Chef des armées de Jeanne d’Albret à 19 ans quand Henri IV est encore mineur. Il est le protecteur de François Viète, qu’il propulse au Parlement de Rennes, puis à la charge de maître des requêtes [1].
Sa mère est Isabeau d’Albret , tante de Jeanne d’Albret, reine de Navarre, ce qui fait de lui l’oncle d’Henri III de Navarre. Son père est René 1er de Rohan , prince de Léon, comte de Porhoët, seigneur de Beauvoir et de la Garnache, chevalier de l’ordre du Roi et capitaine d’une compagnie des ordonnances.
Né en 1550, Ce fils est l’avant-dernier du couple. Son frère aîné, Henri 1er de Rohan , porte donc, avant lui, le titre de vicomte de Rohan. Avec son autre frère, Jean, et sa sœur Françoise, tous quatre sont élevés dans la nouvelle religion calviniste. Leur château familial est celui de Blain en Bretagne. Son père meurt quand il a deux ans.
Le 15 février 1566, son frère aîné, vicomte de Rohan épouse Françoise de Tournemine, fille de René de Tournemine, seigneur de la Hunandaye. Françoise de Tournemine est catholique. Leur mère, Isabelle d’Albrey, tente en vain d’empêcher ce mariage, de Pontivy, où elle s’est retirée.
Jean s’empare du château de son frère et avec vingt hommes d’armes, avant que les nouveaux mariés n’y soient revenus. Il s’empare des pièces de tapisserie, des robes de drap d’or, des meubles, et fait transporter le tout au pays de Saintonge et de Poitou. Henri 1er de Rohan, fort mécontent de ce coup de main, poursuit en justice son frère.
René de Rohan ne commence à faire parler de lui qu’à la bataille de Moncontour [2]. Il n’a que 19 ans et se nomme d’après sa terre de Pontivy mais parvient à conserver à sa sœur Françoise son château de Beauvoir-sur-Mer. Après douze jours, il rend le château aux troupes catholiques, dans les conditions les plus honorables. En 1570, Pontivy retiré à La Rochelle, y trouve sa tante, Jeanne d’Albret, les amies de sa sœur, la dame de Soubise Antoinette d’Aubeterre et sa fille, Catherine de Parthenay ainsi que son époux, le baron Charles de Quellenec qui vient de s’échapper de la déroute de Jarnac.
Après avoir chassé les armées catholiques de Marans [3], Pontivy, est nommé chef de toutes les troupes de l’Angouinois par Jeanne d’Albret jusqu’à la majorité du futur Henri IV. Après Tonnay-Charente [4], et tout le littoral de la Saintonge [5], Saintes [6] se rend à lui et à Quellenec. Le 8 août 1570, à Saint-Germain-en-Laye, la paix est signée qui marque la fin de cette seconde guerre civile.
En 1571, la curie romaine statue sur le sort de sa sœur et refuse de reconnaître son mariage oral avec le duc de Nemours Jacques de Savoie .
Peu après, pour pourvoir cette malheureuse sœur, séduite puis abandonné par le plus sémillant des jeunes catholiques de la cour d’Henri II, et de ses successeurs, la famille de Rohan effectue la transaction en fait de partages entre les frères Henry, vicomte de Rohan, René de Rohan, seigneur de Pontivi, Louis, M. de Rohan, fils du prince René de Rohan, et leur sœur Françoise de Rohan, dame de Nemours, du 19 juin 1571
Lors du massacre de la Saint-Barthélémy, Jean de Rohan s’échappe par miracle de Paris. La veille, il est sorti dans les faubourgs avec le vidame [7] de Chartres, le comte de Montgommery Gabriel 1er de Montgommery et plusieurs autres, à l’aube, il ne se présente aux portes que pour s’enfuir, et rallier la Rochelle, poursuivi par les troupes de Guise jusqu’à Montfort.
Jean meurt en 1574, et René porte alors le nom de Frontenay, la seconde terre des Rohan. L’année suivante, il soutient le siège de Lusignan [8]. Le duc de Montpensier Louis III de Montpensier , chef des armées catholiques, touché de l’héroïsme des assiégés, leur accorde les articles les plus honorables. Il permet à Frontenay et aux gentilshommes de sortir avec armes et bagages ; quant aux soldats, avec leurs arquebuses, les mèches éteintes et les drapeaux pliés dans des coffres. Les ministres et leurs familles pouvant se retirer à La Rochelle.
Depuis la mort de Charles de Quellenec, auprès de qui Rohan a combattu, Catherine de Parthenay est revenue à la Rochelle. Catherine, d’abord promise au fils de l’Amiral Coligny a été mariée au baron de Quellenec à 14 ans. Mais son mariage n’a pas été consommé. René la demande en justes noces mais Aubeterre le refuse, car il n’est pas assez titré. Il semble que le mathématicien François Viète, alors secrétaire de Françoise de Rohan, après avoir été le précepteur de Catherine de Parthenay et le secrétaire d’Antoinette d’Aubeterre ait joué un rôle dans le rapprochement des deux maisons.
Le sort va les favoriser, Henri, après avoir signé son testament meurt le 12 juin 1575, à peine âgé de quarante ans laissant une fille Judith, qui meurt à son tour 12 jours après son père. René, devient ainsi vicomte de Rohan, comte de Porhoët, et plus rien ne s’oppose à ses vœux. La douairière de Soubise, dit-on, fit grâce d’une de ses terres au serviteur qui lui apprit cette nouvelle avant même que René le sus.
Le contrat de mariage entre René vicomte de Rohan et Catherine de Parthenay, est signé le 15 août 1575 et peu après, une transaction entre Françoise de Tournemine, dame douairière de Rohan et René vicomte de Rohan, touchant le douaire de cette dame et la succession de Judith de Rohan sa fille, du 26 août 1575 livre le château de Blain au jeune couple.
Catherine de Parthenay apporte au Vicomte de Rohan, Soubise en Saintonge [9], le Parc-Mouchamps [10] en Bas Poitou, Fresnay en Bretagne [11], la Garnache, Beauvoir-sur-Mer… Elle a vingt et un ans, et une éducation supérieure à celle de toutes les femmes de son époque. Elle manie le grec, le latin, et l’hébreu, se passionne pour l’astronomie, sait aussi quelques mathématiques. C’est elle qui en a inspiré la passion à son ancien précepteur. Elle a fait jouer dans La Rochelle assiégée une tragédie, Holopherne et, calviniste convaincue, elle ne songe qu’à porter la nouvelle doctrine à Blain.
Grâce à l’influence de Rohan sur Charles IX, elle fait nommer son ancien précepteur au Parlement de Rennes, puis maître des requêtes, sous Henri III. Il le leur rendra bien, puisqu’en 1579, pendant la paix de Flers, François Viète obtient l’érection de la terre de Loudun en duché.
La guerre civile recommence en septembre 1585. Ce sont les débuts des exactions du duc de Mercœur Philippe-Emmanuel de Lorraine en Bretagne. Les troupes de Condé, prises en tenailles entre Joyeuse, Mayenne et Biron se défont. Condé gagne Saint-Malo et s’embarque pour Guernesey, Rohan trouve un refuge à La Rochelle. Il y meurt épuisé, au bout d’un an. Il a 36 ans et laisse dans ses terres de Blain, menacées par les troupes catholiques une veuve et cinq enfants au-dessous de 10 ans.