Jonathan (mort en 143 av.jc)
Dirigeant de la dynastie hasmonéenne [1] à la suite de Judas Maccabée de 161 à 143 av.jc. Fils de Mattathias et frère de Judas Maccabée, figures de la rébellion des hasmonéens contre Antiochos IV Épiphane de l’empire Séleucide.
À la mort de Judas Maccabée à la bataille d’Elasa en avril-mai 160, Le gouverneur séleucide Bacchidès contrôle la Judée frappée par la famine. Il pourchasse les derniers partisans des Maccabées, rétablit les notables pro hellénistes à la tête du pays et fortifie la plupart des villes. Croyant le pays pacifié, il retourne à Antioche [2]. Les révoltés se rassemblent autour du frère de Judas, Jonathan et se réfugient dans le désert de Juda [3].
Au mois de mai suivant, le Grand prêtre de Jérusalem [4] Alcime ou Alkime meurt après avoir commencé à démolir l’enceinte du Temple marquant le lieu saint interdit aux étrangers en 159 av.jc. Devant la recrudescence de la révolte des Maccabées, les pro hellénistes font appel à Bacchidès, qui revient en 157, mais échoue devant la forteresse de Bethbasi où se sont retranchés les révoltés. Il accepte la trêve offerte par Jonathan et retourne à Antioche. Profitant de cette trêve, Jonathan s’installe à Makhmas, à 12 km au nord-ouest de Jérusalem, d’où il reprend peu à peu le contrôle de la Judée.
Pendant la guerre civile entre Démétrios 1er Sôter et Alexandre 1er Balas, Jonathan prend le parti d’Alexandre Balas qui le nomme grand-prêtre de Jérusalem en octobre 152. Après la mort de Démétrios en 149, Balas confirme à Jonathan son titre de grand-prêtre et l’institue stratégos et méridarque [5] de Judée.
En 147, Démétrios, cherche à reconquérir le trône de son père Démétrios 1er Sôter avec l’appui d’Apollonios, gouverneur de Cœlé Syrie [6]. Apollonios se retourne vers Jonathan, allié d’Alexandre 1er Balas, mais est défait entre Joppé [7] et Azôt [8]. Jonathan pille Azôt et son temple de Dagon , puis reçoit la soumission d’Ascalon [9]. Pour le récompenser de cette victoire, Balas cède Eqrôn [10] et son territoire à Jonathan.
Plus tard en 145, Jonathan profite des troubles en Syrie pour assiéger la citadelle de Jérusalem. Dénoncé auprès de Démétrios II, il n’hésite pas à le rencontrer à Ptolémaïs [11]. Il se fait confirmer comme grand-prêtre et obtient une remise d’impôts pour la Judée qui se voit rattacher les nomes [12] d’Apharama, Lydda et Ramathayim pris à la Samaritide [13].
À l’appel de Démétrios II, Jonathan, avec 3000 hommes, réprime l’insurrection des partisans d’Antiochos VI et du général Diodote Tryphon en 144. Quelque temps plus tard, Tryphon fait couronner le jeune Antiochos VI et entre dans Antioche. Il confirme Jonathan dans sa charge de grand-prêtre et dans la possession des nomes promis par Démétrios II.
Il nomme son frère Simon stratège [14] de la côte phénico-philistine. À la tête des troupes séleucides de Cœlé-Syrie, Jonathan prend Ascalon et Gaza puis défait une armée syrienne soutenant Démétrios en Galilée [15], dans la plaine d’Hazor [16]. Il marche vers le pays de Hamat, bat les Arabes zabadéens [17], contrôle Damas, tandis que Simon installe une garnison juive à Joppé [18] et fortifie Jérusalem et plusieurs villes de Judée.
Jonathan envoie des ambassades à Sparte et à Rome pour assurer ses appuis extérieurs.
Tryphon, qui craint de perdre le contrôle de la Cœlé-Syrie, rencontre alors Jonathan à Beït Shéan [19] et le convainc de se rendre à Ptolémaïs, qu’il promet de lui remettre, pour continuer les pourparlers.
