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L’histoire pour le plaisir

Michel Colombe

dimanche 14 janvier 2024, par lucien jallamion

Michel Colombe (vers 1430-1515)

Sculpteur français de l’école de Tours

Actif sous les règnes de Charles VIII et Louis XII, frère de l’enlumineur Jean Colombe.

Michel Colombe passe sa jeunesse en Berry [1], où son père Philippe Colombe, le forme et le dirige sur les chantiers de Bourges [2], et peut-être celui de l’hôtel de Jacques Cœur [3]. En 1462, Jean de Bar, chambellan [4] du roi Louis XI et bailli [5] de Touraine [6], lui commande 5 statues pour la chapelle du château de Baugy [7] dans le Cher.

En 1474, il reçoit de Jean Briçonnet un paiement pour la réalisation d’une maquette en pierre, comme projet funéraire pour Louis XI dans Notre-Dame de Cléry [8], mais, peu convaincu, Louis XI s’adressera en 1481 à Nicolas d’Amiens dit Colin d’Amiens.

On sait que Michel Colombe était présent à Moulins [9] en 1484 : avec Jehan de Rouen dit Jean de Rouen et Thévenin l’Imageur, il est chargé de confectionner des éléphants articulés à l’occasion de l’entrée dans la ville de la nouvelle duchesse Catherine d’Armagnac, épouse de Jean II de Bourbon.

En 1489, il travaille sur le projet de tombeau du roi Louis XI, dessiné par Jean Fouquet en 1484. En 1496, il est installé à Tours [10], où est attribué à son atelier le revêtement mural sculpté de l’ensemble du groupe de la Mise au tombeau de l’abbaye de Solesmes [11].

On lui doit notamment le tombeau du duc François II de Bretagne et de Marguerite de Foix, dans la cathédrale de Nantes [12] en 1507.

Après la mort de l’évêque de Nantes [13] Guillaume Guéguen en 1506, sa sculpture fut réalisée en albâtre et disposée dans la cathédrale.

En 1508, il exécute le retable de marbre consacré à saint Georges de la chapelle haute du château de Gaillon.

Marguerite d’Autriche souhaita lui commander le mausolée de son époux Philibert II dit le Beau , pour l’église Notre-Dame de Brou [14]. Le 3 décembre 1511, Michel Colombe signe un contrat avec Jean Lemaire pour réaliser la maquette du tombeau.

Marguerite d’Autriche s’inquiétant de ne rien voir arriver à Pâques 1512, Michel Colombe proposa dans une lettre du 28 mai 1512 de la faire réaliser par Guillaume Regnault , neveu de Colombe. Après le départ de Jean Lemaire et Jean Perréal du projet en 1512, elle changea de maître d’œuvre en octobre 1512 et fit finalement appel au peintre flamand Jan Van Roome dit Jean de Bruxelles, pour les trois tombeaux de l’église, et à Conrad Meyt pour les gisants et transis.

L’abbesse Antoinette de Moustiers commande à l’atelier un christ pour la chapelle du sépulcre de l’abbaye Notre-Dame de Jouarre [15], qu’elle a créée le 21 décembre 1514, aujourd’hui conservé dans l’église paroissiale de Jouarre.

Michel Colombe meurt avant novembre 1515 vers l’âge de 85 ans, son élève et collaborateur Guillaume Regnault reprend l’atelier tourangeau en novembre 1515.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu du texte de Jean-René Gaborit, Michel Colombe et son temps, Éditions du CTHS, 2001.

Notes

[1] Le Berry est une province historique de la France de l’Ancien Régime, ayant pour capitale Bourges, mais dont toute structure administrative disparaît définitivement avec la Révolution française. Le Berry est érigé en duché en 1360, que le roi de France Jean II le Bon confie en apanage à son fils Jean 1er de Berry (1340-1416). Le duché de Berry revient dans le domaine royal à la mort du Duc Jean, en 1416, avant de passer entre les mains de deux fils du roi Charles VI : d’abord à Jean puis à Charles, le futur Charles VII. Le duché de Berry est de nouveau concédé à Jeanne de France, fille de Louis XI en 1498. Le titre de duc de Berry sera ensuite épisodiquement donné à plusieurs princes de la famille royale, dont les plus célèbres sont Charles de France (1686-1714), cadet des petit-fils de Louis XIV, le futur Louis XVI et le second fils du roi Charles X. Le 31 décembre 1661, Philippe de Clérembault, comte de Palluau fut nommé gouverneur du Berry.

