi que les questions méta-éthiques sur la nature même de la moralité. Depuis l’Antiquité, de nombreuses morales ont émergé, chacune prétendant être « la bonne », la philosophie morale s’est donc chargée de rechercher leurs légitimités ou leurs fondements.

[2] Les guerres médiques opposent les Grecs aux Perses de l’Empire achéménide au début du 5ème siècle av. jc. Elles sont déclenchées par la révolte des cités grecques asiatiques contre la domination perse, l’intervention d’Athènes en leur faveur entraînant des représailles. Les 2 expéditions militaires des souverains achéménides Darius 1er et Xerxès 1er constituent les principaux épisodes militaires de ce conflit ; elles se concluent par la victoire spectaculaire des cités grecques européennes conduites par Athènes et Sparte.

[3] Athènes est l’une des plus anciennes villes au monde, avec une présence humaine attestée dès le Néolithique. Fondée vers 800 av. jc autour de la colline de l’Acropole par le héros Thésée, selon la légende, la cité domine la Grèce au cours du 1er millénaire av. jc. Elle connaît son âge d’or au 5ème siècle av. jc, sous la domination du stratège Périclès

[4] Le dème ou demos est une circonscription administrative de base instaurée lors de la révolution isonomique de Clisthène (personnage politique grec) qui eut lieu de 508 à 507 av jc à Athènes. Le dème est directement lié à la marche d’Athènes vers la démocratie. Ses habitants sont appelés les démotes.

[5] Alopèce est un dème de l’Athènes antique, en Attique. Ce dème faisait partie de la tribu d’Antiochide, non loin du Cynosarge.

[6] Les Antiochides sont la dixième des tribus attiques créées par les réformes de Clisthène. Leur nom provient du légendaire héros Antiochos (ou Antiochus), fils d’Héraclès

[7] La maïeutique, par analogie avec le personnage de la mythologie grecque Maïa, qui veillait aux accouchements, est une technique qui consiste à bien interroger une personne pour lui faire exprimer (accoucher) des connaissances. La maïeutique consiste à faire accoucher les esprits de leurs connaissances. Elle est destinée à faire exprimer un savoir caché en soi. Son invention remonte au 4ème siècle av. jc et est attribuée au philosophe Socrate, en faisant référence au Théétète de Platon. Socrate employait l’ironie (ironie socratique) pour faire comprendre aux interlocuteurs que ce qu’ils croyaient savoir n’était en fait que croyance. La maïeutique, contrairement à l’ironie, s’appuie sur une théorie de la réminiscence qui affirme faire ressurgir des vies antérieures les connaissances oubliées.

[8] Un sophiste désigne à l’origine un orateur et un professeur d’éloquence de la Grèce antique, dont la culture et la maîtrise du discours en font un personnage prestigieux dès le 5ème siècle av. jc en particulier dans le contexte de la démocratie athénienne, et contre lequel la philosophie va en partie se développer. La sophistique désigne par ailleurs à la fois le mouvement de pensée issu des sophistes de l’époque de Socrate, mais aussi le développement de la réflexion et de l’enseignement rhétorique, en principe à partir du 4ème siècle av. jc, en pratique à partir du 2ème siècle ap. jc. dans l’Empire romain.

[9] Les présocratiques sont des penseurs qui, dans la Grèce antique, ont participé aux origines de la philosophie et ont vécu du milieu du 7ème siècle av. jc jusqu’au 4ème siècle av. jc, c’est-à-dire pour la plupart avant Socrate. Certains penseurs considérés comme présocratiques étaient toutefois contemporains de Socrate, comme les atomistes et certains sophistes.

[10] La bataille de Potidée ou siège de Potidée opposa Athènes à Corinthe et Potidée (colonie corinthienne) en 432 av. jc vers Potidée, dans l’actuelle Grèce. Elle fut l’un des événements débouchant sur la guerre du Péloponnèse.

[11] L’hoplite est un fantassin lourdement armé, par opposition au gymnète et au peltaste, armés plus légèrement.

[12] Samos est une île grecque de la mer Égée, proche de l’Asie Mineure et située à 70 kilomètres au Sud-ouest de Smyrne, aujourd’hui Izmir en Turquie. Elle forme un dème (municipalité) et un district régional de la périphérie d’Égée-Septentrionale. Son chef-lieu est la ville de Vathy ; les deux autres villes sont Chora et Pythagorion (Tigani).

[13] La bataille de Délion a lieu pendant la guerre du Péloponnèse au début de l’hiver (novembre) 424 av. jc à proximité de la petite ville béotienne de Délion située non loin de la frontière avec l’Attique et dans laquelle se trouve un sanctuaire dédié à Apollon.

[14] La bataille d’Amphipolis eut lieu en 422 av. jc durant la guerre du Péloponnèse entre Athènes et Sparte. Cette bataille constitue le paroxysme d’un conflit qui commença en 424 av. jc par la prise d’Amphipolis par les Spartiates.

[15] Dans les cités de la Grèce antique, la Boulè est une assemblée restreinte de citoyens chargés des lois de la cité. Son nom a souvent été traduit par Conseil et, plus rarement, par Sénat.

[16] L’École mégarique est une école de philosophie grecque fondée entre les5ème et 4ème siècles av. jc., qui tire son nom du lieu d’origine de son fondateur, Euclide de Mégare. Ses membres se réclament des enseignements de Socrate.

[17] Les Trente aussi appelés Trente tyrans sont un gouvernement oligarchique composé de trente magistrats appelés tyrans, qui succède à la démocratie athénienne à la fin de la guerre du Péloponnèse, pendant moins d’un an, en 404 av. jc. Cette constitution est imposée aux Athéniens par le général spartiate Lysandre après la reddition d’Athènes négociée par l’un des futurs Trente tyrans, Théramène, en 404. L’Ecclésia (l’assemblée du peuple athénien) s’est opposée à ce régime mais avec l’appui d’une garnison spartiate, les Trente, emmenés par Critias imposent un régime de terreur, ne réservant les pleins droits de citoyens qu’à leurs 3000 partisans. Leurs adversaires peuvent être condamnés sans aucun jugement.

[18] Le cynisme est une attitude face à la vie provenant d’une école philosophique de la Grèce antique, fondée par Antisthène, et connue principalement pour les propos et les actions spectaculaires de son disciple le plus célèbre, Diogène de Sinope. Cette école a tenté un renversement des valeurs dominantes du moment, enseignant la désinvolture et l’humilité aux grands et aux puissants de la Grèce antique. Radicalement antimatérialistes et anticonformistes, les cyniques, et à leur tête Diogène, proposaient une autre pratique de la philosophie et de la vie en général, subversive et jubilatoire. L’école cynique prône la vertu et la sagesse, qualités qu’on ne peut atteindre que par la liberté. Cette liberté, étape nécessaire à un état vertueux et non finalité en soi, se veut radicale face aux conventions communément admises, dans un souci constant de se rapprocher de la Nature.

[19] Le cyrénaïsme est une école de philosophie grecque du 4ème siècle av. jc, fondée par Aristippe de Cyrène, un des « Socratiques », les disciples de Socrate. L’école est surtout associée à l’hédonisme en éthique. L’école demeura surtout dans la cité de Cyrène, en Libye, ce qui explique qu’on les appelle Cyrénaïques ou Cyrénéens