À Ptolémaïs, Tryphon fait arrêter Jonathan et massacrer sa garde. Simon se fait alors désigner comme chef de Jérusalem et attend Tryphon dans la plaine, à Adida. Tryphon, qui prétend que Jonathan a été arrêté parce qu’il n’a pas payé l’impôt dû au trésor royal, se fait remettre 100 talent d’argent et les deux fils de Jonathan en échange d’une promesse de libération qu’il ne tient pas.
Contournant la Judée, il tente d’atteindre Jérusalem par le sud, mais la présence de Simon et le mauvais temps lui font abandonner ce projet. Il repart vers Antioche après avoir tué Jonathan à Baskama en 143 av.jc.
Notes
[1] Les Hasmonéens sont une dynastie qui parvient au pouvoir en Judée au cours de la révolte des Maccabées que Mattathias un prêtre de la lignée sacerdotale de Yehoyarib initie en 168-167 av. jc et auxquels se joignent les hassidéens. Dans les livres qui n’ont été conservés que par la tradition chrétienne, cette dynastie est aussi appelée Maccabées.
[2] Antioche est une ville de Turquie proche de la frontière syrienne, chef-lieu de la province de Hatay.
[3] Le désert de Judée Aussi connu sous le nom de Jeshimon, Midbar Yehuda, est un désert situé en Israël et en Judée-Samarie. Montagneux, il se trouve à l’est de Jérusalem et descend vers la mer Morte. Le désert est traversé par des oueds et des ravines, d’une profondeur en général de 365 m à l’ouest et de 183 m à l’est.
[4] Le grand prêtre est le titre que portait le premier des prêtres dans la religion israélite ancienne et dans le judaïsme classique, depuis l’émergence de la nation israélite jusqu’à la destruction du Second Temple de Jérusalem. Les grands prêtres, comme d’ailleurs tous les prêtres, appartenaient à la lignée d’Aaron. Pendant la période du Second Temple, le grand prêtre exerça souvent la charge de président du Sanhédrin. Son rôle déclina avec l’occupation romaine (à partir de 63 av. jc) puis la fonction de grand Prêtre disparut avec la destruction du Second Temple.
[5] gouverneur civil et militaire
[6] La Cœlé-Syrie correspond à l actuelle vallée de la Bekaa au Liban ; mais ce terme sert souvent, de manière conventionnelle, à désigner tout le territoire allant de Byblos (Liban) à la frontière nord de l Egypte ptolémaïque, y compris la Judée.
[7] Jaffa est la partie sud, ancienne de la ville de Tel Aviv-Jaffa en Israël. C’est un des ports les plus anciens du monde sur la côte orientale de la mer Méditerranée. Le port de Jaffa, très sollicité dans l’antiquité et au Moyen Âge, était, comme les deux autres ports de la Palestine ancienne Acre et Césarée une des étapes importantes de routes de l’Orient des Européens.
[8] La cité est l’une des cinq villes fondées par les Philistins dans l’antiquité et fut le centre du culte du dieu Dagon. Selon la Bible, c’est à Ashdod que les Philistins emmenèrent l’Arche d’alliance comme un trophée en l’honneur de Dagon, après une victoire à Afek contre les Hébreux autour de 1050 av.jc. Le récit mentionne de grands désastres à Ashdod dus à la présence de l’Arche qui sera alors transférée à Gath puis rendue aux tribus d’Israël. La cité fut rebaptisée Azotos sous les Grecs (Azotus en latin) après la conquête d’Alexandre le Grand puis la ville passa sous le contrôle des Ptolémées de. Enfin, durant la révolte des Maccabées en Judée, le temple de Dagon fut détruit par Judas Maccabée avant que la ville ne soit intégrée au nouveau royaume hasmonéen puis à l’Empire romain au 1er siècle avant notre ère.
