La plupart des informations que l’on possède sur Mattathias sont tirées du premier livre des Maccabées [1], ainsi que des Antiquités juives [2] de Flavius Josèphe.
Mattathias est le fils de Yohanan ben Shimon, prêtre de la lignée de Yehoyariv, fondateur de la première des 24 divisions sacerdotales qui officient dans le Temple de Jérusalem, descendant lui-même de Phinées , troisième grand prêtre d’Israël [3].
Josèphe ajoute à cette généalogie que Shimon serait le fils de Hasmonaï. Des traditions rabbiniques font de Mattathias le fils de Hasmonaï ; selon d’autres encore, ils seraient deux personnages apparentés et contemporains mais indépendants, et les Maccabées seraient les fils de Hasmonaï et non de Mattathias.
Il semble plus vraisemblable de considérer Hasmonaï comme un ascendant lointain de Mattathias, ce qui expliquerait pourquoi tant les chroniqueurs grecs que les sources rabbiniques font référence à cette famille sous le nom de Hasmonéens ; de plus, les noms de Yohanan et Shimon apparaissent dans la descendance directe de Mattathias, alors que ce n’est pas le cas de Hasmonaï.
Une conception erronée, consignée dans la Meguilat Antiochos et le traité Soferim, et reprise dans la liturgie de Hanoucca, fait du père de Mattathias, un Grand-Prêtre. Cependant, et bien qu’il ait pu officier à Jérusalem, Mattathias est avant tout un prêtre local, responsable du culte dans un petit village de Judée, appelée Modiin [4].
Mattathias est déjà vieux lorsque les premières mesures anti-juives de Antiochos IV sont mises en application. En 167, un émissaire du roi séleucide, appelé Apelles selon Flavius Josèphe, construit un autel à Modiin pour un dieu et ordonnent à Mattathias, citoyen le plus important et spirituellement influent du village, de sacrifier à leur idole, selon les directives du roi. Il refuse de plier face aux pressions du régent, et exhorte au contraire les Juifs à ne pas abandonner leurs croyances et pratiques ancestrales.
Lorsqu’un Judéen hellénisé se déclare prêt à collaborer, Mattathias le tue et détruit l’estrade, tandis que ses fils mettent l’émissaire séleucide à mort. Il harangue alors la foule, enjoignant les Juifs à demeurés fidèles à la Loi et de la rejoindre dans son insurrection.
À l’annonce du décret de son arrestation, il se réfugie dans les montagnes de Judée. Nombreux sont, selon le Livre des Maccabées, ceux de ses concitoyens qui abandonnent leurs avoirs pour le rejoindre, ainsi que d’autres rebelles, parmi lesquels les Hassidéens [5].
Mattathias mène depuis sa retraite des opérations de guérilla, défait les troupes séleucides lorsqu’elles sont en faible effectif, punit les Juifs considérés comme renégats, détruit les temples païens, et fait circoncire les enfants qui ne l’avaient pas été par crainte des décrets royaux. Il mène aussi une campagne pour le maintien des autres rites prohibés par Antiochos.
Selon Josèphe, qui s’accorde sinon en tous points avec le récit du premier livre des Maccabées, Mattathias tombe malade un an plus tard. Il meurt en 146 de l’ère séleucide, et est inhumé à Modiin. Son caveau se trouverait non loin de ceux de ses fils.
Mattathias n’a laissé aucune œuvre écrite. Il serait cependant, ainsi que le souligne Flavius Josèphe, à l’origine de la mesure permettant d’enfreindre le chabbat pour se défendre, en cas de menace vitale.
Après avoir enjoint à ses fils de respecter scrupuleusement les prescriptions de la Bible, il désigne son aîné, Juda dit le Marteau comme son successeur dans la lutte, et le frère de celui-ci, Simon, comme conseiller. Ils tombent au combat, ainsi qu’Yohanan, Eléazar, et Jonathan.
Cependant, Simon et ses fils forment une dynastie qui règne sur la terre d’Israël jusqu’à l’avènement de Hérode.
Malgré les dérives de la dynastie hasmonéenne et ses persécutions envers les Pharisiens [6], Mattathias demeure une figure héroïque dans la tradition rabbinique, et le seul Hasmonéen nommément mentionné dans la liturgie de Hanoucca [7].