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Yehochoua ben Hanania ou Rabbi Yehochoua ben Hanania

vendredi 17 février 2023, par lucien jallamion

Yehochoua ben Hanania ou Rabbi Yehochoua ben Hanania

Il est, avec Rabbi Eliezer, l’un des plus éminents docteurs de la Mishna [1] de la seconde génération suivant la destruction du Deuxième Temple [2], dont il est contemporain.

Disciple de Yohanan ben Zakkaï et maître de nombreux Sages éminents, dont Rabbi Akiva , il est, selon la tradition juive, aimé du peuple et admiré des puissants, sa sagesse et son esprit compensant sa pauvreté et sa laideur physique.


Yehochoua ben Hanania est l’un des 10 sages de la Mishnah les plus fréquemment mentionnés Selon le Talmud [3], il était d’ascendance lévitique [4], et a servi dans le sanctuaire comme membre de la classe des chanteurs. Sa mère l’a destiné à une vie d’étude et, comme un contemporain plus âgé Dosa ben Harkinas, le relate, elle emmenait l’enfant encore dans son berceau dans la synagogue, afin que ses oreilles s’habituent aux sons des mots de la Torah [5].

Yehochoua ben Hanania était l’un des cinq qui formaient le cercle intérieur des élèves de Yoḥanan ben Zakkaï. Lorsqu’elle les énumère, la tradition le place en tête avec Eliezer ben Hyrcanos. La tradition les mentionne souvent tous les 2 comme des tenants d’opinions opposées. Ils étaient tous 2 présents à la célébration de la circoncision de Elisha ben Avouya , à Jérusalem [6], et se divertissaient en reliant des passages du Pentateuque [7] avec d’autres extraits des Prophètes et des Hagiographes [8]. C’est également Eliezer et Yehochoua qui ont sauvé Yoḥanan ben Zakkaï du siège de Jérusalem permettant sa sortie et l’emmenant dans le camp de Vespasien.

Après la destruction du Temple, Yehochoua s’est opposé à l’ascétisme exagéré avec lequel beaucoup voulaient montrer leur chagrin, par exemple en ne consommant plus ni viande ni vin, parce que l’autel sur lequel ils avaient sacrifié des animaux et fait les libations de vin avaient été détruit. Il leur a représenté que pour être cohérents, ils ne devraient alors plus manger de figues ou de raisins non plus, puisque les prémices n’étaient plus offerts, et qu’ils devraient même s’abstenir de pain et d’eau, puisque la fête de l’eau avait été abandonnée, et les pains de proposition ainsi que les deux pains de la fête des premiers fruits ne pouvaient plus être sacrifiées.

La résidence permanente de Yehochoua était en Beki’in, un lieu situé entre Yabné [9] et Lydda [10], où il était un riche commerçant. Cette activité n’a, à aucun degré, diminué le respect qui lui était dû comme l’un des membres influents de l’Académie de Yabné.

Après la mort de Yoḥanan ben Zakkaï, il a été le plus chaleureux soutien des efforts de Gamaliel II pour que le point de vue des suiveurs de Hillel prédomine sur ceux de Shammaï, et qu’ainsi soit mis fin à la discorde qui avait si longtemps existé entre les écoles.

Au début du règne d’Hadrien, Yehoshua apparaît comme un leader du peuple juif. Lorsque l’autorisation de reconstruire le Temple a été de nouveau refusée, il détourna le peuple excité de ses idées de révolte contre Rome, par un discours dans lequel il a habilement fait usage d’une fable d’ Ésope mettant en scène le lion et la grue. Vers la même époque, Yehoshua a empêché par son éloquence toute la zone du temple d’être déclarée impure parce qu’un os humain y avait été trouvé.

Yehoshua a vécu assez longtemps pour assister à la visite d’Hadrien en Palestine [11], et il a suivi l’empereur à Alexandrie [12] en 130. Les conversations entre Yehoshua et Hadrien telles qu’elles ont été conservées dans le Talmud de Babylone et le Midrash Palestinien, ont été grandement modifiées et exagérées par la tradition, mais elles présentent néanmoins, en général une image juste de l’esprit de la relation entre le savant et l’empereur, qualifié de curiositatum omnium explorator, par l’auteur chrétien Tertullien.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Joshua ben Hananiah »

