Charles 1er d’Albret (1368-1415)
Fils de Arnaud-Amanieu d’Albret et de Marguerite de Bourbon , sœur de la reine Jeanne de Bourbon. Il est donc un cousin germain de Charles VI, avec lequel il est élevé. Il participe à la croisade de Barbarie [1] en 1390, est présent lorsque Charles VI est frappé par sa première crise de folie dans la forêt du Mans en 1392.
Il mène une campagne en Frise [2] en 1396. Il succède à son père comme seigneur d’Albret [3] en 1401. Le 6 février 1403, le roi Charles VI le fait connétable de France [4]. Le même mois, il tient le futur Charles VII sur les fonts baptismaux en tant que parrain.
En tant que connétable, il mena plusieurs campagnes contre les positions anglaises en Guyenne [5] entre 1404 et 1407. Il est à Paris le jour de l’assassinat du duc d’Orléans, en 1407. Dans la guerre civile qui s’ensuit, qui oppose Bourguignons et Armagnacs [6], il finit par se ranger dans le parti Armagnac [7], et est déchu de son office de connétable à l’instigation des Bourguignons [8] en 1411.
Il défend Bourges [9] avec le duc de Berry contre l’armée royale et bourguignonne à l’été 1412. Ne pouvant récupérer son poste de connétable, il refuse de reconnaître la Paix d’Auxerre [10] signée cette même année, et négocie avec le duc de Clarence, représentant du roi Henri IV d’Angleterre.
Finalement, lorsque les Armagnacs reprennent le pouvoir à Paris, en 1413, il est rétabli dans ses fonctions. Il commande l’armée française à Azincourt [11], avec le maréchal Boucicaut, mais il semble n’avoir pu imposer ses vues aux autres grands seigneurs. Il meurt pendant la bataille d’Azincourt, et est enterré au Vieil-Hesdin.
Il fut un des membres fondateurs de la cour amoureuse [12] dite de Charles VI et de l’ordre de l’écu vert à la dame blanche [13].
Le 27 janvier 1400, il épouse Marie de Sully , veuve de Guy VI de La Trémoille dit Le Vaillant, Elle est l’héritière par son père Louis de Sully et par sa mère Isabeau de Craon de très nombreuses seigneuries.
Notes
[1] Le pays des Barbares, c’est-à-dire les contrées étrangères à l’Empire romain ; le terme désigne aussi la côte des Barbaresques, c’est-à-dire le littoral du Maghreb du Maroc à la Libye.
[2] La Frise est une région historique du Nord-Ouest de l’Europe, sur le littoral de la mer du Nord. On utilise aussi parfois le pluriel (les Frises). Au cours des siècles, son étendue a varié.
[3] La maison d’Albret est une famille de la noblesse française. Elle a connu l’un des destins les plus brillants du royaume de France. En l’espace de quelques siècles elle sut s’élever jusqu’à la souveraineté de Navarre, avant de s’éteindre à la fin du 16ème siècle dans la maison de Bourbon. Les d’Albret étaient propriétaires d’une seigneurie constituée autour du château de Labrit, au cœur des Landes de Gascogne. Pour accroître leurs biens, ils font convoyer les caravanes qui traversent cette partie de la Gascogne, leur offrant les moyens de rassembler une armée de hors-la-loi grâce à laquelle ils étendent leur domaine vers l’Océan Atlantique et la Garonne, qu’ils atteignent au milieu du 13ème siècle.
[4] Tirant son nom de son origine de “comte de l’étable”, le connétable a, au Moyen Âge, la charge de l’écurie et de l’organisation des voyages du roi. Au 14ème siècle, sa fonction évolue vers le commandement de l’armée en temps de guerre et le conseil militaire du roi en temps de paix. Du Guesclin, Clisson, Bourbon… font partie des grands connétables de France. Supprimée en 1627, la charge de connétable est rétablie par Napoléon 1er en 1804 pour son frère Louis.
[5] La Guyenne est une ancienne province, située dans le sud-ouest de la France. Ses limites ont fluctué au cours de l’histoire sur une partie des territoires des régions françaises Nouvelle-Aquitaine et Occitanie. Portant le titre de duché, la Guyenne avait pour capitale Bordeaux. Son nom est apparu au 13ème siècle en remplacement du terme d’« Aquitaine ». Sous l’Ancien régime, la Guyenne était l’une des plus grandes provinces de France et regroupait divers pays et provinces plus petites comme le Périgord, l’Agenais, le Quercy et le Rouergue. Le terme de « Guyenne propre » correspondait à la région de Bordeaux, également appelée le Bordelais. La Guyenne était couramment associée avec la Gascogne dont la capitale était Auch et qui regroupait notamment l’Armagnac, le Bigorre, le Labourd, la Soule et le Comminges. Guyenne et Gascogne partageaient ainsi le même gouvernement général militaire.
