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Marie de Modène ou Marie Béatrice Eléonore Anne Marguerite Isabelle d’Este

vendredi 28 juin 2024, par lucien jallamion

Marie de Modène ou Marie Béatrice Eléonore Anne Marguerite Isabelle d’Este (1658-1718)

Princesse de Modène-Reine consort d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande

Épouse de Jacques II d’Angleterre. Fille d’ Alphonse IV d’Este , duc de Modène [1] et de Laure Martinozzi , l’une des nièces du cardinal Mazarin, Marie-Béatrice voit le jour au palais ducal de Modène [2]. Orpheline de père dès 1662, sa mère assume la régence au nom de son fils François II d’Este avant de se retirer dans un couvent romain où elle meurt en 1687.

L’apogée de cette régence est le mariage de Marie-Béatrice. En 1672, âgée de 14 ans, la jeune princesse est demandée en mariage par le duc d’York, frère et héritier présomptif du roi d’Angleterre Charles II.

C’est une union plus que brillante pour une petite princesse italienne. Ce mariage est encouragé par la France, dont le roi Louis XIV qui est un allié et un proche parent des Stuart. Que le duc d’York ait 25 ans de plus que sa nouvelle épouse et 2 filles à peine plus jeunes que leur belle-mère ne saurait compter aux yeux des politiques.

En effet, ce mariage répond à des problèmes dynastiques et politiques pressants. Le roi Charles II n’a pas de descendant légitime de son épouse Catherine de Bragance et les 2 filles, Marie et Anne, que le duc d’York a eu de son premier mariage avec Anne Hyde, sont protestantes alors que le roi et son frère souhaitaient secrètement faire revenir l’Angleterre dans le giron de l’Église Catholique.

La cérémonie a lieu à Londres le 30 septembre 1673 et très rapidement Marie-Béatrice donne des enfants à la couronne d’Angleterre, mais tous meurent au berceau ou dans l’enfance.

Cependant malgré sa dignité et sa discrétion, le seul fait d’être catholique, rend très vite impopulaire la jeune princesse, certains la considérant même comme un agent du pape Clément X.

De plus, à partir de 1676, elle a comme prédicateur à sa cour un jésuite français, Claude La Colombière qui, injustement accusé de conspiration, est jeté en prison et ne doit son élargissement qu’à la protection que lui accorde Louis XIV. En 1679, le jeune prêtre doit cependant regagner la France où il meurt 3 ans plus tard.

Par ailleurs, les deux filles du duc d’York épousent des princes protestants. En 1677, Marie se marie avec son cousin Guillaume d’Orange-Nassau qui peu à peu prend la tête de l’opposition à la politique pro-française et catholique de son beau-père. La cadette Anne épouse en 1683 Georges de Danemark .

De 1678 à 1681, une partie de la classe politique anglaise cherche en vain à exclure le duc d’York de la succession au trône du fait de son catholicisme par l’Exclusion Bill [3]

En 1685, le roi Charles II s’éteint et le duc d’York lui succède sous le nom de Jacques II. Marie-Béatrice devient reine d’Angleterre et d’Écosse.

À l’instar de son cousin français Louis XIV, le roi Jacques II n’est pas un mari des plus fidèles et est notamment l’amant d’ Arabella Churchill qui lui donne plusieurs enfants naturels.

Le 20 juin 1688, après 6 années infertiles, la reine donne naissance à un fils vivant et viable, Jacques François Stuart . Cette naissance est un événement puisqu’elle permet l’instauration d’une lignée catholique sur le trône d’Angleterre.

Enfin, le 28 juin 1692, alors en exil, elle met au monde son dernier enfant, Louise-Marie-Thérèse , qui meurt de la variole le 18 avril 1712.

Devenu roi à l’âge de 52 ans à la mort de son frère, le roi Jacques II mène une politique ouvertement favorable à l’Église catholique qui lui aliène l’amitié de ses peuples et quelques mois après la naissance d’un héritier viable, la Glorieuse Révolution [4] éclate. Marie consent à s’échapper en France le 10 décembre 1688 avec son fils. En février 1689, la fille aînée de Jacques, Marie, et son époux Guillaume d’Orange sont invités par des parlementaires whigs [5] à ceindre la couronne.