Notes

[1] La Mishna est la première et la plus importante des sources rabbiniques obtenues par compilation écrite des lois orales juives, projet défendu par les pharisiens, et considéré comme le premier ouvrage de littérature rabbinique. La Mishna est écrite en hébreu. Le terme Mishna fait à la fois référence à l’ouvrage recensant l’opinion et les conclusions des rabbins de l’époque on parle alors de La Mishna et aux conclusions des rabbins elles-mêmes on parle alors d’une ou des mishnayot (pluriel de mishna). Elle comporte six ordres, eux-mêmes divisés en traités. Chaque traité comporte plusieurs chapitres. Il est d’usage de faire référence à une Mishna par : le nom du traité, suivi du numéro du chapitre, lui-même suivi du numéro de la mishna. Les auteurs sont les « Tannaïm » ou répétiteurs, car ils « répétaient » les traditions apprises de leurs maîtres.

[2] Le siège de Jérusalem en 70 est l’événement décisif de la première guerre judéo-romaine, la chute de Massada en 73 ou 74 y mettant un terme. L’armée romaine, menée par le futur empereur Titus, qui est secondé par Tibère Alexandre, assiège et conquiert la ville de Jérusalem, qui avait été tenue par ses défenseurs juifs depuis 66. La ville est mise à sac, et le second Temple de Jérusalem détruit. Seul le mur d’enceinte occidental subsiste.

[3] Le Talmud est l’un des textes fondamentaux du judaïsme rabbinique et la base de sa Halakha (« Loi »). Rédigé dans un mélange d’hébreu et de judéo-araméen et composé de la Mishna et de la Guemara, il compile les discussions rabbiniques sur les divers sujets de la Loi juive telle qu’exposée dans la Bible hébraïque et son versant oral, abordant entre autres le droit civil et matrimonial mais traitant au détour de ces questions de points d’éthique, de mythes, de médecine, de génie et autres. Divisé en six ordres (shisha sedarim, abrégé Sha"s), il existe deux versions du Talmud, dites Talmud de Jérusalem et Talmud de Babylone.

[4] Le Lévitique est le troisième des cinq livres de la Torah (Pentateuque). Il doit son nom au terme « lévite », désignant les membres de la tribu de Lévi, traditionnellement préposés au Temple et dont sont issus les prêtres (Cohanim). Il parle des devoirs sacerdotaux en Israël. Il met l’accent sur la sainteté de Dieu et le code selon lequel son peuple pouvait vivre pour devenir saint. Son but est d’enseigner les préceptes moraux et les rituels religieux de la loi de Moïse.

[5] La Torah ou Thora est, selon la tradition du judaïsme, l’enseignement divin transmis par Dieu à Moïse sur le mont Sinaï et retransmis au travers de ses cinq livres ainsi que l’ensemble des enseignements qui en découlent. Elle est composée de cinq livres désignés en hébreu par un des premiers mots du texte et traditionnellement en français : la Genèse (Berēshīṯ : Commencement), l’Exode (Shemōṯ : Noms), le Lévitique (Wayyiqrā : Et il appela), les Nombres (Bamiḏbar : Dans le désert) et le Deutéronome (Devarim : Paroles). Elle contient, selon la tradition juive, 613 commandements

[6] Ville du Proche-Orient que les Israéliens ont érigée en capitale, que les Palestiniens souhaiteraient comme capitale et qui tient une place centrale dans les religions juive, chrétienne et musulmane. La ville s’étend sur 125,1 km². En 130, l’empereur romain Hadrien change le nom de Jérusalem en « AElia Capitolina », (Aelius, nom de famille d’Hadrien ; Capitolina, en hommage au dieu de Rome, Jupiter capitolin) et il refonde la ville. Devenue païenne, elle est la seule agglomération de la Palestine à être interdite aux Juifs jusqu’en 638. Durant plusieurs siècles, elle est simplement appelée Aelia, jusqu’en 325 où Constantin lui redonne son nom. Après la conquête musulmane du calife Omar en 638, elle devient Iliya en arabe, ou Bayt al-Maqdis (« Maison du Sanctuaire »), équivalent du terme hébreu Beit ha-Mikdash (« Maison sainte »), tous deux désignant le Temple de Jérusalem, ou le lieu du voyage et d’ascension de Mahomet, al-Aqsa, où se situait auparavant le temple juif

[7] c’est-à-dire des cinq premiers livres de la Bible, livres qui constituent la Torah juive et sont appelés la « Loi de Moïse » dans le judaïsme

