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Élisabeth-Charlotte de Bavière dite princesse Élisabeth-Charlotte du Palatinat

samedi 17 octobre 2020, par ljallamion

Élisabeth-Charlotte de Bavière dite princesse Élisabeth-Charlotte du Palatinat (1652-1722)

Comtesse de Simmern

Portrait d'Elisabeth Charlotte du Palatinat en 1670. (musée Reiss Engelhorn à Mannheim en Allemagne)Née au château de Heidelberg [1], princesse palatine [2], fille du comte Charles 1er Louis et de la princesse Charlotte de Hesse-Cassel .

Élisabeth-Charlotte épouse par procuration le 16 novembre 1671 le duc Philippe d’Orléans, frère du roi Louis XIV, Élisabeth-Charlotte devient duchesse d’Orléans et porte à la cour le titre de Madame [3]. Adoptant immédiatement les deux filles issues du précédent mariage de son mari (Marie-Louise et Anne-Marie ).

En France, par convention et du fait de son appartenance à la maison de Wittelsbach [4], elle est appelée Charlotte-Élisabeth de Bavière

Originaire d’une petite cour allemande protestante cultivée, elle est élevée dans la religion réformée à Heidelberg [5] puis à partir de 1657, date du divorce de ses parents et du remariage de son père avec sa maîtresse, à Hanovre [6] et Herrenhausen [7], chez sa tante paternelle la duchesse de Brunswick-Lunebourg [8].

Celle-ci a pour secrétaire et bibliothécaire Leibniz et fait donner à sa nièce une éducation humaniste et ouverte où Montaigne et Rabelais tiennent une place de choix.

De retour à la cour paternelle en 1662, Élisabeth-Charlotte se trouve confrontée à l’épouse morganatique de son père et à ses nombreux demi-frères et sœurs. Malgré l’affection qu’elle leur porte, la jeune princesse gardera toute sa vie un certain mépris voire de la haine pour les situations fausses.

Aimant son pays, sa liberté et la vie au grand air, Élisabeth-Charlotte refuse tous les partis qu’on lui présente au grand dam de son père. Cependant en 1670 meurt une lointaine cousine Henriette d’Angleterre , épouse de Philippe d’Orléans, frère du roi Louis XIV.

Une tante par alliance d’Élisabeth-Charlotte, Anne de Gonzague de Clèves, fort bien introduite à la cour de France et qui par ses talents d’entremetteuse a déjà marié sa fille aînée avec un prince du sang, négocie alors le remariage du duc d’Orléans avec Élisabeth-Charlotte : malgré sa faible dot et sa religion protestante, cela permettrait la neutralité du palatinat du Rhin [9] dans le conflit récurrent qui oppose le roi de France aux Habsbourg [10]. L’électeur accepte avec joie cette union brillantissime pour sa fille.

Après s’être convertie au catholicisme à Metz [11], elle épouse par procuration le 16 novembre 1671 devant l’évêque de la ville Georges d’Aubusson de La Feuillade en la cathédrale de Metz [12], le duc Philippe d’Orléans, fils cadet de Louis XIII. Elle rencontre puis épouse son mari en personne 3 jours plus tard dans la chapelle de l’évêché de Châlons-sur-Marne [13]. À 19 ans, la jeune provinciale jalouse de sa liberté est devenue Madame, belle-sœur du roi, la plus importante dame de la cour après la reine.

Sachant apprécier la nature, Montaigne, Rabelais et la liberté, elle ne s’est jamais sentie très à son aise à la cour de Versailles régie par une étiquette rigoureuse, où fleurissent des intrigues de toutes sortes, et où les relations humaines ne sont fondées que sur l’intérêt et l’égoïsme.

Son mari, menant un train de vie dispendieux et indifférent aux charmes féminins, ne lui montre que l’empressement strictement nécessaire pour assurer une descendance. Pétillante d’esprit, indépendante, la princesse se consacre alors à une correspondance très abondante qui lui vaut le surnom d’Océan d’encre. Ses lettres, au nombre de 60 000, rédigées dans un style savoureux, constituent une source d’informations précieuse sur la vie à la cour de France. La princesse reste allemande de cœur et elle abhorre la cour et l’étiquette. Si on l’en croit ses lettres, la dépravation attribuée à la Régence règne déjà dans toute la seconde moitié du grand règne.

Consciente de son rang et de ses devoirs, elle ne dissimule pas ses antipathies, en particulier contre sa deuxième belle-sœur, Madame de Maintenon, qu’elle surnomme entre autres “la ripopée ou la vieille conne”. Elle ne recule pas, on le voit, devant le mot trivial. Méprisant la famille illégitime du roi, elle surnomme par exemple le comte de Toulouse Louis-Alexandre de Bourbon fils du roi et de madame de Montespan “la chiure de souris”, ou, à propos de la sœur de ce dernier, Mademoiselle de Blois , que son fils Philippe a épousée. Elle s’est d’ailleurs fortement indignée de ce mariage.

