Périclès (vers 495-429 av.jc)
Stratège et homme politique athénien
Son père Xanthippe avait défait la flotte perse à la bataille de Mycale en 479 [1], au cours des guerres médiques, et par sa mère Agaristè il descendait de la famille des Alcméonides [2], une des plus nobles d’Athènes, qui avait donné au peuple plusieurs de ses chefs.
Bien qu’il fût un grand aristocrate, il fut un partisan de la démocratie et apparut sur le devant de la scène en étant au nombre des procurateurs publics qui attaquèrent Cimon en 463. Il s’imposa vite à la tête des démocrates en 461, et ne cessa de dominer la politique athénienne jusqu’à sa mort, par son intelligence et son éloquence. En 451, à son initiative, la citoyenneté fut restreinte à ceux dont le père était citoyen et la mère fille de citoyen athéniens.
De 443 à 429, les fonctions annuelles de stratège [3] lui furent renouvelées, ce qui lui assura une primauté à la fois politique et militaire. Son “règne” représente l’apogée d’Athènes, aussi bien que celui de la démocratie dans cette cité. Il aida Ephialtès à limiter les pouvoirs de la vieille assemblée aristocratique qu’était l’Aréopage [4], et favorisa la participation des citoyens les plus pauvres à la vie politique. Mais les bénéfices de la démocratie étaient réservés aux citoyens mâles. En étaient donc exclus les esclaves, et, d’une manière plus stricte que dans le passé, les métèques [5].
Il se soucia aussi de maintenir l’autorité d’Athènes sur ses alliés. Il semble bien que son influence ait contribué au durcissement de la ligue de Délos [6], devenue un simple instrument de la politique athénienne pour son expansion en mer Egée [7] au détriment de la Perse et de l’autonomie des Grecs.
En 437, il fonda une colonie à Amphipolis [8] et peu après à la même époque il dirigea une expédition pour établir l’influence athénienne dans la région de la mer Noire [9], après avoir soumis Samos [10] en 439, lorsque l’île s’était révoltée et avait quitté la ligue de Délos.
Cette politique impérialiste, victorieuse contre les perses entraîna Athènes dans une rivalité permanente avec Sparte [11], jusqu’à un inévitable conflit qui fut la guerre du Péloponnèse de 431 à 404 av. jc [12]
Il fut l’instigateur de la construction du Parthénon [13] pour commémorer les guerres Médiques [14] commencée en 447 et achevée 10 ans plus tard, en 437, des Propylées et des autres bâtiments importants de cette époque sur l’Acropole. Menant une politique de prestige redoutablement efficace, il n’hésita pas à se servir dans les caisses de la ligue de Délos pour financer les monuments.
Il fut également à l’origine du Misthos [15] puisqu’en se rendant à l’Assemblée du Peuple, le citoyen perdait les bénéfices d’une journée entière de travail.
Il mourut de la peste au début de cette guerre qui devait se terminer par une défaite.
Notes
[1] La bataille du cap Mycale est l’une des dernières confrontations entre Grecs coalisés et Perses de la deuxième guerre médique. Elle eut lieu en 479 et tient son nom du cap au large duquel l’affrontement débuta, et qui se situe en face de l’île de Samos.
[2] Les Alcméonides étaient l’une des familles eupatrides (nobles) d’Athènes. Les Alcméonides prétendaient descendre de Nélée, fils de Poséidon et roi mythique de Pylos, et avoir été chassés de leur royaume par l’invasion des Doriens.
[3] Un stratège est un membre du pouvoir exécutif d’une cité grecque, qu’il soit élu ou coopté. Il est utilisé en grec pour désigner un militaire général. Dans le monde hellénistique et l’Empire Byzantin, le terme a également été utilisé pour décrire un gouverneur militaire. Dans la Grèce contemporaine (19ème siècle jusqu’à nos jours), le stratège est un général et a le rang d’officier le plus élevé.
[4] L’aréopage avait un pouvoir judiciaire à Athènes lors de la démocratie (500 à 300 av. jc) il était formé de 9 anciens archontes. Originellement, l’Aréopage était un conseil puissant, composé des citoyens ayant rempli avec le plus de brio les magistratures les plus importantes. Cependant, une réforme de 461 av.jc limita très fortement son pouvoir en le circonscrivant au domaine judiciaire (on parla alors du tribunal de l’Aréopage). Toutefois, de temps à autre, il pouvait retrouver son rôle de conseil, mais simplement sur un plan moral. Il n’est pas étonnant que, dans les débats politiques sur le meilleur gouvernement qui fleurissent dès la fin du 5ème siècle, de nombreux auteurs opposés à la démocratie pure (Platon, Thucydide, Aristote) aient voulu valoriser le rôle de cette institution plutôt oligarchique. L’Aréopage siégeait la nuit : on n’y permettait aucun artifice oratoire pour émouvoir ou attendrir les juges.
