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L’histoire pour le plaisir

Onfroy IV de Toron

samedi 31 octobre 2020, par ljallamion

Onfroy IV de Toron (vers 1166-vers 1192)

Seigneur de Toron de 1179 à 1183-Seigneur d’Outre-Jourdain et de Montréal de 1187 à 1189

Fils d’ Onfroy III de Toron et d’ Étiennette de Milly . Il était également le beau-fils du second et troisième mari de sa mère, Miles de Plancy et Renaud de Châtillon.

Les Toron étaient une des premières familles croisées et membres de la faction des barons, à l’opposé des nouveaux venus qui venaient d’Europe pour combattre et s’allier à la famille royale. Onfroy devint seigneur de Toron à la mort de son grand-père Onfroy II de Toron .

En 1180, il devint fiancé d’Isabelle de Jérusalem, fille du roi Amaury 1er, à la condition que Toron soit annexé au royaume.

En novembre 1183, Onfroy adolescent et Isabelle, âgée de 11 ans furent mariés au krak de Montréal [1], qui fut peu après assiégé par Saladin. La mère d’Onfroy convainquit Saladin d’épargner la tour où vivaient les jeunes mariés, mais il continua à bombarder le reste du château. Baudouin IV de Jérusalem arriva alors avec son armée et fit lever le siège.

En 1186, quand Baudouin V mourut, Renaud de Châtillon tenta de convaincre Onfroy de prétendre au trône selon les droits de son épouse, que la reine douairière Marie Comnène et la faction Ibelin [2] voulait couronner.

Cependant, Onfroy, connu comme peu ambitieux et peu conflictuel, décrit comme calme et même efféminé, ne se pensa pas fait pour le trône. Il préféra soutenir Guy de Lusignan, le mari de Sibylle, la demi-sœur d’Isabelle, à qui il jura fidélité. Renaud et les autres familles suivirent son choix, et même les Ibelin, même si Guy était arrivé récemment d’Outremer.

Guy se révéla être un roi très médiocre, et Saladin envahit le royaume en 1187. Onfroy fut capturé à la bataille de Hattin [3], fut libéré et retourna au krak pour en préparer la défense. Il fut de nouveau capturé quand le krak tomba en 1189, mais recouvra la liberté.

Les barons de Jérusalem s’étaient résignés à accepter Guy de Lusignan comme roi à cause du manque d’autres candidats. En 1190 pendant la troisième croisade [4], l’archevêque de Pise [5] et l’évêque de Beauvais [6] annulèrent le mariage d’Isabelle et d’Onfroy, au prétexte qu’Isabelle n’avait pas l’âge requis et avait été contrainte par son beau-frère Baudouin IV.

L’annulation était au profit de Conrad de Montferrat, qui voulait épouser Isabelle pour prétendre au trône. Onfroy et Isabelle formaient un couple soudé et Isabelle ne voulait pas se séparer et préférait Onfroy à Conrad plus âgé, mais Onfroy ne voulait pas de conflit avec les autres barons. Il fut aussi intimidé par un chevalier français, Guy de Senlis, qui le défia, défi qu’Onfroy ne releva pas. Conrad épousa Isabelle et obtint le trône, avec l’appui des Ibelins et des autres barons.

Onfroy combattit bientôt avec Richard Cœur de Lion, d’abord à la conquête de Chypre [7], puis contre Saladin. Parlant l’arabe, il participa aux pourparlers entre Richard et Saladin. En 1192, Conrad de Montferrat fut tué par des Assassins, et Richard et Onfroy furent suspectés d’avoir commandité le crime, mais c’est peu probable. Isabelle épousa Henri II de Champagne, malgré les protestations d’Onfroy qui estimait que l’annulation de son mariage n’était pas valable.

Il mourut peu après, et la seigneurie de Toron fut revendiquée par sa sœur Isabelle mariée à Roupen III , prince d’Arménie [8]. Cette revendication se transmit à la famille de MontfortIl a existé de nombreuses familles de Montfort, parmi lesquelles quatre sont de grandes familles féodales éteintes. Deux autres sont des familles de la noblesse française subsistantes., dont les membres furent seigneurs de Toron et de Tyr.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de René Grousset, L’Empire du Levant : Histoire de la Question d’Orient, Paris, Payot, coll. « Bibliothèque historique »,‎ 1949 (réimpr. 1979)

