Fabius Valens
Militaire et homme politique romain
Il est connu pour avoir participé aux luttes de pouvoir pendant l’année des quatre empereurs [1] en 69 entre Galba, Vitellius et Othon.
Valens est né à Anagni [2] dans le Latium [3], d’une famille équestre [4]. Tacite le décrit comme de mœurs libres et d’esprit non dénué d’agrément, s’étant exhibé comme mime au théâtre lors de fêtes Juvénales.
Il est le premier commandant de légion qui se rallie à Galba, entraînant les autres légions.
En tant que légat [5] de la Legio I Germanica, légion stationnée dans le district militaire de Germanie inférieure [6], il exécute l’ordre de Galba en 68 à savoir la mise à mort de Fonteius Capito qui aurait fomenté des troubles en Germanie inférieure ou qui n’aurait pas suivi les intentions belliqueuses de Valens et de Cornelius Aquinus.
Il est avec Alienus Cæcina , légat en Gaule. Son ambition et sa témérité sont démesurées. Il en veut personnellement à Galba car il a étouffé le complot de Capito.
Le 2 janvier 69, il entre à Cologne [7] où il salue, avec la cavalerie légionnaire, Vitellius empereur, il ne le sera effectivement qu’après la défaite d’Othon à la bataille de Bedriac [8] en avril 69 à laquelle Valens prendra part aux côtés de Alienus Cæcina.
Le futur empereur Vitellius, déjà acclamé par les armées du Rhin charge les 2 légats de traverser la Gaule et de fondre sur Rome pour renverser Galba mais ils trouveront en fait Othon sur le passage qui aura été fait empereur entre-temps. Valens est à la tête de l’élite de la Germanie inférieure avec l’aigle de la cinquième légion augmenté de cohortes auxiliaires et des ailes [9], soit environ 40 000 hommes. Sa mission lui fait traverser le territoire des Éduens [10] où il cherche un prétexte de guerre.
Il stationnera ensuite à Lugdunum [11] où il dissuade ses troupes de piller la cité voisine de Vienne [12] pour venger les habitants de Lugdunum après que la cité rivale eut levé une armée pendant la révolte de Vindex contre Néron.
Valens et Cæcina franchissent les Alpes ensemble. Ils participent enfin à la bataille de Bedriac en avril 69 où Othon se donne la mort après la victoire de Vitellius qui se fait reconnaître empereur romain.
Lorsque les légions d’Orient et du Danube proclament empereur Vespasien, Valens reste fidèle à Vitellius, mais hésite et perd du temps et ne peut rejoindre les troupes de Cæcina. Après la défaite des troupes de Cécina à Crémone [13], Valens tente de gagner la Gaule où il espère rallier de nouvelles troupes.
Embarqué dans le golfe de Pise [14], il est poussé par les vents au port d’Hercule Monecus [15], où il apprend que les partisans de Vespasien ont pris le contrôle de la région de Fréjus [16]. Rembarquant avec une petite escorte, il échoue vers Marseille sur les îles d’Hyères [17], où il est fait prisonnier, capture qui provoque un ralliement général à Vespasien.
Valens finit sa vie captif et exécuté à Urbino [18], on exhibe sa tête aux dernières unités de Vitellius comme preuve de sa défaite
Notes
[1] L’Année des quatre empereurs (ou des trois empereurs) désigne la période de juin 68 à décembre 69 voyant se succéder à la tête de l’Empire romain pas moins de trois empereurs, avant que le pouvoir n’échoie à Vespasien. Première guerre civile depuis le règne d’Auguste, elle débute dans les derniers mois du règne de Néron avec la révolte de Caius Julius Vindex dans la province de Gaule lyonnaise, premier acte de la Révolte de 69-70. Si le terme Année des quatre empereurs renvoie à une période historique légèrement plus large, on notera tout de même que, dans les faits, il y eut quatre empereurs en l’an 69.
[2] Anagni est une commune italienne, située dans la province de Frosinone, dans la région Latium, en Italie centrale. Elle est connue pour être la cité des papes, quatre d’entre eux y sont nés, Innocent III, Alexandre IV, Grégoire IX et Boniface VIII et pour avoir longtemps été un siège de la papauté. Le nom d’Anagni est plus particulièrement lié aux mésaventures du pape Boniface VIII et à l’épisode connu comme l’attentat d’Anagni.
[3] Le Latium, ou officiellement Lazio en italien, est une région d’Italie centrale. Sa capitale est Rome. Elle est délimitée par la Toscane, l’Ombrie, les Abruzzes, le Molise, la Campanie et la mer Tyrrhénienne. Le Latium est habité depuis le 2ème millénaire av. jc par les Latins qui subissent la domination étrusque. Pour lutter contre celle-ci, ils ont formé la Ligue latine, qui comprenait une trentaine de cités, dont Albe. Au 4ème siècle av. jc, le Latium fut soumis par Rome et ses habitants devinrent des citoyens romains.