D’après le duc de Saint-Simon, elle serait allée jusqu’à gifler son fils sous les yeux de toute la Cour quand elle apprend que celui-ci a accepté ces épousailles qu’elle juge indignes de son rang. En revanche, elle montre toujours le plus grand respect envers le roi, tout en déplorant l’influence des gens qui l’entourent.

Elle parle souvent de son fils en déplorant ses mauvaises fréquentations mais en admirant son intelligence et ses succès militaires. Par contre, elle se montre une mère attentive, et sa correspondance avec sa fille détruite en grande partie en 1719, la duchesse de Lorraine et de Bar, est pleine de conseils maternels.

La princesse suit les débats d’idées de son temps et entretient même une correspondance avec Leibniz, mais elle ne partage pas le penchant de plus en plus dévot que suit le règne de Louis XIV.

Elle partage dans ses lettres ses doutes sur de nombreux points de religion. Elle-même protestante convertie par devoir au catholicisme, à Metz, pour pouvoir épouser le frère du roi de France, elle reste fidèle dans son cœur à la foi de son enfance, et du reste, témoin de la Révocation de l’édit de Nantes, elle ne comprend pas pourquoi des peuples peuvent se dresser les uns contre les autres sur des points qui lui paraissent mineurs.

Jamais elle ne se console de la détresse du Palatinat, sa région d’origine, ravagée par les armées du roi, son beau-frère, et tient Louvois pour responsable de la mort de son père en 1680 et de son frère en 1685. Jusque dans les dernières années, elle regrette sa jeunesse à Heidelberg. Elle souffre aussi des avanies et des intrigues de l’entourage de son mari.

À la mort de son mari en 1701, elle brûle les lettres compromettantes du duc et de ses amants auxquels il lègue une grande partie de ses biens alors qu’il laisse de nombreuses dettes à sa femme. Elle doit donc vendre pierreries et tableaux. Son contrat de mariage stipule qu’en cas de veuvage, l’héritage doit revenir à son fils aîné.

Aussi craint-elle que le roi ne l’envoie dans un couvent ou au château de Montargis [14]. Louis XIV qui apprécie sa belle-sœur l’autorise à conserver son rang, ses résidences et ses appartements au château de Versailles, lui fournissant même une rente de 250 000 livres.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Philippe Cougrand, Madame, Monsieur ou l’Impromptu de Saint-Cloud, Théâtre, Pleine Page éd., 2008

Notes

[1] Le château de Heidelberg est un château situé sur un coteau surplombant la ville de Heidelberg dans le Bade-Wurtemberg dans le Sud-Ouest de l’Allemagne. Sa construction date du 13ème siècle. Sa façade principale est orientée vers le nord. Inséré entre deux collines, il contrôlait la vallée du Neckar, au centre de laquelle s’est construite la ville de Heidelberg. Édifié entre 1294 et 1303, le château fut la résidence des électeurs palatins. Pendant la guerre Bade-Palatinat de 1461 à 1463, l’électeur palatin Frédéric 1er fait conduire ses prisonniers en son château de Heidelberg et les met aux fers jusqu’au règlement de leur rançon. Le 27 mai 1652 y naquit Élisabeth-Charlotte de Bavière, fille de l’électeur Charles-Louis. La princesse fut mariée à Philippe d’Orléans, frère du roi Louis XIV de France et fut la mère du Régent et de la duchesse-régente de Lorraine et de Bar.

[2] La dignité de comte palatin du Rhin tire son origine de la dignité plus ancienne des comtes palatins de Lotharingie. Le titre apparut à la mort de Hermann II, comte palatin de Lotharingie de la dynastie des Ezzonides ; sa veuve Adélaïde de Weimar-Orlamünde apporta alors la dignité de comte palatin en dot à son nouvel époux Henri II de Laach. L’Empereur à cette occasion s’assure d’en réduire le pouvoir, afin d’éviter l’émergence d’une dynastie rivale comme ce fut le cas avec les Ezzonides. Le titre fut assorti d’un territoire dont l’extension se modifia au cours des siècles, le Palatinat du Rhin. Les comtes palatins du Rhin étaient également les premiers électeurs du Saint Empire avec la charge d’archi-sénéchal d’Empire, d’où leur nom d’Électeur palatin. En 1214, la dignité échut à la maison de Wittelsbach en la personne de Louis 1er de Bavière à partir duquel elle devint de fait héréditaire. Cette maison transmit à plusieurs branches collatérales le titre assorti de possessions familiales.

[3] titulature conférée à l’épouse du premier frère cadet du roi régnant

[4] La Maison de Wittelsbach est une famille souveraine d’Allemagne occidentale, l’une des plus anciennes et des plus puissantes du Saint Empire romain germanique. Elle a régné en particulier sur la Bavière et sur le Palatinat, et a donné des souverains au Saint Empire, à la Suède et à la Grèce.

