Humaniste française, connue à son époque pour son engagement calviniste [1]. Parlant et écrivant le latin, le grec et l’hébreu.
Fille de Jean V de Parthenay-L’Archevêque dit Soubise , et d’Antoinette d’Aubeterre, petite-fille de Michelle de Saubonne , Catherine de Parthenay est l’unique héritière de la puissante famille huguenote et poitevine des Parthenay-Larchevêque [2]. Mise en nourrice, puis éduquée par ses parents, elle manifeste très tôt son intérêt pour l’astrologie et l’astronomie ; sa mère lui donne alors pour précepteur son propre secrétaire et avocat de la cause de Soubise, le mathématicien François Viète.
Les guerres menaçant de reprendre entre les troupes royales, menées par les Guises [3], et les troupes calvinistes, emmenées par les lieutenants deJeanne d’Albret et ses fils, Antoinette d’Aubeterre recherche dès cette année-là un parti convenable pour sa fille. Il s’en présente trois : le fils de l’Amiral de Coligny , Henri de Pontivy, fils cadet de la maison de Rohan [4] et le baron Charles de Quellenec , de la maison de Pont-l’Abbé [5]. Son choix se portant de longue date sur le premier, les fiançailles sont prévues mais le jeune Châtillon meurt en 1567 de la peste et le 15 juin 1568, l’héritière de Soubise se marie au parc-Mouchamps [6] avec le baron du Pont.
Mariée à 14 ans au baron Charles de Quellenec, La terre de Mouchamps où se passent ces leçons de sciences et de géographie est un refuge pour les calvinistes. Bernard Palissy y a fait cuire ses premiers émaux ; les invités y sont nombreux. Mais son père passe peu de temps auprès d’elle : qu’il soit en guerre au service de Louis 1er de Bourbon-Condé ou à la Cour de Charles IX à tenter de convaincre Catherine de Médicis de se déclarer en faveur de la réforme, Jean de Parthenay ne demeure jamais longtemps avec son épouse et sa fille. Lorsqu’il meurt, le 1er septembre 1566, Antoinette d’Aubeterre trouve le courage de l’accompagner jusqu’à la mort et de l’entretenir jusqu’à son dernier souffle, mais au moment suprême, on a fait sortir Catherine de Parthenay de la chambre.
Très tôt, des querelles de préséances conduisent Antoinette d’Aubeterre à laisser le jeune couple diriger les terres de Soubise. Elle part à La Rochelle où des confidences de domestiques lui font comprendre que le baron du Pont n’honore pas convenablement son épouse. S’en ouvrant à Théodore de Bèze, puis à Jeanne d’Albret, elle en reçoit l’assurance que cela constitue un motif de dissolution du mariage.
En 1570, le baron du Pont est fait prisonnier à la bataille de Jarnac [7]. Il s’évade alors qu’il a juré de demeurer prisonnier sur parole et rejoint La Rochelle où il combat sous les ordres du vicomte René de Rohan. Blessé très sévèrement à la mâchoire, il rentre dans les terres de Mouchamps et apprend que son épouse s’est enfuie à La Rochelle.
Catherine de Parthenay ayant tout avoué à sa mère, le baron de Quellenec vient jurer devant Jeanne d’Albret que les rumeurs sur son impuissance sont des calomnies. Il est néanmoins convaincu de mensonge et promet à la reine de Navarre d’accomplir son devoir, mais peu de temps après, le baron du Pont enlève son épouse de La Rochelle et l’enferme dans ses châteaux bretons.
Toutefois, avant qu’il ne la force à partir pour le château du Pont, Catherine de Parthenay a laissé une lettre à sa mère, où elle annonce qu’on ne doit plus accorder de crédit à ce qu’elle écrira désormais sous la contrainte.
