Il fut contemporain d’Hillel, et comme lui, une figure majeure de la Mishna [1].
Shammaï et Hillel forment le couple de Sages le plus célèbre de l’histoire talmudique. Ils sont en constant désaccord sur la Halakha [2], et on ne les mentionne pratiquement jamais l’un sans l’autre. Shammai est vraisemblablement né en Terre d’Israël, et exerçait le métier d’architecte, ou tout au moins maçon, car on le voyait souvent avec un instrument de mesure. Sa sévérité et sa rigueur ne seraient donc, selon certains, qu’une déformation professionnelle. Lorsqu’un Gentil [3] vint le trouver, lui demandant avec insolence de lui enseigner la Tora [4] dans le temps où il se tiendrait sur un pied, il le chassa, alors qu’Hillel le convertit.
Néanmoins, Shammaï n’était ni misanthrope ni implacable, il recommandait une attitude amicale envers chacun et était resté modeste, même avec ses élèves. Seulement, il était entièrement dévolu à l’application la plus stricte des prescriptions rituelles en tout domaine. Au-delà de la sévérité, on trouve chez Shammaï un idéalisme détaché des contraintes de ce monde. Il est strict et minutieux dans son observation de la loi parce qu’il vit son idéal de "justesse" en toute chose, de manière absolue.
Lorsque son fils lui demanda à manger à Yom Kippour [5], ne voulant ni le laisser souffrir de faim, ni enfreindre Kippour, il lui donna à manger d’une seule main. Voyant cela, des Sages lui intimèrent d’arrêter ce manège et de le nourrir normalement, des 2 mains. Sa belle-fille ayant accouché pendant Souccot [6], tenant à ce que son petit-fils à peine né observe les prescriptions, sans toutefois déranger la maman, il ouvrit un orifice dans le toit afin de confectionner la cabane rituelle.
Shammaï fut élu Av Bet Din [7] lorsqu’Hillel en était le Nassi [8]. À la mort de celui-ci, vers 20, Shammaï prit sa succession, et comme aucun vice-président ne fut élu, il eut l’ascendant total sur la politique et la religion en Terre d’Israël.
Rabban Gamaliel 1er, petit-fils de Hillel, lui succéda à la tête du Sanhédrin [9] en 30, mais l’influence de l’école de Shammaï [10] persista jusqu’en 70, année de la destruction du Second Temple [11].