Il est avant tout connu comme écrivain militaire et administrateur principal des eaux de Rome sous Nerva. Il est probablement natif de Gaule narbonnaise [1].
Il a suivi a priori une carrière sénatoriale, mais on peut supposer qu’il est plutôt d’origine équestre et fut intégré à la classe sénatoriale peu avant 70. Les sources antiques ne donnent sur son parcours que des informations ponctuelles et éparses. Comme membre de la classe sénatoriale, il a probablement commencé son cursus comme tribunus militum laticlavius [2] vers 55/60.
Dans “ses Stratagèmes”, Frontin donne des détails de la guerre contre les Parthes [3] du général Gnaeus Domitius Corbulo, entre 58 et 62, qui ne figurent pas dans l’œuvre de Tacite. Il est donc possible que Frontin participe à ces guerres sous le général Corbulo.
Il se peut ensuite qu’il ait suivi le parcours de trois des anciennes légions de Corbulo, qui renforcent dans un premier temps Vespasien dans sa guerre contre les Juifs, puis partent combattre près de Rome sous Mucien et Antonius Primus, partisans de Vespasien dans la guerre civile de 69. Ainsi, Frontin a peut-être combattu dans les légions de Vespasien, ce qui explique pourquoi Frontin est l’un des 22 membres du groupe des “Amici Principis” [4] du nouvel empereur.
Il apparaît pour la première fois dans les sources littéraires en l’an 70, sous Vespasien, et il est alors préteur urbain. En principe, on accède à cette magistrature à trente ans. Il abdique de sa magistrature en faveur de Domitien.
Il est ensuite chargé d’une mission en Gaule et en Germanie entre 71 et 73 pendant les troubles provoqués par Julius Civilis et Julius Sabinus , devant rétablir l’ordre chez les Lingons [5], comme il le décrit lui-même dans ses Stratagèmes. Il se peut qu’il soit le premier commandant de la legio VIII Augusta, et ainsi il a décidé en tant que légat de légion le lieu du camp de Mirebeau.
Il est ensuite consul suffect [6] en 74, puis il sert d’abord avec distinction dans la province romaine de Bretagne [7], puis succède à Cerialis dans le gouvernement de cette province, entre 76 et 78. Il y subjugue, par les armes, les Silures [8].
Nous n’avons quasiment plus de traces de Frontin sous les règnes de Titus et Domitien. Cela peut s’interpréter comme un abandon de la vie publique ou une disgrâce. Cependant, un passage des Stratagèmes fait supposer qu’il aurait participé à la campagne de Domitien contre les Chattes [9] en 83, et son nom figure sur la porte dite de Domitien à Hiérapolis [10], ce qui pourrait révéler sa présence en tant que proconsul d’Asie vers 86, titre qui représentait l’apogée d’une carrière sénatoriale. Une disgrâce passagère aurait été incompatible avec un tel poste.
Ensuite, pendant toute la dernière partie du règne de Domitien, il s’est probablement retiré dans ses villas de la côte du Latium et s’est consacré à des travaux littéraires, notamment l’écriture des Stratagèmes.
Nerva le rappelle en 97 et lui confie les importantes fonctions de curator aquarum [11]. Il écrit “Des aqueducs de la ville de Rome”, un ouvrage très complet sur l’histoire des aqueducs de Rome, ainsi que de nombreux détails techniques et les règlements en vigueur.
Il fait partie des soutiens de l’adoption de Trajan par Nerva, comme Lucius Iulius Ursus Servianus, Lucius Licinius Sura , Cnaeus Domitius Curvius Tullus et Titus Vestricius Spurinna.
Frontin est nommé consul suffect en l’an 98 pour la deuxième fois. Deux ans plus tard, il est honoré d’un consulat ordinaire, ou éponyme, au côté de Trajan, ce qui témoigne qu’il est un proche de cet empereur.
Pline le Jeune, autre ami de Frontin, fait plusieurs références à ce consulat. Il est nommé augure [12] avant sa mort, charge religieuse dans laquelle Pline le Jeune lui succède.
Frontin est durant toute sa vie un général et stratège respecté, marquant la fin du 1er siècle. C’est aussi un écrivain reconnu, par ses deux œuvres qu’il nous reste, “les Stratagèmes et les Aqueducs de la ville de Rome”. Il a joui auprès de ses contemporains d’une estime toute particulière et ses ouvrages, très documentés, sont écrits d’un style ferme, simple et concis.