Quintus Fabius Maximus (consul en 45 av. jc)
Homme politique de la fin de la République romaine
Proche de Jules César, dont il est un des lieutenants pendant la guerre civile, il devient consul suffect [1] en 45 av. jc, et décède le dernier jour de l’année.
Il est membre de l’importante et influente gens patricienne Fabia [2]. Il est le petit-fils de Quintus Fabius Maximus Allobrogicus, vainqueur des Allobroges [3] pendant son consulat en l’an 121 av. jc, son père s’appelant comme eux Quintus Fabius Maximus mais n’est pas consul.
En l’an 59 av. jc, avec Marcus Caelius Rufus, il poursuit Caius Antonius Hybrida, l’oncle de Marc Antoine, pour atrocités et extorsion financière dans sa province de Macédoine [4]. Malgré le fait que ce soit Cicéron qui défend son ancien collègue au consulat, les preuves sont accablantes et Antonius est condamné à l’exil.
Il est élu édile curule [5] en l’an 57, magistrature pendant laquelle il fait restaurer l’arc de Fabius, édifié sur le Forum Romanum [6] par son grand-père pour célébrer sa victoire sur les Allobroges. Il est préteur avant l’an 48.
En 46, il est un des légats [7] de Jules César qui combattent dans la guerre civile [8]. Il est envoyé par César en Hispanie [9] avec Quintus Pedius et des troupes de Sardaigne [10] pour faire face aux Pompéiens, dirigés par Pompée le Jeune. Sur place, ils ne sont pas prêts à risquer la bataille face à la supériorité numérique de Pompée, et restent ainsi dans leur camp à Oculbo, attendant que César arrive en personne. Se joignant au dictateur, ils vainquent leurs adversaires à la bataille de Munda [11] le 17 mars 45.
Il revient à Rome avec César, et en récompense de ses services, après l’abdication de César qui était alors consul unique, Fabius Maximus est élu consul suffect le premier jour d’octobre aux côtés d’un autre césarien, Caius Trebonius, les comices suivant les souhaits de César en votant pour ses candidats. Les citoyens romains opposés à César montrent leur mécontentement en criant « il n’est pas consul ! » quand Fabius Maximus entre dans un théâtre et que son licteur a demandé aux membres du public de se lever.
Il célèbre un triomphe romain pour sa victoire en Hispanie le 13 octobre.
Il décède le 31 décembre 45 av. jc, c’est-à-dire le dernier jour de son consulat. Selon Pline l’Ancien, Fabius Maximus ne montre aucun signe ou symptôme de la maladie ou mort imminente au préalable. César le fait remplacer dans les dernières heures de l’année par Caius Caninius Rebilus , suffect pour très peu de temps
Notes
[1] Parfois, un consul décède ou démissionne avant la fin de son mandat de douze mois. Le consul restant rétablit la collégialité par l’élection intermédiaire si le délai restant le permet ou par la désignation directe d’un consul suffectus (du participe passé du verbe sufficere, « remplacer »). Ce consul entre en fonction immédiatement, il a les mêmes privilèges et les mêmes pouvoirs que le consul remplacé mais il n’est en charge que pour la durée du mandat qui reste à couvrir. Enfin, le consul suffect ne donne pas son nom à l’année, à l’inverse du consul dit ordinaire.
[2] Les Fabii sont les membres de la gens Fabia, une illustre famille de la Rome antique qui prétend descendre d’Hercule par une fille d’Évandre.
[3] Les Allobroges sont un peuple gaulois dont le territoire était situé entre l’Isère, le Rhône et les Alpes du Nord. Ils passaient dans l’Antiquité pour de grands guerriers. Ce peuple celte se serait installé dans les Alpes du Nord au début du 4ème siècle av. jc. Les auteurs antiques grecs (Polybe, Ptolémée, Plutarque) les ont appelés Allobriges ou Allobryges. César mentionne Allobrogum fines pour désigner le territoire des Allobroges. Le territoire des Allobroges s’étendait sur la plus grande partie des pays qui seront nommés plus tard la Sapaudia (ce « pays des sapins » deviendra la Savoie) et au nord de l’Isère. Mais, à l’est, dans les montagnes alpines, des peuples indépendants, les Ceutrons, occupaient la vallée de la Tarentaise et la haute vallée de l’Arve et les Médulles occupaient la vallée de l’Arc. Au sud, la rivière Isère (puis le Doux, en rive droite du Rhône) marquerait leur frontière avec les Ségovellaunes dont le territoire deviendra la cité de Valence. L’ensemble de l’Allobrogie est donc usuellement définie comme le territoire correspondant en grande partie aux actuels départements de la Savoie, de la Haute-Savoie et de l’Isère. Les Allobroges étaient réputés être de bons guerriers. Certains fournirent pendant des siècles des mercenaires, les Gésates, bien connus en Gaule cisalpine où ils vinrent aider leurs frères gaulois à résister aux Romains.
