Il est considéré comme le fondateur de l’école française d’orgue [1] et a passé l’essentiel de sa carrière comme organiste [2] et chanoine [3] de la cathédrale Notre-Dame de Rouen [4]. Il passe pour être un des organistes les plus talentueux de son temps, improvisateur doué, expert en facture orgues, poète à ses heures et en relation avec les théoriciens de son temps.
Fils et neveu de ménétrier [5], il a probablement été initié à la musique par sa famille, mais le détail de son éducation musicale n’est pas connu. Il a pu être éduqué dans l’important collège des Jésuites de Saint-Omer [6], fondé en 1568, ou dans le collège des Bons-Enfants.
On sait seulement qu’il embrasse la prêtrise, peut-être après des études de théologie au collège Saint-Bertin, et qu’en 1585 il est un des quatre organistes remplaçants à la cathédrale de Saint-Omer [7], après le départ d’Adrien Balle ; c’est peut-être la nomination de Liévin Baes à la place d’Adrien Balle qui le décide à partir pour Rouen.
Sa carrière rouennaise commence à l’église Saint-Jean, où il est engagé comme organiste en 1585. Bien qu’engagé à la cathédrale Notre-Dame dès 1588, il assure donc un double service jusqu’en 1589, remplacé cette année-là par Jaspar Petit, et garde longtemps le contact avec cette église : il lui fournit en 1600 des livres de musique apportés de Paris et expertise en 1603 les réparations de l’orgue faites par le facteur [8] Crespin Carlier.
Le décès de l’organiste François Josseline survenant le 13 avril 1588, Titelouze est nommé organiste de la cathédrale Notre-Dame de Rouen 2 jours après.
Comme souvent dans ce genre d’emploi, Titelouze est appelé à jouer dans des occasions particulières, comme pour le jour de la fête de saint Étienne à Saint-Étienne-la-Grande-Église [9].
Le 3 août 1604, il obtient l’enregistrement par le bureau des finances de Rouen des lettres de naturalité qui lui avaient été octroyées le 24 janvier 1595 et qui empêcheront donc le roi d’exercer son droit d’aubaine sur ses biens à son décès.
Il reçoit enfin plusieurs dignités ecclésiastiques : le 2 avril il obtient du grand vicaire de l’archevêque de Rouen [10] les lettres patentes qui le font chanoine prébendé de Baillolet.
Il jouit d’une maison canoniale, qui subit des réparations en 1629 et il est à l’occasion délégué pour représenter le chapitre, comme lors des États provinciaux de 1617. Le 29 juin 1610, il reçoit encore la cure de Londinières [11], vacante par le décès de Louis Duval.
Connu bien au-delà de Rouen, Titelouze est parfois sollicité pour donner son avis sur tel ou tel organiste. Ainsi, au décès de Toussaint Le Febvre, l’organiste de Saint-Maclou de Rouen [12], il recommande Jacques Le Febvre pour son successeur en janvier 1616.
Outre son activité de compositeur et organiste, il arrive que Titelouze s’essaye à la poésie. Il est l’auteur de deux Chants royaux récompensés à l’Académie des Palinods de Rouen, en 1613 et 1630.
Titelouze s’intéresse aussi à la théorie de la musique et fait partie des correspondants du Père Marin Mersenne. La correspondance retrouvée du savant Minime contient 7 lettres que lui à adressées Titelouze, dans la période 1622/1633.
Il apparaît être en contact avec Louis Mauduit , qui est parfois son intermédiaire entre Paris et Rouen. La dernière lettre de Titelouze à Mersenne, du 6 janvier 1633, fait mention d’un voyage à Paris et il s’excuse de n’avoir pas eu le temps de lui rendre visite.
En 1588, il visite avec le maître Corneille, organiste de Saint-Michel de Rouen, les orgues de Notre-Dame-de-la-Ronde de Rouen.
En 1613, il est désigné par le chapitre de la cathédrale de Poitiers [13] comme expert pour la réception de l’orgue réparé par Crespin Carlier . L’expertise eut lieu le 27 avril 1613.
En 1622, il est sollicité pour l’expertise de l’orgue de Néville [14] mais se fait remplacé par Jolliet, organiste à Chartres [15].
Le 23 juin 1623, il signe avec Henri Frémart et Jean de Bournonville l’expertise de réception de l’orgue de la cathédrale d’Amiens [16].
En 1632 enfin, il prépare le devis de construction des orgues de l’église Saint-Godard de Rouen [17], en préparation du marché passé avec le facteur Guillaume Lesselier.
On considère qu’il a influencé les facteurs normands en promouvant l’usage d’un orgue fait selon son désir : à deux claviers et grand pédalier, inspiré quant à la composition des orgues flamands mais possédant déjà des jeux qui annoncent la facture française baroque.
Tout l’œuvre connu de Titelouze est publié entre 1623 et 1626, lorsqu’il est déjà dans la soixantaine. Il organise enfin, à la Sainte-Cécile 1631, le puy de musique habituellement célébré en cette occasion, en faisant construire quatre théâtres dans la nef de la cathédrale, pour que la musique soit plus harmonieuse, et les instruments plus intelligibles.
Le 21 janvier 1633, probablement déjà affaibli, Titelouze prie le chapitre de lui accorder une augmentation de gages pour qu’il puisse instruire un jeune organiste qui le remplace en son absence. Il rédige un premier testament le 29 avril 1633 puis le complète le 24 octobre 1633 et meurt le même jour.
Outre quelques legs en argent à des églises, des couvents ou des particuliers, le testament prévoit que le facteur d’orgue Guillaume Lesselier recevra son orgue organisé, et Blaise Bretel, organiste de Saint-Vincent, sa collection de musique.