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Massinissa

lundi 1er août 2016, par lucien jallamion (Date de rédaction antérieure : 27 juillet 2011).

Massinissa (240 av jc-149 av jc)

Roi des Numides Orientaux

Massinissa Roi des Numides Orientaux

Fils du roi Gaïa, petit-fils de Zelalsan et arrière petit-fils d’Ilès. Il naquit dans la tribu des Massyles [1]. Elevé à Carthage [2], il fut d’abord l’allié des Carthaginois, avec lesquels il combattit Syphax, roi des Numides [3] Occidentaux. A partir de 212 ou 211 av jc, il rejoignit les troupes carthaginoises en Espagne jusqu’à l’automne 206 av jc. Il remporta une victoire décisive contre Syphax, et mena avec succès une guérilla contre les Romains en Ibérie [4].

Vers 206, Scipion gagna son amitié et ils passèrent un accord secret et celui-ci le seconda désormais dans sa lutte contre Carthage. Puis Scipion se rendit en Afrique pour tenter de convaincre Syphax de rester dans l’alliance. Mais le roi massaessyle, ayant eu vent de l’accord avec Massinissa, s’était déjà rapproché de Carthage.

Il décida de quitter Gadès [5] pour la Maurétanie [6] en 206, et craignant les représailles de Syphax, allié de son cousin, il demanda l’aide de Baga, roi des Maures. Celui-ci lui offrit une escorte de 4000 hommes qui l’accompagna jusqu’aux limites de ses terres. Après avoir rassemblé 500 cavaliers parmi les siens et les fidèles partisans de sa famille, il s’attaqua à ses adversaires.

Lacumazes, qui s’apprêtait à quitter Thapsus [7], siège de son gouvernement pour se rendre à Cirta [8] afin de présenter ses hommages à Syphax, fut attaqué par Massinissa dans un défilé non loin de la ville, vaincu dans cette embuscade, il parvint néanmoins à prendre la fuite et à rejoindre Cirta. Cette victoire valut à Massinissa un afflux de partisans qui lui permirent de consolider sa position.

Lacumazes et Maztul rassemblèrent des hommes de leur clan, obtinrent l’aide de Syphax et revinrent à la charge avec 15000 fantassins et 10000 cavaliers. Malgré un nombre d’hommes bien moindre, Massinissa fut encore victorieux et leur infligea une dure défaite. Battus et abandonnés par les leurs, Lacumazes et Meztul se réfugièrent à Carthage, chez leurs beaux-parents.

Massinissa occupa alors Thapsus, qui devint la capitale des Massyles. Afin de consolider son pouvoir, il mena une lutte efficace contre Carthage et prôna l’union de tous les Numides. À Lacumazes et Meztul il offrit de leur rendre leur bien et la considération due à leur rang s’ils revenaient dans leur patrie. Ceux-ci rassurés quant à la sincérité de leur cousin, quittèrent Carthage et le rejoignirent.

Ce regroupement des forces numides inquiéta les suffètes [9] qui dépêchèrent alors Hasdrubal Gisco auprès de Syphax pour le persuader du danger que représentait désormais un tel voisin. Celui-ci, prétexta alors une vieille querelle concernant des territoires qu’il avait autrefois disputé à Gaïa pour attaquer Massinissa et le contraindre à épuiser ses faibles moyens. Massinissa accepta le combat, son armée fut mise en déroute et Syphax s’appropria alors une partie du royaume Massyles.

Il se réfugia dans les montagnes, avec une poignée de fidèles et connut une vie de proscrit. Il ne continua pas moins à harceler ses ennemis par des raids organisés contre les campagnes carthaginoises et les hommes de Syphax ne réussirent pas à venir à bout de lui. L’insécurité qu’il fit peser sur les colons et sa popularité grandissante en Numidie inquiéta une fois de plus les suffètes carthaginois. Des expéditions contre Massinissa furent envoyées, on le crut mort. Mais une fois ses plaies cicatrisées Massinissa revenait à la charge et marchait une fois de plus contre Syphax. Peu à peu, ses compatriotes le reconnurent, lui adressèrent leur allégeance et lui offrirent les moyens dont il manquait.

Son royaume récupéré, Massinissa s’attaqua alors aux territoires voisins. Les carthaginois, pour se défendre se lièrent avec les Massaesyles [10] et rassemblèrent une grande armée contre les Massyles. Syphax était à la tête d’un vaste royaume et sa guerre contre Massinissa ne lui procura que plus de prestige encore. Satisfait de sa victoire qui ne sera guère éternelle, Syphax accorda en dot à son mariage avec Sophonisbe, les territoires qu’il avait usurpé à Gaïa. Tout cela se déroula en 205 av jc, moins d’un an après le retour d’Espagne de Massinissa.