[4] La province romaine de Macédoine s’étendait sur le nord de la Grèce actuelle. Elle englobait l’Albanie et la République de Macédoine actuelles. La province fut fondée en 146 av. jc. Elle succédait au royaume de Macédoine dont le dernier souverain, Andriscus, avait été défait en 148 av. jc par le général Q. Cæcilius Metellus. Cette province était sénatoriale gouvernée par un ancien préteur.
[5] En 365 av.jc, selon Tite-Live le Sénat crée deux nouveaux édiles, les édiles curules, qui sont eux recrutés parmi les patriciens. Ils furent mis en place parce que les deux édiles plébéiens refusaient d’étendre les ludi maximi à quatre jours au lieu de trois. L’édilité curule fut néanmoins ouverte rapidement aux plébéiens. Les deux édiles curules sont supérieurs aux deux édiles plébéiens : ils disposent de la chaise curule (les édiles plébéiens doivent se contenter du subsellium), de la toge prétexte, ils ont le ius edicendi, c’est-à-dire le pouvoir de publier des édits dans leurs domaines d’action. Au Sénat ils ont la préséance sur leurs collègues plébéiens. À noter enfin qu’ils sont sacro-saints tout comme les édiles plébéiens et les tribuns de la plèbe.
[6] Le Forum Romain ou Forum de Rome, appelé aussi Forum Magnum (« Grand Forum ») ou Forum Vetus (« Vieux Forum »), est situé dans le site archéologique le plus important de Rome, entre les collines du Capitole et du Mont Palatin. Le forum est la place principale de la Rome antique. Son importance historique, religieuse et politique en fait l’endroit autour duquel toute la vie de la ville s’articule
[7] réprésentant
[8] La guerre civile de César, appelée aussi guerre civile romaine de 49 av. jc ou guerre civile entre César et Pompée, est un des derniers conflits intérieurs de la République romaine, et fait partie de la liste des nombreuses guerres civiles romaines. Elle a consisté en une série de heurts politiques et militaires entre Jules César, ses alliés politiques et ses légions d’une part, et la faction conservatrice du Sénat romain, appelée aussi optimates, épaulée par les légions de Pompée d’autre part.
[9] L’Hispanie est le nom donné par les Romains à la péninsule Ibérique. Depuis le 15ème siècle l’Hispanie est l’hôte des États modernes espagnol et portugais. Au début les Carthaginois installent des comptoirs commerciaux sur la côte, sans pousser plus profondément à l’intérieur de l’Hispanie. En 501 av.jc, ils s’emparent de Gadès (Cadix), une ancienne colonie phénicienne. Après la première Guerre punique, les Carthaginois s’étendent rapidement dans le Sud, sous la conduite des Barcides. Ils y exploitent des mines d’or et redonnent à Carthage sa puissance économique et commerciale. En 230, ils fondent Carthagène, la nouvelle Carthage (Cartago Nova). En 218 av.jc, Hannibal forme une puissante armée qui comprend un contingent d’Ibères, et commence la deuxième Guerre punique en prenant Sagonte, puis en marchant vers l’Italie. Les Romains ne peuvent l’intercepter en Gaule, et dirigent une partie des leurs forces sur l’Hispanie, qui devient un théâtre d’opération de cette guerre. Après divers affrontements, Scipion l’Africain prend Carthagène en 209, et en 207, Hasdrubal mène les dernières forces carthaginoises de l’Hispanie vers l’Italie. En 202, la capitulation de Carthage livre officiellement l’Hispanie carthaginoise à Rome. En 197 av.jc, les Romains divisent l’Hispanie en deux provinces : Hispanie citérieure, donnant sur la Méditerranée, et Hispanie ultérieure (car plus éloignée de Rome), comprenant le Sud et tournée vers l’océan.
[10] La Sardaigne est une île de la mer Méditerranée et une région italienne, qui se trouve à l’ouest de l’Italie continentale, au sud de la Corse. Son chef-lieu est la ville de Cagliari. Lorsque l’affaiblissement de l’Empire romain se propage jusqu’à l’île, cela a pour conséquence l’abandon progressif des terres agricoles et des côtes, ainsi qu’une perte de dynamisme notable de la démographie. Abandonnée à elle-même et sans défense, la Sardaigne est occupée et subit les razzias durant quelque 80 ans (vers 460-530) par les Vandales d’Afrique qui, défaits sous Justinien, laissent l’île sous la domination de Byzance.
[11] La bataille de Munda se déroula le 17 mars 45 av. jc dans les plaines de Munda, dans le sud de l’Espagne. Ce fut la dernière bataille qui opposa Jules César aux partisans de la République. Après la victoire et la mort de Titus Labienus et Pompée le Jeune, César put revenir à Rome et gouverna avec le titre de dictateur. Son assassinat marqua le début du processus qui mena à la fin de la république. Son petit-neveu, Octave, devint le premier empereur romain.