Dans l’exil, Marie-Béatrice, dont la dignité est louée et même montrée en exemple par Louis XIV, est invitée par celui-ci à séjourner durablement en France, au château de Saint-Germain-en-Laye près de Paris.

Jacques II meurt le 6 septembre 1701 à 68 ans, loin de son royaume. Le mouvement jacobite [6] proclame alors le fils de Marie roi d’Angleterre sous le nom de Jacques III et d’Écosse sous le nom de Jacques VIII.

Celui-ci avait été élevé à Saint Germain en Laye au sein d’une cour composée d’anglais et d’écossais fidèles qui lui rendent hommage. Le nouveau roi n’étant âgé que de 13 ans, La reine-mère Marie assume la régence pendant 3 ans jusqu’à la majorité de son fils.

Six mois plus tard, le gendre Guillaume III meurt après avoir, par l’acte d’établissement [7], réservé l’accession au trône aux princes et princesses non-catholiques issus de la Maison Stuart. Cela revenait à exclure de sa succession plus de cinquante princes et princesses. La princesse Anne devient reine mais, n’ayant pas d’enfants survivants, son héritier est non son demi-frère mais l’électrice Sophie de Hanovre âgée de 72 ans qui devait succomber peu de temps avant la reine Anne en 1714.

Aussi profitant du soutien de la France pendant la guerre de Succession d’Espagne [8], en 1708 et 1709, le prince Jacques-François tente-t-il en vain de récupérer son trône par les armes.

Au terme de la guerre, Louis XIV doit cependant lui refuser l’exil mais il est accueilli à Bar-le-Duc [9] par le duc Léopold 1er de Lorraine dont l’épouse est une nièce de Louis XIV. Il connaît un nouvel échec en 1715 après l’avènement de Georges 1er de Hanovre sur le trône britannique et doit s’exiler en Italie.

Veuve, la reine-mère et sa fille passent l’été auprès des visitandines au couvent de Chaillot [10], près de Paris. Elle a la douleur de perdre sa fille en 1712. Trois ans plus tard, le Roi Soleil meurt et le régent Philippe d’Orléans, s’il se rapproche de la Maison de Hanovre, respecte la reine mère et la laisse vivre dans son exil doré.

La reine meurt au château de Saint-Germain-en-Laye d’un cancer du sein le 7 mai 1718 à l’âge de 60 ans. Sa dépouille est inhumée au couvent de Chaillot.

P.-S.

Source : Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia Marie de Modène/ Portail du Royaume-Uni/ Reine consort d’Angleterre

Notes

[1] Le titre de duc de Modène fut créé en 1452 par l’empereur Frédéric III pour la famille italienne d’Este, dont les membres étaient seigneurs de Ferrare, et furent également créés ducs de Reggio d’Émilie puis ducs de Ferrare en 1471. En 1597, le duché de Ferrare fut incorporé aux États pontificaux, les Este demeurant ducs de Modène et de Reggio jusqu’en 1796. À cette date, les deux duchés furent incorporés à la République cispadane créée par Napoléon Bonaparte.

[2] Le palais ducal de Modène est un palais italien du 17ème siècle de style baroque, situé à Modène, en Émilie-Romagne. Résidence des ducs de Modène de la maison d’Este et de celle de Habsbourg-Este entre 1452 et 1859, il héberge à ce jour l’Académie militaire de Modène, un musée militaire et une librairie.

[3] La crise de l‘Exclusion Bill toucha l’Angleterre de 1678 à 1681 sous le règne de Charles II et pendant la Restauration anglaise. L’Exclusion Bill est un projet de loi avorté dont l’objet était d’exclure de la succession au trône d’Angleterre et d’Irlande le frère du roi, Jacques (futur Jacques II d’Angleterre), en raison de sa foi catholique. Les Tories s’opposèrent à cette mesure, tandis que le Country party, ancêtre du parti whig, la soutenait.

