Petite-fille du Grand Condé, fille du prince de Condé, premier prince du sang, et de la princesse Palatine Anne de Bavière .
Très petite de taille, comme tous les membres de sa famille, elle est surnommée par sa belle-sœur Mademoiselle de Nantes, poupée du sang. Violente, venant d’une famille où la folie furieuse régnait, elle menaçait son pieux mari de devenir folle s’il la contrariait et n’hésitait pas à lui faire des remarques blessantes sur son handicap.
À Versailles, le 19 mars 1692, Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé épousa Louis Auguste de Bourbon, duc du Maine, bâtard légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan.
Blessée dans son orgueil d’avoir dû épouser le duc du Maine, prince légitimé, elle poussa son mari, homme intelligent mais faible, et enfant préféré du roi, à rechercher un rang qu’il ne pouvait soutenir.
Elle chercha également à jouer un rôle politique sous la Régence, pour venger l’affront fait à son mari par le Régent qui avait fait casser le testament de Louis XIV, pour donner à ses bâtards légitimés la préséance sur les princes du sang, et qui avait écarté le duc du Maine des conseils de régence.
C’est elle qui engagea son mari à entrer dans la conspiration de Cellamare [1] en 1718, en vue de faire attribuer la régence au roi d’Espagne. Lorsque le complot fut éventé, lui fut arrêté à Sceaux le 29 décembre 1718 et incarcéré à la forteresse de Doullens, elle le même jour à Paris et emprisonnée à Dijon en 1719. Elle put retourner à Sceaux l’année suivante, le 12 janvier 1720, et ne s’y occupa plus que d’y tenir sa cour.
Elle créa à Sceaux L’ordre de la Mouche à miel [2]. Cette société s’occupait de ses fêtes et de ses amusements. L’ordre de la mouche à miel se composait de trente-neuf membres qui avaient leurs habits et serments. L’abeille était leur symbole qui fut accompagnée par cette devise : Piccola si, ma fa pur gravi le ferite » (« Elle est petite, mais fait de graves blessures).
Dans son château de Sceaux, elle tenait une véritable cour qu’on appelait la petite cour de Sceaux, donnant des fêtes de nuits costumées et accueillant les écrivains et les artistes qu’elle pouvait parfois tyranniser, parmi lesquels certains des plus grands esprits de la France de son temps.
La Duchesse souffrant d’insomnie, obligeait ses proches à s’occuper d’elle pendant ces longs moments. Elle fut l’inspiratrice, l’instigatrice, mais aussi l’actrice et la dédicataire de ces divertissements nocturnes.
C’est à partir de 1699 que débutent les fêtes de Châtenay [3] où Nicolas de Malézieu possède une propriété, puis à Versailles, au Château de Clagny [4] et au Château de Sceaux.
Les fêtes de Châtenay dureront jusqu’en 1705. Les divertissements de Clagny verront plusieurs représentations au cours de 1705 et 1706, ainsi qu’à Sceaux où elle donne pendant la même période des bals masqués pour Mardi-Gras.
Les Grandes Nuits de Sceaux eurent lieu entre avril 1714 et mai 1715. Les fêtes reprendront doucement en mai 1722, vers de Malézieux mis en musique par Marchand, illuminations au Pavillon de l’Aurore, puis plus grandioses entre 1729 et 1731, illuminations, feux d’artifice et pièces de théâtre. En 1748, représentation de La Prude à Sceaux.
Voltaire , à la suite d’une brouille, ne reviendra à Sceaux qu’en 1750 pour la représentation de La Rome sauvée. La duchesse était bonne danseuse dans sa jeunesse, elle jouait du clavecin, de la flûte et savait chanter.
Initiée très jeune au goût de la science par Jean de la Bruyère, elle comptera dans son salon des personnalités comme Fontenelle . Elle avait un penchant pour les sciences et sa bibliothèque, dont l’inventaire fut dressé par le libraire parisien Louis Étienne Ganeau, permet de dénombrer 3000 ouvrages, ainsi que 58 volumes dépareillés du Journal de Trévoux, 30 romans brochés, des paquets de brochures et œuvres musicales. On y trouvait des manuscrits de prière sur vélin. Le tout fut estimé à quatre mille sept livres.
Veuve en 1736, ne pouvant plus faire face aux dépenses excessives de l’entretien du château de Montrond [5], elle l’abandonna aux habitants de Saint Amand Montrond, qui en firent une carrière de pierre.
Elle loua l’hôtel actuellement dénommé hôtel Biron [6] à la veuve du financier Abraham Peyrenc de Moras , rue de Varenne.
Elle fit exécuter le magnifique décor de boiseries. C’est là qu’elle mourut en 1753.