[5] Heidelberg est une ville située sur les deux rives du Neckar, dans le Land de Bade-Wurtemberg au sud-ouest de l’Allemagne. Heidelberg a été l’un des foyers de la réforme protestante et a accueilli Martin Luther en 1518. La ville est l’ancienne résidence du comte palatin, l’un des sept princes électeurs du Saint Empire romain germanique. Elle a été en partie détruite par l’armée française de Louis XIV lors de la dévastation du Palatinat en 1689 (guerre de la Ligue d’Augsbourg) et son célèbre château fut dévasté à cette époque.

[6] Hanovre est une ville du Nord de l’Allemagne, capitale du Land de Basse-Saxe et située au bord de la rivière Leine. À partir du 17ème siècle, Hanovre joue un rôle politique international considérable : en 1714, le fils de Ernst-August de Hanovre monte sur le trône de Grande-Bretagne sous le nom de Georges 1er ; cette union personnelle entre la couronne britannique et la principauté de Hanovre procure à celle-ci un prestige considérable.

[7] Herrenhausen, officiellement l’arrondissement municipal de Herrenhausen-Stöcken, est un quartier de la ville de Hanovre en Allemagne. Il abrite le palais de Herrenhausen et ses jardins.

[8] Le duché de Brunswick-Lunebourg était une principauté et un État du Saint-Empire romain germanique, situé dans l’actuel Land de Basse-Saxe. C’est l’une des entités suivantes de l’ancien duché de Saxe, créée en 1235 lorsque l’empereur Frédéric II donna le fief à Othon l’Enfant de la famille des Welf. Le duché a été partagé pour la première fois en 1269, entre les fils d’Othon, Albert 1er et son frère cadet Jean. À partir de là, les principautés de Brunswick-Wolfenbüttel et de Lunebourg constituaient le duché ; plusieurs divisions et fusions ont suivi. Après la dissolution du Saint-Empire en 1806, le congrès de Vienne a designé deux États successeurs : le royaume de Hanovre et le duché de Brunswick.

[9] Le palatinat du Rhin, l’électorat palatin, ou encore en forme longue le comté palatin du Rhin, aussi connu sous le nom de Bas Palatinat ou de Palatinat inférieur, possession du comte palatin du Rhin, était l’un des sept plus anciens électorats du Saint Empire romain germanique. Son souverain était appelé électeur palatin. Situé de part et d’autre du Rhin, il avait pour limites : au sud, la Lorraine et l’Alsace (et comprenait le bailliage de Seltz de 1418 à 1766) ; à l’ouest et au nord, Trèves, Mayence et Liège ; de l’autre côté du Rhin, Bade et le Wurtemberg. Il avait dans sa plus grande largeur 125 km, et sa capitale était Heidelberg. Les principales autres villes étaient Mannheim et Frankenthal. Son territoire s’étendait sur les actuels länder de Bade-Wurtemberg, de Hesse, de Rhénanie-Palatinat, de Sarre et sur l’Alsace-Moselle.

[10] La maison de Habsbourg ou maison d’Autriche est une importante Maison souveraine d’Europe connue entre autres pour avoir fourni tous les empereurs du Saint Empire romain germanique entre 1452 et 1740, ainsi qu’une importante lignée de souverains d’Espagne et de l’empire d’Autriche, puis de la double monarchie austro-hongroise. La dynastie a pris le nom de « Maison de Habsbourg-Lorraine » depuis 1780.

[11] Metz est une commune française située dans le département de la Moselle, en Lorraine. Préfecture de département. Metz et ses alentours, qui faisaient partie des Trois-Évêchés de 1552 à 1790, se trouvaient enclavés entre la Lorraine ducale et le duché de Bar jusqu’en 1766.

[12] La cathédrale Saint-Étienne de Metz est une cathédrale catholique romaine, située à Metz, en Moselle. Elle est le siège du diocèse de Metz. Vieille cité gauloise, Metz devient le siège d’un évêché au 3ème siècle. Comme nous l’apprend un passage de l’Histoire des Francs de Grégoire de Tours4, rédigée vers 576, un sanctuaire dédié à Étienne (Oratorium beati Stephani) qui se trouvait à l’emplacement actuel de la cathédrale, fut le seul monument épargné par les Huns lors du sac de la cité le samedi saint 7 avril 451. L’oratoire de Saint-Étienne est dans les grâces divines et devient alors fort populaire. On parle de miracle. Il accueille le siège de l’évêque et devient en quelque sorte la première cathédrale de Metz, à l’intérieur même de celle-ci. On peut supposer que le sanctuaire de Saint-Étienne était relativement récent lors du sac de Metz par Attila.

[13] Érigé au 4ème siècle, il est un des diocèses historiques de l’ancienne province de Champagne. Supprimé en 1801, il est rétabli en 1822. Il est suffragant de l’archidiocèse métropolitain de Reims. En tant que titulaire de l’une des anciennes pairies de France, l’évêque-comte de Châlons portait l’anneau du Roi au cours de la cérémonie du sacre du roi de France.

[14] Montargis est une commune française située dans le département du Loiret. Elle est l’une des deux sous-préfectures du Loiret. Comprise dans l’apanage de Gaston de France, duc d’Orléans, frère de Louis XIII, la ville passa, sous Louis XIV, dans celui de Philippe d’Orléans.