[6] La guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons est un conflit qui ravagea le royaume de France, déjà en lutte avec le royaume d’Angleterre pendant la guerre de Cent Ans. Les Bourguignons sont favorables au modèle anglais (d’autant plus que la Flandre appartient au duché de Bourgogne), tandis que les Armagnacs défendent le modèle français. De la même manière, le grand schisme d’occident a entraîné l’élection d’un antipape qui siège à Avignon (Clément VII) et est soutenu par les Armagnacs, alors que le pape de Rome (Urbain VI) est soutenu par les Anglais.
[7] Les Armagnacs sont le parti qui s’opposa au xve siècle, en France, dans une guerre civile, aux « Bourguignons ». À l’origine, le conflit opposait le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, à Louis, duc d’Orléans. Par suite de la folie de Charles VI, la France est gouvernée par un conseil de régence présidé par la reine Isabeau depuis 1393. La reine est piètre politique et le membre le plus influent du conseil est l’oncle du roi, Philippe le Hardi, duc de Bourgogne. Jean sans Peur menace Paris en 1405. Cette intimidation ne suffisant pas, il décide de faire assassiner son rival en 1407. À la suite de cet assassinat, les partisans du duc d’Orléans se rallient à Bernard VII d’Armagnac, comte d’Armagnac, beau-père de son successeur Charles d’Orléans. Lors des noces entre Charles d’Orléans et la fille de Bernard VII d’Armagnac, le 15 avril 1410, une ligue dans laquelle entrent, outre le duc d’Orléans et son beau-père, les ducs de Berry, de Bourbon et de Bretagne, les comtes d’Alençon et de Clermont, se forme à Gien contre le duc de Bourgogne et ses partisans : le parti d’Armagnac.
[8] Les Bourguignons est le nom donné au parti opposé à celui des « Armagnacs » lors de la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, au début du 15ème siècle. L’histoire du parti bourguignon s’inscrit dans celle de la guerre de Cent Ans
[9] Bourges est une commune française, préfecture du département du Cher. Elle est aussi la capitale historique du Berry, province de l’Ancien Régime correspondant approximativement aux départements actuels de l’Indre et du Cher.
[10] Pour la signature de la paix l’armée royale s’installe à Auxerre. Dans cette ville durant quatre semaines les princes vont tenter d’instaurer la paix dans tout le royaume de France. Charles VI de France ayant rechuté dans sa maladie, c’est sous la direction de Charles d’Orléans que s’ouvre la cérémonie solennelle de réconciliation. Le 22 août 1412, chaque membre de la Cour est convié à cette cérémonie, les adversaires de la veille, les membres du haut clergé ainsi que les grands seigneurs du royaume. Dans cette foule on distingue également les premiers présidents du Parlement de Paris, de la Chambre des comptes et de l’Université de Paris, le prévôt des marchands et une délégation de bourgeois sont également présents à cette cérémonie. Comme à chaque signature de paix les princes prêtèrent le serment de respecter le traité de paix. Charles d’Orléans et Jean sans Peur, duc de Bourgogne s’accordèrent mutuellement leur pardon et échangèrent le baiser de paix. Ces échanges aboutirent à la conclusion d’un mariage entre Philippe d’Orléans, comte de Vertus et une fille de Jean sans Peur, duc de Bourgogne. Au cours de cette paix d’Auxerre les princes acceptèrent de renoncer à une quelconque alliance avec le roi d’Angleterre. Chacun reçoit le pardon de Charles VI et se voit restituer les biens et les offices confisqués. Tout le royaume de France est invité à respecter rigoureusement la paix d’Auxerre après la lecture de la lettre de Charles VI.
[11] La bataille d’Azincourt (Artois) se déroule le vendredi 25 octobre 1415 pendant la guerre de Cent Ans. Les troupes françaises, fortes de quelque 18 000 hommes, tentent de barrer la route à l’armée du roi d’Angleterre Henri V, forte d’environ 6 000 hommes et qui tente de regagner Calais, devenue anglaise depuis 1347, et donc par là même l’Angleterre.
[12] La Cour amoureuse est une compagnie fondée en 1401 à l’initiative des ducs Louis de Bourbon et Philippe de Bourgogne et placée sous le patronage du roi de France Charles VI. Elle rassemblait des nobles, des ecclésiastiques, des bourgeois et des humanistes, unis dans la célébration des dames et des sentiments qu’elles inspirent, sous forme de concours de poésie et de chansons et de joutes oratoires.
[13] L’Ordre de la Dame blanche à l’écu vert est un ordre de chevalerie créé en 1399 par Jean II Le Meingre, maréchal de Boucicaut. Inspiré par les idéaux de la chevalerie et de l’amour courtois, l’ordre se promet « d’assister les dames et demoiselles qui se complaignaient des torts qu’on leur faisait ». Il est surtout connu par la description que Boucicaut en fait dans ses mémoires, Livre des fais du bon messire Jehan Le Maingre, dit Bouciquaut, mareschal de France