[2] Bourges est une commune française, préfecture du département du Cher. Elle est aussi la capitale historique du Berry, province de l’Ancien Régime correspondant approximativement aux départements actuels de l’Indre et du Cher.

[3] Le palais Jacques-Cœur est un hôtel particulier du 15ème siècle situé sur la commune de Bourges dans la région historique du Berry et le département français du Cher. Caractéristique de l’hôtel « à la française » qui existe depuis le Moyen Âge, il est considéré, de par l’élégance de son architecture, la richesse et la variété de sa décoration, comme l’un des plus somptueux édifices civils de style gothique flamboyant.

[4] Un chambellan ou chambrier est un gentilhomme chargé du service de la chambre d’un monarque ou d’un prince, à la cour duquel il vit.

[5] Le bailli était, dans l’Ancien Régime français, un officier de judicature représentant de l’autorité du roi ou du prince dans le bailliage, chargé de faire appliquer la justice et de contrôler l’administration en son nom. Il s’agissait de l’équivalent de nos actuels préfets. La juridiction dont est responsable un bailli s’appelle un bailliage. En France méridionale, le terme généralement utilisé était sénéchal et la circonscription la sénéchaussée. En Provence, les couples de mots « bayle », « baillie » et « viguier », « viguerie » étaient répandus. Les bailliages ont été établis au 12ème siècle sur le domaine royal, notamment par Philippe Auguste. Il était à l’origine porté par des commissaires royaux qui rendaient la justice, percevaient les impôts et recevaient, au nom de la couronne, les plaintes du peuple contre les seigneurs. Leur juridiction, régularisée avec les Capétiens fut d’abord très étendue ; mais l’abus qu’ils firent de leur puissance obligea les rois à la réduire. Vers le 16ème siècle, le rôle du « bailli » était devenu simplement honorifique, le lieutenant général du bailliage et d’autres officiers se répartissant son pouvoir. Néanmoins, leur office était noble et d’épée ; Charles IX, en 1560, les déclara officiers de robe courte.

[6] La Touraine est une des anciennes provinces de France héritière de la civitas turonensis ou cité des Turones, dont elle tire son nom. Les comtes d’Anjou et de Blois, maîtres politiques de la Touraine, sont longtemps plus puissants que les rois capétiens, mais la généralisation de la seigneurie franco-flamande et son besoin de garantie de paix réhabilitent le pouvoir central longtemps oublié. Au terme d’une reprise capétienne séculaire, Philippe Auguste s’impose face à la prestigieuse dynastie Plantagenêt après 1216. Toute la Touraine (et pas seulement la portion de la ville de Saint Martin de Tours) et quelques places fortes est sous l’égide de la maison royale de France.

[7] Baugy est une commune française située dans le département du Cher

[8] La basilique Notre-Dame de Cléry-Saint-André est un édifice religieux situé à Cléry-Saint-André dans le département du Loiret. Aujourd’hui église paroissiale de la communauté catholique de Cléry, elle est à la fois collégiale, chapelle royale et basilique mariale en raison de la dévotion à Notre-Dame qui s’y est développée. L’édifice a été popularisé par la comptine Le Carillon de Vendôme. Le roi octroie la baronnie de Cléry à l’église collégiale Notre-Dame de Cléry, par lettres patentes. Le parlement de Paris les enregistre le 7 juillet 1480. Le 7 septembre 1483, Louis XI, et Charlotte de Savoie, son épouse, vers décembre 1483, sont inhumés dans la basilique.