[8] L’hagiographie est l’écriture de la vie et/ou de l’œuvre des saints. Pour un texte particulier, on ne parle que rarement d’« une hagiographie », mais plutôt d’un texte hagiographique ou tout simplement d’une vie de saint. Le texte hagiographique étant destiné à être lu, soit lors de l’office des moines soit en public dans le cadre de la prédication. Un texte hagiographique recouvre plusieurs genres littéraires ou artistiques parmi lesquels on compte en premier lieu la vita, c’est-à-dire le récit biographique de la vie du saint. Une fresque à épisode est également une hagiographie, de même qu’une simple notice résumant la vie du bienheureux. Par rapport à une biographie, l’hagiographie est un genre littéraire qui veut mettre en avant le caractère de sainteté du personnage dont on raconte la vie. L’écrivain, l’hagiographe n’a pas d’abord une démarche d’historien, surtout lorsque le genre hagiographique s’est déployé. Aussi les hagiographies anciennes sont parsemées de passages merveilleux à l’historicité douteuse. De plus, des typologies de saints existaient au Moyen Âge, ce qui a conduit les hagiographes à se conformer à ces modèles et à faire de nombreux emprunts à des récits antérieurs.

[9] Yavné ou Yabné est une ville du district centre d’Israël. Après la destruction du second Temple de Jérusalem par les Romains en l’an 70, Yohanan ben Zakkaï obtint de ceux-ci que le Sanhédrin soit déplacé à Yavné (que les Romains appelaient Iamnia). Plusieurs yeshivot se développèrent dans la ville. On voit là l’origine du judaïsme rabbinique.

[10] aujourd’hui Lod en Israël

[11] Le nom Palestine désigne la région historique et géographique du Proche-Orient située entre la mer Méditerranée et le désert à l’est du Jourdain et au nord du Sinaï. Si le terme « Palestine » est attesté depuis le 5ème siècle av. jc par Hérodote, il est officiellement donné à la région par l’empereur Hadrien au 2ème siècle, désireux de punir les Juifs de leur révolte en 132-135. Elle est centrée sur les régions de la Galilée, de la Samarie et de la Judée. Ses limites sont au nord la Phénicie et le mont Liban et au sud la Philistie et l’Idumée. À l’époque des croisades, le Pérée au nord-est de la mer Morte, la Batanée et la Décapole au-delà du Jourdain y étaient attachés. La Palestine peut désigner le territoire situé uniquement à l’ouest du Jourdain. Historiquement, elle correspond à Canaan, à la Terre d’Israël et fait partie de la région de Syrie (Syrie-Palestine). Les Arabes, qui ont conquis la Palestine sur les Byzantins dans les années 630, divisent la province d’al-Sham en cinq districts (jund), dont l’un garde le nom de « Palestine » et s’étend du Sinaï jusqu’à Akko (connue par les Chrétiens sous le nom de Saint-Jean-d’Acre) ; son chef-lieu est d’abord Ludd (Lod) puis, dès 717, ar-Ramlah (Ramla) et plus tard Jérusalem. Les autres villes les plus importantes sont Rafah, Gaza, Jaffa, Césarée, Naplouse et Jéricho. Ce district de « Palestine » était bordé au nord et à l’est par celui de « Jordanie », al-Urdunn, qui avait pour capitale Tibériade et incluait Akko et Tyr. Les frontières entre ces deux districts ont plusieurs fois varié au cours de l’histoire. À partir du 10ème siècle, cette division a commencé à tomber en désuétude, pour faire place finalement au royaume chrétien de Jérusalem. Sous le gouvernement des Croisés, est fondé en 1099, le royaume latin de Jérusalem ; Jérusalem redevient capitale d’un État. Après la défaite et le départ des Croisés, aux 12ème et 13ème siècles, les jund (districts) arabo-musulmans sont réintroduits, mais leurs frontières sont sans cesse redéfinies.

[12] Alexandrie est une ville en Égypte. Elle fut fondée par Alexandre le Grand en -331 av. jc. Dans l’Antiquité, elle a été la capitale du pays, un grand centre de commerce (port d’Égypte) et un des plus grands foyers culturels hellénistiques de la mer Méditerranée centré sur la fameuse bibliothèque, qui fonda sa notoriété. La ville d’Alexandrie est située à l’ouest du delta du Nil, entre le lac Maréotis et l’île de Pharos. Cette dernière était rattachée à la création de la ville par l’Heptastade, sorte de digue servant aussi d’aqueduc, qui a permis non seulement l’extension de la ville mais aussi la création de deux ports maritimes.