En décembre 1570, Antoinette d’Aubeterre décide de porter l’affaire devant la Cour de France, Catherine de Médicis et le duc d’Anjou ; elle entame un procès contre le mari, pour empêchement dirimant. En février 1571, tenue prisonnière au château de Rostreven [8], Catherine certifie de nouveau que les démarches entreprises par sa mère sont contraires à sa volonté ; pour autant, cette dernière ne désarme pas et obtient du synode, réuni à La Rochelle, qu’il convient de délivrer au plus vite la fausse épouse. En juillet 1571, le baron du Pont laisse enfin Catherine rencontrer librement, à Durtal [9], un témoin de sa bonne foi, le maréchal de Vieuville François de Scépeaux agissant sur commandement de l’Amiral Gaspard II de Coligny.
Après hésitation, Catherine de Parthenay confesse la vérité au vieux maréchal. Faussement rassuré par Vieuville, le baron revient alors au parc de Mouchamps, puis laisse sa femme rallier La Rochelle. Dès lors Jeanne d’Albret, le futur Henri IV et Coligny sont convaincus de prendre son parti. Pour autant, ils répugnent à la retenir de force à La Rochelle.
Séparé une fois encore de sa fille, Antoinette d’Aubeterre entreprend alors d’écrire directement au roi Charles IX. Leur cause est plaidée à huis clos devant le grand conseil le mardi 11 septembre 15711.
Présent à Paris pour les noces de Marguerite de Valois et du roi Henri de Navarre, le baron de Quellenec meurt, assassiné dans la cour du Louvre, la nuit de la Saint-Barthélemy [10].
Catherine de Parthenay et sa mère, quant à elles, doivent leur salut à l’intervention de quelques nobles alliés au roi, leur logis est pillé mais le mobilier est sauvé.
A la mort de son mari, elle compose une élégie [11] à sa gloire et à celle de l’Amiral de Coligny. Peu après, elle fait jouer dans La Rochelle assiégée une tragédie, Holopherne, dont il ne reste rien.
Douée pour les mathématiques et pour la littérature, elle est mariée en secondes noces au vicomte René II de Rohan. Le mariage de Catherine et de René a lieu dans l’intimité, sans faste, en 1575.
Mais bientôt, son nouvel époux prend à nouveau les armes ; les guerres recommencent et Catherine se réfugie dans le Poitou [12] avec ses enfants, puis à La Rochelle, où René de Rohan meurt le 27 avril 1586 des suites de ses combats.
Veuve une seconde fois, elle se consacre à l’éducation de ses enfants dans son château de Blain [13], puis au parc-Mouchamps.
En 1598, elle fait demander au roi par Philippe Duplessis-Mornay de l’autoriser à vendre des terres au nom de ses enfants mineurs, dont Henri IV est le tuteur.
Connue au grand siècle comme la mère des Rohan, elle reproche son abjuration à Henri IV dans un pamphlet publié anonymement mais qui lui est unanimement attribué ; quelques années plus tard, elle déplorera sa mort dans un très beau poème.
L’assassinat d’Henri IV ouvre alors une nouvelle période qui, avec la régence de Marie de Médicis, puis l’affermissement du pouvoir royal et la montée de Richelieu, voit la fin des facilités offertes aux protestants. Devant les nouvelles menaces, ces derniers se divisent entre modérés et intransigeants. Catherine de Parthenay joue son rôle dans ces querelles en tentant plusieurs fois d’apaiser la colère de ses fils. En 1612, la mère des Rohan œuvre dans l’ombre d’Henri pour le réconcilier avec Marie de Médicis. Elle y parvient. Elle cherche à unir autour de lui les Églises réformées, leurs ministres et leurs représentants
Vers la fin de sa vie, elle combattra aux côtés de ses enfants pour faire respecter l’esprit de l’édit de Nantes, mais son parti sera vaincu à La Rochelle, après un siège héroïque, où l’on dit qu’elle et sa fille Anne mangèrent le cuir des chevaux.
Après la reddition de La Rochelle en 1628, elle est emprisonnée dans l’hôtel Chaumont puis le 2 novembre dans la forteresse de Niort. Elle en sort le 12 juillet 1629 avec sa fille
Exilée sur ses terres sur ordre de Louis XIII, elle meurt dans la nuit du 26 au 27 octobre 1631 au Parc de Mouchamps.