[9] La ville ancienne d’Ascalon fut une des cinq capitales des Philistins du 12ème au 10ème siècle av. jc. Le nom d’Ascalon revient assez souvent dans la Bible. Ancienne colonie de Tyr, elle fut embellie par Hérode, et devint la seconde ville du pays par la grandeur. On y remarquait le temple de Dercéto. Elle est conquise par les Arabes en 638 par le calife `Umar. Elle est occupée par l’émir Mu`âwiya gouverneur de la Syrie et futur calife omeyyade.
[10] Éqron est une des 5 cités philistines mentionné dans le Tanakh. Elle est identifiée au site archéologique de Tel Miqneh en Israël, à proximité du kibboutz Revadim.
[11] Akko
[12] Le mot nome, désigne une subdivision administrative. On l’utilise notamment pour désigner les différentes provinces de l’Égypte antique et les anciennes divisions territoriales de la Grèce moderne correspondant aux départements.
[13] La Samarie est le nom historique et biblique d’une région montagneuse du Proche-Orient ayant constitué l’ancien Royaume d’Israël autour de son ancienne capitale Samarie, proche de Sichem près de l’actuelle ville de Naplouse, et rival de son voisin judéen du sud, le royaume de Juda. Elle se situe aujourd’hui à cheval sur les territoires de Cisjordanie et d’Israël, dans ce qui représente le tiers septentrional de l’actuelle Cisjordanie et la bande côtière s’étendant au nord de Tel-Aviv jusqu’aux frontières libanaises.
[14] Un stratège est un membre du pouvoir exécutif d’une cité grecque, qu’il soit élu ou coopté. Il est utilisé en grec pour désigner un militaire général. Dans le monde hellénistique et l’Empire Byzantin, le terme a également été utilisé pour décrire un gouverneur militaire. Dans la Grèce contemporaine (19ème siècle jusqu’à nos jours), le stratège est un général et a le rang d’officier le plus élevé.
[15] La Galilée est souvent citée dans l’Ancien Testament, et sa partie septentrionale évoquée comme "la Galilée des Gentils" dans le Nouveau Testament. Elle est décrite par Flavius Josèphe qui évoque son histoire, son peuplement sa géographie, et lui donne deux parties : la Galilée supérieure, en grande partie peuplée de Gentils, et la Galilée inférieure, en grande partie peuplée de Juifs. Son nom de Galilée pourrait venir d’un peuplement celte, comme plus au nord la Galatie. Elle recouvrait avant la Captivité les territoires des tribus d’Issacar, de Zabulon, de Nephthali et d’Asher. Comme les Galiléens étaient de bons cultivateurs, plantant des figuiers, des oliviers, des noyers, des palmiers, des habiles artisans et de bons pêcheurs, la Galilée était prospère avec 400 villes, certaines très peuplées.
[16] C’est un tel situé sur le site de l’ancien Hazor, dont les restes archéologiques sont parmi les plus grands et riches de l’Israël moderne. Hazor était une ville située dans le nord de la Galilée, au nord du lac de Tibériade, entre Ramah et Qadesh, sur un terrain élevé dominant le lac Merom (lac Semechonite de l’antiquité) dans la vallée de la Houla.
[17] Clan arabe vaincu par Jonathan Macchabée dans le voisinage de Damas. On pense qu’il occupait la région de l’Antiliban où son nom se serait conservé dans celui du village et du district d’ez-Zébédâni, à 30 km au nord-ouest de Damas et au sud de Baalbek.
[18] Jaffa
[19] La ville de Beït Shéan, en Israël est l’une des villes les plus anciennes d’Orient. Sur le Tel Beït-Shéan, surplombant la vallée de Nahal Harod, on retrouve 20 couches archéologiques de vestiges. Elle s’est appelée Scythopolis ou Nysa à la période Hellénistique et Romaine. Puis avec la conquête arabe elle s’est appelée Baysân. La position de la ville se tenant au carrefour de routes principales et la facilité d’accès dont elle dispose vers les sources d’eau des environs, , sont les facteurs majeurs du développement de la ville, et ce, depuis l’antiquité.