[4] La Glorieuse Révolution d’Angleterre, aussi appelée Seconde Révolution anglaise, fut une révolution faussement décrite dans un premier temps comme « pacifique » (1688-1689). Terme à nuancer tout d’abord en raison des combats sévères qui opposèrent les partisans catholiques à l’armée néerlandaise de Guillaume III, ainsi qu’à cause de la sanglante contre-révolution qui s’ensuivit en Irlande peu de temps après. Elle eut pour conséquence de renverser le roi Jacques II (Jacques VII d’Écosse) et provoqua l’avènement de la fille de celui-ci, Marie II, et de son époux, Guillaume III prince d’Orange, à la suite de l’invasion néerlandaise de l’Angleterre menée par ce dernier. La révolution renforça la monarchie mixte et réaffirma le rôle du parlement face à la couronne.

[5] Le parti Whig est un parti politique apparu au 17ème siècle en Angleterre qui, à compter de la fin du 17ème siècle, militait en faveur d’un parlement fort en s’opposant à l’absolutisme royal. Il s’opposait au parti Tory de l’époque.

[6] Le « jacobitisme » historique était un mouvement politique proche des Tories entre 1688 et 1807, composé de ceux qui soutenaient la dynastie détrônée des Stuarts et considéraient comme usurpateurs tous les rois et les reines britanniques ayant régné pendant cette période. Soutenu par les monarchies catholiques françaises et espagnoles, il était surtout implanté en Irlande et dans les Highlands d’Écosse qui furent le théâtre de plusieurs révoltes soutenues par la France. Plus marginalement, le jacobitisme disposait également d’un certain nombre de partisans dans le nord de l’Angleterre et au Pays de Galles.

[7] L’Acte d’Établissement, est une loi anglaise promulguée par le Parlement de Westminster en 1701, qui garantissait la succession de la couronne d’Angleterre aux membres de la famille protestante de Hanovre qui était liée aux Stuart par une fille de Jacques 1er. Cette disposition visait à exclure l’intronisation d’un roi favorable au catholicisme et à couper la route du pouvoir au prétendant Jacques Francis Édouard Stuart catholique, que Louis XIV reconnut roi d’Angleterre en 1701, sous le nom de Jacques III.

[8] La guerre de Succession d’Espagne est un conflit qui a opposé plusieurs puissances européennes de 1701 à 1714, dont l’enjeu était la succession au trône d’Espagne à la suite de la mort sans descendance du dernier Habsbourg espagnol Charles II et, à travers lui, la domination en Europe. Dernière grande guerre de Louis XIV, elle permit à la France d’installer un monarque français à Madrid : Philippe V, mais avec un pouvoir réduit, et le renoncement, pour lui et pour sa descendance, au trône de France, même dans le cas où les autres princes du sang français disparaîtraient. Ces conditions ne permettaient pas une union aussi étroite que celle qui était espérée par Louis XIV. La guerre de succession donna néanmoins naissance à la dynastie des Bourbons d’Espagne, qui règne toujours aujourd’hui.

[9] Bar-le-Duc est une commune française située dans le département de la Meuse. L’existence de l’agglomération remonte à l’Antiquité où elle est un relais le long de la voie romaine reliant Reims à Metz. Capitale du comté puis du duché de Bar, Bar-le-Duc devient l’une des principales citadelles lorraines, se développant à la fois au fond de la vallée, le long des berges de l’Ornain, et sur le plateau du versant gauche, autour du château du Moyen Âge. Après son rapprochement avec le duché de Lorraine à la fin du 15ème siècle, elle connaît une période culturelle et architecturale prospère durant toute la Renaissance

[10] Le couvent des Visitandines de Chaillot est un couvent de l’ordre de la Visitation qui se trouvait à l’ouest de Paris, à Chaillot, dans l’actuel 16e arrondissement. Consacrés en 1651, les lieux ont été détruits en 1794.