Fille du roi de France Henri IV et de la reine Marie de Médicis, elle épousa le roi d’Angleterre Charles 1er en 1625. Elle est la mère de deux rois d’Angleterre Charles II et Jacques II . La révolution anglaise l’amena à se réfugier en France.
Elle n’a quasiment pas connu son père, assassiné au mois de mai suivant sa naissance et est élevée avec son frère Gaston, duc d’Orléans, d’un an son aîné, par leur mère. Cela ne l’empêche pas pour autant d’hériter du caractère entreprenant, courageux de son père. Elle possède également des traits de caractère de sa mère, pieuse, généreuse, un goût prononcé pour l’art, intellectuelle.
Elle est baptisée le 15 juin 1614 en la chapelle de la Reine au palais du Louvre en même temps que son frère Gaston, duc d’Orléans. Son parrain est le Cardinal de la Rochefoucauld et sa marraine est Madame Élisabeth , sa sœur aînée.
Henriette Marie est séparée de sa mère entre 1617 et 1620, période où la reine mère est exilée loin de Paris. Son frère le roi Louis XIII donne sa main au prince Charles Stuart, futur roi Charles 1er d’Angleterre et d’Écosse le 13 juin 1625. Grâce à son parrain, la fiancée peut épouser l’héritier du trône d’Angleterre, malgré le fait que Charles soit protestant et non catholique. Ainsi, elle part pour se marier avec un cortège de douze prêtres de l’Oratoire. C’est George Villiers de Buckingham , favori de son époux qui vient en France négocier son mariage, c’est à cette occasion qu’il courtise la reine Anne d’Autriche, ce qui provoque l’ire de son époux le roi Louis XIII.
Jusqu’en 1628, George Villiers de Buckingham fait barrage entre la reine et le roi, mais après l’assassinat de Buckingham, Henriette Marie peut se rapprocher de Charles 1er. La naissance de leurs enfants, à partir de 1629, rapproche les deux époux, et Henriette Marie acquiert beaucoup d’influence sur son mari.
Elle le pousse dans le sens d’une politique autoritaire et centralisatrice, ainsi que vers une plus grande tolérance envers les catholiques. En effet, Henriette, fort pieuse et opiniâtre comme sa mère, pratique ostensiblement le catholicisme, ce qui irrite les puritains anglais, et était venue de France avec un certain nombre de prêtres, dont son aumônier, Jean Paumart . En outre, la Reine exerce une influence sur les spectacles à la Cour. Elle devient de plus en plus impopulaire car les puritains la soupçonnent de vouloir éradiquer le protestantisme au profit du catholicisme. La famille royale est même obligée de se réfugier un temps à Oxford, car Cromwell menaçait d’arrêter la souveraine et avait déjà fait arrêter de ses fidèles.
Simultanément, les Ecossais se rassemblent pour marcher droit sur la capitale pour prendre la défense de la reine. Lors de la guerre civile, elle profite de son voyage en 1642 dans les Provinces-Unies où elle accompagne sa fille Marie qui épouse Guillaume II d’Orange-Nassau pour réunir des fonds et une petite armée gagnée à la cause royale. Elle revient à Newcastle [1] après avoir survécue à une tempête, en février 1643, .
Arrivée à bon port, elle est accueillie par cinq vaisseaux rebelles à coups de canons. Afin de se protéger, elle est contrainte de passer la nuit dans un fossé sale qui la couvre de sable. Grâce à l’armée qu’elle a réunie, elle réussit à rejoindre le roi à Oxford. Cependant, le roi décida de diviser en deux les troupes dans le but de réprimer les rébellions, ce qui était une erreur car il diminuait ainsi les forces de l’armée. Mais une nouvelle grossesse l’éloigna des conflits en juillet 1643, qui se retira à Exeter [2] pour donner le jour, dans une misérable chaumière, à une fille : Henriette Anne .
Malgré la fatigue de l’accouchement, elle est déterminée à rejoindre Paris car le Parlement de Londres offrait cinquante mille écus à quiconque rapporterait la tête de la souveraine. Elle finit par s’embarquer à Plymouth et réussit à s’enfuir, même avec les voiles de son navire déchirées par les boulets de canons.
Devant la fureur de ses assaillants et ne voulant pas tomber en leurs mains vivante, elle ordonna au capitaine : "Quand vous ne pourrez plus me défendre, tuez-moi." Elle ne revit plus jamais le roi son mari, qui sera emprisonné puis condamné à mort comme "tyran" et "traître", bien qu’il eût fait beaucoup de concessions aux partisans de Cromwell. Il fut décapité le 9 février 1649.
Henriette Marie, apprenant la nouvelle en France, fut effondrée et décida de créer un couvent de la Visitation, à Chaillot [3], dans lequel elle se retira tout en parachevant l’éducation de ses enfants dans la foi catholique. Quelques années plus tard, elle mariait la fille qu’elle mit au monde dans la détresse, Henriette Anne, au frère du futur Louis XIV : Philippe de France, duc d’Orléans, en dépit de la mauvaise entente qu’elle aura avec son gendre.
Elle eut la joie de revoir ses fils Charles et Jacques, qui parvinrent à s’enfuir d’Angleterre, mais elle perdit sa fille Elisabeth, prisonnière des puritains en septembre 1650. La reine resta en France avec sa fille Henriette Anne, tandis que le cardinal Mazarin, principal ministre du jeune Louis XIV, neveu d’Henriette, obligeait Charles et Jacques à quitter le royaume car Mazarin voulait l’alliance de la république anglaise contre l’Espagne. Henriette Marie vécut près de Paris, à Colombes, dans une certaine gêne matérielle, restant des journées entières au lit faute de pouvoir acheter du bois pour chauffer son palais.
En 1660, elle accompagne son fils Charles II à Londres lors de sa restauration et assiste à son mariage avec la richissime princesse catholique Catherine Henriette de Bragance . De par ses quelques voyages en Angleterre où elle montre une grande bonté, l’ancienne souveraine anglaise parvient à reconquérir le cœur de ses ennemis de l’époque des troubles. À cause de tous ses malheurs passés sa santé s’est dégradée, ne supportant plus le climat humide d’Angleterre. Elle décide de rentrer en France pour se préparer à la mort dans son monastère de Chaillot. Malade et insomniaque elle est soignée par les médecins que Louis XIV lui envoie. Le 10 septembre 1669, ils lui présentent une potion dans laquelle, la rassurent-ils, il n’y a pas d’opium substance qu’elle craignait, de peur d’être empoisonnée, et qu’elle boit. Mais quelques heures après, elle meurt.
Sur ordre du Roi, elle est inhumée à Saint-Denis, et son cœur envoyé au couvent de la Visitation de Chaillot. Bossuet lui consacre une de ses plus célèbres oraisons funèbres.
Son château de Colombes est aujourd’hui détruit, mais une rue et une école de la ville sont dédiées à la "Reine Henriette".