Scipion, décidé à en finir avec Carthage, débarqua en Afrique. Le rusé Romain essaya une nouvelle fois d’attirer Syphax qui rejeta de nouveau l’alliance proposée. Il se tourna alors vers Massinissa. Les premiers combats tournèrent en faveur des 2 alliés. Ces derniers, encouragés par leurs succès, s’attaquèrent à Utique [11], place forte carthaginoise, mais l’intervention de Syphax, les obligea à se retirer.

Ils prirent leurs quartiers d’hiver et Scipion en cachette de Massinissa, entra de nouveau en contact avec Syphax. Faute de pouvoir le détacher des Carthaginois, il lui demanda de proposer une solution pour mettre fin au conflit entre Rome et Carthage. Ce dernier proposa que les Carthaginois évacuent l’Italie, où ils étaient en campagne, en échange les Romains quitteraient l’Afrique. Si le général Hasdrubal, qui commandait les Carthaginois accepta l’offre, Scipion, qui voulait en fait la reddition pure et simple de la Cité punique, la rejeta.

Massinissa et Scipion reprirent leurs attaques, obligeant cette fois-ci les troupes puniques à se replier sur Carthage. Syphax, lui, ne voulant pas perdre plus d’hommes, se retira dans son royaume. Les Carthaginois, comprenant que les Romains ne leur laisseraient pas de répit, décidèrent, après avoir adopté une attitude défensive, de passer à l’offensive. Ils levèrent une forte armée qui, rejointe par Syphax, donna l’assaut. Ce fut la bataille des Grandes Plaines [12] en avril 203 qui s’acheva par la victoire des forces coalisées de Massinissa et de Scipion. Il y eut un répit au cours duquel chaque camp reconstitua ses troupes, puis la guerre reprit.

Un combat s’engagea entre Massinissa et Syphax, et ce dernier, entouré par de nombreux soldats, était sur le point de l’emporter, quand l’armée romaine intervint. Jeté à terre, Syphax fut arrêté. On l’enchaîna et on le conduisit sous les murs de Cirta qui, voyant son roi en piteux état, décida de se rendre.

Massinissa, après plusieurs années d’errance, pu ainsi reprendre le royaume de ses pères. Carthage, vaincue, fut obligée de signer une paix qui la priva d’une grande partie de ses territoires et de sa flotte. Le retour de Hannibal, qui avait mis fin à la campagne d’Italie, souleva les espoirs de la Cité. Un incident rompit bientôt la paix et la guerre reprit.

Hannibal s’allia à Vermina, le fils et successeur de Syphax et, ensemble, ils envahirent le royaume des Massyles. Massinissa et Scipion les rejoignirent à Zama et une grande bataille s’engagea en 202 av jc [13]. A cette bataille Il commanda la cavalerie et devint alors le plus puissant souverain de l’Afrique du Nord, imposant son autorité depuis la frontière Tunisienne jusqu’à la Moulouya [14].

Carthage fut de nouveau contrainte à négocier. Mais le précédent traité fut révisé et la cité punique dut restituer à Massinissa tous les territoires qui avaient été arrachés à ses ancêtres. Hannibal se révolta et essaya de s’opposer au traité mais menacé d’être livré aux Romains il s’enfuit en Syrie où il se suicidera en 183 av jc.

Ce grand roi berbère étendit largement la civilisation punique, mais ouvrit aussi son royaume aux influences Helléniques.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de histoire de MASSINISSA, Le premier unificateur du Maghreb/ la cause du peuple/ Le petit mourre dictionnaire d’histoire universelle édition Bordas 2004 p 858

Notes

[1] Les Massyles sont un peuple qui a habité le nord-est de l’actuelle Algérie vers le 3ème siècle av. jc. Le royaume Massyle s’étendait sur l’actuelle Algérie orientale et l’actuelle Tunisie occidentale. Il était moins étendu que le royaume des Massaesyles, mais présentait plus d’unité ; sa population était plus attachée la terre et ses villes nombreuses : Dougga, Tebessa, et Cirta.

[2] Carthage est une ville tunisienne située au nord-est de la capitale Tunis. L’ancienne cité punique, détruite puis reconstruite par les Romains qui en font la capitale de la province d’Afrique proconsulaire, est aujourd’hui l’une des municipalités les plus huppées du Grand Tunis, résidence officielle du président de la République, regroupant de nombreuses résidences d’ambassadeurs ou de richissimes fortunes tunisiennes et expatriées. La ville possède encore de nombreux sites archéologiques, romains pour la plupart avec quelques éléments puniques,

[3] La Numidie est d’abord un ancien royaume berbère, qui alterna ensuite entre le statut de province et d’état vassal de l’Empire romain. Elle est située sur la bordure nord de l’Algérie moderne, bordé par la province romaine de Maurétanie, de nos jours l’Algérie et le Maroc, à l’ouest, la province romaine d’Afrique, la Tunisie, à l’est, la mer Méditerranée vers le nord , et le désert du Sahara vers le sud. Ses habitants étaient les Numides.

