Officier des armées romaines sous Théodose 1er et Valentinien II. Il est d’origine franque, et serait le fils de Bauto, neveu de Richomer, consul en 384.
Il serait devenu ensuite comte militaire et lieutenant de son parent Flavius Bauto, maître de la milice en 380 et consul en 385. Il aurait commencé à résider à Bodegem, sur le domaine de Bauto son protecteur, une des 3 préfectures létiques de Belgique dont Bauto avait la tenure fiscale, et qui porte son nom comme c’était l’usage.
2 ans après la bataille d’Andrinople [1] où Valens est tué, l’empereur Gratien envoie Bauto et son adjoint Arbogast en Orient avec des troupes afin d’aider Théodose 1er et Richomer à lutter contre les Wisigoths [2]. Des succès rapides permettent de rétablir la situation.
En 388, Richomer et Arbogast commandent l’armée de Théodose 1er qui affronte l’usurpateur Maxime. Envoyé en Gaule après la défaite de Maxime, Arbogast capture et exécute son fils Victor. Théodose met le jeune Valentinien, âgé alors d’à peine 20 ans, sous la protection d’Arbogast, tandis que lui-même séjourne à Milan de 388 à 391, puis repart à Constantinople. En 388, Arbogast repousse une invasion de Francs commandés par Gennobaud, Marcomer et Sunnon.
En 392, il doit passer en Gaule avec Valentinien, pour une expédition punitive afin de contrer les attaques de pillards francs. En mai 392, Valentinien reçoit à Vienne [3] l’appel à l’aide d’Ambroise de Milan, car l’Italie est sous la menace d’une invasion venue de Pannonie [4]. Valentinien veut intervenir mais Arbogast s’oppose à toute sortie de Gaule. Les 2 personnalités s’opposent totalement, entre le militaire aguerri, barbare et païen, et le jeune empereur, dévot ascétique. Le 14 mai 392, Valentinien présente une lettre de renvoi à Arbogast, qui furieux la déchire. Le lendemain de cette altercation, l’empereur est trouvé mort.
Plusieurs mois s’écoulent, pendant lesquels Théodose et son fils Arcadius règnent sur tout l’Empire, tandis que Arbogast observe ses adversaires politiques à Constantinople. Lorsque le préfet du prétoire [5] Tatianos, païen comme lui est remplacé par son adversaire le chrétien Rufin, Arbogast se décide à usurper le titre impérial en août 392. Comme son origine barbare lui interdit l’accès au trône, il proclame empereur Eugène, un haut fonctionnaire recommandé par Richomer.
Après de vaines tentatives de conciliation avec Théodose, il s’organise pour le conflit. Il assure la paix sur le limes [6] du Rhin, et passe en Italie avec des contingents de fédérés francs [7] et alamans [8]. Si l’évêque Ambroise de Milan manifeste une neutralité plus que distante, l’aristocratie romaine païenne est enthousiaste, car elle préfère un chrétien modéré comme Eugène à Théodose, qui a multiplié les mesures et les confiscations anti-païennes. Le sénateur Nicomaque Flavien anime à Rome une violente réaction païenne, les cérémonies en l’honneur des dieux antiques reprennent.
La bataille décisive avec l’armée réunie par Théodose 1er a lieu près d’Aquilée [9], à la Rivière froide [10]. Arbogast est vainqueur le premier jour, mais la trahison de groupes francs entraîne sa défaite le lendemain, et le réduit à se donner la mort.