[4] Les chevaliers sont un groupe de citoyens de la Rome antique appartenant à l’ordre équestre (equester ordo), sous la Royauté, la République et l’Empire. Choisis par les censeurs, ce sont les plus fortunés (au moins 400 000 sesterces du 2ème siècle av. jc, jusqu’au début de l’Empire) et les plus honorables des citoyens (en dehors des sénateurs). Cette appartenance pouvait être théoriquement remise en cause à chaque censure. En pratique elle était héréditaire. Le chevalier se reconnaît à la bande de pourpre étroite cousue sur sa tunique (tunique dite angusticlave), et au port de l’anneau d’or. Les chevaliers se virent attribuer un poids politique supplémentaire au motif qu’ils étaient capables financièrement de s’équiper pour servir dans l’armée à cheval. De plus l’appartenance à l’ordre équestre était nécessaire pour accéder aux postes d’officier dans l’armée.
[5] Titre porté par les représentants officiels de la Rome antique. Les ambassadeurs étaient des légats du Sénat romain. Sous la République romaine, les consuls, proconsuls, préteurs en campagne pouvaient charger temporairement des légats du commandement de la cavalerie, des réserves ou même d’une légion entière et de plusieurs légions. Sous l’Empire romain, à partir d’Auguste, la fonction de ces légats militaires devint permanente. Désignés par l’empereur, ils le représentaient dans les provinces et les légions. On distingua alors les légats consulaires et les légats prétoriens, qui gouvernaient les provinces « impériales » et exerçaient le pouvoir militaire, et les légats de légion, officiers expérimentés, de rang sénatorial, qui étaient chef d’une légion. Le titre de légat se transmit de l’Empire romain à l’Église catholique
[6] La Germanie inférieure, Germanie seconde ou Basse Germanie selon les auteurs et en latin Germania inferior, est une province romaine établie vers 90 par Domitien autour de la vallée de la Meuse, à l’ouest du Rhin, dans ce que sont aujourd’hui le sud des Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, une partie du nord-est de la France (Ardennes), et du nord-ouest de l’Allemagne. La capitale de la Germanie inférieure est Colonia Claudia Ara Agrippinensium l’actuelle ville de Cologne, également la capitale du peuple des Ubiens.
[7] La ville doit son nom de Cologne à l’impératrice romaine Agrippine, épouse de l’empereur Claude, qui éleva son lieu de naissance au rang de colonie en l’an 50, sous le nom de Colonia Claudia Ara Agrippinensium. Les Romains y tenaient une garnison et des axes routiers convergeaient vers un pont de bateaux sur lequel transitait un important commerce avec toutes les régions de la Germanie. En raison de son importance stratégique sur le limes du Rhin et de la présence de l’armée et de la clientèle germanique, l’endroit attira de nombreux marchands et devint un foyer d’artisanat et de commerce. Centre militaire, la ville fut la résidence de l’empereur gaulois Postume de 260 à 268, et le lieu de l’usurpation éphémère de Silvanus en 355. Les Romains introduisirent le christianisme à Cologne, qui devint siège épiscopal à partir du 4ème siècle. Des Francs se sont regroupés au cours de la seconde moitié du 5ème siècle pour fonder un royaume à Cologne, qui est intégré dans le royaume franc de Clovis. À partir du 7ème siècle, ils sont désignés sous le nom de Francs ripuaires.
[8] Bataille de Bedriacum ou bataille de Crémone est le nom de deux batailles livrées en 69, l’année dite « Année des quatre empereurs », pour déterminer le successeur de l’empereur romain Néron. Elles ont lieu à Bedriacum (Bedriaco en italien) près de Crémone (Italie). La première bataille de Bedriacum eut lieu le 14 avril 69 à Bedriacum, près de Crémone, entre l’armée de Othon et celle de Vitellius, deux prétendants au trône de l’Empire romain après la mort de Néron et Galba.
[9] corps de cavalerie auxiliaire recruté par des engagements volontaires, citoyens romains ou provinciaux
[10] Les Éduens étaient un peuple de la Gaule celtique. Ils étaient établis dans les actuels départements français de la Nièvre et de la Saône-et-Loire ainsi qu’au sud de celui de la Côte d’Or et à l’est de celui de l’Allier. Bibracte était leur capitale. Ils étaient régis par un chef électif, le vergobret. Les Romains firent, dès le 1er siècle av. jc, alliance avec eux, et le sénat romain les proclama frères de la république. Rome profita de la rivalité qui divisait les Éduens et les Arvernes pour intervenir dans les affaires de la Gaule et l’asservir plus facilement.
