Il succède à Porcius Festus. Il est surtout connu pour avoir obtenu d’Agrippa II le renvoi du grand prêtre [1] Hanan ben Hanan, qui venait de profiter du fait qu’il n’était pas encore arrivé à Jérusalem [2] pour exécuter Jacques le Juste, alors que les autorités juives n’avaient pas le droit de procéder à des exécutions capitales.
Il est ensuite gouverneur de la Maurétanie Tingitane [3] et de la Maurétanie Césarienne [4]. En 69, lors des troubles de l’année des quatre empereurs [5], il est soupçonné de préparer un débarquement en Espagne, alors qu’il se fait appeler Juba et qu’il se pare des titres de la royauté. Il est intercepté par des forces vitelliennes et exécuté ainsi que sa femme.
Albinus fait face à son premier défi alors qu’il est en route pour la Judée pour aller prendre son nouveau poste. Après la mort de Festus, le roi Agrippa II démet le grand prêtre juif et nomme Hanan ben Hanan fils du grand prêtre Anân et beau-frère de Joseph Caïphe pour le remplacer. Hanan profite tout de suite de la période d’anarchie qui règne à Jérusalem depuis la mort de Festus pour faire exécuter Jacques par lapidation.
L’exécution de Jacques, frère de Jésus, appelé Christ est mentionnée par Flavius Josèphe, mais aussi par de nombreuses sources chrétiennes transmises par Eusèbe de Césarée ou indépendantes de lui, notamment les Ascensions de Jacques.
Ananus, qui appartient au courant sadducéen [6], a sans doute pensé rendre service à Rome en supprimant Jacques, car il a dû estimer qu’il est alors sous influence des Zélotes*. Son initiative a été mal appréciée, et lui a valu d’être destitué de sa charge de grand prêtre à la demande du nouveau procurateur romain sitôt entré en fonction4 Agrippa a alors désigné Jésus, fils de Dammaeus comme nouveau grand prêtre.
En effet, si cette exécution provoque le renvoi du Grand Prêtre aussi puissant qu’Ananus, appartenant à une famille qui compta 8 Grands prêtres en 60 ans et qui venait à peine d’être nommé, cela ne signifie-t-il pas que Jacques était un personnage important, bénéficiant d’alliés puissants à Jérusalem.
La même année, au cours de la Fête des Tabernacles* un homme appelé Jésus fils d’Ananias, profère une suite de malédictions contre Jérusalem. Il est arrêté et emmené à Albinus. Celui-ci ordonne qu’il soit flagellé jusqu’à ce que ses os apparaissent, mais lui, continue à chaque coup de maudire la ville. Albinus l’a interrogé, mais comme il ne cessait de répéter les mêmes mots, il l’a libéré.
Selon les Antiquités judaïques, dès son arrivée à Jérusalem, Albinus aurait déployé d’importants efforts pour pacifier le pays en éliminant les sicaires*. Flavius Josèphe raconte aussi qu’Albinus est devenu l’ami d’Ananias de Zébédée qui avait été grand prêtre et avait l’affection et l’estime de ses concitoyens.
Les Sicaires ont répondu aux actions d’Albinus contre eux en agissant de nuit à l’occasion d’une des trois fêtes de pèlerinage. Ils ont capturé le secrétaire du prêtre Eléazar, fils d’Ananias qui était commandant du Temple. Ils ont envoyé dire à Ananias de Zébédée « qu’ils relâcheraient le secrétaire et le lui rendraient, s’il décidait Albinus à relâcher 10 des leurs qu’il avait emprisonnés. Ananias a obtenu cette faveur de son ami.
Quand Albinus a appris qu’il devait être remplacé par Gessius Florus, il a vidé les prisons en exécutant des prisonniers accusés d’infractions les plus graves.
Après son séjour en Judée, Albinus a été choisi par Néron pour être procurateur de la Maurétanie Césarienne*. En 68, lors de l’année des quatre empereurs, l’administration de la province de Maurétanie Tingitane a été ajoutée à ses fonctions par l’empereur Galba. Tacite précise que la Tingitane, disposait de forces respectables. 19 cohortes et 5 ailes de cavalerie étaient sous ses ordres, avec un grand nombre de Maures*. Après le meurtre de Galba en janvier 69, Albinus a soutenu Othon dans l’année de l’anarchie politique, qui a suivi la mort de Néron. Albinus menaçait alors l’Espagne via le détroit de Gibraltar*. Albinus a aussi abandonné le titre de procurateur pour se parer du nom de Juba, en référence à l’ancien roi de Mauritanie Juba II. Cluvius Rufus s’en alarme et donne ordre à la dixième légion de s’approcher du détroit comme pour le passer. Des centurions sont envoyés en avant pour gagner à Vitellius les esprits des Maures. Ils y réussirent sans peine, tant la réputation de l’armée de Germanie était grande en ces provinces.
Les dispositions de l’Afrique ainsi changées, Asinius Pollion, préfet de cavalerie, l’un des amis les plus dévoués d’Albinus, ainsi que Festus et Scipio, préfets de cohortes, sont assassinés. Albinus est accusé de prétendre au pouvoir impérial. Alors qu’il se rend dans la Maurétanie Césarienne depuis la province Tingitane, il est tué au débarquement. Sa femme, qui s’offrit volontairement aux meurtriers, fut égorgée avec lui.