Antiochos IV Épiphane (vers 215av-jc-164 av.jc)
Roi séleucide de 175 à 164 av.jc
Fils de Antiochos III le Grand. La tradition chrétienne en fait une figure de l’Antéchrist [1].
Après la défaite de son père et la paix d’Apamée [2], il est envoyé comme otage à Rome, où il passe plusieurs années avant d’être échangé en 178 ou 179 avec son neveu Démétrios après l’avènement de son frère Séleucos IV. Il séjourne alors environ 3 ans à Athènes, avec laquelle il noue des liens étroits.
Soutenu par les rois de Pergame [3] Eumène II et Attale II , il succède à l’automne 175 à son frère Séleucos, assassiné par son ministre Héliodore qu’il élimine rapidement.
De 171 à 168, il se lance dans une guerre contre l’Égypte, battant les pharaons Ptolémée VI et Ptolémée VII , s’emparant de l’Égypte et de Chypre en 168. Cependant, l’ultimatum de l’ambassadeur romain Gaius Popilius Laenas, l’oblige à abandonner ses conquêtes.
À la suite de l’expédition d’Antiochos contre l’Égypte, la guerre civile s’installe à Jérusalem entre les grands prêtres Jason et Ménélas après l’assassinat de Onias III . Antiochos doit quitter l’Égypte pour réprimer la révolte à Jérusalem.
Défenseur zélé de la culture grecque, il finance la construction du temple de Zeus à Athènes. Sous l’influence du mathématicien et poète Philonidès de Laodicée sur mer, il adopte la philosophie de l’épicurisme [4]. Sa tentative d’hellénisation forcée de la Judée, soutenue par les grands prêtres Jason et Ménélas, provoque la colère des Juifs traditionalistes.
Antiochos en vient à interdire le judaïsme et consacrer le temple de Jérusalem aux dieux grecs. En effet, en 168 il pille le temple de Jérusalem et y installe un autel du dieu Baal Shamen , détruit les murailles de la ville et, dans un édit de décembre 167, ordonne d’offrir des porcs en holocauste, interdit la circoncision et pourchasse les adversaires de l’hellénisation. Cette politique lui vaut le surnom d’Épimane [5].
Après son départ éclate une révolte des Juifs dirigée par la famille des Maccabées. En 166, les troupes envoyées par Antiochos IV sont successivement battues, Apollonius à Samarie [6], Nikanor et Gorgias à Emmaüs [7] Lysias à Beth Zur [8]. En 164 Antiochos arrête la persécution et amnistie les Juifs qui regagneraient leurs foyers en mars 164. Judas Maccabée s’empare de Jérusalem, procède à la purification du temple et rend le sanctuaire et l’autel au culte juif.
Dans le même temps, Antiochos IV part pour l’Orient, passant par la Grande Arménie afin de la faire rentrer dans l’orbite séleucide, puis la Médie [9]. Il tombe malade en 164/163 et meurt en Perside [10], avant de pouvoir mener une expédition contre les Parthes [11].
Notes
[1] L’Antéchrist est une figure commune à l’eschatologie chrétienne et islamique. Elle apparaît dans les épîtres de Jean où elle recouvre des formes variables mais puise ses origines dans la notion d’anti-messie déjà présente dans le judaïsme. Le terme désigne parfois un individu, parfois un groupe. Cette figure d’imposteur maléfique qui tente de se substituer à Jésus-Christ a nourri de nombreuses spéculations et interprétations dès les premiers développements du christianisme à travers la littérature patristique, qui se sont enrichis encore au fil des siècles, situant l’intervention de l’Antéchrist lors des dernières épreuves précédant la fin du monde.
[2] Le Traité d’Apamée-Kibôtos, est un traité de paix signé en 188 av.jc entre Rome et les Séleucides à la suite de la guerre de Syrie et la bataille de Magnésie du Sipyle. Antiochos III doit céder ses territoires en Asie Mineure au profit de Pergame (qui est alors composé de la Lydie, la Phrygie, la Pisidie, la Lycaonie et la Chersonèse) et de Rhodes (Carie et Lycie). Le Sénat romain lui interdit de traverser la limite du Taurus, d’entretenir une flotte dans la mer Égée et de lever des mercenaires en Grèce. Il doit livrer ses navires et ses éléphants (et en arrêter l’élevage), et payer une indemnité de guerre de 12 000 talents. Cette dette pousse Antiochos III à une campagne en Susiane afin d’en piller les temples.