[11] Lyon
[12] Le comté de Vienne était un fief du Royaume de Provence, puis du Royaume de Bourgogne et enfin du Saint Empire romain germanique. Sa capitale était Vienne. Le comté a désigné autrefois un pagus carolingien créé par Charles Martel lorsqu’il unifie les royaumes francs et qu’il divise l’ancien regnum Burgundiae (Royaume de Bourgogne) en quatre commandements, eux-mêmes divisés en pagi (ou comtés bourguignons). À partir de 870, à la suite de la défaite de Girard après le siège de Vienne, Boson reçut le comté de son beau-frère le roi Charles II le Chauve. Le comté de Vienne devient le centre du pouvoir du royaume de Bourgogne et de Provence des Bosonides. Après la mort de Boson en 887, plusieurs mentions isolées du titre de comte à Vienne apparaissent à différentes reprises dans les sources. Le 24 avril 1011, le roi de Bourgogne Rodolphe III rédige à Aix, en Savoie, un acte en faveur de son épouse (Douaire). La reine Hermengarde ou Ermengarde reçoit ainsi plusieurs terres dont les comtés de Sermorens ou Salmorenc et de Vienne. Le comte Humbert, proche parent de la reine, semble dominer la partie septentrionale du Viennois avant 1025, ainsi que la majeure partie de Salmorenc/Salmourenc. L’effacement de l’autorité royale au sein d’un royaume de Bourgogne sous influence ottonienne caractérisant de plus en plus le règne de Rodolphe III émergent autour de l’an mil, d’une part le comté d’Albon des Guigonides (qui apparurent bientôt sous le titre de Dauphin de Viennois), et d’autre part le comté de Maurienne (future Savoie) d’Humbert aux Blanches Mains, parent des Guigonides de Vienne. De cette affirmation nouvelle du pouvoir comtal découla une querelle entre les comtes d’Albon, l’archevêque de Vienne et les comtes de Mâcon au sujet des droits sur la ville de Vienne, laquelle resta finalement sous la suzeraineté de l’archevêque et des comtes de Mâcon, décorés du titre prestigieux de comtes de Vienne. En 1263, l’archevêque Jean de Bernin rachète la moitié des droits du comté détenue par la Maison de Vienne. Ainsi, les archevêques de Vienne seront jusqu’à la destruction du comté, en 1450, lors du Traité de Moras où le comte-archevêque Jean Gérard de Poitiers accepte de reconnaître le dauphin pour suzerain de la ville. Humbert II Dauphin de Viennois abdiqua le 16 juillet 1349 en faveur du roi de France Philippe VI pour 400 000 écus et une pension annuelle. Philippe investi du titre de "Dauphin" son fils, le futur Charles V. En 1368, Charles VI honora du même titre le futur Charles VII peu après sa naissance initiant ainsi la tradition qui désigna dès lors sous le titre de Dauphin de France l’héritier de la couronne de France.
[13] Bataille de Bedriacum ou bataille de Crémone est le nom de deux batailles livrées en 69, l’année dite « Année des quatre empereurs », pour déterminer le successeur de l’empereur romain Néron. Elles ont lieu à Bedriacum (Bedriaco en italien) près de Crémone (Italie). La première bataille de Bedriacum eut lieu le 14 avril 69 à Bedriacum, près de Crémone, entre l’armée de Othon et celle de Vitellius, deux prétendants au trône de l’Empire romain après la mort de Néron et Galba.
[14] Pise est une ville italienne chef-lieu de la province de même nom en Toscane. Elle est célèbre dans le monde principalement pour sa tour penchée. Elle est traversée par le fleuve Arno et située sur la via Aurelia.
[15] Monaco
[16] Fréjus est une commune française située dans le département du Var. ville romaine fondée en 49 av. jc pour s’opposer à la toute-puissance de Massilia, puis colonie voulue par Auguste en 27 av. jc sous le nom de Colonia Octavanorum pour accueillir les vétérans de la Legio VIII Augusta. Équipée sous Tibère, elle déclina jusqu’au 4ème siècle, date de la constitution de l’évêché, deuxième de France après Lyon
[17] Les îles d’Hyères sont un archipel composé de quatre îles (Porquerolles plus les îles d’Or : Port-Cros, île de Bagaud, île du Levant), quelques îlots et rochers français en mer Méditerranée, situés au large de la presqu’île de Giens (commune d’Hyères) et du cap Bénat (commune de Bormes-les-Mimosas), dans le département du Var. Elles sont administrativement rattachées à la ville d’Hyères. Une partie des îles et de la zone maritime environnante constitue le parc national de Port-Cros.
[18] Urbino est une commune de la province de Pesaro et Urbino dans la région Marches en Italie centrale. Capitale des princes della Rovere, la ville s’imposa comme un centre militaire et scientifique majeur dans l’Italie de la Renaissance, avec des personnalités comme Piero della Francesca, Commandino, Bernardino Baldi ou Guidobaldo del Monte. Elle est également surnommée "l’Athènes de l’Italie". Capitale du duché d’Urbino, la ville connut son apogée sous le règne du duc Frédéric III de Montefeltro. La cour est brillante à la Renaissance : le peintre Piero della Francesca en était le fleuron. À l’extinction des princes della Rovere, le duché et sa capitale furent incorporés aux États pontificaux en 1631.