[9] Capitale historique du Bourbonnais, l’agglomération s’étend le long de l’Allier. L’histoire de la ville de Moulins est étroitement liée à celle des ducs de Bourbon, puisqu’elle devient la capitale du duché et de ses importantes dépendances en 1327. Cet état de fait perdurera jusqu’en 1523, avec la défection du connétable de Bourbon. En 1327, la seigneurie du Bourbonnais est érigée en duché par le roi de France Charles IV Le Bel. Louis 1er Le Grand, premier duc de Bourbon, réside peu à Moulins, de même que son fils et successeur, Pierre 1er. Le duché n’avait pas alors de capitale fixe : la famille, originaire de Bourbon-l’Archambault, résidait aléatoirement dans cette même ville, à Moulins, Souvigny ou Chantelle. Les travaux qu’ils entreprennent sont minimes : édification des soubassements de la Malcoiffée, le donjon du palais ducal, pour le premier ; autorisation de l’installation du couvent des Carmes, plus vieil établissement religieux de la ville, pour le second. C’est avec Louis II Le Bon que Moulins devient effectivement capitale du duché, et, comme lieu de résidence des ducs, de facto la capitale des territoires sous leur administration

[10] Tours est une commune de l’ouest de la France, sur les rives de la Loire et du Cher, dans le département d’Indre-et-Loire, dont elle est le chef-lieu. Ancienne Caesarodunum cité des Turones, fondé par Auguste, capitale de la 3ème Lyonnaise avec un des plus grands amphithéâtres de l’empire romain. Sanctuaire national avec saint Martin, Grégoire de Tours et Alcuin sous les Mérovingiens et les Carolingiens, avec l’adoption par les Capétiens de la monnaie locale la livre tournois qui deviendra la monnaie du royaume. Capitale du comté de Tours qui deviendra la Touraine, le jardin de la France. Première ville de l’industrie de la soie, voulu par Louis XI, capitale royale sous les Valois avec ses châteaux de la Loire et ville d’art avec l’École de Tours. Capitale de loyauté pour Henri III et Henri IV pendant les guerres de Religion

[11] L’abbaye Saint-Pierre de Solesmes est une abbaye bénédictine situé à Solesmes dans la Sarthe, dont les origines remontent à 1010. Elle domine la vallée de la Sarthe, à environ trois kilomètres de la ville de Sablé-sur-Sarthe, entre Le Mans et Angers. Elle est située sur la petite commune de Solesmes. Les moines, aidés de rustici ruricoli (paysans cultivateurs) défrichent les environs, cultivent le seigle, la vigne et la fève et élèvent chevaux et bovins. Un bourg apparaît autour de l’abbaye à la fin du 11ème siècle, et l’on construit une nouvelle église paroissiale, Sainte-Marie et quelques décennies plus tard la chapelle Saint-Aquilin (aujourd’hui au cimetière communal). La charte de fondation est confirmée le 30 mars 1073 par Guillaume le Conquérant, suzerain du nouveau seigneur de Sablé, Robert le Bourguignon.

[12] La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul (appelé aussi localement « cathédrale Saint-Pierre ») est une cathédrale catholique romaine située sur la place Saint-Pierre, à Nantes (Loire-Atlantique). Elle est la cathédrale du diocèse de Nantes, siège de l’évêque de Nantes. Sa construction s’est étalée sur 457 ans, de 1434 à 1891, mais ces délais n’altèrent en rien la qualité ni la cohérence de son style gothique.

[13] Le diocèse de Nantes est une circonscription territoriale de l’Église catholique correspondant au département de la Loire-Atlantique. Le diocèse de Nantes faisait partie de l’Archidiocèse de Tours jusqu’en 2002. C’est un des neuf évêchés de la Bretagne historique (symbolisés par les 9 bandes du drapeau breton Gwen ha du) ; son territoire constituait le Pays nantais, lui-même correspondant approximativement à l’actuel département de la Loire-Atlantique.

[14] L’église Saint-Nicolas-de-Tolentin de Brou est une église faisant partie du monastère royal de Brou, à Bourg-en-Bresse dans l’Ain, qui fut construite à la demande de Marguerite d’Autriche. C’est un chef-d’œuvre du gothique flamboyant du début du 16ème siècle. Écrin funéraire destiné à abriter les tombes de Marguerite d’Autriche, de son époux Philibert II et de la mère de celui-ci Marguerite de Bourbon, l’église de Brou devait aussi célébrer la gloire d’une régente des Pays-Bas, magnifier les Maisons de Bourgogne, de Habsbourg et de Savoie.

[15] L’abbaye Notre-Dame de Jouarre, fondée au 7ème siècle, est une abbaye bénédictine située à Jouarre dans le département de Seine-et-Marne, en Île-de-France. Une communauté de moniales bénédictines l’anime de nos jours. Elle fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840.