[3] Bergame, actuellement en Turquie
[4] L’épicurisme (ou la doctrine d’Épicure) est une école philosophique fondée à Athènes par Épicure en 306 av. jc. Elle entrait en concurrence avec l’autre grande pensée de l’époque, le stoïcisme, fondé en 301 av. jc. L’épicurisme est axé sur la recherche d’un bonheur et d’une sagesse dont le but est l’atteinte de l’ataraxie, la tranquillité de l’âme. C’est une doctrine matérialiste et atomiste.
[5] l’Insensé
[6] Samarie est une ancienne ville de Palestine. C’était la capitale du Royaume d’Israël aux 9ème et 8ème siècles av. jc. Les ruines de la ville sont situées dans les montagnes de Samarie, dans le territoire gouverné par l’Autorité palestinienne, à quelques kilomètres de Naplouse.
[7] Emmaüs est un site archéologique de Israël situé à environ 30 km à l’ouest de Jérusalem à la frontière entre les monts de Judée et la vallée d’Ayalon, près de l’endroit où la route menant de Jaffa à Jérusalem, se divise en deux : la voie du nord (par Beït-Horon) et celle du sud (par Kiryat-Yéarim). L’importance de la localité a varié au cours des siècles ; du 3ème au 7ème siècle c’était une ville.
[8] La bataille de Beth Zur s’est déroulée en 164 av.jc dans la région de Hébron, dans l’actuelle Cisjordanie et est due à la révolte des Juifs contre l’autorité séleucide pour leur liberté de culte.
[9] À l’époque hellénistique, la Médie tombe sous le contrôle des Grecs, et est incluse après les conflits opposant les Diadoques dans les territoires contrôlés par les Séleucides, après avoir été un temps dominée par Antigone le Borgne. L’ancien général Atropatès qui dirigeait le contingent mède de l’armée perse à la bataille de Gaugamèles, se rallie par la suite à Alexandre le Grand et devient satrape du nord de la Médie, qui devient la Médie Atropatène, futur Azerbaïdjan, qu’il parvient à rendre autonome du pouvoir séleucide. La capitale de ce royaume se trouvait à Gazaca. Après plusieurs décennies d’indépendance, le roi Artabanzanes doit conclure un traité de vassalité avec Antiochos III en 220 av.jc. Cette région reste peu hellénisée, à la différence du sud de la Médie, centré autour d’Ecbatane. Plusieurs villes nouvelles y sont fondées par les souverains séleucides, et l’ancienne Rhaga est renommée Europa. Un satrape local, Molon, se révolte en 220 contre Antiochos III, qui le défait. Entre 163 et 160, c’est un autre satrape de Médie, Timarque, qui se révolte contre Démétrios 1er Sôter, et réussit à prendre le pouvoir en Babylonie, avant d’être finalement soumis. Les révoltes qui secouent le royaume séleucide vers 150 profitent au roi parthe Mithridate 1er qui prend alors la Médie, ainsi que l’Atropatène. Après plusieurs décennies de luttes, le pouvoir des Arsacides est finalement assuré en Médie, en dépit des attaques des nomades orientaux, Scythes ou Tokhariens. La région est réorganisée administrativement, et la ville de Rhaga/Europa est renommée Arsacia.
[10] Le Fars ou Pars est une des trente provinces d’Iran, au sud-ouest du pays. Sa capitale est Chiraz. Le Fars a une superficie de 122 416 km². Le Fars est la terre d’origine des Persans. Perse et Persan dérivent tous deux de la forme hellénisée Persis venant de la racine Pārs. Fārs est la version arabisée de Pars. Dans l’Antiquité, le Fars était appelé Perside.
[11] La Parthie est une région située au nord-est du plateau iranien, ancienne satrapie de l’empire des Achéménides, berceau de l’Empire parthe qui contrôle le plateau iranien et par intermittence la Mésopotamie entre 190 av.jc et 224 de notre ère. Les frontières de la Parthie sont la chaîne montagneuse du Kopet-Dag au nord, aujourd’hui la frontière entre Iran et Turkménistan, et le désert du Dasht-e Kavir au sud. À l’ouest se trouve la Médie, au nord-ouest l’Hyrcanie, au nord-est la Margiane et au sud-est l’Arie. Cette région est fertile et bien irriguée pendant l’antiquité, et compte aussi de grandes forêts à cette époque.