[5] c’est-à-dire les étrangers vivant à Athènes
[6] À la suite de ses victoires sur les Perses au cours des guerres médiques, Athènes devient la puissance dominante du monde grec durant toute la période du 5ème siècle av. jc. En effet la Ligue de Délos, alliance militaire initialement créée pour repousser l’ennemi perse, évolue d’une coordination de forces armées grecques sous l’égide des Athéniens vers une confédération étatique soutenue militairement, financièrement, et culturellement par Athènes. Les liens qu’entretient cette cité avec ses alliés sont donc à partir du milieu du siècle des rapports de cité mère à cités vassales. Ainsi en 454 le trésor de Délos est transféré à Athènes. L’union entre la nouvelle métropole et ses provinces est passée de mutuellement consentie à maintenue par la force.
[7] La mer Égée est une mer intérieure du bassin méditerranéen, située entre l’Europe et la Grèce à l’ouest, et l’Asie et la Turquie à l’est. Elle s’étend de la côte thrace et du détroit des Dardanelles au nord jusqu’à la Crète au sud.
[8] Amphipolis est une cité grecque de la région des Édoniens en Macédoine orientale. Elle occupe un haut plateau sur la rive est d’une boucle du Strymon, à 4 km au nord de son embouchure dans la mer Égée au niveau du Golfe Strymonique. Fondée en 437 av. jc, elle fut abandonnée au 8ème siècle de notre ère.
[9] La mer Noire est une mer située entre l’Europe et l’Anatolie. Large d’environ 1 150 km d’ouest en est et de 600 km du nord au sud, elle s’étend sur une superficie de 413 000 km². Elle communique au nord avec la mer d’Azov par le détroit de Kertch, et au sud-ouest avec la Méditerranée par le Bosphore, la mer de Marmara et le détroit des Dardanelles. Dans l’Antiquité, les Grecs la désignèrent d’abord par Skythikos Pontos. Les Scythes, peuple de langue iranienne, la désignèrent comme Axaïna, c’est-à-dire « indigo ». Les Grecs quand ses courants et ses vents leur devinrent familiers, la désignèrente comme Pontos Euxeinos, traduit en français par Pont-Euxin.Les Romains l’appelèrent Mare Caecili, terme qui fut traduit par la suite par les bulgares en « mer Cécile ».Au 13ème siècle, elle apparaît sur les portulans génois, dans les chroniques de Wavrin et de Villehardouin sous les noms de mer Majoure c’est-à-dire « grande mer ». Le terme de Noire apparu dans les textes et les cartes à partir du 15ème siècle.
[10] Samos est une île grecque de la mer Égée, proche de l’Asie Mineure et située à 70 kilomètres au Sud-ouest de Smyrne, aujourd’hui Izmir en Turquie.
[11] Sparte était une ville-état de premier plan dans la Grèce antique . Dans l’Antiquité, la ville-état était connue sous le nom de Lacedaemon, tandis que le nom de Sparte désignait son établissement principal sur les rives de la rivière Eurotas en Laconie, dans le sud-est du Péloponnèse. Vers 650 av. jc, elle est devenu la puissance terrestre militaire dominante dans la Grèce antique. Compte tenu de sa prééminence militaire, Sparte fut reconnu comme le chef de file des forces grecques combinées pendant les guerres gréco-perses. Entre 431 et 404 av. jc, Sparte fut le principal ennemi d’ Athènes pendant la guerre du Péloponnèse
[12] La guerre du Péloponnèse est le conflit qui oppose la ligue de Délos, menée par Athènes, et la ligue du Péloponnèse, sous l’hégémonie de Sparte. Le déroulement du conflit est principalement connu à travers les récits qu’en ont fait Thucydide et Xénophon. Provoquée par trois crises successives en peu de temps, la guerre est cependant principalement causée par la crainte de l’impérialisme athénien chez les alliés de Sparte. Ce conflit met fin à la pentécontaétie et s’étend de 431 à 404 en trois périodes généralement admises : la période archidamique de 431 à 421, la guerre indirecte de 421 à 413, et la guerre de Décélie et d’Ionie, de 413 à 404.
[13] Le Parthénon, est un temple grec, situé sur l’Acropole d’Athènes, dédié à la déesse Athéna, que les Athéniens considéraient comme la patronne de leur cité. Réalisé entièrement en marbre pentélique, le Parthénon est à la fois un temple et un trésor, au sens antique du terme. Le naos du Parthénon fut conçu pour abriter la statue chryséléphantine de la déesse Athéna Parthénos, œuvre monumentale de Phidias, à laquelle les Athéniens présentaient leurs offrandes.
[14] Les guerres médiques opposent les Grecs aux Perses de l’Empire achéménide au début du 5ème siècle av. jc. Elles sont déclenchées par la révolte des cités grecques asiatiques contre la domination perse, l’intervention d’Athènes en leur faveur entraînant des représailles. Les 2 expéditions militaires des souverains achéménides Darius 1er et Xerxès 1er constituent les principaux épisodes militaires de ce conflit ; elles se concluent par la victoire spectaculaire des cités grecques européennes conduites par Athènes et Sparte.
[15] indemnité versée au citoyen pour le temps qu’il consacre à la vie politique