Notes

[1] La seigneurie d’Outre-Jourdain aussi appelée seigneurie de Montréal, du nom de sa capitale, était au 12ème siècle un fief du royaume de Jérusalem situé à l’est du Jourdain. C’est en 1118 que Baudoin 1er de Jérusalem donna ces régions en fief à Romain du Puy, un de ses chevaliers. Compromis dans la révolte du comte de Jaffa Hugues II du Puiset et suspecté de félonie, Romain du Puy fut dépossédé de ses terres au profit de Payen le Bouteiller par le roi Foulque V d’Anjou vers 1132. Payen le Bouteiller consolida les positions de la seigneurie en édifiant en 1142 « Al-Karak », ou « krak des Moabites ». La première moitié du 12ème siècle a été pour le fief, qui contrôle la route traditionnelle du « Hajj » (reliant Damas et Le Caire à Médine et La Mecque), une période de prospérité et de paix relative. Montréal apparaît comme un lieu de coexistence pacifique entre les pionniers francs et les populations indigènes

[2] La famille Ibelin, d’origine relativement modeste, parvint à devenir l’une des plus puissantes familles nobles des royaumes croisés de Jérusalem et de Chypre

[3] La bataille de Hattin ou bataille de Tibériade a lieu le 4 juillet 1187 près du lac de Tibériade, en Galilée. Elle oppose les armées du royaume chrétien de Jérusalem, dirigées par Guy de Lusignan, aux forces de Saladin. Ce dernier remporte une victoire écrasante, qui lui ouvre les portes de la Palestine.

[4] La troisième croisade, qui débuta en 1189 et s’acheva en 1192, est une série d’expéditions menées par Frédéric Barberousse, empereur germanique, Philippe Auguste, roi de France, et Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre, dans le but de reprendre Jérusalem et la Terre sainte à Saladin. Cette croisade a permis la reprise d’un certain nombre de ports de Terre sainte, mais n’a pas permis la reconquête de l’arrière-pays, ni la reprise de Jérusalem. Cependant, la libre circulation à Jérusalem fut autorisée aux pèlerins et marchands chrétiens.

[5] L’archidiocèse de Pise est un archidiocèse métropolitain de l’Église catholique d’Italie appartenant à la région ecclésiastique de Toscane. L’archidiocèse se situe sur une partie de la province de Pise, les autres fractions de la province étant dans les diocèses de San Miniato et de Volterra. Il gère une partie des deux communes Collesalvetti et Cecina dans la province de Livourne. Il est archidiocèse métropolitain et possède 4 diocèses suffragants : Livourne, Massa Carrare-Pontremoli, Pescia et Volterra. Son territoire a une superficie de 847 km² divisé en 166 paroisses regroupées en 9 archidiaconés. Le siège de l’archevêché est situé à Pise avec la cathédrale Notre-Dame-de-l’Assomption.

[6] Depuis qu’il a été érigé au 3ème siècle, le diocèse de Beauvais a connu plusieurs évêques. À l’occasion du concordat de 1801, le diocèse fut supprimé le 21 novembre 1801 et regroupé avec celui d’Amiens, mais, reconstitué le 6 octobre 1822, le diocèse est depuis la réforme des circonscriptions françaises de 2002 appelé « diocèse de Beauvais, de Noyon et de Senlis ».

[7] L’île de Chypre, que les anciens Égyptiens nommaient « Alachia », les anciens Assyriens « Iatnana » et les Phéniciens « Enkomi », était dès l’Antiquité au carrefour d’importants courants commerciaux, assimilant au fil des siècles différentes cultures provenant de la Crète minoenne, de la Grèce mycénienne et de tout le pourtour du bassin Levantin ; son nom de « Kupros » signifie cuivre, en référence aux importants gisements de ce métal, qui assurèrent sa renommée et sa prospérité dans l’ensemble du bassin méditerranéen. Chypre était aussi connue pour ses nombreuses épices et plantations. L’histoire de Chypre fut très mouvementée et l’île subit de nombreuses tutelles : hellénistique, romaine, byzantine, arabe, franque, vénitienne, ottomane et enfin britannique.

[8] Après la conquête de l’Arménie par les Seldjoukides, les Arméniens émigrèrent massivement vers la région d’Édesse, l’Anti-Taurus et la Cilicie. Dans cette dernière région, des princes arméniens prirent le pouvoir, évincèrent les Byzantins et créèrent une principauté reconquise par Byzance durant les règnes de Jean puis Manuel Comnène. De nouveau indépendante, puis royaume, elle fut finalement conquise par les Mamelouks. Les rois de ce nouveau royaume portèrent le titre de « roi d’Arménie », bien que ce royaume fut territorialement différent des premiers royaumes d’Arménie.