[4] L’Ibérie, aussi connue sous le nom d’Ivérie, est le nom donné par les Grecs et les Romains à l’ancien royaume de Karthlie et correspondant approximativement aux parties méridionale et orientale de l’actuelle République de Géorgie. Les Ibères du Caucase forment une base pour le futur État géorgien et, en même temps que les Colches de Colchide, le noyau de la population géorgienne actuelle. La région n’était, jadis, habitée que par quelques tribus qui faisaient partie du peuple appelé « Ibères ».

[5] Gadès, est le nom de la ville actuelle de Cadix. Toujours considérée comme une île, elle a été décrite par les auteurs comme Pomponius Mela et Pline l’Ancien. La cité fut fondée vers 1100 av.jc par les Phéniciens, au sud de l’Ibérie, à l’entrée du détroit de Gibraltar, sur le golfe atlantique de Gadès. Ses habitants, les Gaditains, étaient des commerçants et des marins réputés.

[6] La Maurétanie désigne le territoire des Maures dans l’Antiquité. Il s’étendait sur le Nord-ouest et central de l’actuelle Algérie, et une partie du nord Marocain. Sous Rome, le territoire fut divisé en provinces : - Maurétanie Césarienne, qui correspond à l’Algérie centrale et occidentale. La capitale était Caesarea (actuelle Cherchel ou Cherchell). - Maurétanie Sitifienne , créée par Dioclétien pour la partie orientale de la Maurétanie Césarienne avec Sitifis (actuelle Sétif en Algérie) comme capitale. - Maurétanie Tingitane, qui correspond à peu près au Nord du Maroc actuel. Les villes principales sont Volubilis, Sala, Lixus, Banasa, Ceuta, Melilla et Tingis (actuelle Tanger) qui en était le chef-lieu. Elle fut attachée administrativement à la province d’Espagne, la Bétique. Le nom a donné aujourd’hui Mauritanie, qui est un État d’Afrique de l’ouest, situé au sud du Sahara, adhérant à la Ligue arabe.

[7] Thapsus, quelquefois francisé en Thapse, est un site antique situé à l’est de l’actuelle Tunisie. Les ruines de la cité sont encore visibles à Rass Dimass, près de Bekalta, approximativement à 200 kilomètres au sud-est de Carthage. Elle est fondée à l’origine par les Phéniciens à proximité d’un lac salé. Après la Troisième Guerre punique et la destruction de Carthage, elle sert de ville marchande à la province autonome de Byzacène en Afrique romaine.

[8] Cirta fut capitale du royaume de Numidie, puis romaine pour laisser place à la ville actuelle de Constantine. Cirta au temps de Massinissa prend une importance stratégique de par sa position géographique.

[9] Suffète est le nom des premiers magistrats de Carthage. Leur pouvoir ne durait qu’un an. Ils étaient à Carthage ce que les consuls étaient à Rome.

[10] Les Massaesyles sont un peuple libyque. C’était, avec les Massyles, l’un des deux peuples numides qui vivaient dans l’actuelle Algérie et une petite portion du nord du Maroc jusqu’au fleuve Moulouya

[11] Utique est un site archéologique localisé à l’emplacement d’une ancienne cité portuaire fondée par les Phéniciens dans l’Antiquité. Il est situé au nord de l’actuelle Tunisie, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Carthage, dans le gouvernorat de Bizerte.

[12] La bataille des Grandes Plaines opposa en 203 av. jc l’armée romaine de Scipion l’Africain, allié au prince numide Massinissa, à une force carthagino-numide. Les Carthaginois étaient dirigés par Hasdrubal Gisco et les Numides par Syphax. Scipion remporta la bataille ce qui obligea Carthage à rappeler Hannibal d’Italie.

[13] La bataille de Zama fut, en 202 avant l’ère chrétienne, un affrontement décisif de la deuxième guerre punique. Elle vit s’affronter les armées romaines d’une part, dirigées par Scipion l’Africain et le roi numide massyle Massinissa, et carthaginoises d’autre part, dirigées par Hannibal et l’autre roi numide massaesyle Syphax, qui y perdirent la guerre. Peu après celle-ci, le sénat carthaginois signa un traité de paix qui mit fin à 20 ans de guerre. Zama se trouve à Siliana (nord-ouest de la Tunisie).

[14] La Moulouya aussi appelé Marwacht en berbère, est un fleuve marocain qui prend naissance à la jonction du massif du Moyen et du Haut Atlas dans la région d’Almssid dans la province de Midelt. Il est long de 600 kilomètres et se jette dans la mer Méditerranée, dans la région du Rif, dans les plaines de Kebdana, à l’extrême nord-est du Maroc. Son embouchure est située à 14 km de la frontière algéro-marocaine.